Où qu’il soit, il se sentait en permanence en insécurité. Il frôlait les murs, se tenait courbé, jetait constamment des regards dans toutes les directions pour repérer d’éventuels agresseurs. Lorsque sa route croisait une bande de jeunes, ou un individu susceptible de l’agresser, il faisait demi-tour. La nuit, il se réveillait, croyant que quelqu’un s’était introduit chez lui. Il faisait des cauchemars, revivant chaque nuit son agression. Du coup, il est devenu très solitaire, perdant tous ses contacts sociaux. D’ailleurs, il ne s’est pas marié. Tout cela a duré des années, jusqu’à ce que, par hasard, il rencontre Dieumerci.
L’histoire commence un soir de printemps. Patrick Mertens a dix-huit ans. C’est un collégien de terminale, studieux et sans histoires, qui vit chez ses parents dans la banlieue de Genève. Un soir, il emmène une copine à une soirée dansante. Soudainement, un groupe de motards genre Hells Angels entre dans la salle. Le chef, un costaud tatoué se dirige vers lui. Il entreprend de le démolir à coup de poings et de pieds pendant que les autres surveillent les danseurs. Le gars va s’acharner sur lui jusqu’à ce que les flics arrivent. En entendant les sirènes, ils s’enfuient en le laissant pour mort.
Patrick Mertens, un collégien sans histoire, y a emmené Frenzy, une copine de classe qu’il compte bien séduire. Serrés l’un contre l’autre, ils dansent sur Child in Time. Lui est grand et maigre. Elle est rousse et petite. Il se tient un peu courbé en avant, enivré par son parfum musqué. Il ferme les yeux, essayant d’imaginer ce que pourrait être la nuit s’il arrivait à ses fins.
Vous savez, moi, les avocats, c’est comme les garagistes et les assureurs, je ne leur fais pas trop confiance. Alors, celui-là ou un autre.
Moi, ce que j’apprécie le plus, ce sont ces serveuses exotiques qui courent dans tous les sens. Mais vous devez avoir soif. Je vous recommande le pho mojito ! Un savant mélange de rhum, de citron, d’anis étoilé, de cannelle, de gingembre et de coriandre. Vous m’en direz des nouvelles.
Dans votre enfance, et puis votre jeunesse, vous avez été aimé, vous n’avez manqué de rien, on vous a appris à distinguer le bien du mal ? Vous êtes propre, soigné et vous portez des fringues de marque. Vous êtes cadre pour un géant de la grande distribution. Le gendre idéal, quoi !