Aprés, à l'hôpital, un instructeur politique, qui était aussi commotionné , m'a dit qu'à Königsberg, Il y avait un philosophe allemand du nom de Kant qui était enterré là.Et alors ce philosophe disait qu'il est très facile d'être heureux. Il suffit seulement d'en vouloir moins. p. 95
Je n'avais pas réussi à caser toute la vodka dans le frigo. J'avais d'abord essayé de poser les bouteilles debout, puis je les avais couchées les unes sur les autres. Elles ressemblaient comme ça à des poissons transparents. Tapis et silencieux. Mais je n'avais plus de place pour les dix dernières.
(incipit)
Il avait une excellente vodka. Dans une jolie bouteille, avec des étiquettes d'importation. Mais c'était beaucoup trop peu. Il n'y en avait que pour un quart d'heure.
Des oiseaux qu'on avait tués, il en avait vu des quantités, mais il n'avait jamais eu l'occasion d'en rencontrer qui soient morts comme des gens, de vieillesse ou de maladie. Pourtant s'ils étaient morts tout seuls, ils devaient traîner quelque part. Impossible en effet de tomber du ciel ailleurs que sur la terre. Mais ni à Razgouliaevka même, ni aux alentours, Petka n'avait vu d'oiseaux morts par terre. Seulement des oiseaux tués par les chats ou par une bande de gamins. Par conséquent, ils s'envolaient ailleurs pour mourir. Ou bien, ils ne mouraient pas du tout. p 149
Debout dans la sépulture d'un de ses camarades, Hirotaro eut la sensation soudain qu'il était lui aussi déjà mort. Il lui semblait toujours que la maladie rendait l'homme meilleur et qu'elle lui était envoyée comme une chance de purification, mais à présent, il sentit que ce n'était pas seulement la maladie, mais aussi la mort qui jouait ce rôle. il ne pouvait pas encore formuler définitivement ce nouveau sentiment, mais le silence des pins, des nuages, des tombes et du sable dans le ravin lui suggérait de façon inexplicable qu'il avait raison.
Pendant un congé à Drakino, avant son avancement au premier grade d’officier, il avait été sincèrement étonné en apprenant les souffrances amoureuses d’une jeune domestique. Jusqu’alors, il était totalement convaincu que les serviteurs ne pouvaient éprouver que la faim, la soif, le désir de voler et le besoin d’assouvir les exigences de la physiologie. Pourtant, au cours de cet hiver enneigé de 1836, la servante de sa mère avait souffert de façon réelle et tout à fait tangible, après s’être amourachée d’un homme comme si elle était une véritable personne, faite des sentiments et des émotions que l’on trouvait couramment chez les humains.
[PARTIE I - Chapitre 1]

"Quand je suis arrivé à peu près à mes fins, on a sonné à la porte. Je n’ai pas voulu ouvrir tout de suite parce qu’il était tard, et puis j’ai ouvert quand même. Ca ne pouvait être qu’Olga. Même ma mère, ça faisait six mois qu’elle n’avait pas mis les pieds chez moi. On ne communiquait que par téléphone.
- Excuse-moi, qu’elle a fait, de te déranger à nouveau. J’ai mon Nikita qui fait encore des siennes. Viens me donner un coup de main. Je n’en viendrai pas à bout toute seule.
- Pas de problèmes ! ai-je répondu
J’ai jeté ma veste sur les épaules et je l’ai suivie. J’ai laissé ma porte ouverte.
- Alors comme ça, il y a quelqu’un qui ne veut pas dormir ici ?
Le gamin a sursauté et m’a fixé comme si j’étais un spectre. Ses cubes lui en sont tombés des mains.
- Qui est-ce qui n’écoute pas sa maman ?
Il me regarde sans broncher. Les yeux comme des soucoupes.
- Allez, prépare tes affaires. Puisque tu ne veux pas obéir à ta maman, tu vas venir habiter chez moi. Tu ne peux prendre qu’un seul jouet.
Il reste silencieux, la bouche grande ouverte.
- Lequel on va prendre avec nous ? La petite voiture, ou bien ce bonhomme ? C’est qui, celui-là ? Superman ? Allez, vas-y, prends Superman.
Son regard se reporte sur Olga et il murmure :
- Je vais dormir. Je vais aller au lit tout seul, maman.
- C’est parfait. Tu as vite compris. Si tu recommences encore une fois, je reviens et je te prends avec moi pour de bon.
Arrivé à la porte, Olga m’a retenu :
- Tu veux du thé ? Allons à la cuisine – je viens d’en faire.
- Ma porte est restée ouverte. On ne sait jamais ce qui peut arriver…
- Excuse-moi de toujours t’embêter, me dit-elle alors. C’est que… il n’a peur que de toi… Moi, il ne m’obéit plus du tout.
Je me suis mis à rire. "
Participer au bal hebdomadaire de chez Olmack, donné tous les mercredis pendant la durée de la saison mondaine, n’était pas seulement un honneur pour les débutantes et le « troupeau » de leurs mamans, c’était une nécessité vitale. Car c’était précisément ici que se décidaient et s’arrangeaient les plus importantes unions matrimoniales de la capitale britannique. Une jeune fille n’y étant pas admise pouvait sans crainte de se tromper anticiper l’échec d’une vie morne et obscure, d’une existence inutile dans une arrière-cour.
[PARTIE I - Chapitre 10]
-Alors, écoute. Attendre – ça veut dire éprouver de la reconnaissance. Simplement être heureux d'avoir quelque chose à attendre. Tu regardes par la fenêtre et tu te dis : « Merci, mon Dieu. Et à tous les autres, merci. Merci au pigeon d'avoir volé. Au chien, d'avoir couru. » Tu as compris ?
-Non.
-Imbécile ! Si tu as de la chance, tu comprendras un jour. Mais, derrière la reconnaissance que tu éprouveras, tu ne te rendras même pas compte qu'il a fallu attendre.
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Malgré tous les miracles de la science et de la médecine du XIXe siècle, la peste de mer, plus connue sous le nom de scorbut, demeurait autant que par le passé l’ennemi invincible et virulent des voyages maritimes au long cours. […] Dans toutes les flottes du monde, plus de gens mourraient chaque année du scorbut qu’au cours des batailles navales.
[PARTIE I - Chapitre 7]