
Poésie sur le désastre de Lisbonne de 1755 (Extrait)
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Au sein de l'infini, nous élançons notre être
Sans pouvoir un moment nous voir et nous connaître.
Ce monde, ce théâtre d'orgueil et d'erreur,
Est plein d'infortunés qui parlent de bonheur.
Tout se plaint, tout gémit en cherchant le bien-être ;
Nul ne voudrait mourir, nul ne voudrait renaître.
Quelquefois, dans nos jours consacrés aux douleurs,
Par la main du plaisir nous essuyons nos pleurs ;
Mais le plaisir s'envole et passe comme une ombre :
Nos chagrins, nos regrets, nos pertes sont sans nombre.
Le passé n'est pour nous qu'un triste souvenir ;
Le présent est affreux s'il n'est point d'avenir,
Si la nuit du tombeau détruit l'être qui pense.
Un jour tout sera bien, voilà notre espérance :
Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion.
Les sages me trompaient, et Dieu seul a raison.
Humble dans mes soupirs, soumis dans ma souffrance,
Je ne m'élève point contre la Providence.
Sur un ton moins lugubre, on me vit autrefois
Chanter des doux plaisirs les séduisantes lois ;
D'autres temps, d'autres moeurs : instruit par la vieillesse,
Des humains égarés partageant la faiblesse,
Dans une épaisse nuit cherchant à m'éclairer,
Je ne sais que souffrir, et non pas murmurer.
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En dépit des courants divers qui le traversent, le XVIIème siècle chrétien, monarchique et classique, laisse une impression générale de stabilité. Le XVIIIème siècle au contraire est une période de mouvement aboutissant à une crise violente qui anéantit un système politique et social séculaire et instaure un ordre nouveau. De la Régence au coup d'Etat du 18 Brumaire, que de chemin parcouru !
On vient de me voler...
— Que je plains ton malheur !
— Tous mes vers manuscrits.
— Que je plains le voleur !
(Lebrun 1729-1807)
En dépit des courants divers qui le traversent, le XVII ème siècle chrétien, monarchique et classique, laisse une impression générale de stabilité. Le XVIII ème siècle au contraire est une période de mouvement aboutissant à une crise violente qui anéantit un système politique et social séculaire et instaure un ordre nouveau.
La matière demeure et la forme se perd
(Ronsard)
Isolé des hommes, le Promeneur Solitaire cherche ses plus grandes jouissances dans la nature, celles des environs de Paris, ou celle qu'il retrouve dans ses souvenirs. La nature qu'il évoque dans les Rêveries n'est plus le décor tourmenté de la montagne, c'est plutôt un paysage "modéré" et "riant", le bord d'un lac avec ses eaux fraîches et ses bouquets de verdure. Cette nature, il la goûte de de tous ses sens, de tout son être.
Les auteurs comiques du XVIIIe siècle s'inspirent abondamment de l'oeuvre de Molière, lorsqu'ils ne la mettent pas au pillage.
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Ainsi je déplorais la perte
Des erreurs de mes premiers ans,
Et mon âme, aux désirs ouverte,
Regrettait ses égarements.
Du ciel alors daignant descendre,
L'Amitié vint à mon secours :
Elle était peut-être aussi tendre,
Mais moins vive que les Amours.
Touché de sa beauté nouvelle,
Et de sa lumière éclairé,
Je la suivis ; mais je pleurai
De ne pouvoir plus suivre qu'elle.
Hé quoi ! vous êtes étonnée
Qu'au bout de quatre-vingt hivers,
Ma muse faible et surannée
Puisse encor fredonner des vers ?
(VOLTAIRE : L'amour et l'amitié)
Vous vous moquez, dit le Roi ; voilà une plaisante façon de choisir un receveur de mes finances ! Quoi ! Vous prétendez que celui qui fera mieux un entrechat sera le financier les plus intègre et le plus habile !
(Voltaire : Zadig)
Voltaire admire Shakespeare mais est déconcerté, dans son goût classique, par les bizarerie d'Othello et d'Hamlet :
"Il créa le théâtre ; il avait un génie plein de force et de fécondité, de naturel et de sublime, sans la moindre étincelle de bon goût et sans la moindre connaissance des règles...