Citations de Andrzej Sapkowski (764)
Je sais faire apparaître de la boustifaille, de quoi boire, des vêtements, des draps propres, de l'eau chaude, du savon.
Toutes les femmes y arrivent sans sorcellerie.
- Tu sais certainement de quoi tu parles : tu es sorceleur, dit Borch en puisant de la bière au tonnelet. Pourtant, je pense que tout mythe, toute légende, recèle une part de vérité qu'on ne peut ignorer.
- De vérité, confirma Geralt, mais qui touche à nos rêves, à nos désirs, à la nostalgie : il s'agit de la croyance en ce que le possible ne possède aucune limite. Et parfois aussi le hasard.
- (…) Pour les choses que les yeux ne voient pas, le cœur n’a pas de regret.
De la part de Yennefer, je ne suis pas étonné, discourait-il en marchant. C'est une femme, autrement dit une entité inférieure d’après l’évolution, régie par ses émotions. Mais toi, Geralt, tu es non seulement un homme, donc raisonnable par nature,mais également un mutant, imperméable aux émotions.
Parce qu'en réalité,c'est toujours soi qu'on rembourse, et personne d'autre. Toute dette contractée, nous la payons à nous-mêmes. En chacun de nous se trouvent à la fois un créancier et un débiteur. Le problème est de s'y retrouver dans ses calculs.
Les gens aiment bien inventer des monstres et des monstruosités. Ça leur donne l'impression d'être moins monstrueux eux-mêmes. Quand ils boivent comme des trous, qu'ils escroquent les gens, les volent, qu'ils cognent leurs femmes à coup de rênes, laissent crever de faim la vieille grand-mère, qu'ils assènent un coup de hache à un renard pris dans un panneau ou criblent de flèche la dernière licorne qui subsiste sur terre, ils aiment se dire que la Moire qui entre dans les chaumières au point du jour est plus monstrueuse qu'eux. Alors ils se sentent le cœur plus léger. Et ils ont moins de mal à vivre.
Je te le redis : les sortilèges, c'est du sérieux. Il faut les jeter avec grâce, et fierté aussi.
Être neutre ne signifie pas être indifférent ou insensible.
Ciri ne m'a ni surpris, ni effrayé. Je sais que je mourrai un jour dans un trou puant la charogne, déchiqueté par un griffon, une lamie ou une manticore. Mais je ne veux pas mourir dans cette guerre, parce que ce n'est pas la mienne.
- Ton éthique, c'est de la merde, Vysogota de Corvo. Ce ne sont pas les hommes mauvais et les malhonnêtes qui plongent, oh non ! Ceux-là, ils sont très déterminés et n'hésitent pas à faire plonger dans le gouffre des gens respectueux de la morale, honnêtes et nobles, mais maladroits, hésitants et pleins de scrupules.
(Ciri)
Pourquoi te transformes-tu en humain ? Pourquoi avoir crée le personnage de Borch, chevalier portant blason aux trois oiseaux noirs ?
Le dragon lui rendit un large sourire.
Il m'est difficile de dire, Geralt, dans quelle circonstances nos ancêtres respectifs ont eu leurs premiers démêlés, mais je sais que pour les dragons, rien n'est plus répugnant que les êtres humains. Les hommes nourrissent en chaque dragon un dégoût instinctif et irrationnel. Je suis une exception. Vous m'êtes en effet tout simplement sympathiques. Adieu.
- Tu sais qui est la meilleure lame au monde ? (Ciri)
- Je n'en ai aucune idée. (Coën)
- Tu n'as jamais rencontré quelqu'un comme ça ?
- J'en ai rencontré beaucoup qui se considéraient comme tels.
- Ah bon ? Et c'était qui ? Comment s'appelaient-ils ? Qu'est-ce qu'ils étaient capables de faire ?
- Du calme, du calme, fillette. Je ne connais pas la réponse à ces questions. Est-ce si important ?
- Bien sûr que ça l'est ! Je voudrais savoir... qui ils sont, ces individus-là. Et où ils se trouvent.
- Où ? ça, je le sais.
- Vraiment ? Alors dis-le moi !
- Au cimetière.
Leurs mains se frôlèrent.
Du sang ! Du sang ! Des os comme des baguettes blanches brisées. Des tendons, telles des cordes blanchâtres, qui explosent sous la peau en train d'éclater, lacérée par de longues pattes hérissées de piquants et des dents pointues. L'horrible bruit d'un corps déchiqueté et des cris, des cris imprudents et rendus effrayants par leur impudence. Par l'impudence de la fin. De la mort. Du sang et des cris. Des cris. Du sang. Des cris... (p. 381)
A présent, écoute bien, car c'est là que l'affaire commence ! Il n'y a pas eu beaucoup de gens à voir de près la chose qui est née. Mais l'une des deux accoucheuses s'est jetée par une fenêtre du donjon. Quant à l'autre, elle a eu un coup de folie et en est restée timbrée. Je me dis donc que ce superbâtard ne devait pas être très beau à voir. (p. 14)
Parlons, Iola. J'ai besoin de parler. On dit que le silence est d'or. C'est possible. Mais je ne sais pas s'il a réellement la valeur qu'on lui prête. En tout cas, il a son prix. Il faut le payer.
Brokilone vivait. Les insectes bourdonnaient, des lézards bruissaient sous les pas, des scarabées arc-en-ciel filaient à toutes pattes, des milliers d'araignées grouillaient sur des toiles que les gouttes faisaient scintiller, des piverts s’acharnaient par séries sur les troncs, les geais jasaient.
Toi, tu es un sorceleur anachronique, et moi un sorceleur moderne qui suit l’air du temps. Voilà pourquoi tu te retrouveras bientôt au chômage, tandis que moi j’irai en prospérant. Les stryges, les wyverns, les endriagues et les loups-garous disparaîtront bientôt. Mais des salopards, il y en aura toujours.
Le Mal est le Mal. Petit, moyen, grand, peu importe, ses dimensions ne sont qu'une question de convention, et la frontière entre ces mots n'existe pas. Je n'ai pas fait que le bien dans ma vie. Mais à choisir entre deux maux, je préfère ne pas choisir du tout.
- Plus vite Ciri ! Flexion, attaque, dégagement ! Demi-tour, coup, dégagement ! Equilibre-toi à l'aide de ton bras gauche, sinon tu vas tomber de l'échelier ! Et tu te cogneras... les attributs féminins !
- Quoi ?
- Rien. Tu n'es pas fatiguée ? Si tu veux, nous pouvons faire une pause.
- Non, Lambert ! Je peux continuer. Je ne suis pas aussi faible que tu le crois. Peut-être que je pourrais essayer de sauter une barre sur deux ?
- N'essaie même pas. Si tu tombes, Merigold m'arrachera les... la tête.
Les gens, dit Geralt en détournant la tête, aiment bien inventer des monstres et des monstruosités. Ca leur donne l'impression d'être moins monstrueux eux-mêmes. Quand ils boivent comme des trous, qu'ils escroquent les gens, les volent, qu'ils cognent leurs femmes à coups de rênes, laissent crever de faim la vieille grand-mère, qu'ils assènent un coup de hache à un renard pris dans un panneau ou criblent de flèches la dernière licorne qui subsiste sur terre, ils aiment se dire que la Moire qui entre dans les chaumières au point du jour est plus monstrueuse qu'eux. Alors ils se sentent le coeur plus léger. Et ils ont moins de mal à vivre. (p. 233)