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Citations de André Hébert (46)


Le monde regardait. Afrîn tomba aussi, aux mains des islamistes et des fascistes. Et le monde regardait toujours. Les populations non arabes sunnites ou turkmènes se firent massacrer. Et le monde regardait. La sharia fut imposée, on réduisit les femmes en esclavage et on viola, tortura et exécuta toutes celles qui résistaient. Le monde regardait toujours. Une police d’Afrîn fut créée, composée de néo-fascismes turcs principalement issus des Loups gris, police à l’uniforme proche des SS, se prenant en photo en faisant le salut nazi au centre-ville d’Afrîn, pendant que les milices islamistes ravageaient le canton et détruisaient tout symbole de la culture kurde, alévie, yézidie et, surtout, tout symbole de la libération des femmes. Le monde, fidèle à lui-même et fier de sa constance, regardait. Peut-être entendit-on quelques voix de ceux et celles qui se pensent être des “gens de bien“, voix indignées, outrées, mais seulement des voix. L’indignation ne sauve pas des vies ni ne gagne des batailles. L’indignation est une farce pour le fascisme.
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Leur priorité est de ne pas s'abaisser au même niveau de barbarie que leurs ennemis.
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Car il ne suffit pas de tuer pour gagner une guerre et mener une révolution, il faut aussi vivre, et donc être capable de mener une vie digne, de la défendre et de la transmettre. 
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L’internationalisme c’est avant tout la capacité de partager la lutte des exclus à travers le monde, de se révolter contre l’injustice qui les frappe comme si elle nous frappait nous mêmes, d’avoir conscience qu’en dépit des barrières séparant les hommes, nous partageons tous une même condition et un même combat contre l’aliénation. L’engagement révolutionnaire internationaliste repose sur l’étude des failles du système global et des dynamiques qui émergent pour le renverser. Il s’agit avant tout d’une démarche rationnelle et pas d’un élan émotionnel et romantique.
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Nous ne faisons donc pas partie d’une armée mais d’une milice, d’une force alternative, de formations partisanes, parce que l’intérêt est de défendre la population face aux forces réactionnaires et fascistes et de garantir la réussite de la révolution.
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 En somme, par-delà les divergences idéologiques, nous partagions le même besoin de quitter les sociétés endormies dans lesquelles nous vivions et ressentions la même nécessité d’agir au lieu de regarder le monde s’effondrer. 
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Après avoir rédigé mon testament, je prends conscience que je dois dire la vérité à ma famille. J'avoue alors à mes parents et à ma soeur que je ne suis pas en train de faire de l'humanitaire en Turquie mais que je me trouve en Syrie, et que j'ai rejoint les rangs du YPG.
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« Ce qui est important, c’est le nombre de villes que nous libérons, pas le nombre d’ennemis que nous tuons. [..] Les civils sont notre priorité. N’oublie pas le sens YPG, unités de protection du peuple. » (p. 46)
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Je remarque alors un groupe de femmes, dont certaines portent encore le voile intégral, regarder à bonne distance une de nos camarades. Celle-ci semble ne pas remarquer l’attention dont elle fait l’objet. La fascination qu’elle exerce sur ces femmes qui, une heure auparavant, vivaient encore sous le joug de Daech, a été pour moi la plus frappante illustration de la puissance émancipatrice des combattantes kurdes.
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Il y a moins de vingt-quatre heures, je me réveillais dans mon lit à Paris, et je me retrouve maintenant en train de traverser clandestinement l'Irak, sous les bombardements d'une armée de l'OTAN.
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Afrin tomba aussi, aux mains des islamistes et de fascistes. Le monde regardait toujours. Les populations non arabes sunnites ou turkmènes se firent massacrer. Et le monde regardait. La sharia fut imposée, on réduisit les femmes en esclavage et on viola, tortura et exécuta toutes celles qui résistaient. Le monde regardait toujours. Une police d'Afrîn fut créée, composée de néofascistes turcs principalement issus des Loups gris, police à l'uniforme proche des SS, se prenant en photo faisant le salut nazi au centre-ville d'Afrin, pendant que les milices islamistes ravageaient le canton et détruisaient tout symbole de la culture kurde, alévie, yenidie et, surtout, tout symbole de la libération des femmes. Le monde, fidèle à lui-même et fier de sa constance, regardait. Peut-être entendit-on quelques voix de ceux et celles qui se pensent être des gens de bien, voix indignées, outrées, mais seulement des voix. L'indignation ne sauve pas des vies ni ne gagne des batailles. L'indignation est une farce pour le fascisme [...] Le monde continuera à regarder, parce qu'il est spectateur. Nous, nous n'assisterons plus jamais au spectacle.
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Tout à coup je l'aperçois. Il est allongé sur le sol, au sixième étage d'un immeuble en construction à trois cents mètres en face de moi. J'ajuste mon viseur méticuleusement, avec une ardente volonté de le tuer. Je presse la détente, le coup ne part pas. J'essaye à nouveau, sans résultat. Quelqu'un a mis le mauvais type de munition dans le fusil quand j'ai abandonné l'arme durant la pause. Furieux, je m'apprête à quitter ma position en me jurant de ne jamais y retourner quand une déflagration retentit. L'immeuble où se trouve l'ennemi vient d'être la cible d'une frappe aérienne à laquelle il n'a pu survivre. Une unité voisine de la nôtre a également repéré le tireur et a demandé aux avions de nous en débarrasser. Un djihadiste de moins, un pas de plus vers une victoire de plus en plus certaine, bien que nous tardions à l'obtenir.
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En revenant en Occident, on redevient un simple atome d'un agrégat informe et apathique, un individu autocentré inséré dans des "réseaux", faute d'appartenir à une véritable société. Le confort dans lequel nous vivons est appréciable, mais c'est un confort vicié, destiné à nous faire oublier l'absurdité de notre existence dans la modernité capitaliste. Défendre une cause dans laquelle on croit, aller au bout de cette logique, donne un sentiment de satisfaction ou de plénitude qui compense l'absence de bien-être matériel. On n'a pas à s'interroger sur ce que l'on fait et pourquoi on le fait, car cela tombe sous le sens. Ce ressenti est inestimable, il vaut toute l'opulence du monde.
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Quant aux Kurdes, ils furent d'abord réticents à prendre Raqqa. Après la difficile bataille de Manbij, les généraux du YPG refusèrent de sacrifier davantage de cadres du Parti dans la lutte contre Daech. Ces combattants devaient se concentrer sur leur vocation première: défendre le Kurdistan contre le régime syrien et les Turcs au lieu de prendre, au prix de lourdes pertes, des zones arabes dans lesquelles la population pourrait leur être hostile et les percevoir comme des envahisseurs. Raqqa était le dernier fief de l'Etat islamique. Occupé depuis des années par le groupe djihadiste, pourvu de très nombreux défenseurs aguerris, la bataille pour sa capture s'annonçait comme l'une des plus meurtrières du conflit. Toutefois, la menace turque se faisant de plus en plus présente, les Kurdes comprirent que s'impliquer dans la prise de cette ville était pour eux un gage de survie à court terme, car cela permettrait de retarder les plans d'invasion de leur ennemi héréditaire. (...) Sur la pression de la coalition, et en échange d'un soutien militaire, financier et politique durable, les commandants des Forces démocratiques syriennes finirent par accepter début novembre 2016 de s'emparer de la ville.
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Les médias prirent aux aussi la mesure de l'importance de la lutte décisive se déroulant à Raqqa mais, pour désigner ses libérateurs appartenant aux Forces démocratiques syriennes, ils parlaient d'une "alliance arabo-kurde", sans citer le nom ou l'identité politique de cette alliance, ni son projet de société. Certains journalistes allèrent même jusqu'à dire que la ville était en train d'être conquise par "la coalition internationale aidée de ses alliés au sol". Cette minimisation du rôle des acteurs locaux révélait un profond mépris et une volonté de réécriture de l'histoire faisant des pays occidentaux les principaux acteurs de la lutte contre les djihadistes. Ce ne sont pourtant pas les soldats des forces spéciales ou les pilotes des avions de la coalition qui sont morts par centaine pour libérer la capitale de Daech.
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C'est lors de cette opération que je découvre la stratégie classique du YPG: celle de l'encerclement et de la porte de sortie. Quand nous devons prendre un objectif majeur, nous l'encerclons entièrement à l'exception d'un passage laissé aux djihadistes pour qu'ils prennent la fuite. L'esprit de cette tactique a été résumé par ce commandant qui m'avait dit au début de l'opération: "Ce qui importe ce n'est pas le nombre d'ennemis que nous tuons, mais le nombre de villes que nous libérons.". Le YPG ne mène pas une guerre d'extermination mais une guerre de libération. Pour préserver la vie de nos combattants et des civils, il vaut mieux ne pas avoir à affronter un adversaire pris au piège et briser ses dernières velléités de résistance en lui laissant la possibilité de se retirer.
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Le jeune âge de certains membres du YPG m'a frappé immédiatement, dès ma première journée au camp. J'avais lu dans la presse qu'une ONG occidentale accusait la milice kurde d'utiliser des enfants-soldats. Ces accusations, qui semblaient être confirmées par ce que je voyais lors de mes premiers jours sur place, s'avérèrent être totalement infondées. Je compris que ces enfants étaient des orphelins, venus de Turquie et de Syrie, dont les parents avaient été tués par l'armée d'Erdogan ou par Daech. Faute de structures pour les accueillir, le YPG les enrôlait dans ses rangs afin de leur donner un cadre éducatif de base. Ces jeunes recrues contribuaient à la vie quotidienne de leur unité placée à l'arrière, mais n'étaient à aucun moment appelées à combattre. Les apparences sont souvent trompeuses dans un contexte aussi troublé que celui d'un pays en guerre, et Amnesty International, ayant accusé le YPG de divers crimes de guerre (dont celui d'enrôler des enfants-soldats), s'est contentée d'une analyse de surface qui l'a amenée à se rendre coupable de nombreux contresens.
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Concernant la Syrie, Bachar Al-Assad faisait l'unanimité contre lui, mais les médias se gardèrent bien de détailler la nature de l'opposition à son régime. Les diverses factions en faisant partie, islamistes et démocrates, arabes et kurdes, étaient considérées comme une seule entité, en dépit de leurs différences majeures. Cette neutralité malveillante, consistant à refuser d'établir une claire distinction entre les différents acteurs de l'opposition, a contribué à rendre la situation de la Syrie inintelligible pour les opinions publiques. Ce conflit interminable semblait dépasser les capacités d'analyse des experts médiatiques habituées à des guerres-éclairs, réglées selon des scénarios hollywoodiens. Une vision simpliste et superficielle a donc longtemps prévalu quant à sa nature, parce que les journalistes ont majoritairement renoncé à leur devoir de pédagogie. Quand il fut avéré que la majorité de l'opposition arabe syrienne se réclamait de l'islam politique, et que ces groupes commettaient des crimes de guerre, la confusion ambiante atteint son paroxysme. Dans cet imbroglio, les médias internationaux, qui avaient couru après d'inexistantes révolutions au Maghreb et au Moyen-Orient, passèrent sous silence les soulèvements des Kurdes de Syrie, la seule véritable révolution issue de l'ère des "printemps arabes".
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Le Tekmil est une assemblée de combattants lors de laquelle chacun doit s'exprimer pour donner son opinion sur le fonctionnement du groupe. En cas de problème, n'importe quel membre peut être critiqué par un autre, quels que soient leurs grades respectifs. En théorie, la personne mise en cause n'a pas de droit de réponse, en dehors de l'autocritique qu'elle doit mener si elle reconnaît sa faute. L'autocritique peut aussi être spontanée, si l'on a conscience d'avoir commis un manquement à ses devoirs (...) Ces assemblées ont le mérite d'introduire une dose conséquente de démocratie directe au sein des forces armées, sans que cela nuise à leur efficacité ou au respect de la chaîne de commandement.
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Le YPG a un système hiérarchique assez éloigné de celui des armées occidentales. Tous les combattants portent le même uniforme, sans grades apparents. Chacun connaît pourtant précisément sa place, et sait de qui il doit recevoir des ordres. l'autorité ne repose pas sur une discipline mécanique ou sur des brimades, et l'avancement est exclusivement basé sur le mérite. (...) Les commandants partent toujours en tête de leurs hommes et sont exposés aux mêmes risques qu'eux.
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