Payot - Marque Page - Andrea Cremer - Rébellion
Elle a laissé dans mon univers une empreinte si légère que je n'ai même pas remarqué son départ
De même que la fièvre peut amplifier la sensation de froid, l'amour peut aviver la solitude
Quand il ne restera plus rien, je veux me souvenir de toi
- Est-ce que tu l'aimes ? demanda-t-il en me regardant dans les yeux.
- Ne me demanda pas ça [...]. Ce n'est pas une question d'amour. C'est une question de survie.
- Non, Calla, rétorqua-t-il à voix basse. ce n'est qu'une question d'amour.
Alors il m'embrassa. Ses lèvres se posèrent sur les miennes en une douce caresse, ses mains coururent sur mon corps, chaque mouvement me suppliant de ne pas le quitter. il pensait qu'il ne m'embrasserait plus jamais, je le savais. Une partie de moi voulait rester là, se raccrocher à lui, persuadée que nous étions fais l'un pour l'autre, que nous allions parfaitement ensemble. Mais une autre partie me poussait partir, s'enfuyait déjà loin dans la forêt, poursuivait un destin inconnu. Je réprimai un sanglot lorsque Ren me lâcha et me repoussa.
Le loup gris charbon regarda une dernière fois avant de disparaître entre les arbres
- Alors, tu as réfléchi? demanda Ren en me tendant le bécher.
- Réfléchi à quoi? rétorquai-je en posant le vase et en attrapant un autre flacon.
- A ma proposition, dit-il, plaçant sa main au creux de mes reins. Ou tu doutes toujours de ta capacité à contrôler ta meute?
J'ai ressenti une chaleur aussi soudaine que s'il m'avait marquée au fer rouge. Je ne l'ai pas regardé.
- J'ai un flacon d'acide chlorhydrique à la main, Ren. Ne m'énerve pas. Tu ne respectes pas les règles du jeu.
Je ne le regardais pas, continuant de marcher dans la rue déserte.
- Toutes les filles que je connais répondent: Orgueil et préjugés. Ou un autre roman de Jane Austen sur l'amour contrarié par les classes sociales, le conflit, et - attention, soupir languissant - le mariage.
- Je ne suis pas du genre Jane Austen.
Je ralentis pour qu'il ne soit pas obligé de me courir après.
- Non, c'est bien ce que je pensais.
_ Où va-t-on? demanda Shay.
Le Chercheur descendit du bateau et se mit à fouiller dans son manteau.
_ A l'est. Il faut grimper un peu. Mais pas très loin.
_ Et on ne sait pas ce qui nous attend? s'enquit Ren.
Adne secoua la tête.
_ Aucun de ceux qui ont été envoyés là-bas n'est revenu.
_ ça vous arrive d'avoir de bonnes nouvelles? demanda Mason. Vous avez déjà entendu parler du pouvoir de la pensée positive?
Charlotte n'aurait jamais pu imaginer que la journée du lendemain s'avère pire que la soirée qui l'avait précédée. Ce fut pourtant ce qui arriva.
Tantôt je reste assis sur un banc plusieurs heures d'affilée. Tantôt je me promène. A chaque instant, j'observe. Les touristes et les habitués. Les gens qui sortent leur chien tous les jours à midi pile. Les bandes d'adolescents où chacun cherche bruyamment à attirer l'attention des autres. Les personnages âgées qui demeurent assises elles aussi, l'oeil aux aguets, comme si elles avaient tout leur temps alors qu'au fond elles savent qu'il n'en est rien. Tous, je les vois. J'entends leurs conversations, je suis le témoin de leurs ruminations intimes. Je ne prononce jamais une parole. Leur esprit est accaparé par les oiseaux, les écureuils, le vent.
Je n'existe pas. Et pourtant j'existe.
Trop de paroles. Trop de débit. Trop de fièvre. Mon âme de verre vient de tomber par terre et de se fracasser en mille mots. Le garçon invisible devient visible, et tout à coup, ses émotions brillent comme des néons.