AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Andrzej Stasiuk (52)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Contes de Galicie

Des contes sur un village oublie de Galicie, des habitants oublies qui cherchent tout le temps quelque chose ou quelqu'un ailleurs, alors que personne ailleurs ne pense a eux ni les cherche pour quoi que ce soit. Une societe vieillissante, qui n'arrive pas vraiment a s'adapter aux changement des temps, aux debuts de la transition politique en Pologne, apres la liquidation des cooperatives agricoles d'etat. Des desherites, perdus dans une Galicie ou les “eternelles" certitudes d'antan fondent comme neige au soleil.



Un village croupissant, traverse par une rue pavee a moitie, limite par deux sites, deux noyaux enblematiques, le coeur et les poumons, l'eglise et le bar. Les petites vieilles noires se fondent dans l'obscurite de l'eglise, les hommes boivent leur amertume dans la grise poussiere du bar.



Des contes sur des personnages et des lieux. Chaque personnage a droit a un conte, mais des le milieu du recueil il y en a qui reviennent hanter ceux des autres, s'y imbriquent et finissent par tisser une trame qui donne a ce livre une semblance de roman.



Tous un peu paumes. Jozek, le petit demerdard, un peu voleur, un peu simplet. Wladek, grand feignant a l'epoque du kolkhoze, qui se decouvre une nature d'entrepreneur. Kruk, le forgeron retraite, et Lewandowski l'esseule, qui racontent inlassablement les insignifiants details de leurs voyages, a Krakow ou a Varsovie. Janek, le bucheron tractoriste, qui partira travailler a l'etranger. le sergent de police Roux, timide, qui reste chez lui a regarder par la fenetre ce qui se passe dehors. “L'element essentiel du service est l'immobilite, pensa-t-il”. Quelques femmes: la vieille Meme, qui pousse des cris pour faire fuir les loups quant elle fait paitre ses chevres. Son mari s'est noye suite a une cuite et six de ses sept filles sont parties. Quand la foudre s'abat sur sa maison, elle murmure, fouillant les decombres brulees: “Dieu est un homme, Dieu est un homme”. Maryska, sa fille, qui se donne a tout le monde jusqu'a ce que Gacek la prenne en main. Mais que lui est-il arrive de grave, et pourquoi met-on Gacek en prison? Mystere.



Et puis il y a Kosciejny, l'abatteur de cochons. Kosciejny, qui sert de fil reliant les histoires de tous les autres, cousant les differents contes en une amorce de roman. Kosciejny: “son air habituel d'epouvantail echappe du jardin. A quarante ans, c'est a ca que ressemblent les hommes maigres dans leur treillis. Leurs traits sont gommes par le temps, mais en vieillissant, reconcilies avec lui, ils retrouvent leurs visages propres. Peut-etre pour que la mort puisse les distinguer”. Un jour gris il entre dans le bar et plante son couteau de boucher dans un voisin qu'il soupconne de coucher avec sa femme, puis se rend directement au poste de police ou le sergent Roux dans son uniforme deboutonne lui dit : “Dieu te garde, Kosciejny ”. Emprisonne, il meurt de froid lors d'une permission, n'ayant droit ni a une sepulture chretienne ni a une messe. Il devient un fantome qui hante le village et s'introduit dans les maisons et les reves de ses habitants. Il parle au sergent Roux et lui promet des tuyaux sur un homicide (s'agit-il de la mort de Maryska?) s'il commande une messe a son intention. Roux, non croyant, entre pour la premiere fois a l'eglise parler au cure etonne. Et il reussit a organiser une grande messe, embarquant de force tous les piliers du bar pour faire foule et meme convaincant Lewandowski a jouer de l'harmonium. Un final d'apotheose mystique. Mais que lui murmurera le fantome de Kosciejny a l'oreille? On ne le saura jamais.



Contes de Galicie. Contes d'un village de Galicie saupoudres de realisme magique. Contes en une langue qui se veut simple et se revele tres poetique. Contes d'une fin d'epoque en Galicie. L'epoque d'antan n'etait pas tres faste mais la fin est pitoyable. Navrante, comme nous le fait ressentir le conte intitule le lieu, qui decrit un carre de terre rasee ou s'elevait une eglise en bois viellissante, demontee pour etre transportee en un musee lointain; un grand espace vide ou traine encore l'air de l'eglise. Son air, peut-etre reste pour toujours au village: “Les tableaux et les objets, c'est ce qu'il y a de moins fascinant dans une eglise; ils rappellent trop le reste de la realite. Ils essaient de s'en arracher, mais y retombent, preuve de la vanite de tout effort. Par contre, l'air enferme dans le cube, l'espace circonscrit par la voute, les murs et tous les details architecturaux, constituent le plus parfait moulage de la langueur. On y entre, on sent un frolement sur la peau, mais tout coule entre les doigts, on peut juste en garder dans les poumons un bref instant”.



Un village, declinant. Serait-il condamne? Je ne pourrais l'affirmer, mais en cette epoque de capitalisme sans freins et sans remords, c'est une possibilite a envisager. Alors lisez ce livre, le livre que lui a consacre Andre Stasiuk, avant qu'il ne disparaisse. C'est tout court. Quelques pages, une rue, quelques maisons, une eglise, un bar, une poignee d'etres oublies de Dieu. Oublies, mortifies, confus, tellement humains… Que ce soit votre b.a. scout de 2022. Vous en serez recompenses.

Commenter  J’apprécie          715
Sur la route de Babadag

J’ai découvert ce livre tout à fait par hasard. Je consultais les critiques de 5Arabella quand le titre m’a interpellée, car Babadag se situe en Roumanie. Admirant par ailleurs l’éditeur, je me suis littéralement « jetée » sur le livre. Je vous conseille de lire la très belle critique de 5Arabella. Je n’ai pas grand-chose à ajouter. Elle restitue fort bien l’ambiance de ce récit de voyage un peu particulier. Le ton est à la fois tendre et désabusé, lucide et rêveur. Je me suis quant à moi beaucoup attardée sur les passages concernant la Roumanie. Ce texte en hommage à Cioran par amour duquel l’auteur va visiter son village natal Rășinari, et les nombreuses pages où sont évoqués la monnaie, l’histoire (grâce à la traduction en polonais d’un livre de Mircea Eliade, Les Roumains: Précis historique qui se trouve en principe dans ma bibliothèque babelio, mais pas seulement), les villages, la pauvreté et l’hospitalité roumains. Les pages consacrées au delta du Danube, ne sont pas sans rappeler Europolis de Jean Bart. Quelques petites erreurs d’orthographe pour certains toponymes ou mots roumains non traduits, vite oubliées grâce à la magie du style de Stasiuk.

Encore merci à 5Arabella pour cette découverte.
Commenter  J’apprécie          661
Dukla

“Mais en fait je suis censé parler de Dukla… Cela fait quelques années maintenant que j’essaie de trouver une explication à son étrange force. Mes pensées reviennent toujours tôt ou tard vers cette ville comme si elles devaient, dans ses quelques pauvres ruelles, trouver leur assouvissement. Au lieu de ça, elles flottent dans le vide. Rue Cergowska, rue Zielona, rue Nadbrzezna, rue Parkowa, me Podwale, place de la Mairie. Trois rades, deux églises, deux ponts, un arrêt de bus, quelques magasins et le musée de la Fraternité d’armes. Un photographe et deux vétérinaires. Juste ce qu’il faut pour que l’espace humain garde sa continuité, et que l’étranger puisse avoir le sentiment qu’il va dans une direction familière, quand la géographie pure peine à percer sous la topographie”.





Moi j'ai trouve que c'est un peu juste, que ce n'est pas assez. Stasiuk ressasse ici des lieux, des chemins, des routes, des rues, des gens entrevus en passant, dont il ne rapporte pas les dires, les histoires. Juste quelques anecdotes sur ses grands-parents et les mesaventures d'un solitaire qui accumule des pieces de monnaie, doutant de la valeur du papier. Un amoncellement d'images, un verbiage qui ne conduit nulle part, qui ne m'a meme pas conduit a Dukla. Il m'a manque l'interet porte aux personnes, a leurs histoires, a leurs pensees, ce qui faisait le charme de Contes de Galicie, ou il avait reussi a portrayer une communaute et pas seulement un lieu.



Bien sur Stasiuk continue de dominer une belle prose. Par ci par la se detachent quelques paragraphes ou quelques pages sur des couleurs changeantes, sur des odeurs. Quelques souvenirs d'enfance: la cueillette d'ecrevisses, des oiseaux dechiquetant une biche morte, des cigognes gauches dans le fort vent d'Avril, des hirondelles qui meurent dans les tempetes de Septembre, la riviere qui se desseche en ete, et ce que j'ai prefere, les emois religieux de son grand-pere et la cohabitation de sa grand-mere avec les ames-fantomes d’ancetres disparus, un premier emoi amoureux. Mais cela ne m'a pas suffi. La plus grande partie du livre m'a semble d'un virtuosite vaine. Au peintre paysagiste de ce livre, a ses envolees lyriques sur la luminosite de certaines journees d'hiver, je prefere de loin l'homme qui allait a la rencontre de ses semblables, qui les ecoutait. J'avais aime ses portraits, j'aime moins ses natures mortes.



Si cela se peut, je ferai l'impasse, dans ma memoire, sur Dukla, pour mieux y garder les Contes de Galicie. Jusqu'au prochain livre de Stasiuk que je lirai.

Commenter  J’apprécie          587
L'Hiver

Retrouver l'écriture d'Andrzej Stasiuk, c'est s'immerger dans un texte de sensations olfactives, auditives et visuelles.

Peu d'écrivains savent, comme lui, restituer les perceptions et bruits quotidiens dans les mots, les rendant à ce point réels. Peu d’écrivains savent à se point rendre perceptibles les petites choses que l’habitude d’être côtoyées rend invisibles. C’est comme si le "zoom" du regard se portait sur des êtres ou des choses qui restent souvent à l’écart chez les autres auteurs, sur ces choses qui se font si discrètes qu’elles en sont oubliées.

Tout comme peu d'écrivains parlent des gens modestes avec autant de bienveillance, autant d'attention, autant d’acuité.



Dans ses textes, il y a toujours des horizons contemplés, des paysages regorgeant de couleurs contrastées, des bruissements du vent dans les aulnes, des ciels annonciateurs de bouleversements, des éclats de lumière du soleil ou plus tamisés de la lune à travers les brumes d’hiver, il y a des senteurs, la terre qui exhale son humidité, le feu de bois qui enveloppe tout. On s’immerge par tous les sens dans le texte. Et tout devient palpable comme réel.

Les voitures sont toujours bringuebalantes, on croise toujours les déambulations de chiens qui errent ou alors qui sont à l’attache et on les entend aboyer. Ils sont toujours présents.



Cinq courtes nouvelles pour cinq histoires de vie, ou plutôt moments de vie car si leur existence passée est évoquée en quelques mots rapides, c'est surtout l'instant présent qui est célébré.

Les personnages de ces courts textes ont tous en commun d'habiter la solitude. Ils ont tous en commun de s'y blottir presque douillettement comme ils se blottissent dans leur vie réglée, pleins de rêves d'évasion ou de projets qu'ils ne réaliseront pas car il faudrait partir, changer... et ils ne le veulent pas. Ils s’immobilisent dans un quotidien qui ne leur promet aucune surprise.

Ce sont des "oubliés" qui vivent à la marge de la vie sociale, un jour là, un jour ailleurs, ils parlent peu, ils écoutent ou ils se parlent à eux-mêmes… Ils sont comme détachés du monde, ne vivant qu’en leur propre compagnie, leurs propres pensées et c’est en cela qu’ils sont seuls même si entourés d’autres personnages.

Et s’ils ne sont pas encore "oubliés" comme ce camelot qui fait les marchés, ou celui qui "vit" en déambulant dans la ville le jour du marché, justement, ils parlent de ceux qu’ils croisent, et qui, eux, le sont, "oubliés", leur vie s’étire, chaque jour semblable au précédent, rythmée par les habitudes, rythmées par l’obligation de vivre… Comme ils écoutent plus qu’ils ne parlent, ils s’incarnent dans les paroles entendues, ils imaginent une vie autre comme s’ils se racontaient un conte… et les contes ne se réalisent pas.



Oubliés dans leur existence, ils ne le seront pas dans nos pensées, un fois la dernière page tournée...

Commenter  J’apprécie          577
Un vague sentiment de perte

Méditation sur la mort qui survient avant qu’on ait le temps de réaliser, qui met en marche l’horloge des souvenirs, se glisse doucement et impitoyablement dans les quatre textes de « Un vague sentiment de perte ».



La mort de sa grand-mère lui fait dire « je m’imaginais souvent la mort. Instinctivement, je voyais toujours la même image : une vieille femme au visage doux, un rien ironique – le visage de ma grand-mère. », une grand-mère qui « croyait aux esprits » mais elle en parlait comme du quotidien, les y mêlant, à ce quotidien, de manière naturelle « sans étonnement ni exclamation », au cours de longs récits truffés d’anecdotes, ancrés dans le village et ses alentours.



Augustin, un ami écrivain, victime d’un AVC, qu’il va voir à l’hôpital : « Notre visite avait duré vingt minutes à peine. En lui disant au revoir, nous le touchions avec beaucoup de précaution, délicatement, comme on touche un bébé. »

Augustin comme la grand-mère était à travers ses textes, un passeur vers son royaume, le village d’Izdebki, « Une Pologne rurale, profonde, l’ingrédient de base de la vie polonaise qui, dans ses récits, avait acquis la force d’un mythe. »

Et il y distillait aussi « De la tendresse, du grotesque, une lascivité joyeuse, une vivacité populaire, une biologie omniprésente – le merveilleux de la vie. Et le rire aussi, le rire comme dernière planche de salut face au néant qui avance pas à pas. »



Il a par contre du mal à supporter la longue agonie de sa chienne, « un bâtard de pure souche », qui l’irrite car il est « pour la première fois, amené à regarder aussi longtemps, de façon aussi systématique et détaillée, un être se transformer en un corps invalide, puis finalement en cadavre. Je regarde ma chienne et je pense à moi et aussi à toutes ces personnes qui, lentement, quittent l’enveloppe de leur corps, s’en échappent.»

Et il se met à songer : « Drôle de civilisation que la nôtre. Elle nous porte secours, nous protège, prolonge notre vie. Et, en même temps, elle nous rend complètement désarmés face à la mort. Nous ne savons plus comment l’affronter. »



Le dernier texte, le plus long est l’accompagnement d’Olek, un ami de trente ans, l’ami de son quartier, qui a demandé à être incinéré. « Quand ils t’ont acheminé vers le four, j’ai su que j’aurais envie de raconter tout cela. C’était plus fort que moi. Le four, l’intérieur, le chariot, me rappelaient l’usine de nos pères. Puis la nôtre. »

Il se revoit trente ans auparavant décrit tout leur environnement, les terrains vagues, le centre ville de Varsovie au loin qui s’obscurcissait dans la lueur du soleil couchant et puis ce voyage à Piran en Slovénie qu’ils refont ensemble, ce voyage pour revoir l’Adriatique. Mais il est seul car son ami est déjà ailleurs.



au restaurant Le Dauphin, dans la ville de Piran

« Je n’ai pas arrêté de parler, assis derrière cette table dans le coin droit de la salle. Comme si je voulais tout noyer sous mes paroles. Car je me rendais compte que tout avait changé. Nos chemins se séparaient, sans que ce soit ni sa faute ni la mienne. Pour la première fois, la vie se jouait de nous. Eh oui ! Lui pensait déjà à la mort, et moi, petit malin, je n’y pensais pas encore. »



Quatre morts, quatre absences qui réaniment les souvenirs, les regrets de n’avoir pas su ou pas voulu voir arriver l’inéluctable, la mémoire toujours vivante. D’un texte à l’autre Andrzej Stasiuk franchit des étapes dans sa réflexion.

Il passe par toutes les nuances du gris de la mélancolie et laisse pourtant une grande traînée lumineuse en nous offrant aussi par ces textes une grande bouffée de vie.

Commenter  J’apprécie          482
Mon bourricot

C'est un roman de voyage. C'est aussi une déclaration d'amour à la mécanique. On devine dans ces mots un vrai goût pour les mécaniques du temps passé, les boites de vitesses, les différentiels, les Warszawa, les GAZ-69, les Zuk, même les Lada.

Par nostalgie d'un temps plus simple, où l'on pouvait réparer un véhicule avec le système D... avant les contrôles techniques et les boîtiers électroniques. Celui ou on consommait vingt litres aux cent kilomètres...

Et bien sûr, il n'y a plus que l'Est et ses étendues sauvages qui puisse permettre à ces souvenirs de remonter . . . Pologne, Ukraine, Russie, Kazakhstan... en point de mire le Kirghizistan, le Sinkiang...

Une langue directe, simple et qui fait mouche, une traduction très réussie puisqu'on dévore ce roman en quatrième : pas de cinquième sur son âne vert ...
Commenter  J’apprécie          450
Fado

J’aime la voix de Andrzej Stasiuk, une voix qui s’élève de cette Europe de l’Est oubliée dont « le passé a été dérobé, détruit et avili ».

Dans cet ‟on the road” slave qu’est « Fado » il nous fait partager sa vision de cette Europe qui va se renier en imitant l’Europe occidentale sans qu’une union soit possible : « Notre unité serait-elle si creuse et dépourvue de sens que la libre circulation des marchandises, des services et des capitaux la remplit sans reste ? Tout cela semble mort-né. Y a-t-il quelqu’un que cela réjouisse vraiment ? Nous devons devenir vous, mais vous, voulez-vous être nous ? J’en doute. 


On s’enfonce avec lui dans la nuit pour ressurgir au matin dans un environnement nouveau, il nous invite aussi à regarder dans la vitre arrière, à partir à reculons pour mieux saisir « le lyrisme de la perte ». En tirant du néant, avant qu’ils ne disparaissent, les êtres et les choses qui ont attiré son regard il les fixe et leur offre une éternité.



« Une Skoda grise s’estompait dans l’ombre verte des arbres, mais en réalité, elle disparaissait dans le temps. Elle avançait dans un tunnel creusé dans l’immobilité. » p19



En évoquant une vieille carte ferroviaire de l’Autriche-Hongrie trouvée chez un bouquiniste qu’il déplie très rarement en raison de son extrême fragilité il nous dit qu’ « elle sauvegarde le monde et, en même temps, montre sa décrépitude et sa fugacité. En la regardant, je contemple un néant que mon imagination veut absolument combler. »



Et que fait d’autre Andrzej Stasiuk que combler le néant et en fouillant la mémoire retrouver les strates du passé, mais aussi nous faire partager la tristesse et la beauté du monde présent ?



« Oui. Le passé et la mémoire sont ma patrie et ma maison.(…) Renier sa mémoire est un suicide mental. Il suffit de regarder les campagnards qui font semblant d’être citadins, les citadins qui imitent l’aristocratie. Tous, ils fuient leur propre mémoire et ne trouvent rien pour la remplacer. L’amnésie est une forme de mépris de soi. » p 138-139



Et quelle poésie dans cet orage qui nait au-dessus du plus haut sommet des Carpathes pour ensuite s’éloigner droit vers le sud sans souci des frontières : « Il faisait encore clair à Klenovo, à Kvačany, à Rokyčany, il faisait clair au-dessus de Čergov, mais une obscurité violette tombait déjà au nord. La lumière passait seulement à travers une fente étroite, quelque part entre Lackowa et Jaworzyna. Ensuite, la paupière bleue du ciel s’est fermée pour de bon et, tandis que j’achetais de l’essence à Prešov, j’ai vu les premiers capillaires des éclairs. C’est en plein milieu de l’orage que j’ai roulé vers le poste frontière de Becherov. »



Pourquoi ce titre ?

Parce qu’après le passage de la frontière albanaise et avoir longé les rives du lac d’Ohrid , roulant vers la ville de Pogradec dans une vieille Mercedes, l’auteur entend à la radio une voix de femme dont il réalise brusquement en arrivant en ville que c’est un fado portugais :

«Il y a des coïncidences qui ressemblent à des plans sophistiqués. La mélancolie de la musique s’est mêlée à celle de la ville, et une image restera à jamais gravée dans ma mémoire : des maisons grises peu élevées, le chaos des rues, le ciel sans nuages, la nuée bleue au-dessus des eaux du lac et la voix grave de la chanteuse, pleine de tristesse inquiète. Je me suis dit alors que le Portugal ressemblait en un certain sens à l’Albanie, située également à la marge des terres, à la marge du continent, au bout du monde. Les deux pays mènent une existence quelque peu irréelle en dehors du cours de l’histoire et des événements. Le Portugal peut tout au plus rêver de sa gloire passée, l’Albanie ne peut qu’aspirer à l’accomplissement que lui apportera un avenir indéterminé. » p 53



Le mot fado est dérivé du latin fatum, « destin », lui-même dérivé du verbe fari, « dire »

Dire le destin, le lire aussi comme les Tziganes que l’on croisent souvent dans ce « Fado », voilà qui convient parfaitement à ce beau recueil de textes d’Andrzej Stasiuk.
Commenter  J’apprécie          424
Mon bourricot

Les bourlingueurs férus de mécanique auto vont se délecter en lisant ce récit de voyage de Andrzej Stasiuk.

Le trajet d'Ukraine, Russie, Kazakhstan et Mongolie va se dérouler dans un "bourricot", voiture de douze ans d'âge rafistolée pour tenir le choc devant des kilomètres à parcourir.

Pour l'auteur, le voyage n'a pas lieu d'avoir un but. Avec un langage de mécanicien soucieux d'une machine bien rôdée, il vagabonde dans un paysage où l'espace et la respiration apportent un sentiment d'existence .

Stasiuk n'est pas ce voyageur épris de liberté ou d'émerveillement. Il taille la route avalant les distances, errant avec son compagnon de voyage Z au milieu de camionneurs ou seuls dans des déserts de sable. Il échange très peu avec la population locale mais donne tout de même son opinion sur le pays traversé.

En tant que Polonais il perçoit la Russie comme une ogresse et une prison tandis que sa vision du Kazakhstan m'a paru plus apaisée même si son passé a fait immergé des khans sanguinaires tel Tamerlan.

Peu de monuments sont admirés sauf le mausolée de Yasawi et les portraits sont aussi peu soulignés sauf les flics véreux rencontrés en fin de voyage.

Loin du récit de Nicolas Bouvier et son "Usage du monde" aux accents poétiques, Stasiuk fait ressortir de cette longue aventure un sentiment d'amertume, pas du tout envoûter par une odyssée asiatique.

Une impression de fuite en avant, d'insaisissable s'insinue dans le livre rappelant les déambulations d'un passager clandestin de l'existence comme celles de Cendrars.

Voilà un arpenteur arrachant à la route un regard acéré sur le monde.









Commenter  J’apprécie          302
Un vague sentiment de perte

"Un vague sentiment de perte" est un recueil de nouvelles.

Tout petit recueil par le nombre de pages mais grand par les questions qu'il fait naitre, qu'il provoque et les idées qu'il agite dans l'esprit à chaque fin de récit.

Quatre nouvelles, trois ne font que quelques pages mais là encore, c'est comme si l'écrivain avait condensé sa réflexion pour la rendre plus intense, pour rendre les dilemnes davantage palpables et malmener la tranquilité (imaginée !) de l'esprit du lecteur. La dernière nouvelle du recueil représente à elle seule la moitié du livre comme si alors qu'il était toujours allé directement où le sujet peut questionner, dans celle-ci, il avait choisi de prendre son temps pour que les questions se posent au fil des phrases, tout en lisant et pas juste à la fin du récit.

Le thème commun à tous ces textes est la mort.Mais pas la mort en tant que terreur ou effroi, plutôt comme la compagne du quotidioen, l'inéluctable avec laquelle il faut cheminer. Celle qui se pose comme un voile, petit à petit sur les existences et les recouvre doucement de son obscurité. Ce voile à travers lequel la grand-mère du narrateur aperçoit ceux qui sont partis, les écoute parfois et surtout tire de leur présence soudaine une prédiction de l'avenir proche : un peu comme si voir à travers ce voile, c'était être clairvoyant, c'était lire le lendemain à la lumière des présages.

Cette mort, comme un sommeil progressif est cette séparation lente qui emporte cette chienne dont l'existence a accompagné l'écrivain. Il ne reconnait plus vraiment cet animal fougueux avec lequel il a tant joué, avec lequel il a tout partagé. Et pourtant, malgré les aléas de l'âge, il ne veut pas hâter la fin, la choyant pour qu'elle glisse simplement vers un ailleurs dont lui-même se refuse à ouvrir la porte.

Cette mort est aussi le bout de la route de cet ami qui ne se souvient plus de ceux avec lesquels il a temps échangé d'idées, de théorises, ceux avec lesquels, il a argumenté sur tous les sujets... Le voilà devenu mutique, n'abitant que l'intérieur de lui-même et n'offrant plus comme compagnie que l'ombre corporelle d'un esprit qui s'est refermé.

Cette mort, enfin, prévue à cause dela maladie, qui s'pprète à séparer ces deux amis d'enfance. L'un se reprochant sa lacheté et de ne savoir en toute compassion accompagner l'autre. La peur de regarder l'absence qui se personnifie, l'agacement de ne plus recnnaitre l'autre qu'on ne devine plus, quand il ne reste que les souvenirs de voyages, de découvertes partagés, de la vie refusée et celle choisie, quand il ne reste que le son de la guitare pour meubler les silences qui sont de plus en plus nombreux et comment accepter le choix de cet ami qui ajoute à l'abscence , la disparition, la demande d'oubli comme s'il voulait s'envoler loin de ceux qui ont peuplé son existence.



Andrzej Stasiuk nous oblige à méditer, à nous interroger, avec la tristesse et la nostalgie pour compagnes, avec la résignation comme fatalité.





(Septembre 2021)
Commenter  J’apprécie          280
Un vague sentiment de perte

Dans ce récit, un petit bijou de littérature, Stasiuk, se recueillant en réflexions sur la perte de personnes aimées , rend hommage à sa grand-mère, à un ami, Augustin, à son meilleur ami Olek, mais aussi à sa chienne mourante et au quartier où il a grandit.

La décrépitude de la vieillesse, la mort qui nous prend à l'improviste quand elle touche un être très proche avec qui on a vécu "une vrai vie", la nostalgie de cette "vrai vie" , alors que la personne a disparu, ....des réflexions profondes sur l'existence , que l'auteur nous décline dans un style léger et lumineux. Un très beau texte !
Commenter  J’apprécie          282
Pourquoi je suis devenu écrivain

Parce que quelqu'un lui a dit : "Assieds-toi à cette table et écris" Et qu'il l'a fait. Pour devenir un auteur reconnu de romans et d'essais, et éditeur aussi.

Cependant, ce n'était pas gagné. Il a passé une bonne partie de sa jeunesse à boire, fumer, voyager à travers le Pologne, rencontre des tas d'énergumènes dont certains le feront entrer dans la clandestinité. A lire aussi, et pas n'importe quoi. Ça suinte l'ennui et le laisser aller. Une jeunesse communiste déresponsabilisée et dépolitisée ; l’État pourvoira. En attendant, je gruge le train et m'assomme de vin.

A lire comme ça, le lecteur a l'impression que tout s'enchaine sans heurt, que tout est prévu d'avance. Rétrospectivement, c'est sans doute l'impression qu'en a STASIUK. Même s'il reconnait ne pas se souvenir de tout et avoir une petite nostalgie du temps d'avant. Une seule césure : l'armée et la désertion. Avec la peine d'emprisonnement qui va avec (ça ne l'a a priori pas trop affecté) Après cela, il sera impliqué assez fortement dans le combat contre la dictature, et passera dans la clandestinité. C'est là qu'il commencera à écrire.

Pourquoi je suis devenu écrivain ? Parce que je n'ai pas pu être musicien !
Lien : http://avecvuesur.over-blog...
Commenter  J’apprécie          190
Contes de Galicie

On apprend que « Bonanza » était très populaire en Pologne, que le pays a été envahi par les produits étrangers après la chute du régime communiste, l'omniprésence de l'alcool à la campagne. Je n'ai pas de souvenir désagréable de ces nouvelles plutôt polyphonique, dans le sens où elles sont toutes liées par un lieu. Mais, comme le grésil, elles ont un peu glissé sur moi sans mouiller ma peau, sans que je sache véritablement si j'ai manqué d'attention ou si elles sont un peu trop banales…
Commenter  J’apprécie          150
Contes de Galicie

En guise d’explication, la Galicie est une partie du territoire du royaume de Pologne attribué à l’Autriche pendant les démembrements de la Pologne au XVIIIem siècle. A l’heure actuelle, ces territoires se trouvent dans différents pays, ce qui en reste en Pologne, se situe au sud-est, à la frontière avec l’Ukraine, c’est le territoire le plus oriental, et le plus pauvre du pays.



Andrzej Stasiuk nous parle des gens qui vivent dans ce territoire, et plus exactement dans un village. Tout d’abord, il semble s’agir de nouvelles, chacune d’entre elles nous brosse le portrait d’un personnage, en quelques pages à peine. Un conducteur de tracteur dans un kolkhoz, qui bien sûr a complètement périclité depuis les changements politiques par exemple. Ou un retraité qui passe son temps à raconter avec des détails les plus infimes les petites choses de sa vie. Mais progressivement, nous voyons les personnages revenir, et raconter une sorte de récit collectif, de la vie d’une communauté. Les récits apparemment sans lien, se répondent, se complètent, et dessinent une fresque dont les couleurs se découvrent en même temps que les vies et les destins des personnages. C’est parfois tenu et il faut capter le fil qui relie les choses les unes aux autres. Mais les personnages sont tenaces, et même morts, ils reviennent parfois hanter les vivants et finir de jouer leur partition.



Il s’agit de toutes petites gens, essentiellement des paysans, qui vivent tant bien que mal, et plutôt mal, voir très mal. Les hommes boivent, terrorisent leur famille, travaillent dur, et boivent ce qu’ils ont gagné. Les femmes travaillent, mettent au monde des enfants, beaucoup d’enfants. Un réel sordide, triste, désespéré pourrait-on dire.



Alors comment l’auteur arrive à lui donner toutes ces couleurs, et cette extraordinaire vitalité ? Là c’est vraiment du grand art. Il utilise un vocabulaire, recherché, précieux, même si sa phrase est économe, le choix des mots est essentiel, il donne des allures d’épopée mythique, d’épisodes lyriques à des scènes qui décrites autrement pourraient sembler d’une trivialité et d’une laideur repoussantes. Il magnifie ces personnes, dans lesquelles on pourrait voir des déshérités, des miséreux, et en fait des héros, essentiellement de tragédie, car tout cela ne peut avoir de fin heureuse. Le mari qui tue sa femme supposée infidèle et dont le fantôme hante certains habitants du village, et en premier lieu le policier qui la arrêté. Et le chapitre final, est hallucinant, drôle et pathétique à la fois.



Je dirais que pour moi c’est sans conteste un livre marquant, comme d’autres du même auteur.
Commenter  J’apprécie          110
L'Hiver

Un petit recueil (84 pages) trouvé dans une déchèterie près de chez moi.

Un auteur polonais inconnu,que j'ai apprécié.

Cinq courtes nouvelles où les personnages nous sont décrits comme des rêveurs ,qui n'attendent rien de la vie ,et qui vivent chaque minute lentement, en prenant le temps d'imaginer, de rêver (cf la 1ère nouvelle : Pawel),en étant détaché au maximum de toute chose matérielle.

Pages de vie,où le concept de matérialisme est mis à mal .

Une autre façon de vivre ,une autre philosophie de vie ,beaucoup de poésie, Et si c'était cela la vie?

-Extrait du dernier chapitre de la nouvelle : L'hiver

《 Au village,tout finit par s'éteindre.L'obscurité des temps anciens descend lentement pour envelopper Edek ,Kaczmarek ,Hrynacz et les autres....Elle gomme les événements et fait disparaître les choses.Elle revigore les corps.Il en était ainsi au commencement du monde ,et il en sera ainsi pour que nous ne mourions pas de surabondance. ( Page 84).

À recommander.⭐⭐⭐⭐

Commenter  J’apprécie          100
Taksim

La quatrieme de couverture:Stasuik,chef de file de la nouvelle litterature polonaise,nous invite a l'accompagner dans les Carpates,le pays des loosers multiethniques.Dans leur camionnette deglinguee,Waldek et son ami sillonent l'extreme-orient de l'Europe,region aux innombrables frontieres,pour faire du business avec les fripes des pays occidentaux.Avec une ironie cinglante,Stasuik raconte leur periple dans les endroits les plus invraisemblables et les plus pauvres,ainsi que leurs ruses pour ecouler leurs stocks.Mais les choses se compliquent lorsque Waldek tombe amoureux d'Eva,la belle caissiere d'un parc d'attractions....

C'est un livre pas tres facile a lire,mais la prose est interessante et bien traduite.Moi,j'ai aimé ."Taksim",le titre du livre,est le nom de la fameuse place a Istanbul,d'ou a commence et durent, depuis le 1er juin ,les manifestations des turcs democrates pour leurs droits civiques...Pourquoi ce titre?il faut lire le livre pour le découvrir.
Commenter  J’apprécie          102
Sur la route de Babadag

Le livre est composé de 14 textes, dont le dernier et le plus long donne son nom au volume. Des textes qui parlent de voyages. En regardant son passeport l’auteur estime qu’il a du franchir environ 200 fois une frontière pendant les 7 dernières années. Mais il ne voyage pas n’importe où : Moldavie, Transylvanie, Roumanie, Slovaquie , Albanie…Sur la carte, en Europe. Mais les cartes ne disent pas tout. Un autre monde, qui est à la porte. Cerné de plus en plus, en train de disparaître. Comme hors du temps et de l’espace. Rien de touristique dans ces voyages, ces déplacements plutôt. L’auteur ne visite pas de musées, n’admire pas de monuments, ou alors par inadvertance. Pas d’hôtel réservé, d’ailleurs la plupart d’endroits où il va, n’en ont pas d’hôtels. Parfois une destination, parfois pas, et de toute façon la route peut toujours bifurquer, au gré d’une envie ou tout simplement parce qu’un bus ou un train passe là à ce moment. Pas de villes, ou des toutes petites, ou vraiment parce qu’il n’y a pas d’autre moyen de passer plus loin. Des bourgs, des villages, des hameaux, des maisons, des magasins, des bars, des gares. Et des gens qui les habitent. Qui y survivent on ne sait comment, en tuant le temps. Et l’œil et la mémoire de l’auteur qui enregistrent tous les détails, la couleur d’un mur, un dépôt d’ordures, les hommes qui attendent devant un bar. Et aussi la parole des gens. Quelque soit la langue, même s’il ne la connaît pas l’impression de comprendre ce qu’ils disent. Il ne fait que passer, quelque jours, plutôt quelques heures voir, quelques minutes. Comme à Babadag, deux fois dix minutes en tout. Mais cela suffit. Il se pose la question de ces voyages.

Il y a cette phote d’André Kertesz de 1921 prise dans une petite ville de Hongrie

A la recherche d’un endroit qui n’existe pas, l’auteur nous amène dans des endroits où nous n’irons sans doute pas, qui d’une certaine façon n’existent pas vraiment pour nous. Un voyage unique.
Commenter  J’apprécie          90
Contes de Galicie



Une plume magnifique ! C'est ce que je retiens en premier de ce livre et de cet auteur. Un vocabulaire riche et une manière de nous décrire les personnages qui nous facilitent grandement l'imagination.

On lit sans effort de transposition, sans effort de compréhension, tout est simple et riche. Il semble si facile d'écrire quand on lit Stasiuk. Et pourtant. Le sujet n'est pas nécessairement attirant de prime abord, dresser le portrait chapitre après chapitre de paysans polonais. Mais c'est fait avec une telle précision que l'on accroche de suite.

Tout s'emballe quand l'histoire prend un virage "fantastique" avec un fantôme errant dans l'histoire de chaque personne qu'il côtoyait et en qui il garde une rancoeur tenace. Une fin surprenante et nous avons un livre très réussi, frustrant par sa concision, marquant par le talent de l'auteur et la précision du récit, la saveur des dialogues rythmés et utilisés à bon escient.

A découvrir vivement.

Commenter  J’apprécie          80
L'Est

Des portes de Varsovie au désert et à la steppe de Sibérie, de Mongolie et de Chine, c’est l’Est dans toute son étendue géographique qui appelle Andrzej Stasiuk, dans ce récit au titre aussi simple qu’évocateur. Plutôt habitué des fin-fonds de l’Europe centrale et des Balkans, qu’il a décrits dans nombre de ses livres, Stasiuk ne se présente pas comme un fin connaisseur de la Russie et des pays situés au-delà : né en 1960, il ne découvre leurs grands espaces qu’après 2006. Cependant les voyages successifs qu’il y fait, et dont il distille le récit dans ce livre consacré à l’Est au sens large, sont guidés par une interrogation née de son enfance dans la Pologne du temps du communisme : il veut « voir jusqu’où cette idéologie s’était déployée, à quel point elle avait transformé le monde et ce qu’il en était resté. »



Voyage géographique et voyage dans le temps – le sien, celui de sa famille, celui de son pays – s’imbriquent et se répondent dans L’Est pour donner une vision toute personnelle de cet espace et de son histoire au XXe siècle.

-- Retrouvez toute ma chronique sur le lien ci-dessous --
Lien : https://passagealest.wordpre..
Commenter  J’apprécie          70
Sur la route de Babadag

Un voyage improbable ,dans un monde improbable ou qui semble tel ,un rêve de voyage ! dans les Balkans ,région dont l'auteur est originaire et dont il essaie de fixer comme sur une pellicule, les images , les instants ,fugaces , éphémères. .Une Europe méconnue qui risque de disparaître .

Il la parcourt à un moment où les frontières existent encore et son plus grand plaisir est alors de collectionner les tampons sur son passeport!

Les grandes villes ,comme Budapest ou Varsovie , ne l'intéressent pas ,son regard est attiré par les petits villages, les gens simples ,paysans ,Tsiganes ,chauffeurs de taxis , il veut figer les images ,les odeurs ,les paysages .D'où l'impression parfois de regarder un vieux film en noir et blanc ou des vieilles photos de famille .

Commenter  J’apprécie          60
Dukla

Encore une fois, Stasiuk fait un livre qui ne ressemble pas à ses autres livres. Je n'arrive pas à comprendre comment il fait ça, avec le même univers à priori, faire un livre différent. Comme la lumière différente à chaque heure du jour.



Aucun récit, ou alors des bribes, comme cette jeune femme qui l'attirait pendant des vacances au début de l'adolescence. Mais il y a en fait juste des impressions, des sensations, en partant d'un lieu, d'une banalité, voire d'une laideur sans rien de particulier.



Une petite ville, somnolente, dans laquelle il ne se passe rien ou presque. Et Stasiuk compose à partir de ce rien une prose par moment presque lyrique, pour parler de la banalité et laideur quotidienne. Du grand art.



Même si je n'ai pas aimé autant que d'autres de ses livres, parce que c'est un peu gratuit. Je trouve que finalement il en rend mieux compte de cet univers dans Les contes de Galicie, parce qu'il y a des personnages, des bouts de vie, pas seulement un décor. Et Dukla c'est surtout cela, un décor. Même s'il est très réussi, Stasiuk peut faire plus. Enfin je trouve. Mais rien qu'un décor de Stasiuk, cela vaut bien plus que les oeuvres complètes d'autres auteurs. Mais cela n'engage que moi.
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Andrzej Stasiuk (136)Voir plus

Quiz Voir plus

Correspondances artistiques (1)

D'une Joconde à l'autre, séparément et chacun à sa manière à des dates différentes, deux artistes français ont célébré Mona Lisa en chanson (indice : Aigle et tête de choux) :

Serge Gainsbourg et Léo Ferré
Léo Ferré et Anne Sylvestre
Barbara et Serge Gainsbourg

10 questions
192 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , musique , histoire de l'art , Instruments de musique , musiciens , art , artiste , symphonie , mer , Japonisme , impressionnisme , sécession viennoise , Abstraction , Côte d'Azur (France) , romantisme , pointillisme , symbolisme , Pique-niques , joconde , leonard de vinci , renaissance , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}