[…] Quand Loïs et mon mari sont revenus à la ferme, ils ont rien eu besoin de me raconter. De loin déjà, à la façon dont ils marchaient, j’ai compris qu’il avait dû se passer quelque chose de terrible. Quand ils se sont assis dans la salle à manger, tous pâles, j’en ai été convaincue. On pouvait lir l’horreur sur leurs visages. Dans les nuits qui ont suivi, mon mari s’est souvent réveillé en sursaut. La vision de ces morts ne lui laissait pas de répit.
On a du mal à imaginer qu’une chose pareille arrive chez nous. Mais que Danner soit pas mort dans son lit, ça m’étonne pas plus que ça.
Il faut pas dire du mal des morts, c’est pour ça que j’aime pas parler d’eux. Vous savez, on vit dans un petit village. les commérages vont bon train, je préfère pas trop en dire.