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Critiques de André Hardellet (29)
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Le seuil du jardin

Imaginez que nous puissions avoir la main sur nos rêves, au point de revivre certains moments de notre vie, non pas comme de simples souvenirs, souvenirs déformés, mais bien de les revivre, c’est-à-dire de retrouver leur pureté originelle, leur essence première, leur intacte sensibilité, comme si nous y étions de nouveau pour la première fois, multiples et subtiles nuances affectives qu’on tente toute notre vie de retrouver dans les odeurs, les sons, les lieux, madeleines de Proust souvent édulcorées d’une teinte délavée.

Ou alors imaginez que nous puissions faire des rêves permettant d’exaucer nos désirs les plus enfouis, enfin comblés. Quelles conséquences cela aurait-il ? Serions-nous plus heureux ? Plus créatifs ? Plus ancrés dans le présent ? Ou au contraire tellement libres au point de devenir incontrôlables, de devenir des menaces pour une société tombant dans l’anarchie ?



Dans une écriture d’une belle élégance, ce livre aborde ce sujet passionnant. Le seuil du jardin, ce jardin vert qu’est notre moi profond, notre essence, notre enfance, dont on cherche la porte sans relâche, pouvoir enfin être au seuil. Et le franchir, ou pas, lors de nos rêves.



Dans une pension de famille au charme suranné très titi parisien, rue d’Arcueil à Montrouge, au début du 20ème siècle, vivent cinq locataires dont Stève Masson, peintre, qui s’acharne à tenter de retrouver, de façon obsessionnelle, dans ses toiles, ce qui se cache derrière l’œuvre, le « dessous » de ses œuvres. Une de ses toiles, dénommée « le seuil du jardin », sujet qui lui avait été donné par un rêve récurrent, semble peu à peu s’en approcher. Ce tableau représente une porte fermée donnant sur un jardin et petit à petit, au fur et à mesure de la progression de la toile, il touche ce qui est profondément enfoui en lui, quelque chose de vivace, d’intime, de profond qu’il pressent par moment telles des fulgurances éphémères.



« D’une nuit à l’autre, le décor variait légèrement, mais la même impression de joie incommunicable s’en dégageait. Masson approchait d’un jardin à l’abandon, désert, touché par la lumière d’été. Sa porte vermoulue était ouverte, mais il n’éprouvait pas l’envie d’y pénétrer ; il lui suffisait de savoir que ce jardin existait et de le contempler jusqu’à ses limites perdues dans les broussailles, entre des bassins et des kiosques en ruine ».



Il va se lier d’amitié avec un nouveau pensionnaire, Swaine, de prime abord très intriguant, qui travaille précisément sur une machine, une « lanterne magique », permettant de reconquérir la pureté primitive des émotions lors des souvenirs, à les matérialiser de nouveau. Il va grâce à lui franchir le seuil de son jardin personnel. Son esprit créatif en sera transformé, bonifié, ses toiles éclatantes de sincérité.



Par le biais de cet écrit d’une grande beauté et d’une élégance couleur sépia, André Hardellet dénonce notre système d’organisation politique et économique qui vise la rationalité au détriment des rêves. Les rêves seraient des entraves au productivisme, au capitalisme, au consumérisme. Des entraves, voire des menaces, qu’il faut détruire. Et la fin est pessimiste puisque le réel va gagner face aux rêves.



« Le bonheur pendant le sommeil n’empêchait pas de construire des habitations, de soulager la misère. Tout ce que vous avez dépensé pour vos conneries, vos doctrines, vous auriez pu l’employer plus utilement au profit des chômeurs ! Et puis on meurt aussi de désespoir, par lassitude ».



Je m’interroge quant à l’actualité de ce livre. « Le seuil du jardin » a été écrit dans les années 60/70 en pleine Trente Glorieuses, à une époque où productivisme et consumérisme étaient les piliers d’une économie en pleine croissance. A l’aune du réchauffement climatique, des messages alarmistes et du passage nécessaire d’une économie linéaire à une économie circulaire, à une époque où les valeurs politiques ne signifient plus grand-chose, cette « lanterne magique » ne serait-elle pas la panacée pour les gouvernements ? M’est d’avis que la conclusion de ce livre, s’il avait été écrit aujourd’hui, aurait été toute autre…



Quand la poésie dénonce le capitalisme et la soumission des peuples, la manipulation des masses, le message a une portée universelle confondante de justesse, de beauté, de tragique. Bien vu @Dandine, à qui je dois cette lecture, lorsque tu évoques, à l’aune de ce texte, un autre poète à la veine légèrement anarchisante, à savoir Brassens !



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Le parc des archers - Lady Long Solo

Je vous parle parfois d’oeuvres à qui la notoriété fait cruellement défaut, pour tout un tas de raisons que l’on essaye — à travers quelques lignes ou recherches — de comprendre, d’expliquer ou de justifier, quand cela reste possible…

Voici aujourd’hui l’un des trois seuls romans d’un auteur hautement plébiscité par l’entièreté de ses lecteurs ; pas une star non, mais un romancier-poète dont chaque oeuvre a profondément marqué son temps ( et comme souvent, ses « collègues » en premier ) : André Hardellet.



Vous me voyez donc médusé d’être le premier à vous en conter, lui n’ayant rien d'obscur ou de sulfureux, mise à part peut-être la volumineuse personnalité de son éditeur J-J.Pauvert, habitué des procès pour outrage aux bonnes moeurs ( dont celui concernant « Lourdes, lentes » du même auteur ), et dont le patronyme occupe les couvertures d’une place sûrement trop importante…

Mais à côté de Gallimard ou de Julliard, c’est lui qui a le mieux défendu l’oeuvre de cet auteur plutôt discret de nature, et c’est bien là tout l’essentiel.



Pour ce roman, il use de l’anticipation façon dystopie, avec un régime totalitaire au pouvoir, et la montée d’une dissidence révolutionnaire dans laquelle le narrateur plongera sans bien savoir pourquoi.

Tel le reste du récit, avec son narrateur, ils hésitent, nous livrant là un curieux hybride, texte dilettante, presque toujours élégant, sauf peut-être lorsqu’il laisse libre cours à certaines frustrations sentimentales, petits tabous pas toujours résolus en réalité, choquant sûrement davantage aujourd’hui qu’hier, les choses de l’amour semblaient alors beaucoup plus simples.



Lentement, ses images s’effacent, laissant place à une scintillante rémanence, canevas assemblé de fragments de chemises sombres, raidi par des morceaux de bottes, ourlé de dentelle ancienne, froncé de fils vermeils…



Sans que l’on sache comment, la magie opère encore, comme avec chacun des textes de ce singulier écrivain.



( la nouvelle Lady Long Solo est absente de cette édition )
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Lourdes, lentes

Après avoir dépassé le seuil du jardin de André Hardellet, me voici à oser franchir la porte de son intimité. Il n'y a qu'un pas entre les deux univers…qu'un pas entre l'onirisme luxuriant et verdoyant et la luxure ondoyante et fébrile. Au moment où nous célébrons les 100 ans de la naissance de Brassens, cet érotisme qui, au début des années 70, a choqué au point de déclencher un procès, épouse à merveille cet esprit anti-conformiste qui animait le chanteur, ami de Hardellet. Me vient à l'esprit d'ailleurs ces quelques mots : Quand je pense à Fernande…



Et soudain je comprends…je comprends pourquoi dans « le seuil du jardin » André Hardellet avait eu cette idée incroyable d'appeler de ses voeux une machine à rêver vrai, la fameuse machine de Swaine. Son rêve, son obsession plutôt, était de pouvoir revivre certaines scènes du passé, revivre réellement pas juste se souvenir, revivre comme si on y était de nouveau. Pour lui en l'occurrence revivre ses premiers émois amoureux et sexuels à l'âge de 12 ans avec sa bonne de 10 ans son aîné, Germaine. Une femme pulpeuse, plantureuse qui lui laissera à tout jamais le gout des femmes audacieuses « de pleine terre et de pleine d'eau ».



« Lourdes, et lentes. Prenant bien leur temps pour reluire et faire reluire. Nourrices, mères, soeurs. Pleines de lait, de sécrétions, d'organes mous. Les autres, les maigres, les rapides, retournez à vos enfers étroits. Germaine était lourde, lente ».



Son livre, qui ne cache rien et détaille son gout prononcé pour la chair, son texte truffé de « mots sales », dans lequel celui de « con » est savouré, trituré, mis sur un piédestal, va choquer, l'auteur le sait et déjà interpelle ses lecteurs : « Gueulez au charron, ameutez les pouvoirs publics tant que vous voudrez, mais accordez moi ceci ; je reste encore bien en deçà de vos divertissements cachés, de vos ballets oniriques ».



« Ses seins. Deux obus qui vous sautaient au nez quand elle dégrafait son soutien-gorge. Des bouts de la taille d'une prune, grenus, saillant à peine un doigt sur eux. le volume élastique dans la paume. Huilés par la salive, les doigts autour, comme lorsqu'on saisit le poids pour le lancer ».



Un texte érotique empreint d'une vibrante poésie, une poésie sensuelle, organique, orgasmique, ode à la femme, un texte touchant aussi, l'auteur, amoureux à jamais de Germaine, ne cessant de la rechercher à travers les traits d'autres femmes qui s'en rapprochent. Une triste errance amoureuse et sexuelle le portant parfois dans des bouges qui en feront rougir plus d'un.e.



Dans sa lettre, Jean-Louis Bory dira à André Hardellet, suite aux poursuites engagées pour complicité d'outrages aux bonnes moeurs après parution de ce court texte : « Mon cher Hardellet, vous aimez l'amour : voilà votre crime. Vous en serez puni. Car vous êtes poète, mon pauvre vieux, c'est-à-dire con et criminel ».



Ne manquez pas d'aller lire la savoureuse critique de @Galettesaucisse sur ce livre, elle vaut son pesant de cacahouètes et m'a donné définitivement envie de découvrir ce texte sulfureux, suite au conseil avisé de Géraldine que je remercie chaleureusement !



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Le seuil du jardin

Un roman fascinant, « parfait » selon l'éditorialiste surréel au chapeau rond.

Elégance… mot qui sort le premier pour qualifier cette écriture, variant subtilement les registres, ménageant patiemment ses effets, du familier à l'onirique, ses petits suspenses menant à sérieuses réflexions…

De ses personnages habilement nommés et construits, autour de la rencontre de ce peintre, en recherche de ce qui se trouve de l'autre côté, avec ce professeur aux mystérieuses recherches, intéressant dangereusement jusqu'à l'Etat Profond…

Mais son coeur ne bat pas pour un éventuel thriller — bien qu'on y croise le Grand Complot — l'auteur nous annonçant au passage certaines conséquences avant d'en relater les événements; il pulse sa vapeur hypnotique du fond des rêves, où le monde est éternel et parfait…

Inassouvissement de la conscience…

On est emporté…

...

P.S: le journaliste d'Actualitté est prié de laisser les soucoupes dans le ciel…

— Dis, franchement, nous servir de « l'ovni littéraire » à la moindre occasion… tu veux qu'on appelle Géo et Léo pour un petit traitement…?

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Donnez-moi le temps - La promenade imaginaire

Prendre le temps, le temps de voir, de sentir, d'aimer. Alors que la vie s'accélère et coule entre nos doigts, prendre le temps de se sentir pleinement vivant. S'offrir de beaux moments suspendus et faire son miel avec des petits riens. C'est à cet art de vivre qu'André Hardellet nous invite. Le poète aimait profiter de la vie, ayant très tôt compris que prendre son temps n'est pas le perdre, bien au contraire, c'est vivre en grand. La soixantaine passée, le voilà qui butine ses souvenirs, évoquant pour nous les doux parfums du jardin de l'enfance ou les regards insolents des belles de Ménilmontant. C'est une flânerie nostalgique et poétique qu'il convient de lire lentement, cela va sans dire, en prenant tout son temps.



Regroupés en un même volume chez L'Imaginaire Gallimard, ces deux courts essais, "Donnez-moi le temps" et "La promenade imaginaire" furent publiés en 1973 et 1974. Or, ce n'est qu'après avoir terminé ma lecture, que j'ai réalisé que 1974 était l'année où André Hardellet était mort, à seulement 63 ans. Voici donc ses deux derniers essais. Même sans le savoir, j'ai été émue à la lecture de ces deux textes que l'on pourrait qualifier de "testament littéraire". Oserais-je conseiller de lire d'autres écrits de cet auteur avant de lire cette autobiographie? Sans doute... Mais, après tout, on pourrait aussi imaginer la démarche inverse, ces deux essais nous livrant de précieuses clefs de compréhension. Car toute la magie de l'œuvre d'André Hardellet est ici, dans ces quelques 120 pages. On y retrouve ce ton espiègle et spontané propre au poète, cette écriture fluide qui semble jaillir si naturellement. Bien qu'à l'automne de sa vie, l'homme a su garder un naturel et une fraîcheur d'esprit qui m'ont charmée. Pourtant, cette aptitude à jouir de chaque instant ne fut pas toujours évidente. Avec gravité et profondeur, André Hardellet évoque ainsi les doutes qui l'ont assailli au fil des années. 



"Que me manquait-il donc? Je n'aurais su le dire exactement, mais je crois bien aujourd'hui que je discernais ce qui avait pris congé de moi tandis que s'écoulaient les années: des yeux naturellement émerveillés, une sensibilité intacte. Je cachais cette atteinte comme un mal honteux et n'en disais rien..."



Mais cette douleur profonde, celle de la perte de l'innocence, le deuil qu'il faut faire de sa jeunesse enfuie, André Hardellet a su les sublimer par l'écriture.



"Chacun lutte comme il peut contre l'angoisse de la mort et la solitude; tracer des mots pour les écarter ne constitue pas l'un des plus mauvais moyens inventés par l'homme."



Ainsi, de cet automne de la vie où les épaules commencent à se voûter sous le poids des absents et des regrets, Hardellet aura su faire un nouveau printemps, par le seul pouvoir d'un regard toujours renouvelé. Il nous prend par la main, tels des enfants, et nous chuchote à l'oreille sa recette du bonheur:



"Laissez-vous aller, abandonnez vos habitudes en col dur. L'air du large, allez le respirer au coin de cette rue qui devient à l'instant route forestière ou grève. À Paris? Mais oui, à deux pas de chez vous, entre des pierres que vous avez longées mille fois sans deviner qu'elles pouvaient se métamorphoser sous votre regard."



Simplicité et générosité sont les maîtres mots pour définir ces essais. Mais n'était-ce pas déjà les ingrédients utilisés pour écrire "Lourdes, lentes"? Je devine à quel point l'auteur a dû souffrir au moment de la parution de son récit. Incompréhension et défiance ont accueilli son livre qui se voulait pourtant sans malice, n'offrant que sa sincérité et une poésie à l'état brut. 

Alors oui, lire et relire Hardellet, ces deux essais comme tout le reste de son œuvre et regarder la vie comme il la regardait. Peut-être plus tout à fait avec des yeux d'enfant mais avec une infinie tendresse pour l'enfant que nous fûmes. 





 
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Le seuil du jardin

Un peintre a son atelier dans une pension de famille (Chez Temporel, comme dans la chanson). Il travaille a une toile ou, derriere une grande porte, s'ouvre un jardin qui finit dans une autre porte, ouverte (vers quoi? Vers ou?).

Un nouveau pensionnaire l'intrigue, qui travaille a un drole d’appareil ou se meuvent nombre de miroirs de differentes tailles. Apres en avoir fait son ami, il apprendra que c'est une machine a raviver des souvenirs, a les materialiser de nouveau. S'etant prete a une demonstration, il realise que ce qu'il essaie de peindre sont ses souvenirs d'enfance, le jardin vert de son enfance heureuse. Et il franchit - en pensee, en extase – le seuil de ce jardin.



C'est donc la machine a remonter, oniriquement, le temps, pour retrouver un bonheur perdu. La machine a reves. La machine a faire oublier, au moins pour un temps, la mediocrite du quotidien. L’acces aux paradis perdus. La machine a fuir la realite?



Mais cette machine attire bien de convoitises, et nous voila bientot immerges dans une intrigue de polar. Tout y est: des menaces, des bagarres, du sang, des vols, ou sont impliques des malfrats de bandes differentes (les bons et les mauvais). Et on nous emmene dans toutes sortes d’endroits interlopes, des bars mal fames, un bordel haut de gamme. En fin de compte, malgre la bravoure du peintre et de ses amis, l'inventeur sera trucide et son appareil vole. Et surprise, pas pour etre utilise ou commercialise par d'autres, mais pour etre detruit. Qui a voulu le detruire? Et pourquoi?



Hardellet, ecrivant un livre ou de l'onirique on passe a l'action trepidante, accuse en fait les tetes d'un systeme social qui magnifie l'homo economicus (le systeme que Nizan denigrait deja dans son Aden Arabie) et proscrit le reve. Le reve menace le materialisme, la production, la poursuite d'une marchandisation effrenee. Le reve menace l'ordre capitaliste etabli. Il faudrait donc l'eliminer, le detruire.



Un texte hautement poetique comme critique des travers du capitalisme? Ca rappelle un autre poete, a la veine legerement anarchisante. Pas par hasard, Hardellet etait un des grands copains de Brassens. Ca se sent dans ce livre. Ca se lit. Avec plaisir.

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Lourdes, lentes

Entre deux lectures très prenantes, j'ai eu envie de faire une pause sur un texte aux accents érotiques. Lourdes, lentes d'André Hardellet, lecture inspirée par ma rencontre avec la délicieuse chronique d'une certaine non moins délicieuse Chrystèle qui m'a offert la possibilité de connaître cet auteur. Je lui en suis infiniment reconnaissant.

Voici un billet écrit à la force du poignet, en solitaire. Charité bien ordonnée commence par soi-même...

Le narrateur, Stève, a douze ans au début du roman, c'est-à-dire encore l'âge de capturer des sauterelles, les mettre dans des boîtes en carton percées de trous pour la pêche. Mais sans doute déjà rêve-t-il d'un autre monde, la passion des rivières, le bruit des insectes, l'odeur des fleurs au bord des talus, ont simplement éveillé des sens qui désormais sont attentifs à ce qui peut arriver dans sa vie où l'enfance s'en va comme une chenille qui se transforme en papillon.

Et puis il y a Germaine, celle qui a le double de son âge, elle est une jeune femme au service de la famille du narrateur... Mais peut-être qu'on pourrait dire que Stève a la moitié de son âge, dit comme cela c'est une barque que l'on pousse d'un pied innocent depuis une berge, celle de l'enfance, pour l'amener vers l'autre berge, celle encore inconnue...

Cette différence d'âge devient brusquement un chemin initiatique, la plus belle ode aux apprentissages.

Elle est lourde, elle est lente, elle est ainsi cette Germaine qui se révèle une femme généreuse aux yeux du narrateur...

Ils ont l'âge de l'été où les vêtements collent à la peau, il y a une rivière qui bruit à quelques encablures, la berge qui invite, la terre est chaude, amicale, qui donne envie de venir... Il y a des bruits d'insectes dans ces pages où le vertige est insupportable...

Germaine lui doit de le faire passer d'un versant de sa vie à l'autre... Elle est celle qui lui délia un « arc-en-ciel intérieur »...

Lourdes, lentes... Comme les passerelles de la vie, comme les portes que l'on éventre, comme les clefs que l'on façonne et qui pénètrent mystérieusement dans chaque pore de nos peaux...

Aller et venir...

La langue des poètes est truffée d'audaces, elle s'immisce dans les coins les plus secrets de l'imaginaire, des chemins incongrus, là où c'est rose, humide, comme une fleur en son intérieur...

André Hardellet dit l'amour comme l'amour vient, comme cela, avec ses mots, avec ses mots « sales » comme il le dit lui-même, oui c'est vrai que c'est cru, ça devait choquer à l'époque où le roman fut publié et maintenant aussi, mais ce n'est plus la même censure. À l'époque où ce texte parut, la terreur venait du côté de l'ordre public, le pouvoir en place. Aujourd'hui la censure s'est déplacée d'un cran, pire peut-être, vers l'opinion publique... Aujourd'hui, André Hardellet pourrait difficilement publier un tel récit et c'est triste.

Ce roman, c'est comme le bonheur qui coule à flots dans une bouche inassouvie.

Cependant...

À l'heure où le bonbon est devenu une friandise sucrée pour passionnés de soirées d'Halloween, il est bon de réhabiliter les vraies gourmandises dignes de ce nom...

Le ciel empli de promesses, les yeux qui chavirent tandis que la main de la belle ingénue s'active jusqu'à l'abîme, André Hardellet sait dire cela aussi.

Oui, c'est vrai ces mots peuvent paraître sales parce qu'ils sont dits au sens propre, comme ils viennent, dans le corps, dans les bouches gavées de baisers, de gourmandises, qui se goinfrent, se barbouillent à coup de joie sans entrave...

Des mots à gorge déployée. Mais ce n'est que de la pudeur pour cacher ce qui ne peut être réellement dit...

André Hardellet évoque pour lui le plus joli mot de la langue française, celui de « con », devenu vulgaire, une insulte même, or il ramène à une étymologie merveilleuse, signifiant quelque chose de bien plus joli, un nid, un fourreau...

Ce roman, mais en est-ce vraiment un, évoque la première fois, nos premières fois. Ah ! Comme j'aurais aimé être défeuillé par cette fameuse Germaine... ! Je le fus par une certaine Fabienne qui m'avait menti sur son âge... Elle savait que j'avais déjà peur... Forcément, tous les romans d'amour nous ramènent à nos premières fois...

Le cri de la première fois rugit dans ces pages magnifiques de sensualité.

C'est un texte insolent, jouissif, qui amène les mots au bord de la bouche, des lèvres...

Lourdes, lentes... pour dire à la fois la forme pulpeuse d'un corps qui accueille et la main attentionnée qui enseigne... C'est donc forcément un texte généreux.

Ces mots disent les yeux quand le corps prend le plaisir tandis que les têtes s'inclinent en arrière et qu'un coin de ciel traverse la chambre et s'en va...

« Sur le clitoris, son doigt a pris la rapidité vibratile d'une libellule. »

Plus tard, une hôtesse de l'air, perdue dans sa solitude entre deux vols, fera escale dans la vie du narrateur...

C'est un texte délicieusement irrespectueux pour l'ordre des choses, dont la lecture questionne aujourd'hui sur les mots que l'on peut dire, s'autoriser encore à dire, écrire, chroniquer sur le sexe, le rapport intime à l'autre, l'amour tout simplement tel qu'on peut encore en parler en 2021...

Lourdes, lentes est un roman inachevé, si heureusement maladroit, j'en aurais voulu à son auteur que ce texte soit lisse et parfait... Il nous laisse des odeurs d'enfance ahurie, des territoires encore approximatifs où l'on n'en finira pas d'avancer à tâtons dans nos souvenirs, des regrets à peine effleurés, déflorés et des audaces merveilleuses qu'on n'oserait jamais refaire encore une fois, une seule fois encore...

Soixante-sept petits chapitres forment cet exquis roman, mais diable ! Pourquoi ? Pourquoi l'auteur s'est-il arrêté en si bon chemin ? Il lui restait à écrire seulement deux autres pour atteindre le nombre sublime !

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Les chasseurs

À l'heure du troisième Hardellet...

Comme Le seuil du jardin, le mince volume du Livre de poche attendait que je l'entame depuis le joli (?) moi de mai 1979.

Entrez dans ces mondes d'André Hardellet, et laissez-vous emporter pour un imaginaire poétique et tellement puissant!

Musique, enfance, souvenirs, rêve, nostalgie...

Hardellet est de ces magiciens précieux, précis et captivants...

Hardellet déroule sa singulière poésie,

Miroir pluriel de la vie!

Vertige d'une comptine célébrissime décortiquée à l'envi!

Non, je ne divulgâcherait rien de plus, amis babéliote,

Horusfonck n'aura que trois mots en un seul cri: Entrez chez Hardellet!
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Le seuil du jardin

Il m’a fallu passer plus de quarante ans, après Lourdes, lentes, pour retrouver André Hardellet dans Le seuil du jardin.

Je viens de terminer ce livre incroyable, et je mesure les années passées à ne pas l’avoir lu. J’avais acheté l’édition du Livre de Poche en…1979.

Le livre m’a accompagné et survécu à une cave malencontreusement inondée !

Je l’ai tiré du tiroir où il attendait (du moins, c’est ce que je suppose que le bouquin faisait, mais qui peut savoir ce que fait le livre lorsqu’on ne le voit pas…) et je l’ai lu.

André Breton des surréalistes, ne pouvait qu’avoir été subjugué par Le seuil du jardin qu’il qualifiait de parfait et d’exaltant.

Parce que, André Hardellet, à travers Masson et sa peinture et Swaime et sa machine, emmène le lecteur dans un récit merveilleux auquel je n’ai pu qu’adhérer sans réserve : Celui où le souvenir de bonheur sans mélange rejoint le rêve dans une ample félicité. Celui où le dormeur paradoxal est seul maître de son rêve, dans un espace de tous les possibles.

Masson, à l’aide de l’étrange machine de Swaime, va effectuer un unique voyage qu’il ne pourra jamais refaire : Certains pouvoirs imbus sauront l’en empêcher.

Une sorte d’ Inception avant l’heure, mais avec une vision acérée et bouleversante d’une recherche désespérée. Quelque-chose que chacun de nous tente de retenir avant que le réveil ne disperse le songe.

Alors oui, Le seuil du jardin mérite ses rééditions et une notoriété qu’il ne semble pas atteindre et, mes cinq belles étoiles dans la voûte d’une nuit de rêve.

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Le seuil du jardin

Le seuil du jardin a été pour moi une manière de prolonger ma rencontre avec cet auteur un peu oublié aujourd'hui, André Hardellet. Après le texte très sensuel et excitant de Lourdes, lentes, je me suis dit en abordant le seuil du jardin, ah ! que voilà un magnifique titre pour un récit érotique. Or, ici il n'en est rien contrairement au précédent livre et contrairement donc à l'intitulé du livre.

Cependant, le seuil du jardin évoque déjà des chemins de traverse, l'abord d'un autre monde, d'un autre versant, la barque qu'on pousse avec l'élan du pied sur la terre encore ferme qu'on quitte pour aller chercher l'autre rivage plus incertain.

Le seuil du jardin, c'est l'enchantement qu'il y a à venir accoster sur l'autre versant qu'on ne connaît pas encore.

Le seuil du jardin, c'est l'atmosphère d'un Paris qui n'est plus, il y a un côté titi parisien très touchant ici, et puis celui des bistrots, du zinc, des voyous, des petites frappes, des clandés, l'univers de Francis Carco par exemple auquel je suis très sensible ; nous sommes dans une pension de famille tenue par une personne chaleureuse et bienveillante qu'on appelle familièrement Maman Temporel. Alors, je me suis brusquement souvenu qu'un certain Guy Béart chantait cette très belle chanson intitulée « Bal chez temporel », dont le titre m'était resté un peu énigmatique durant très longtemps, autant vous le dire, depuis toujours. J'ai découvert depuis peu qu'André Hardellet avait écrit les paroles de cette chanson.

J'ai franchi le seuil du jardin et je suis entré dans un monde empli d'alcools, de fumées de cigarettes, effleuré par la douceur d'un regard aimé, étreint de mélancolie et de nostalgie. Il y a bien sûr une histoire, et quelle histoire ! Quelque chose qui vient brusquement s'inviter comme un air de fantastique.

André Hardellet m'offre l'occasion d'un regret : ah ! comme j'aurais aimé boire des verres sur un vrai zinc digne de ce nom et tailler une bavette avec l'auteur et ses amis, des copains comme Georges Brassens ou René Fallet et évoquer le temps qui passe...

Et puis, je le dis comme cela, j'y ai naturellement lu ici une lecture cruelle sur notre société.

Le seuil du jardin est le premier roman d' André Hardellet. le nom vient d'un tableau qu'un des locataires de la pension vient de peindre, un certain Stève Masson, une toile représentant une porte fermée donnant sur un jardin. Au bout de ce jardin, une autre porte... C'est un rêve qui lui a inspiré ce décor. C'est dire... Une porte, une seconde porte et voilà un chemin qui se dessine, presque onirique, comme je les aime...

Tout se mêle, tout prend forme au sein de cette pension de famille où l'amour s'invite en la personne d'une belle Hélène, où le mystère aussi s'invite lorsqu'un locataire, un certain Swaine, avec lequel Masson va se lier d'amitié, arrive dans cette pension, sa chambre occupe une surprenante machine inventée par ce locataire et qui ronronne. La beauté d'une peinture et les rouages d'un appareillage étrange vont brusquement se retrouver dans un chemin poétique, onirique, violent aussi, semé de convoitises, de troubles, d'espérance aussi qui peuvent dépasser les seuls objectifs des protagonistes.

D'un côté il y a une toile qui évoque le bonheur perdu et de l'autre côté, il y a une chambre où gît une étrange machine qui permet de revenir vers ce bonheur perdu. L'amitié de Masson et de Swaine est belle car elle va construire un magnifique chemin entre le rêve et l'improbable. Qui n'a pas rêvé un jour de disposer d'une machine capable de raviver nos souvenirs ?

Il suffit parfois d'un tableau, d'un paysage offrant une porte, nous n'avons pas encore la clef pour passer de l'autre côté du paysage, et brusquement une rencontre le permet, ou plutôt une rencontre donne l'espérance que c'est peut-être possible...

Le seuil du jardin est une manière riche de concilier le temps de l'un et celui de l'autre...

J'ai aimé ce roman atypique sorti tout droit de l'imaginaire d'un poète, que dis-je, d'un humaniste.

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Lourdes, lentes

André Hardellet



- Etude de médecine qu'il abandonne pour travailler dans l'entreprise familiale de fabrique de bijoux.



- Puis, écrivain, recueils de poèmes et romans

Mais aussi - auteur de chansons, dont la célèbre "Bal chez Temporel".



69 - ANNEE EROTIQUE (chanson Gainsbourg-Birkin)



Le balancier n'en finit pas Lourdes .......... Lentes



Le métronome de l'amour, des désirs, des sens en ébullition, des jouissances,

lent .... long ...... lent .......bon ....... lent ..... lent .... et BONG!!!



Lui, 12 ans - Elle 23 ans

Quand je pense à Fernande eh non ! à Germaine.



Ce que j'aurais aimé avoir mon Germain à moi, mais à 15 ans cela aurait été suffisant !



* L'eau faisait l'amour avec elle-même (p.24)



(p.32/33) Camélia exténué - fourreau de miel - une longue dérive à deux .



Si beau ... Si doux .....Si long .... Si fou .... Cri d'agonie de l'amour .... Cri d'extase dans l'infini.

Et le silence fut et doux le repos des amants.



Vieux créole qui joue du piano - ses mains il a dû les tremper dans une source magique, elles tirent des sons inouïs, angéliques ...(p.67)



- Joyce - regard vert - du miel chaud épicé !



- Faire l'amour à la machine... Quel sentiment ? (sur un air de la chanson d'Alain Souchon)



- le Grand Sérail à Londres - Erotisme quand tu nous tiens !!!



J'ai acheté un cahier d'écolier et je vais me mettre au labeur - Entre le réel et l'imaginaire , je choisirai le vrai (p.106)



* Je veux être plantée jusqu' au fond ...

Eh! bien là, en vrai, je le suis !



Pourquoi en refermant ce livre me vient une "mélancolie triste" ?





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Le seuil du jardin

Je ne connaissais André Hardellet que pour avoir lu son nom dans des romans d'Alphonse Boudard qui l'appellait :"Dédé Hardellet, le poète", je savais aussi qu'on lui devait le texte de la chanson de Guy Béart : "Bal chez Temporel", mais je ne l'avais jamais lu.



C'est avec ce singulier roman que je découvre sa plume.

Singulier, car, chronique de la vie d'une petite communauté, celle de la pension de famille de Mme Temporel (tiens !?), mâtinée d'épisodes d'ambiance "Série Noire" et avec une petite touche de fantastique, avec un inventeur que n'auraient pas renié Gaston Leroux ou Jacques Spitz.



Le personnage central, le peintre Stève (Stéphane) Masson, est intrigué par un nouveau pensionnaire, Swaine vieil homme d'aspect insignifiant, mais qui cache une étonnante trouvaille.



Je n'en dirai pas trop de l'intrigue, mais elle est habilement menée dans ce court roman.

La fin, au demeurant très logique, m'a laissé un petit goût amer. Mais, l'amertume de cette conclusion, ne gâche pas le plaisir de lecture de cet auteur talentueux, dont il convient d'entretenir la mémoire..!
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Lourdes, lentes

Livre sulfureux à l'époque (ayant outragé les bonnes mœurs en 1974). Aujourd'hui, il ne ferait pas rougir une bonne sœur, un peu comme il nomme "dactylo" celle qui est devenue aujourd'hui "assistante".



Le style exubérant est ce qui reste au final de ce petit opus, car d'histoire point mais plutôt une rêverie déambulante.



Pour le côté positif, lire plutôt la présentation Babelio qui est favorablement objective. Je dois être passé à côté...

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Le seuil du jardin

Dans son atelier, Masson tente de peindre un tableau intitulé « Le seuil du jardin » représentant une porte fermée donnant sur un jardin. Au bout de ce jardin, une autre porte. Au fur et à mesure qu’il progresse dans l’élaboration de son tableau, Masson sent qu’il se rapproche de quelque chose qui est enfoui en lui, vivace, et qui lui promet la résurrection d’une joie déjà ressentie dans son enfance. A ses yeux, la peinture ne vaut que si elle ouvre sur un autre univers, celui du rêve et du souvenir. Le rêve et le passé sont les vraies sources du bonheur humain, ce bonheur entrevu par nous tous, ce bonheur qui est en nous. Regarder un tableau, c’est se trouver au seuil d’un univers merveilleux mais insaisissable, propice à la réalisation de ses désirs ; franchir ce seuil, c’est évoluer, libre, dans un jardin d’Eden individuel.



« Le seuil du jardin » est un roman qui nous dépeint, dans le Paris du début du 20ème siècle, la Pension Temporel avec ces hôtes singuliers, un maniaque des soldats de plomb, une femme énigmatique déguisée le jour en institutrice, le peintre Masson, acharné à peindre la réalité invisible (sa toile s'intitule « le Seuil du jardin ») et amateur de « clandés », puis Swaine, le vieux prof de philosophie « ennemi personnel du désespoir humain », tout absorbé dans la construction d'une mystérieuse machine : Masson découvrira la machine de Swaine, tentera - à la mort de Swaine - de l’acheter puis échouera dans son entreprise. « Le seuil du jardin » est aussi un polar qui nous raconte le combat entre Géo - voyou à la force herculéenne -, Jo – le chef de Géo -, Masson, Swaine, Nord’Af - habile à manier le rasoir-, et d’autres, dans le seul but de s’emparer et de détruire la machine. « Le seuil du jardin » est également un récit fantastique qui nous fera toucher du doigt une machine unique, mêlant rêves, mémoire, désirs insatisfaits et souvenirs d’enfance, une « machine à ressusciter le passé ».



« Le seuil du jardin » est surtout une réflexion sur le totalitarisme : bien au-delà d’une simple interrogation sur la condition d’être humain, en tendre visionnaire et poète qu’il est, Hardellet, - opposant ainsi capitalistes et rêveurs -, montre que la réalité n’est qu’une mauvaise copie dont il nous faut découvrir l’original. Hardellet milite pour l’accès de tous les « compagnons » à la machine à rêver, accordant ainsi une place de choix à tous les rêveurs, mais menaçant du même coup l’équilibre d’une société résolument matérialiste, tournée vers l’avenir, fermée et oppressive. A la fin, le réel gagne contre le rêve : Swaine meurt et sa machine est détruite par les membres d’une organisation para-étatique. Hardellet, digne représentant de la cause libertaire ? C’est possible à en juger par les éléments suivants. Masson, le double romancé d’Hardellet, accorde de l’importance aux rêves de l’espace et du voyage : homme sans fixité, éternel locataire, Masson va de lieu en lieu, il côtoie ainsi des « compagnons » de travail, de jeu et d’existence, ceux et celles que la vie rassemble et qui se choisissent comme tels, « rompant ensemble le pain », au sein de la « tribu » Temporel. Chez ce « compagnon », il y a des contraintes coutumières : il n’y a certes pas d’initiation rituelle chez Masson (encore qu’il découvre la machine pas à pas, « éveillé » par Swaine lui-même), mais des obligations de détail réglementent son comportement, avec interdiction de fréquenter les auberges et cafés des autres « sociétés » que la sienne, avec la discipline à observer chez la Mère (Madame Temporel), avec un code des relations entre « compagnons ». Dans la vie de ce libertaire, il n’y a pas de place pour un chef : le rapport de Masson à Swaine est d’abord inscrit sous le signe de la méfiance, avant de se situer sous le signe du respect et de l’admiration. Le « compagnon » itinérant revendique toujours le choix de son employeur : Masson ne fait pas autrement puisque qu’il se rend aux États-Unis pour exercer ses talents dès qu’il ne se satisfait plus de sa condition. Le libertaire ne verbalise pas aisément son destin révolutionnaire : Masson n’est pas très bavard et il communique a minima sur son projet. Le libertaire oscille entre deux propensions, l’individualisme et le collectivisme : le trajet de Masson, d’abord peintre solitaire, doux et réservé, puis combattant dans une équipe décidée, en rixe contre les voyous mais aussi contre les opposants à la liberté de rêver, n’est donc pas linéaire. Pour cet « agitateur-agité », doté d’une forte capacité à s’impliquer, c’est « le terrain » qui fournit l’occasion de la conciliation définitive. Chez Masson, le rêve d’une orgie de passions, d’un retour à l’enfance, donc d’une certaine forme de régression, est en conformité avec le ressourcement mythique propre à l’entrée en anarchie. Enfin, sans être un chef, Swaine possède un ascendant évident, de type charismatique, sur Masson, ascendant qu’on retrouve dans la reconnaissance enthousiaste du « compagnon » pour celui qui doit être l’objet d’une haute estime, d’une admiration, d’un attachement personnel, d’une amitié, d’une camaraderie, voire d’une affection. La fin du livre est également dans la lignée du courant libertaire : radicalité de l’individu sujet aux désastres, les masses (populaires) n’ayant par essence ni la force ni le génie de la révolution, et indignation quand le combat ne va pas jusqu’à son terme … or, c’est bien l’impossible que tente Masson lors de la vente aux enchères de la machine à ressusciter le passé. Hardellet dénonce (page 125) le non sens d'une existence promise au vide, le risque (page 139) de devoir se battre contre une réalité rugueuse ; il ambitionne (page 151) de rendre le rêve palpable comme un objet. Le tableau (page 155) dénonce une intention cachée, hermétique. Empreint d’une évidente fraternité libertaire, oscillant entre le rêve et l’utopie, le livre montre la possibilité d’un autre monde, d’une victoire sur la servitude, d’une complicité dans la lutte contre tous les obstacles à la liberté. Hardellet dépeint un rituel de passage, permettant à l’individu - grâce à l’utopie et à l’amour du prochain -, de contempler la poésie d’un monde ouvert, transformé en un merveilleux champ d’aventures.
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Donnez-moi le temps - La promenade imaginaire

En tout premier, je souhaite exprimer ma vive reconnaissance envers l’écrivain et ami, Patrick Cloux, pour son dernier ouvrage captivant, consacré à l’auteur-poète, André Hardellet [cf. « Chez Temporel-Célébration d’André Hardellet »], qui m’a tant séduite et intriguée que je me suis commandé aussitôt ces deux textes personnels, réunis, publiés dans la collection « L’Imaginaire », chez Gallimard…



« Le temps perdu...le plus beau, le plus fécond peut-être ! (...)



Dieu sait si j'ai perdu mon temps ! Il sait également combien je ne m'en repens guère : tant d'autres affirment sans rire qu'ils furent toujours sérieux et courbés sur la tâche que je leur cède volontiers le pas. En fait, je crois bien qu'ils allaient eux aussi rendre visite aux demoiselles accueillantes et qu'ils flânaient au Luxembourg; ils l'ont oublié, voilà tout. (p. 81)”

Il n’y a pas une histoire, à proprement parler… mais une prose poétique, où l’écrivain flâne, déambule dans ses souvenirs, dans les lieux de son enfance...réfléchit au Temps qui passe, au travail de la mémoire…à la fabrication des souvenirs… avec des pieds de nez, facétieux aux vies trop rangées, trop sages… Notre poète-flâneur a gardé une âme d’enfant… qui aime les chemins-buissonniers, les flâneries dans Paris, la banlieue, les lieux d’ »Avant »…la rêverie, dans son absolu !



Que la « célébration » d’Hardellet nourrie et abondamment argumentée par Patrick Cloux… fasse naître, comme pour moi, une vive curiosité et une impatience à lire ce poète aux chemins buissonniers… Prendre le temps de le lire avec attention… et lâcher-prise !



« Donnez-moi le temps - ce luxe suprême - de vivre à mon rythme, de regarder, de prendre des chemins que n'indiquent pas les cartes et les plans. (...). D'emprunter ces raccourcis qui ignorent la droite au profit de la courbe.

« Quel est le plus long chemin d'un point à un autre ?" Si je le connaissais, je serais tenté de le suivre (...) »



Curieusement… comme l’esprit de l’ouvrage… je lis ces deux textes, en flânant, en piochant au hasard… comme lorsqu’on se promène au hasard… de nos envies et inspirations !



« Un écrivain n’œuvre jamais qu’à vous conduire sur un seuil, en vous confiant quelques clefs avant de s’esquiver ; il ignore si la bonne se trouve dans le lot et si le château qu’il vous propose de cambrioler en vaut la peine.

La plus féconde de vos –promenades imaginaires-, c’est maintenant à vous de l’entreprendre et de savoir à quoi elle aboutit. Alors, prenez-vous par la main. » [« La Promenade imaginaire » / p. 159 ]



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Lourdes, lentes

Avant de commencer la rédaction de cette critique qui sera sûrement une des plus longues que j’aurai pu publier, j’aimerais remercier avec chaleur le seul manchot empereur anarchiste que je connaisse, qui a su, par le biais d’une habile citation, me donner envie de lire ce livre. Livre qui aura été une de mes plus belles lectures.



Ainsi donc, merci, ami manchot. Merci beaucoup.



Bien. A présent, commençons.



Mercredi, 11 heures. Accompagnée d’un ami, je vais chez un nouveau libraire. (L’ancien m’ayant dit, lorsque je lui demandai où pouvais-je trouver Alphonse Allais, que je devais fouiller dans la littérature anglo-saxonne. Je me suis donc immédiatement enfuie de chez ce trilobite analphabète, devenant ainsi orpheline de libraire.)



Me voici donc dans la nouvelle librairie. Grand bâtiment de plusieurs étages. Construit dans ce qui semble être d’anciens bains publics (bains publics, bains publics...). Du neuf dans de l’ancien, j’avoue que ça me plaît.

Le problème, c’est que les livres sont disposés dans un ordre tel que tu ne peux le comprendre que lorsqu’on te l’a expliqué. Je hèle donc le libraire, un vieux monsieur qui me fait penser à un hibou. Un hibou avec un masque orné de petits chats.

- Bonjour Monsieur, lui dis-je, je cherche un livre de André Hardellet.

- Humm... Les Chasseurs, je présume ? Le lycée d’à côté m’en a commandé une vingtaine.

- Ah non. Un truc comme « Lentes et lourdes », je crois. J’ai oublié le titre exact.

- Je vois. Je vous l’apporte.



A côté de moi, mon copain Caillou – il s’appelle Pierre, mais moi j’aime l’humour – ne manque pas de souligner le regard goguenard du vieillard.

- C’est pas le bouquin dont tu m’as parlé, avec du cul dedans ?

- Bah, je t’ai bien parlé des Russkoffs de Cavanna. Il y a bien un peu de cul sans pour autant que ça en fasse un roman porno. Arrête de voir le mal partout.



En sortant du libraire, Caillou prend le livre.

- Bon, alors, voyons de quoi ça parle... Humm... « Sécrétions », « organes mous », « des mots SALES »... Eh bien, la galette se dévergonde, à ce que je vois !



Je me suis seulement permise de mettre en doute son esprit intellectuel, puis nous sommes rentrés chacun chez nous.



Vendredi soir, 22 heures. Il ne fait pas encore nuit. Après avoir commencé un album de Tintin pour patienter devant la mise à jour de mon ordinateur (3 heures, oui, il est lent), je décide de l’abandonner sans aucun regret et me pieuter.

Et puis, en fouillant dans mon sac dans l’espoir de trouver un stylo, je vois le livre de l’ami André.



Pas épais, le bouquin. Environ cent trente pages, guère plus. Le tout découpé en soixante-sept chapitres très courts. Ce qui le rend très agréable à lire, plus pratique pour la fluidité de la lecture.

Je me dis que bon, il va se faire tard, je dois me lever tôt demain, et commencer un livre à cette heure n’est pas une bonne idée.

Bof... Allez, seulement un chapitre ? Puis un deuxième ? Puis un troisième ?



Voilà comment on vient à se coucher à trois heures du matin.



Samedi matin, 9 heures. Armée de mon calepin noir dans lequel j’ai noté des trucs qui me sont passés à l’esprit pendant ma lecture, ainsi que du bouquin en question, je m’attelle à la rédaction de cette critique.

Ma mère est à côté, en train de faire un brin de couture. Elle voit le livre.

- Tiens, le nom de l’auteur me dit quelque chose…

- Possible. C’est un copain de Brassens et de Fallet. Et accessoirement celui qui a écrit Bal chez Temporel.

- Ah oui, le truc que tu essaies de reprendre à la guitare ?

- Ouais, mais ça rend pas bien de toute façon.

- Bon, et c’est quoi l’histoire de ce bouquin ?



Elle abandonne son aiguille et feuillette l’ouvrage. Ses yeux roulent et ses sourcils bondissent.

- « Je veux être plantée jusqu’au fond ». « Montre-moi comment tu passes tes nuits solitaires ». Je n’aime pas tellement que tu lises ce genre de trucs...

- Trop tard, il est déjà lu. Tu remarqueras que je n’ai pas l’esprit plus tordu qu’hier. Et puis, merde ! je ne vais quand même pas lire la Comtesse de Ségur indéfiniment.



Maman est circonspecte.

- N’exagérons rien. Regarde, je n’ai rien contre que tu lises des livres de Cavanna alors qu’il décrit sa première fois dans un bordel. Mais enfin, ici (elle le rejette sur la table comme s’il avait pu lui donner la lèpre), c’est un roman porno, que tu lis. Je n’aime pas ça. Ce n’est pas ça, le vrai amour. Tu le sais.



Ah. Porno, le André ?



Demandons à Robert. Robert, peux-tu me donner la définition de pornographie, s’il-te-plaît ?

- Oui, bien sûr, chère Galette. Pornographie, n.f. : représentation (par écrits, dessins, peintures, photos) de choses obscènes destinées à être communiquées au public.



D’accord, Robert. Bien, pour que ma maman et éventuellement les gens qui auront le courage de lire toute ma critique comprennent bien cette définition, peux-tu me donner celle du mot « obscène » ?

- Evidemment, gentille Galette. Obscène, adj. : Qui blesse délibérément la pudeur en suscitant des représentations d’ordre sexuel.



Merci pour cet éclairage, Robert. Nous allons pouvoir débattre plus posément.

- Mais, je t’en prie, chère Galette. C’est un honneur pour moi que de servir une si noble personne.



(Oui, bah, si même mon dictionnaire ne peut plus me jeter des fleurs, qui le fera, hein ?)



Bien. Alors, parlons de ceci : « pornographie ».



Car toi, lecteur amateur de critiques pertinentes et pas trop longues, tu te poses la question de pourquoi tout ce cheminement ? Pourquoi ces dialogues inintéressants ? Pour conclure que la maman de GaletteSaucisse est prude ?



Non. C’est beaucoup plus profond que ça. Tu l’as bien compris. Car tu es intelligent. Très intelligent.



Il y a à peine plus de cinquante ans était publié Lourdes, lentes... de André Hardellet. Un scandale d’obscénité. Il est condamné pour outrage aux bonnes mœurs.



Et pourquoi ?



Parce qu’une armée de vieux barbons (pas nombreux, mais assez pour foutre la merde) a décidé que ce livre les heurtait dans leurs principes moraux. Tandis qu’à la même époque (en ’72, oui j’ai fait des recherches, ma mère va bondir quand elle verra l’historique), le film très sobrement intitulé « Deep Throat » (si tu n’es pas bilingue, sache que je n’ai absolument pas envie de traduire ce titre), ce film donc, sortait sans que cela ne gêne personne. Et les vieux barbons de condamner un auteur qui ne fait que décrire la vie, ce que l’on fait dans la vie, une fois les rideaux fermés et la porte de la chambre close (avec la même virtuosité qu’André ? Humm... je ne me permettrai pas de mettre ceci en doute, tu me connais…) Ces mêmes vieux barbons qui trompent leur épouse avec une autre. Quand ce n’est pas plusieurs autres.



En somme, l’hypocrisie dans son état pur.



Et pourquoi ? Qu’est-ce qui choque ? Qu’on emploie des vrais mots ? Sont-ce les termes « sperme », « orgasme », « rut » qui vous heurtent tant ? Est-ce le fait que l’auteur y utilise le mot « con » autrement que pour désigner mes connards de voisins qui écoutent Vianney à huit heures un samedi matin ?



Vous, les premiers à crier à la décadence du peuple français lorsqu’un rappeur expose ses vœux de « niquer la police », alors que vous écoutez Brassens, celui qui chante que les gendarmes, il les préfère « sous la forme de macchabées » ?



Vous ne prenez que ce qui vous arrange.



Cela serait presque drôle si vous vous contentiez de rester entre vous, entre prudes. Mais non. Vous osez condamner ces gens qui ne font qu’appeler les choses par leur nom.



C’est ainsi que l’on arrive à aseptiser une langue.



Cessez de condamner la prétendue « pornographie » de ce livre. Car il ne l’est pas. Il n’est pas obscène. Sensuel ? Tout à fait. Erotique ? Oui, j’ose le dire.



- Alors, s’il est érotique, c’est qu’il ne se lit que d’une seule main ?



Ce n’est pas à moi de trancher. Libre aux gens de s’exciter avec ce qu’ils veulent.



- Mais alors, faut-il lire Lourdes, lentes... de André Hardellet ? »



Oui. Si je ne devais te donner qu’un seul conseil, ce serait celui de courir le lire. Car, crois-moi, il en vaut largement la peine.
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Lourdes, lentes

Lettre de Jean-Louis Bory à André Hardellet suite aux poursuites engagées pour complicité d'outrages aux bonnes moeurs après parution de son texte "Lourdes, lentes"



Cher André Hardellet



Je viens de relire Lourdes, lentes... et de le relire en pion, en flic : je me suis évertué à dénicher le détail, l'expression qui pouvaient, en l'an de grâce 1973, non seulement choquer, mais faire simplement froncer le plus sourcilleux des fronts. Je suis aveugle et sourd --- ou bien je ne sais plus lire. Dans "Lourdes, lentes..." je n'ai vu que ce que j'y avais d'abord vu : un texte admirable, débordant de vie, de générosité, d'amour, de chaleur, de santé. Et je voudrais souligner, hurler, ce dernier mot : SANTE. Lourdes, lentes ... est un livre sain, comme sont sains le Gargantua et le Pantagruel : par exaltation de la vie.

Et qu'on ne vous reproche pas de décrire, avec une application éblouie, certains détails du corps féminin. Que l'on condamne alors tous les poètes qui ont "blasonné" en détail et avec la même dévotion ce même corps. Que l'on condamne l'exposition, dans la vitrine de librairie, de ce même corps photographié dans les manuels d'éducation sexuelle.

De quoi peut-on vous déclarer coupable ? De bien écrire ?

(...) n'ont-ils pas senti, compris en lisant ce texte, qu'ils avaient affaire à un écrivain, un vrai, et à un poète ? Mais peut-on demander à des juges d'être sensible à la poésie ?

(...) Mon cher Hardellet, vous aimez l'amour : voilà votre crime. Vous en serez puni. Car vous êtes poète, mon pauvre vieux, c'est-à-dire con et criminel.

Je vous embrasse

J L Bory
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Le seuil du jardin

Il fait partie de ces auteurs oubliés (les "ensablés" de la littérature comme les surnomme Hervé Bel dans le blog qu'il leur consacre) et sans le conseil d'un libraire, le désensablage est quasi impossible. Mais pour cela, il faut avoir de bons libraires : ouf, c'est mon cas !

La Collection L'Imaginaire chez Gallimard œuvre aussi beaucoup en matière de désensablage. D'aucuns diront que c'est une grande maison et que c'est son rôle. Mais je persiste à trouver la démarche courageuse à l'heure du consumérisme effréné (non, je n'ai pas d'actions chez eux).

Parler de l'auteur et de son éditeur m'évite de parler du livre lui-même qui n'est vraiment pas des plus simples à présenter. Il est question d'une pension de famille tenue par maman Temporel avec présentation de ses occupants. Parmi eux, Stève Masson (Hardellet l'utilisera par la suite comme pseudonyme pour un autre livre), peintre dont le talent commence enfin à être reconnu mais dont le caractère est assombri par une quête difficile : "Je cherche toujours ce qu'il y a derrière mes tableaux ou derrière l'intention [...] L'autre côté des choses, le but secret." Il y parvient avec la toile nommée "Le seuil du jardin" (au moins, j'aurai expliqué le titre), expression d'un rêve récurrent le plongeant à chaque fois dans une béatitude addictive.

Un autre personnage fait alors son entrée dans l'histoire et la pension, Monsieur Swaine, professeur de philosophie en retraite. Terriblement secret (il fait poser des serrures sur toutes ses portes), celui-ci suscite aussitôt la curiosité méfiante des autres pensionnaires sauf celle de Masson, trop tourné vers lui-même et son art. La nuit, une étrange machine fait entendre son ronronnement. On apprend, après quelques péripéties, qu'il s'agit d'une sorte de lanterne magique permettant de fabriquer les rêves et de renouer avec les souvenirs. Masson et Swaine se rejoignent bien évidemment sur cet intérêt commun.

Cependant une telle machine apparaît pour certains comme une menace pour la société...

Une intrigue policière, de très beaux passages oniriques, une réflexion d'ordre philosophique, oui, ce livre mérite de sortir de l'oubli, comme son auteur.





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Lourdes, lentes

Une de mes lectures de jeune homme, lu dans ma prime période "parisienne".

J' en garde le souvenir d'une brute sensualité et d'une douce sauvagerie (animalité?).

Le temps passe, et d' autres ouvrages d'André Hardellet me sont à lire.
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Le seuil du jardin

HELP !

Voici une oeuvre très appréciée des surréalistes et qu'il faudrait rééditer d'urgence car elle est épuisée. Quel dommage de la perdre ! (Non parce qu'André Breton l'aimait, mais pour ses qualités intrinsèques.)

Elle aborde d'une façon très hypnotique, le thème de la mémoire et du rêve. Un professeur a trouvé la machine à revivre les bons souvenirs (mais oui !). Un artiste peintre en fera les frais. Pourquoi ?

Vous le saurez si vous lisez ce petit livre poétique qui agit comme un charme. On le trouve encore d'occasion (un seul exemplaire sur le réseau des bibliothèques de Toulouse.)
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