Les photos-argentiques étaient des choses, les photos-numériques sont des événements et des processus.
1. Un nouveau régime d’images, p. 28
En quittant l’univers désincarné des pures essences, on arrive dans le monde vivant et pluriel des pratiques, des œuvres, des passages et des alliages. Car, en soi, au singulier, « la » photographie n’existe pas. Dans le monde réel, on a toujours affaire à des pratiques et des œuvres particulières dans des contextes, des territoires et des conditions, et avec des acteurs et des enjeux déterminés. Donc inséparables d’une historicité et de devenirs. Par exemple, la double situation actuelle de déclin du document et d’essor des pratiques artistiques et culturelles de la photographie varie selon les secteurs et intervient à un certain niveau d’évolution des sociétés industrielles, du monde des images et de l’art.
Même conjuguée au singulier, « la » photographie sera ici toujours pensée au pluriel, dans ses singularités et ses devenirs, afin de saisir les processus et les événements dans lesquelles elle se situe.
L’ensemble du propos est à cet effet organisé autour de trois grandes parties : un passage, une frontière, un alliage. (16)
La photo-argentique était une image-chose statique à regarder ; la photo numérique est une image dynamique à échanger.
Introduction. Une autre photo pour une autre époque, p. 10