AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Mais au-dessus encore de tout cela, il y a en outre, pour les mécoubalim, l'Ain, le "rien", le "non-être", qui n'est pourtant pas le néant, mais la Lumière primordiale, redécouverte récemment par les physiciens ; qui serait effectivement à l'origine de la matière, mais antérieure à elle, bien qu'elle soit indépendante du temps et de l'espace, car dans cette Lumière originelle, qui n'est autre, par ailleurs, pour le Rig Veda hindou, que la Vérité, il n'y a pas de temps : pas de passé ni de futur, rien que l'éternel présent, constant et perpétuel. "Nous pourrions supposer qu'à l'origine des temps", a écrit Louis de Broglie, "au lendemain de quelque divin Fiat Lux, la lumière, d'abord seule au monde, a peu à peu engendré par condensation progressive l'univers matériel tel que nous pouvons, grâce à elle, le contempler aujourd'hui". Cette condensation de la Lumière originelle, c'est, en fait, ce que les cabbalistes ont appelé, des siècles avant Louis de Broglie, tsimtsoum, "le retrait" : lorsque Dieu, qui s'identifie avec l'Aïn, conçut l'idée de créer l'univers matériel, il se rétracta sur lui-même afin de lui faire une place : ce serait là l'origine de la matière, de l'espace-temps comme on dit plus volontiers depuis Einstein, le temps ne pouvant exister et être mesurable que dans l'espace, alors que la Divinité leur est irréductible. Il est remarquable cependant que, dans le Timée, Platon avait écrit déjà : "Le temps est né avec le Ciel afin que, nés ensemble, ils se dissolvent ensemble"(38b).

Isaac Louria, qui a développé et popularisé cette idée du tsimtsoum au XVIe siècle, professait en outre que le monde trouverait son explication dans une sorte de drame cosmique : la "brisure des vases", shevirate hakélim. Au moment de son retrait, la Divinité, l'Aïn, aurait façonné, dans le secteur d’elle-même ainsi rendu vacant, une certaine quantité d'urnes ou de vases destinés à recevoir et à contenir sa lumière. Mais les urnes les plus éloignées de la pureté originelle, plus fragiles que les plus proches, ne purent soutenir l'éclat de la lumière divine et elles explosèrent en un nombre incalculable de morceaux, plusieurs de ceux-ci retenant néanmoins des parcelles de la Lumière originelle : ce serait là l'origine des étoiles et des planètes. "Ce drame", commentent Renée de Tryon Montalembert et Kurt Hruby, "a retenti jusque dans le monde des Visages. L'une des étincelles emportées par les écorces des vases est même venue frapper au front l'Adam Cadmon : et voici que c'est chacune des sefirot qui se métamorphosa alors en Visage de Dieu... C'est l'explosion, la chute de l'UN dans le multiple!... tout le devoir de l'homme consiste à libérer les étincelles pour que les vases brisés retrouvent leur intégrité et que l’œuvre première de la création se voie, enfin, pleinement restaurée".

Ces conceptions rejoignent celles de Basilide (qui vécut d'ailleurs à peu près à l'époque des débuts de l'école de labnéh) sur la Divinité lumineuse et parfaite qui est, mais n'existe pas, et des écoles gnostiques issues de lui, en particulier des séthiens et des valentiniens. Pour eux aussi, le monde matériel est issu d'une "pensée" du Dieu de lumière et de bonté et il doit y retourner à la fin des temps. (chap. III)
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}