A la fin d'un après-midi du mois de décembre 1713, le comte Rocca, ministre du prince régnant de Parme François Ier, se reposait des soucis du pouvoir, en lisant dans le texte latin, un volume de l'Histoire romaine de Tite-Live. Assis sur un vaste canapé de velours cramoisi, dans son cabinet du palais ducal, il goûtait avec délices cette studieuse récréation. Tous les jours à la même heure, il s'accordait ce petit délassement et il avait donné l'ordre qu'on ne le dérangeât jamais.
Ce fut donc avec beaucoup d'humeur qu'il vit entrer son secrétaire : mais comme il s'était fait une règle d'être toujours aimable et plus encore avec les personnes d'une condition inférieure à la sienne, il s'obligea à sourire.
- Qu'y-a-t-il Roberto ? demanda-t-il avec gentillesse.
- Une curieuse lettre, monseigneur, qui vous est destinée et que vient de me remettre une très étrange vieille femme...
(incipit)
La fierté d'un Spartiate, l'opiniâtreté d'un Anglais, la finesse italienne et la vivacité française formaient le caractère de cette femme singulière.
(Frédéric II - Portrait d'Elisabeth Farnèse).