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Critiques de Andreu Martin (21)
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Société noire

Les triades… Vaste programme ! Et contrairement à ce que certains pourraient penser : Non, une triade ce n’est pas un acte sexuel à trois !



La légende dit que la première Triade aurait été fondée par des moines bouddhistes du célèbre monastère de Shaolin afin de se venger du massacre des leurs perpétrés par l’empereur de la dynastie Qing.



La société noire dont nous parle ce roman fait donc référence aux triades chinoises et à leur main mise sur une partie de la population.



Tout les pays sont gangrénés par les triades chinoises ! Tous ? Non, la ville de Barcelone résiste encore et toujours à l'envahisseur... Enfin, la ville croit qu'elle y a échappé, mais les vers sont déjà dans le fruit et ce n'est plus q'une question de jours avant que leurs tentacules ne se referme sur la ville et sur son port.



Quand on se fait éponger sa dette par des capitaux chinois, on se doute qu'il n'en ressortira rien de bon puisque les créanciers tiennent le pays par les couilles. Tout le monde se doute que c'est de l'argent sale, mais aux grands maux les grands remèdes et puis, on sait que les banques ne se gênaient pas pour accepter le fric des dictateurs ou mafiosi.



Voilà un roman noir comme je les aime : une construction narrative qui fait des allers-retours entre le présent (après le braquage) et le passé (avant le braquage), en proposant plusieurs points de vue différents selon le narrateur, avec des personnages forts, très réalistes, possédant des côtés obscurs assez prononcés et pouvant y sombrer très facilement après quelques coups durs.



Entre l'inspecteur Diego Cañas, obsédé par les triades chinoises et qui se débat avec les problèmes que lui cause sa gamine de 15 ans; avec Juan Fernández Liang, jeune homme sino-catalan qui se veut plus chinois que les chinois et qui rêve de se faire le max de fric, aidé de son ami de toujours, l'escroc misogyne et raciste qu'est Pardales; la tête de dragon que pourrait être monsieur Soong, sans oublier la plongé dans l'univers obscurs des triades chinoises et des mareros (gangs latinos), pas le temps de s'embêter.



Un roman noir qui dévoile tout un pan social peut reluisant de la cité de Barcelone, avec ses ateliers clandestins remplis de Chinois qui doivent bosser toute la sainte journée et même plus, afin de rembourser le voyage payé par les triades, leurs banques clandestines, le racket des commerçants chinois, des crimes atroces...



Un roman noir qui possède son propre rythme, ses propres codes, des personnages attachants ou du moins, déroutants, avec de l'humour noir, de l'action, un braquage qui ne sera pas à l'italienne ou à l'anglaise, des cadavres qui se ramasseront à la pelle, des têtes décapitées et déposées sur le toit d'une voiture et une atmosphère digne des meilleurs romans noirs avec ces ghettos, ces habitants désœuvrés et sa pègre.



Un roman noir qui nous explique les codes, la manière de recruter, d'agir, les origines des sociétés, les dessous des sociétés telles que les triades ou les maras, deux groupes qui ne gagnent pas à être croisés ! La misère n'engendrant rien de bon, les maras poussent dessus comme des mauvaises herbes sur du terreau enrichi d'engrais.



Un roman noir profond qui n'a qu'un seul défaut : un peu court... On aurait pu encore en dire bien plus !


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Société noire

Quand une tête est retrouvée sur le toit d’une voiture, même à Barcelone dans le quartier de Sants, ça fait désordre. Quand le reste du corps commence à se balader accroché à une boule d’attelage, ça devient carrément gênant pour la police. Les mossos d’Esquadra, la police catalane, penche pour un crime de mareros car les gangs latinos font depuis quelques temps leur nid à Barcelone et les maras salvadoriennes commencent à débarquer en Catalogne. De son côté, l’inspecteur Cañas pencherait plutôt pour les Chinois. Dans une région dont les dettes consécutives à la crise économiques sont épongées en partie par des capitaux chinois, où fleurissent les ateliers clandestins et où le port de commerce est en train de devenir le plus grand de la Méditerranée, les Triades s’implantent et n’aiment pas qu’on leur marche sur les pieds. Justement, un mois plus tôt, un indicateur de Cañas, Liang, a commencé à infiltrer pour son compte une de ces sociétés noires… au risque d’être tenté de faire cavalier seul.

Excursion dans une Barcelone interlope dans laquelle se croisent les mafias du monde entier attirées par le miracle économique un peu boiteux de la Catalogne et un port immense qui facilite tous les trafics, Société noire n’est pas pour autant un essai sur le crime organisé. Au contraire, Andreu Martín joue avec les fantasmes que peuvent provoquer maras et triades, sur les stéréotypes, et, d’une certaine manière, se plaît à les prendre à contrepied. Ainsi en va-t-il de la savoureuse description du cheminement de la rumeur qui fait des Chinois les auteurs du meurtre qui ouvre le récit et plus encore de celle des mareros barcelonais « de souche » issus de la classe moyenne aisée.

Surtout, Martín nous propose de rencontrer deux personnages hauts en couleurs. Juan Fernández Liang, d’abord, sino-catalan adepte des arts martiaux et bien décidé à devenir plus chinois que n’importe quel chinois, porté par des rêves certainement trop grands pour lui et affligé en la personne de Pardales, escroc de bas étages raciste et misogyne, d’un boulet particulièrement pesant. L’inspecteur-chef Diego Cañas ensuite, bon flic a priori mais dépassé par sa fille adolescente rebelle et fugueuse et qui se retrouve sur la corde raide, partagé entre l’envie de résoudre l’affaire dont il n’est pas chargé et de trouver un exutoire à la rage qu’il ne veut pas déverser sur sa famille.

Tout cela nous donne un roman extrêmement rythmé, bourré d’humour et d’action et doté d’un arrière-plan social et politique intéressant. C’est peu dire que l’on prend plaisir à lire cette histoire échevelée.

Andreu Martín, nous dit l’éditeur de Société noire, a déjà publié en France dans les années 1980, à la Série Noire, deux romans. On risque bien d’aller voir de ce côté-là aussi. Parce que s’ils sont aussi bons que le roman que publient les éditions Asphalte, il y a sans doute de quoi s’amuser.


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Société noire

Barcelone au mois de mai, sous la pluie. Au petit matin, un automobiliste découvre sur le toit de sa voiture une tête de femme. Quelques heures plus tard, on découvre le reste du corps. À quelques kilomètres de là, le cadavre mutilé d'un homme est retrouvé par les policiers. Dans le même temps, une famille de dealers est sauvagement assassinée.

Le printemps se fait rouge sang et l'inspecteur Diego Cañas n'a qu'une idée en tête : ce sont les triades chinoises qui ont fait le coup. Les triades à Barcelone ? Personne ne veut y croire.



Andreu Martín est un auteur de polars très connu en Espagne et pourtant je n'avais jamais entendu parler de lui. C'est grâce à l'opération Masse Critique que j'ai pu découvrir son dernier roman, Société Noire (j'en profite pour remercier Babelio ainsi que les Éditions Asphalte pour ce cadeau).

Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire à cause du style « journalistique » de l'auteur, une fois accoutumée au rythme, je me suis prise au jeu.



Il faut dire que l'histoire n'est pas banale et que les personnages sont intéressants. D'abord Cañas, flic usé dont la fille vient de disparaître et qui découvre une administration pourrie plus encline à servir les intérêts électoraux des politiques que la justice.

Ensuite Liang, jeune chinois indic de Cañas, rêvant d'une vie meilleure et faisant les pires conneries pour atteindre son but.

Dès le départ, j'ai ressenti de l'empathie pour ces deux hommes et j'avais hâte de découvrir leur destinée. Je n'ai pas été déçue du voyage.



Le récit est haletant, rythmé, drôle et noir de chez noir. Le roman n'est pas très épais, c'est là son seul défaut.
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Intrusion

Ce Graphic Novels est le lauréat du Prix International de la Bande Dessinée de la Costa Brava de 2012, soutenu par Panini España. Il raconte le choix d'une femme qui, pour sauver la vie de son petit ami, accepte de vendre son âme au diable. Rien ne se passe comme prévu, et l'histoire d'amour bascule dans une aventure terrifiante où les morts-vivants sèment la panique.



D'emblée, je n'ai pas apprécié le manque manifeste de modestie de cette bd avec une préface qui souligne le fait d'avoir gagné un prix parmi toutes les bd du monde entier comme si on tenait un bijou entre nos mains. Cela place la barre très haute. A la lecture, on va vite déchanter en se disant que c'est un prix de circonstance pour ne pas dire de complaisance.



Le scénario est en effet d'un clacissisme à faire frémir les morts. On a déjà tous vu ce genre de film d'horreur où l'esprit passe d'un corps à l'autre. Bref, il n'y a rien de nouveau. Même la bd Mille Visages a exploité ce concept. Par ailleurs, le dessin ne m'a absolument pas marqué pour sa grâce. Le trait est lourd et anguleux au point d'agresser les yeux.



En conclusion, un thriller dont on pourra aisément se passer sauf pour les fans de possession démoniaque.
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Société noire

Si vous souhaitez vous orienter vers l’urbain et vers le style propre aux pulps, il faudra vous intéresser aux publications de la maison d’éditions Asphalte que je ne cesse de vous recommandez avec ses ouvrages tirés de la veine hispanique des polars. Vous transiterez du Brésil avec Psiica d’Edyr Augusto (Asphalte 2016) au Chili avec Tant de Chiens (Asphalte 2015) et Les Rues de Santiago (Asphalte 2014) de Boris Quercia en passant par l’Espagne avec J’ai été Johnny Thunders (Asphalte 2016) de Carlos Zanon, un des grands romans noirs de la collection où l’on arpentait les rues désenchantées de Barcelone. Des récits secs et nerveux, dégageant les relents acres de ce bitume qui donne son nom à cette maison d’éditions atypique. Loin d’être un novice dans le genre, puisqu’il compte, parmi la kyrielle d’ouvrages à son actif, deux titres traduits en français dans la Série Noire, Andreu Martin intègre donc l’écurie Asphalte avec Société Noire, un polar qui se déroule dans le monde interlope d’une ville de Barcelone bien éloignée des représentations touristiques.



« Des têtes vont tomber ». A Barcelone, l’expression n’est pas galvaudée puisque l’on découvre la tête d’une femme posée sur le capot d’une voiture. La police met également à jour les corps d’une famille ayant subit des sévices similaires. Les autorités penchent pour un coup des mareros, ces gangs d’Amérique centrale qui inspirent désormais la jeunesse désœuvrée de la cité catalane. Mais pour l’inspecteur Diego Cañas, il se peut que ce soit l’une des très discrètes triades chinoises, bien implantées dans les rouages économiques de la ville qui soit responsable de ce massacre. Il voudrait en savoir davantage, mais il se trouve que Liang Huan, son indic chargé d’infiltrer l’une de ces société secrètes, ne donne plus de nouvelle, au moment même où un étrange braquage a eu lieu dans un entrepôt d’un « honorable » homme d’affaire chinois. Liang aurait-il décidé d’agir pour son propre compte ?



Avec Société Noire, Andreu Martin dresse le portrait au vitriol d’une ville de Barcelone enlisée dans les déboires économiques qui laissent la poste ouverte aux membres de diverses factions mafieuses qui s’implémentent dans un contexte social délabré où une jeunesse sans espoir se tourne vers les modèles de ces gans issus d’Amérique centrale ultra-violents tandis que les pouvoirs politiques ferment les yeux sur une partie des capitaux suspects que certaines sociétés chinoises injectent afin de remettre à flot les structures de ce qui constitue le plus grand port de la Méditerranée. Une fois le contexte, posé, l’auteur décline une atmosphère âpre et haletante dont la temporalité est rythmée au gré de chapitres qui se déclinent tout autour d’un mystérieux braquage. Un texte prenant, ponctué de phrases courtes qui permettent de digérer très aisément les références servant à appréhender tous les ressorts sociaux et économiques qui jalonnent ce roman bourré d’humour et de testostérone.



On découvre ainsi les différents rouages de cette intrigue échevelée, mais qui, au final, se révèle extrêmement bien structurée, par le biais des points de vue de Diego Cañas, inspecteur de la police et de son indic, Liang Huan. Le flic en proie à des soucis familiaux bien plus importants que l’enquête qu’il est en train de mener doit faire face à son adolescente de fille rebelle tandis que l’indic sino-espagnol tombe amoureux de la fille du chef de la triade qu’il doit infiltrer. Malgré la fureur d’un roman jalonné de péripéties captivantes, Andreu Martin prend le temps de s’attarder sur l’entourage de ces deux protagonistes qui donnent ainsi une dimension très humaine au récit. Une somme de chassé-croisé, de poursuites infernales et de règlements de compte sanglants feront que le lecteur se retrouvera plongé dans une spirale infernale où la violence devient l’inexorable recours de cette fuite en avant qui semble perdue d’avance.



Société Noire nous entraîne donc dans l’atmosphère délétère de ces gangs et de ces entreprises mafieuses que l’auteur s’emploie à dynamiter au gré d’un texte où le fantasme côtoie une réalité bien plus trash qu’il n’y paraît. Âpre et rugueux, teinté d’un climat bien sombre, Société Noire comblera les attentes des aficionados des récits de pulp magazines.



Andreu Martin : Société Noire (Societat Negra). Asphalte éditions 2016. Traduit du catalan par Marianne Millon.



A lire en écoutant : Love Will Tear Us Apart de Joy Division. Album : Les Bains Douches 18 December 1979. NMC Music 2001.
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Le Poulpe : Vainqueurs et cons vaincus

Chronique d'une fascination : ou comment suivre vos pulsions les plus à même de nettoyer votre entourage de la pollution de ceux qui vous dérangent. Robert Lomm vous propose une solution simple, aussi simple que la pichenette qui chasse la crotte sèche déposée sur votre épaule. Ecoutez-vous et debarrassez-vous des intrus qui vous polluent le paysage : écrasez-les bordel !



Impossible d'en vouloir à cet homme charismatique, aussi séduisant que Lucifer, aussi dérangeant qu'un ado ayant reponse à tout ! Oui mais voilà, quand un chauffeur de taxi pète un câble et écrase un randonneur, mais ne peut en donner la motivation, une puce s'invite dans l'oreille du Poulpe (je vous assure qu'elle est petite, cette puce, pour pénétrer dans une oreille de poulpe !). Le Poulpe, alias Gabriel Letourneur, rentier passionné d'énigmes au portrait longiligne et aux bras interminables, decide de traquer Lomm pour comprendre ce mecanisme machiavélique.



Un voyage cahotique sur les routes de Majorque, au volant d'une guimbarde bringuebalante, un hébergement dans une auberge pittoresque, et une galerie de personnages immense peuplent ce roman à l'humour aussi noir que l'encre du Poulpe : une cantatrice, un chauffeur de taxi, un policier de campagne, un aubergiste, un petit garçon, une fille de la haute (tombée en bas), un riche propriétaire, une belle brune, une jolie blonde...Andreu Martin a prevu tous les ingrédients pour passer un moment délicieux en compagnie d'un escroc que tout le monde adore !

Mon premier Poulpe, qui en appelle déjà bien d'autres, chaque roman laissant le personnage aux mains d'un nouvel auteur ravi de le malmener. Un vrai délice !!
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Tous les detectives s'appellent flanagan

Les détectives adolescents, c'est cool. Ici, en plus, ça se passe en Espagne, un pays que je ne connais pas trop (ben oui, j'ai étudié le russe en cours), donc ça ajoute une dose de dépaysement assez sympathique.

Bref, notre héros se débrouille comme il peut, entre son enquête, ses soucis avec les gros bras et la fille qu'il aimerait bien séduire mais qui est difficile à convaincre. C'est classique, ça se lit bien, bref un bon policier pour ados.
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Société noire

Andreu Martin est un auteur catalan dont j’ai entamé l’ouvrage parce qu’il avait été publié dans la Série Noire et que je pensais, donc, qu’il n’écrivait qu’en français. Or, « Société noire », contrairement à mes lectures habituelles, n’a pas été écrit en français, mais a été traduit par la suite. Ma politique de lecture, depuis quelques années, est de ne lire que des textes écrits en français, car je suis adepte de l’aphorisme italien « Traduttore, tradittore » qui explique qu’un traducteur trahit toujours le texte qu’il traduit. Du coup, pour être certain de lire exactement les mots que l’auteur voulait que l’on lise, je ne lis plus que des œuvres écrites en langue française. Tant pis, un écart à ma politique de lecture qui est bienvenue.



Bienvenue, car ce fût une bonne lecture s’appuyant sur une bonne histoire, de bons personnages et des partis pris narratifs et un style d’écriture plutôt intéressants.



Car, si je ne cesse de me plaindre du manque d’originalité des auteurs de polars actuels qui reprennent, ad nauseam, le même genre de personnages, une idem narration, et un style au plus plat possible ici, Andreu Martin, aidé par sa traductrice, me propose, à travers quelques clichés légèrement esquissés, une narration efficace, à défaut d’être novatrice (mais peut-on encore être novateur en ce domaine), des personnages bien sentis et un héros attachant et un parti pris stylistique (dont je me demande, du coup, s’il est la volonté de l’auteur ou un résultat de la traduction) qui, bien que désarçonnant de prime abord, finit par faire sortir le roman des ornières de la production habituelle.



Société noire : Les triades ne sévissent pas qu’en Chine : elles se déploient aux États-Unis et en Europe. Seule Barcelone se croit encore épargnée. À tort, selon l’inspecteur Diego Cañas. Il charge son indic Liang, un Sino-Espagnol né à Hong Kong, d’infiltrer pour lui la très discrète mafia chinoise. Un mois plus tard, on retrouve au petit matin la tête d’une femme sur un capot de voiture. Un crime atroce qui porte la marque des maras, ces gangs ultra-violents d’Amérique centrale. Mais Cañas est convaincu que l’affaire est liée, d’une façon ou d’une autre, à son enquête sur les triades. Reste à le prouver à ses supérieurs…



Andreu Martin nous propose donc une immersion dans le monde interlope Barcelonais, en général, et dans le milieu chinois, en particulier.



Avec le personnage de Lian, immigré chinois né d’un père espagnol qu’il déteste et rejette au point de rejeter, avec, ses gênes hispaniques, l’auteur nous expose un héros des plus intéressants. Intéressant, car celui-ci répond à la fois à tous les clichés tout en les explosant. Clichés sur les Chinois inhérents à un personnage qui se veut plus chinois que le plus chinois des Chinois, allant jusqu’à devenir professeur d’arts martiaux et philosophe à ses heures perdues. Explosion consécutive à ce chinois qui se veut plus chinois que le plus chinois des Chinois, mais qui va oser faire ce qu’aucun bon chinois n’aurait osé : s’en prendre à la triade qui exploite les immigrés chinois jusqu’à la corde quand ceux-ci, en retour, bossent jusqu’à épuisement dans le but de gagner quelques euros pour rentrer, ensuite, chez eux.



Car Lian ne supporte plus cette particularité (cliché ?) du Chinois qui ne fait pas de vagues et décide de prendre tous les risques pour venger les siens (mais ont-ils envie d’être vengés ?).



En parallèle, Andreu Martin tisse un monde policier qui n’est ni tout blanc ni tout noir, du flic corrompu qui profite de sa position pour s’enrichir à celui qui, pour faire son travail le mieux possible, est prêt à utiliser son indic et le manipuler.



Et ce gris, qui va du gris clair au gris foncé, dans un monde qui se veut en noir et blanc (le Yin et le Yang), pose sa chape de ciment sur tout l’ouvrage.



À travers une narration naviguant entre passé et présent, autour d’un acte fondateur du roman, pour montrer l’évolution des personnages et de la situation, expliquer comment les protagonistes en sont arrivés à faire ce qu’ils ont fait, pour exposer les conséquences des actes de chacun, Martin Andreu tisse une toile dont le lecteur ne parviendra pas à se dépêtrer et dont il ne voudra pas s’échapper, trop attiré par le point central que devient le point final.



Car, ici, chacun se sert de l’autre, volontairement ou sans s’en rendre compte et, tout le monde devient donc responsable des dommages irréversibles que les actes des uns, interagissant avec ceux des autres, vont produire.



Au final, un bon roman, une bonne intrigue, un bon style, de bons personnages, la seule chose que je pourrais reprocher à ce livre, c’est qu’il soit le résultat, ne serait-ce que partiel, d’une traduction...
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Prothèse

Depuis qu’il est sorti de prison, Miguel n’a qu’une idée en tête : se venger de Gallego, le flic qui, lors de son arrestation lui a consciencieusement brisé les dents et la mâchoire. C’est donc doté de son dentier tout neuf et d’une détermination à toute épreuve qu’il revient à Barcelone pour retrouver Gallego et lui faire la peau. Là, sous le nom de « Dientes », il va renouer avec ses anciens complices, retrouver la Nena, dont il était amoureux à l’époque, et surtout s’apercevoir que son bourreau, renvoyé de la police après d’autres explosions de violence est devenu convoyeur de fonds. Le voilà prêt à assouvir sa vengeance.

Prothèse est un livre étonnant et par certains côtés déstabilisant. L’écriture est assez banale, parfois maladroite et la description des personnages est un peu à l’avenant, tirée à grands traits pour les personnages secondaires tandis que Miguel et Gallego sont plus approfondis mais aussi parfois assez stéréotypés.

Pourtant, et c’est ce qui est surprenant, Andreu Martín réussit à créer une atmosphère étouffante et à maintenir jusqu’à la fin une tension des plus oppressantes. Il arrive ainsi à accrocher le lecteur, à le plonger dans une Barcelone crasseuse et malsaine, à l’image des personnages qu’il lâche dans ses rues, galerie de truands de bas-étages, de putes tristes et de matamores dissimulant mal leur lâcheté intrinsèque. La manière dont Miguel et Gallego vont se tourner autour, le premier évitant toujours au dernier moment la confrontation ultime tandis que l’autre, pour avoir la simple sensation de redevenir celui qu’il a été – une belle pourriture, certes, mais au moins quelqu’un –, ne fait que la chercher, est sans doute ce qu’il y a de plus intéressant.

Le tout mène à un dénouement aussi violent qu’invraisemblable qui a pour lui d’être cathartique. Le tout fait de Prothèse un roman qui, faute d’être grand, est à tout le moins assez original pour créer chez le lecteur un véritable inconfort. Une curiosité qui vaut le détour.


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Société noire

Je remercie Babelio et les Editions Asphalte pour cette lecture .

Je ne connaissais pas l oeuvre d Andreu Martin et ce fut pour moi une belle découverte

L auteur nous plonge dans un Barcelone noir loin des cartes postales que l on peut avoir de cette ville.

J ai beaucoup aimer l écriture de l auteur avec des chapitres assez courts qui donnent une intensité à l histoire il n y a pas de temps mort ca va a cent à l heure

J ai beaucoup apprécié ce roman noir
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Société noire

Roman noir avec Barcelone comme décor. C’est dépaysant. Et un rien perturbant. Comment une ville dédiée aux vacances, à la fête et à la culture pourrait être sclérosée par une criminalité si violente ? Mes illusions s’évaporent aussi rapidement que les pages défilent. Non, aucune ville ne semble en mesure d’échapper aux bandes organisées, aux règlements de compte et aux braquages de banques. Officielles ou non. L’Humanité est vile. Elle n’obéit bien souvent qu’à de bas instincts. Le Barcelone de « carte postale » disparait au profit d’une ville à la sourde criminalité.



Choix judicieux que celui du monde secret des Triades et des Maras. Avec ce roman, l’auteur lève un coin du voile sur le fonctionnement de ces sociétés aux codes et à la violence affirmés. Les fantasmes presque romantiques liés à ces organisations sont mis à mal par une solide documentation. C’est d’une réalité dure et cruelle qu’il s’agit. Une réalité dont il semble impossible de sortir indemne. Le récit l’exprime assez justement. Et cette justesse est associée, avec bonheur, à une écriture au rythme soutenu. Les pages se suivent. Les chapitres passent. Et on se désole de voir arriver la fin si rapidement.


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Société noire

Merci d’avoir fait voyager ce livre et de me permettre de découvrir un auteur. Ce roman noir nous entraîne dans le Barcelone et en particulier, dans les bas fonds. Nous allons suivre en particulier deux personnages. Le commissaire Canas, proche de sa retraite et qui observe de façon un peu désabusée les changements de sa ville. Il a aussi du mal avec sa jeune fille, qui un jour, claque la porte de l’appartement familiale et disparaît dans la ville. En même temps, est retrouvé le corps d’une femme décapitée. Le commissaire est persuadé que c’est un coup de triades chinoises qui viennent de s’installer en Espagne. Il demande alors des renseignements à l’un de ses indics, Liang, un sino-espagnol. Celui-ci va nous raconter aussi les événements qui se sont passés avant, pendant et après un braquage d’une banque clandestine, tenue par un « commerçant » chinois. Nous sommes en plein polar et l’auteur nous décrit avec beaucoup de précision tous les méandres des trafics qui sévissent dans nos villes. Il décrit aussi très les organisations criminelles et leur façon de « travailler ». Un roman à ne pas lire avant de partir en vacances à Barcelone.
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Prothèse

Miguel Vargas est un petit truand qui sort de sept années de cabane avec une idée obsessionnelle : faire payer ce que lui a fait subir l'inspecteur Gallego. En effet, lors d'un interrogatoire qui a mal tourné, le flic s'est acharné sur lui et lui a complètement démoli la mâchoire à grand coups de crosse alors qu'il n'avait pas vingt ans. Depuis ce temps, il porte un dentier qui lui donne un sourire de mort et un air de cadavre quand il l'ôte. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid et nécessite une longue et minutieuse préparation sans garantie de réussite certaine.

Ce roman policier relève du genre « roman noir » le plus sombre possible et l'auteur catalan fait évoluer ses personnages dans un Barcelone particulièrement sordide qui n'a rien à envier aux pires bas-fonds de Chicago ou d'ailleurs. Le monde de la prostitution, de la drogue et du grand banditisme ici sont sans issue ni espoir ni rédemption d'aucune sorte. Et cette histoire des plus dramatiques va crescendo jusqu'à un dénouement particulièrement gore (à déconseiller d'ailleurs aux âmes sensibles...) Que dire du style de Andreu Martin, écrivain catalan, sinon qu'il est parfaitement adapté à l'ambiance glauque du bouquin avec en prime une certaine étrangeté : de temps en temps, l'auteur se met à parler à ses personnages en les tutoyant avant de repasser à la troisième personne du singulier comme si, pris de pitié ou de compassion pour les malheureux pantins dont il tire les ficelles, il voulait parfois abandonner sa position de Pygmalion pour prendre celle de confident ou d'ami proche. Malgré ces petites poussées de schizophrénie, un sacrément rude polar quand même...
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Jésus aux enfers

Biutiful d’Alejandro González Inárritu m’avait déjà montré le visage sombre de la rayonnante capitale catalane. J’ai poursuivi avec Jésus aux enfers, un polar d’Andreu Martín. Paru en 1996 sous le titre Jesús en los infiernos, ce roman entraîne le lecteur dans les bas fonds barcelonais, côté vieux quartiers mal famés.



L’histoire ? elle paraît toute simple sur la quatrième de couverture, et au fond elle n’est pas si simple que ça. Jésus Alque dort chez lui dans un village perdu de Catalogne lorsque son beau-frère l’appelle de Barcelone pour lui annoncer au milieu des éclats de rires et des tintements de verres que sa sœur a claqué le mois dernier. Jésus descend donc en ville à la recherche de la vérité. Il la trouvera au milieu du vice, de la violence, du mensonge et de la séduction de la ville des merveilles.



C’est sans compter la jalousie tapie et sournoise de ce frère qui n’a pas pu s’échapper de la campagne et de son village natal, contrairement à sa sœur, partie en ville. Contraste étonnant d’ailleurs : cette vie que Jésus n’a jamais osé nier était pourtant lumineuse et paisible contrairement à celle qu’il va trouver à Barcelone, sombre, bruyante, agitée et glauque.



C’est sans compter cette entrée de plein fouet dans la vie de sa sœur et de son beau-frère Pedro, disparu ; les soupçons qui grandissent à l’égard de ce beau-frère disparu dans la nature. Jésus réfute le fait que sa sœur ait pu mourir de mort naturelle comme le lui explique la gardienne de l’immeuble. S’ensuit une recherche impitoyable : quête de vérité, quête de ce beau-frère disparu, quête de l’identité de sa sœur.



Et puis, il y a Barcelone. Bruyante, sombre, glauque, malfamée, violente et débauchée. Jésus oscille entre quartiers de seconde zone, réseau de prostitution, violence, drogues… Le Vice s’invite même à sa table dans cette quête familiale. Vicio, un type louche, qui va le mener sur les traces de Pedro, entre proxénétisme, tripots, tabassage et mauvaises fréquentations. Une "Barcelona connection" de haut vol, autre titre d’Andreu Martín qu’il me tarde de lire.



Un roman court mais dense, tout en chapitres saccadés. On lit au rythme d’une descente aux Enfers, sans respirer, sans faire de pause. Pas de psychologie ici, des coups, rien que des coups.



Décidément, Barcelone peut ne pas être ensoleillée…




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Le Poulpe : Vainqueurs et cons vaincus

Gabriel Lecouvreur, - le Poulpe -, alias Paul Fixon, inspecteur du ministère de la Santé, piste Roger Lom. Un manipulateur et commanditaire d’assassinats.

De Paris ( un hôtel du 11e arrondissement) à l’île de Majorque, le Poulpe enquête, et prend des coups. De son côté, Cheryl enquête également.

Un épisode original et réussi.

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Société noire

Les triades ne sévissent pas qu'en Chine, on les rencontre aussi en Europe et aux États-Unis où elles vivent de rackets, de crime organisé et exercent un pouvoir souterrain et terrifiant dans tous les rouages de la société. Barcelone, selon l'inspecteur Diego Canas, n'échappe pas à la règle. Quand on retrouve une tête de femme coupée qui ressemble à un sinistre masque de carnaval sur le capot d'une voiture et le corps décapité attaché à une remorque, il sait que les Chinois sont dans le coup. Même si ses collègues mossos (police locale) croient davantage aux actes des mareros, ces bandits trafiquants en tous genres venus d'Amérique latine et qui veulent s'imposer par la terreur.



L'enquête nous mène dans les replis secrets des boutiques chinoises, qui dissimulent toutes sortes de trafics. Elle nous initie à l'organisation du Milieu à la chinoise, hiérarchisé, secret, cruel. Entre les deux mondes, gangsters et police, les indics, ici le jeune Liang, mi-Chinois mi-Espagnol qui compte bien jouer sur les deux tableaux et s'enrichir rapidement. Bien renseigné par Canas, il organise le braquage de la banque chinoise (chacun sait que les mafieux ne placent pas leur argent à la banque). Idée dangereuse, manipulation probable, le voilà embarqué dans des aventures où la plongée en eau fécale des égouts voisine avec les délicieux moments amoureux partagés avec Pei Lan, la fille de Soong, grand chef de la Société noire ou Triade. Comme il est prof de kung fu, pénétré des enseignements de son maître de Qi Gong, il parvient en cas de douleur physique à se dissocier de la partie de son corps qui souffre. Cela fonctionne la plupart du temps. Pour ce qui est de la souffrance morale, c'est plus compliqué, surtout si on s'attaque à sa chère maman.



Il y a une profusion de moments de suspens dans ce roman, une réflexion aussi sur les relations entre les différentes parties qui s'affrontent et un cheminement vers une issue plutôt séduisant. Un bon polar, in fine, assez finement conté et où on trouve à la fois action, pittoresque et humour.

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Intrusion

En mêlant une histoire d’amour passionnel à une intrigue plus classique de zombie, il ose et réussit un mariage de genres audacieux. La lecture assez rapide de l’ensemble témoigne de la fluidité de la narration, découpée en courts chapitres, et du graphisme de Jacobo Navarro.
Lien : http://www.bdencre.com/2013/..
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Flanagan de luxe

L'histoire est plus ou moins bonne. Par contre je pense qu'elle est plus réservée à un public d'adolescents ou à un jeune public qui voudrait commencer à lire un premier polar.

L'ensemble est assez bien ficelé. Andreu Martìn et Jaume Ribera nous font assez bien entrer dans l'histoire.

Le détective privé est un adolescent, il agit parfois comme tel mais réfléchit tout de même comme un jeune adulte.



Ce que j'ai vraiment aimé c'est qu'Andreu Martìn et Jaume Ribera prennent le temps de poser leurs idées. Cela ne va pas trop vite.

Par contre je pense que cela aurait pu être bien de plus approfondir les idées pour que ce soit aussi un livre qui puisse être lu par des lecteurs plus âgés.



Même si les personnages sont des adolescents, ce qui est assez original (du moins pour un polar) c'est que la plupart des idées pourraient arriver à n'importe qui. du moins on le comprend quand on a tous les éléments de l'histoire.

En ce qui concerne les descriptions elles sont parfois un peu faibles et pourraient être un peu plus approfondies surtout en ce qui concerne les sentiments et ressentis des personnages mais aussi dans certaines situations.

Personnellement j'aurais voulu voir plus de détails et des scènes plus approfondies.



Le fait que l'histoire soit racontée d'un point de vue interne au personnage principal aide à se mettre vraiment dans la peau de ce dernier. Par contre j'aurais bien aimé qu'Andreu Martìn et Jaume Ribera mettent d'autres points de vue. Cela aurait pu être intéressant d'exploiter d'autres personnages qui sont eux aussi importants.



Ce qui pourrait déranger c'est qu'avant ce livre il y en a sans doute eu d'autres et du coup les auteurs font des rappels. Cela ne gêne pas à la lecture mais c'est parfois frustrant de ne pas savoir ce qui s'est passé…



La fin de l'enquête est originale et on ne s'attend vraiment pas à ce que cela se termine de cette manière.

J'avoue avoir vraiment ri et je me suis imaginé la tête du personnage et comment j'aurai réagi à sa place…

Ce qui est bien aussi c'est qu'Andreu Martìn et Jaume Ribera finissent vraiment l'histoire en nous disant ce que les personnages sont devenus quelques jours après…
Lien : http://fais-moi-peur.blogspo..
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Intrusion

Il fait de l’amour le moteur de ce thriller horrifique. Une histoire où les morts vivants courent après la vie et luttent contre leur corps qui gonfle, empeste, bleuit et se raidit, et où la possession ne se transmet pas par une morsure mais par un baiser.
Lien : http://www.actuabd.com/Intru..
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Intrusion

Une histoire de morts possédés agréable mais trop courte.
Lien : http://www.avoir-alire.com/i..
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