Andreï Kozovoï vous présente son ouvrage "
Brejnev : l'antihéros" aux éditions Perrin.
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Brejnev convoque un groupe de cosmonautes. " Camarades, les Américains ont débarqué sur le lune. Vous devez conquérir le soleil !"
"Camarade Brejnev, mais on va brûler !" "Ne vous inquiétez pas, le Parti a pensé à tout : vous partirez la nuit !"
Certes, Brejnev n'a jamais fasciné les foules, ni par la noirceur de son âme ni par sa jubilation à transgresser les normes, même s'il s'est évidemment trouvé des gens pour l'adorer jusqu'à écrire des vers en son honneur.
Il n'en demeure pas moins qu'il parvint au sommet et y demeura pendant dix-huit ans, principalement en raison de son caractère et de sa capacité à faire office de antihéros - telle est la thèse de ce livre.
Dans un premier temps, Brejnev se hissa au pouvoir en jouant au "faux idiot" - stratégie qui n'était pas sans rappeler celle de Kroutchev, "bouffon du roi" de Staline.
A son apogée, Brejnev fut un "dictateur aimable" ; sur la scène internationale comme à l'intérieur, il fut "une main de fer dans un gant de velours", un dirigeant qui s'efforça de parachever le travail du camarade Staline, de "gagner la paix", une "paix" favorable à l'URSS évidemment.
Le téléphone sonne dans l'appartement de Brejnev. Son épouse Viktoria décroche. Une voix de femme : "Vous pouvez me passer Leonid Illitch ? C'est une ancienne camarade de classe." Viktoria explose : "Qui crois-tu duper, traînée ? Lenia n'a jamais été à l'école !"
Vu d'ici, d'aucuns (russes) s'interrogeraient ou pas du reste sur le bien fondé de l'image de Staline dans les esprits de la Russie d'aujourd'hui ?
Ben non, bien sûr, les russes sont des brutes épaisses, ils ne se sont pas fait avoir par quelques Herzen et Cie qui n'ont pas puisé leur occidentalisme libéral au sein de la révolution française et de la restauration, ils ne se sont pas fait avoir par ces révolutionnaires peau de lapin minoritaires qui n'ont pas fait la révolution sur le dos du peuple. Non bien sûr, il faudrait même demander aux russes d'aujourd'hui tout entiers de s'excuser ..
Il n'y a pas eu de procès Staline sous l'ère post-soviétique. C'est dire qu'objectivement les russes sont encore attachés d'une manière ou d'une autre à son image, malgré ce qu'on sait (voir à ce sujet le procès qu'en fait Soljenitsyne. Archipel du Goulag, pour faire simple. Les grandes famines soviétiques 1931-1933..Les purges)
Ce sont principalement les anciens qui tiennent à préserver l'image de Staline.
Les infrastructures gigantesques engagées par Staline pour le déploiement de l'URSS, le gothique stalinien flamboyant encore très présents .. plaident pour que se perpétue une image de lui pas complètement négative.
Et l'historien Andréï Kozovoï a raison de dire en préambule de son livre consacré à Brejnev ceci :
"Le mythe de la Victoire forme un élément essentiel du vaste système de propagande soviétique, au sens de la diffusion d'un mode de pensée et d'action particulier destiné à forger "l'homme nouveau", il sanctifie les morts, l'héroïsme et l'esprit de sacrifice des combattants et des civils -petits et grands, jeunes et vieux. Il ressoude les peuples de l'URSS, encore récemment divisés et meurtris par les répressions autour de la figure controversée de Staline, et par delà du parti communiste".
Lequel parti communiste toujours présent à la Douma qui semble plus là pour fédérer la Russie tout entière et facteur d'équilibre.
Brejnev convoque un groupe de cosmonautes. "Camarades, les Américains ont débarqué sur la lune. Vous devez conquérir le soleil."
"Camarade Brejnev, mais nos allons brûler !"
"Ne vous inquiétez pas, le Parti a pensé à tout : vous partirez la nuit !"
Si Brejnev reste au pouvoir pendant dix huit ans, bien qu’il soit une "honte internationale"aux yeux de nombreux observateurs, c’est que son entourage trouve que sa présence, même ridicule, est préférable à une succession incertaine.
N'importe qui, sauf cet imbécile.
Il en va également de notre jugement sur le rôle de Gorbatchev : n'a-t-il été qu'un agent, qu'un simple "pion aux mains de forces supérieures", parfaitement interchangeable avec d'autres ? Ou, au contraire, a-t-il été un acteur de premier plan, un facteur crucial dans l'ouverture de l'URSS et, in fine, dans sa disparition ? La perestroïka était-elle inévitable ou s'est-elle produite parce que Gorbatchev l'a voulue ?
Le constat rétrospectif semble clair : Gorbatchev est un produit du système qui finit par devenir son fossoyeur. Mais le devient-il par choix ou par accident ? Les historiens restent profondément divisés à son égard : pour les uns, Gorbatchev, possédant ce que le sociologue allemand Max Weber a appelé l'"autorité charismatique", a joué un rôle décisif ; pour d'autres, au contraire, il appartiendrait au "second type de réformateurs", celui qui ne crée pas les événements, mais se laisse porter par eux.
Et pour les plus chanceux, des vacances sur la mer noire...
- Brejnev est mort!
- Comment ça, en personne?