Payot - Marque Page - Angela Nanetti - Mistral
Depuis que je vais à l'école publique, quand je rentre à la maison maman me scrute comme si j'étais un martien. Avant, quand j'allais chez les bonnes sœurs, elle me demandait toujours "Comment ça s'est passé aujourd'hui?" sans écouter ma réponse ; maintenant elle me pose la question comme si elle s'attendait à ce que je lui annonce que quelqu'un est mort ou qu'il y a eu un crime.
Aussitôt, tu t'es mis à hurler comme un damné. Plus fort que le vent, je le jure ! Quelle voix ! Alors j'ai pensé que tu devais t'appeler Mistral, parce que tu étais comme lui.
Le ciel cette nuit-là ruisselait d'étoiles. Elles étaient si nombreuses qu'elles masquaient l'obscurité sous un voile de lumière, comme par un clair de lune.
Il neigea le jour suivant. Pas à flocons rares et légers : une neige mauvaise, dense et compacte comme un drap, qui en peu de temps effaça sur le pré toute trace de vie et nivela toute chose. Heureusement qu'il y avait les arbres du bois pour suggérer l'horizon, sinon le monde se serait égaré dans cette nuée blanche.
- Et si mon père ne revient pas?
- Tu continueras à attendre : ce n'est pas à nous de renoncer à nos rêves, ce sont eux qui nous quittent.
- On se sent mal quand ils s'en vont?
-Oui, dit l'homme, toujours. Mais on ne peut pas se priver de rêves, ce sont eux qui donnent sens à la vie.
C'est ainsi que Papy alla dans la maison des sans-couleurs, comme je l'avais appelée, d'où il ne devait plus sortir.
- Tu comprends, n'est-ce pas Tonino ? Papy était très malade, ces derniers temps...
Papa me fit asseoir près de lui.
- Il ne pouvait plus rester ici, et encore moins chez lui...
- Où est-ce qu'il est allé alors ?
- Dans une clinique, où l'on s'occupera de lui.
- Et quand est-ce qu'il reviendra ?
Personne ne me répondit.
... l'espoir est tonifiant, revigorant, plus efficace qu'une boîte entière de vitamines. Il élargit les poumons, réveille le cerveau, met tout le corps en mouvement, et l'effet est le même sur les hommes, sur les grenouilles ou sur les crapauds
Un matin, Horia frappa à la porte et Arno le fit entrer : il était venu les voir, dit-il. Il avait apporté une flûte qu'il avait fabriquée pour eux et pour Myriam, une fleur inconnue.
- Elle est née cette nuit, là où j'ai semé les comètes.
La fleur était très belle et étrange, et Myriam devint toute rouge quand il la lui donna, mais elle ne la refusa pas. Elle la mit dans un broc, puis elle invita l'homme à s'asseoir.
L'histoire nouvelle commença pour eux ce matin-là...