" La culture, c'est ce qu'il y a de plus important et, avec un peuple correctement instruit, nous n'aurions pas perdu la guerre."
Andrés Trapiello fait allusion à la guerre civile espagnole et la victoire de Franco.
(page 29).
Les proverbes sont, je le pense, la philosophie des pauvres et je m'en remets à eux.
(page 392)
On ne peut pas vivre sans se souvenir, mais pour survivre, il faut oublier.
L'expérience me dit aujourd'hui que les larmes d'une femme facilitent souvent les choses. Les larmes d'une femme intelligente les compliquent toujours. Il est difficile d'être à leur hauteur.
J'approuve qu'ils aspirent à la république. C'est aussi mon cas. Seulement ce n'est pas dans les fosses communes qu'il faut la gagner, c'est dans les urnes. (p.213)
Mon enfer, c’est de ne pas pouvoir écrire un roman rien qu’à moi ; mon purgatoire, c’est de le savoir, et mon pauvre ciel, c’est d’en avoir écrit trente-trois qui ont rendu heureux d’autres que moi. J’ai suggéré à Paco d’allier les deux, le roman policier et le sien. Quel est le rapport entre les chevaliers errants et Cervantès ? m’a-t-il répondu. Moi je ne suis pas Cervantès et, pour faire ce que tu demandes, il faudrait être un génie, ce que je ne suis pas davantage. Ni moi ni personne. Les romans policiers sont cérébraux, alors que le roman procède de la vie, pas d’une équation. Il y a eu de très grands auteurs policiers, mais le messie du genre est encore à naître. (p.290-291)
Dans les romans de crime parfait, tout commence en général par la découverte inattendue d'un cadavre, puis il faut enquêter pour savoir de qui il s'agit, et qui est l'assassin. Nous, il nous est arrivé l'inverse: nous sommes tombés sur un cadavre à la fin des A.C.P., et en plus, c'était quelqu'un que nous connaissions tous. Il y avait des années que nous cherchions en alchimistes un crime véritablement parfait. En vain. Et maintenant que nous en avons un, il ne nous sert à rien, parce que nous ne pouvons pas faire participer les autres à notre découverte. (p.362)
Les vacances de Noël commençaient dans deux semaines. Il restait peu de temps pour organiser la première grève, celle qu'on déclenchait invariablement aux alentours de ces dates et qui était, il faut dire, la plus facile à réussir, car elle ne compromettait personne et assurait à tous des vacances anticipées.

j'ai des nouvelles de chez moi.Père est mort à l'infirmerie de Porlier... Là-bas, comme un chien, à l'infirmerie de la prison, toi qui n'as jamais fait de mal à personne, toi qui, au contraire, as dédié ta vie aux autres.Je n'ai plus de larmes...
Je ferme les yeux et je te vois...
Tu levais la main pour faire germer dans l'air des graines d'amour qui retombaient sur ta famille sous la forme de fruits...
Au moment de partir, tu m'as dit: ne les épargne pas ,Justo, qu'il n'en reste pas un seul! et tu as voulu sourire sans y parvenir complètement, et moi, voyant la larme dans tes yeux, je me suis retourné comme si je n'avais rien vu et je suis sorti l'air de rien, sachant que je ne te reverrais plus...
A la réflexion, je me dis que je n'ai pas que de bons souvenirs de toi. C'est une chance. Nous avons eu nos différends, on vient à la vie pour discuter, mais pas une seule de ces discussions n'a abîmé le respect que je te portais.D'ailleurs, j'ai toujours cru que ce que je ressentais pour toi était du respect, alors que, la guerre m'en fait prendre conscience et je le confirme maintenant, il s'agissait d'un amour plus grand que je n'ai jamais pu l'imaginer ; tu valais plus que je ne vaux et que je peux espérer un jour...
Nous avons transformé les livres d'histoire en fictions et devons maintenant recourir à la fiction pour raconter l'Histoire. Etrange paradoxe. Une chance qu'il nous reste le roman...La littérature doit prendre de la hauteur, or, mon récit ne parvient pas à s'extraire de l'Histoire, et je m'embourbe inéluctablement dans les faits, quand je voudrais les traverser et les laisser derrière moi.