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Citation de AuroraeLibri


Rome

« Le Romain [Marc] était un homme orgueilleux, / son discours fut concis, / mais il avait les yeux d’un aigle, / qui fixe impassible le soleil (140-143). / […] N’emportez pas mon corps à la maison, / puisque le monde entier est territoire de Rome / et donc, je mourrai à Rome (149-151) » écrit Chesterton dans La ballade du cheval blanc. Le monde entier est territoire de Rome, nous dit le poète anglais du début du XXe siècle. L’intuition de Chesterton qui place Rome au cœur de la bataille entre lumière et ténèbres, ordre et chaos, vie et mort, explicite le fil conducteur qui accompagne la culture chrétienne durant les siècles.
« Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son fils » écrit Paul aux Galates. Que signifie l’expression « la plénitude du temps » ? Les Pères de l’Église ont souvent identifié Rome et son Empire avec la plénitude du temps. Essayons de comprendre pourquoi.
À la moitié du Ier siècle avant Jésus-Christ, l’historien grec Diodore de Sicile synthétise ainsi la nature de Rome : « Comme si le monde entier n’était qu’une seule cité. » Les mêmes mots sont employés trois siècles plus tard par un autre grec le rhéteur Aelius Aristide, dans En l’honneur de Rome : « Tout ici est à la disposition de tous. Personne n’est étranger nulle part » ; au début du Ve siècle, le poète latin Rutilius Namatianus chante : « Tu as construit une seule patrie pour des peuples différents, tu as fait du monde une cité. »
Le monde entier est une cité, le monde entier est Rome tout comme l’annonce chrétienne est catholique, c’est-à-dire universelle, destinée au monde entier et non cantonnée aux frontières d’une seule nation. « Il n’y a ni juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus », écrit Paul dans la lettre aux Galates et également dans la lettre aux Colossiens : « Là, il n’est plus question de Grec ou de juif, de circoncision ou d’incirconcision, de Barbare, de Scythe, d’esclave, d’homme libre : il n’y a que le Christ, qui est tout et en tout. »
L’universalité à laquelle Rome aspire est pleinement réalisée dans l’Église, comme Léon le Grand l’affirme clairement : « Parce que toi, race sainte et peuple élu, cité sacerdotale et royale, tu assures bien plus largement ta suprématie par la religion divine que par le pouvoir terrestre. » Et c’est exactement la raison de la venue de Pierre à Rome. Benoît XVI l’exprime ainsi : c’est cela « la mission permanente de Pierre : faire en sorte que l’Église ne s’identifie jamais à une seule nation, à une seule culture ou à un seul état. Qu’elle soit toujours l’Église de tous. Qu’elle réunisse l’humanité au-delà de toutes les frontières et, au milieu des divisions de ce monde, qu’elle rende présente la paix de Dieu, la force réconciliatrice de son amour. »
C’est également la raison pour laquelle les disciples du Christ ont revendiqué être romains : Tertullien définit comme ridicola dementia, une bêtise risible, de penser que les chrétiens sont les ennemis de Rome ; les ennemis de Rome sont plutôt les empereurs qui persécutent les chrétiens, selon Lactance ; Ambroise pense que les Romains qui sont restés païens sont des barbares, tandis qu’il exalte les chrétiens comme les héritiers de la virtus de Camille et de la militia de Regulus et de Scipion.
L’histoire de l’Église, de sa persécution, de ses victoires et de ses défaites, coïncide avec l’histoire de Rome.
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