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Lagarde & Michard - XVIIIè siècle de André Lagarde
Poésie sur le désastre de Lisbonne de 1755 (Extrait) ... Au sein de l'infini, nous élançons notre être Sans pouvoir un moment nous voir et nous connaître. Ce monde, ce théâtre d'orgueil et d'erreur, Est plein d'infortunés qui parlent de bonheur. Tout se plaint, tout gémit en cherchant le bien-être ; Nul ne voudrait mourir, nul ne voudrait renaître. Quelquefois, dans nos jours consacrés aux douleurs, Par la main du plaisir nous essuyons nos pleurs ; Mais le plaisir s'envole et passe comme une ombre : Nos chagrins, nos regrets, nos pertes sont sans nombre. Le passé n'est pour nous qu'un triste souvenir ; Le présent est affreux s'il n'est point d'avenir, Si la nuit du tombeau détruit l'être qui pense. Un jour tout sera bien, voilà notre espérance : Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion. Les sages me trompaient, et Dieu seul a raison. Humble dans mes soupirs, soumis dans ma souffrance, Je ne m'élève point contre la Providence. Sur un ton moins lugubre, on me vit autrefois Chanter des doux plaisirs les séduisantes lois ; D'autres temps, d'autres moeurs : instruit par la vieillesse, Des humains égarés partageant la faiblesse, Dans une épaisse nuit cherchant à m'éclairer, Je ne sais que souffrir, et non pas murmurer. ... + Lire la suite |