Entretien avec Andrew Pyper, auteur de The Killing Circle.
(En anglais non sous-titré)
Parfois, les monstres sont bien réels... [...] Même s'ils ne ressemblent pas à des monstres.
- Il y a quelqu'un qui t'attend.
- J'en doute. Ces jours-ci, après dîner, Tess file s'enfermer dans sa chambre retrouver son ordinateur. Avec une pancarte au néon NE PAS DÉRANGER sur sa porte.
- Parfois, les gens ferment une porte parce qu'ils essaient de trouver un moyen pour nous conduire à y frapper.
Il est comme moi , il aime lire . Pas nécessairement par passion , mais parce que c'est dans notre nature . Nous observons , nous interprétons , nous critiquons . Et nous lisons . Nos derniiers livres en date : un Philip Roth de sa période tardive pour moi , Robinson Crusoé pour Sam , le soir avant qu'il ne s'endorme . Et aussi , des bandes dessinées , les catalogues dezs voyagistes , les graffiti dans les toilettes , les notes explicatives ou encore les recettes dans les paquets de céréales . Tout ce qui nous tombe sous les yeux. La lecture nous permet de traduire la réalité du monde en un langage à peu près compréhensible .
Je ne savais pas mon fils capable de se repérer la nuit à l’aide des étoiles.
La Couronne australe. La Lyre. Le Dauphin.
Le nez collé à la vitre de la voiture, il récite les constellations et murmure « sud », « est » et « nord » chaque fois que je prends un virage depuis que nous avons quitté la ville.
— Où as-tu appris ça ?
Il me regarde avec le même air que deux soirs plus tôt, lorsque je l’ai surpris dans sa chambre en train d’envoyer un peloton de soldats en plastique avec une fronde sur le toit du voisin.
— Je suis un terroriste, m’avait-il répondu quand je lui avais demandé à quoi il jouait.
— Où j’ai appris quoi?
— À te repérer par rapport aux étoiles.
— Dans les livres.
— Lesquels ?
— Des livres normaux.
Inutile d’insister, Sam n’en dira pas plus. Il est comme moi, il aime lire. Pas nécessairement par passion, mais parce que c’est dans notre nature.
Les gens lisent moins qu'autrefois . Il suffit de regarder les études réalisées à ce sujet , d'observer les ados , de fréquenter les centres commerciaux pour le vérifier . Cette réalité dissimule cependant une vérité moins connue : Moins les gens lisent , plus ils ont envie d'écrire .
Les ateliers d'écriture qui abondent dans les universités , les bibliothèques , les cours du soir , les hopitaux psychiatriques ou les prisons constituent le seul secteur en expansion du petit monde de l'écrit . Sans parler des cénacles d'aspirants écrivains qui échangent leurs manuscrits , officiellement dans le but de recueillir l'avis de leurs semblables , mais avec le secret espoir que leur génie soit ouvertement connu.
- Parfois, les monstres sont bien réels...., a dit Tess, en se tournant de l'autre côté, me laissant seul avec la coccinelle qui me fixait. Même s'ils ne ressemblent pas à des monstres.
Je m’éloigne de la Toyota, tâtonne entre les voitures en regardant de tous les côtés. Je fouille des yeux les habitacles, découvrant au passage les mille et une distractions de mes concitoyens – ados qui fument de l’herbe, adultes qui s’empiffrent et couples dissimulés sous des couvertures à l’arrière des pick-up.
Mais pas de Sam.
L’idée d’appeler la police me traverse l’esprit, mais je n’en fais rien. Sam a disparu depuis moins de trois minutes. Il ne doit pas être loin. Il y a une marge entre mes craintes et la réalité. Ce n’est tout simplement pas possible.
— Sam !
J’entends une voix crier son nom sans comprendre qu’il s’agit de la mienne. La voix de quelqu’un d’inquiet.
— Sam !
Je me mets à courir. D’abord de toutes mes forces, avant de ralentir en m’apercevant que je ne tiendrai pas à un tel rythme
"Tous les personnages ont une histoire, même s'ils ne l'ont pas véritablement vécue comme les êtres vivants."
Il est comme moi, il aime lire. Pas nécessairement par passion, mais parce que c’est dans notre nature. Nous observons, nous interprétons, nous critiquons. Et nous lisons. Nos derniers livres en date : un Philip Roth de sa période tardive pour moi, Robinson Crusoé pour Sam, que je lui lis par bribes le soir avant qu’il s’endorme. Et aussi, des bandes dessinées, les catalogues des voyagistes, les graffitis dans les toilettes, les notices explicatives ou encore les recettes sur les paquets de céréales. Tout ce qui nous tombe sous les yeux. La lecture nous permet de traduire la réalité du monde en un langage à peu près compréhensible.
Comment l’ombre entraperçue peut-elle se mouvoir plus vite que moi ? La question m’arrête net. Je me jette à plat ventre afin de tenter de voir entre les tiges, mais une lumière grise et poussiéreuse flotte au-dessus du sol. La bouche ouverte, j’ai l’impression de goûter la lune. Un goût de limaille de fer.
Je m’oblige à rester immobile.
Je me demande un instant si je ne suis pas devenu fou entre le moment où j’ai laissé Sam et maintenant. Une crise de démence soudaine. Cela aurait le mérite d’expliquer ce que je fais en plein champ de maïs à une heure pareille, en quête d’une hypothétique silhouette.
Et puis je la vois.