Je soupçonne... qu'une des bibliothécaires de ma médiathèque soit corse ou ait des racines insulaires, car j'ai découvert sans difficulté ce joli recueil étroit, bien en évidence sur une table mettant en avant quelques nouvelles acquisitions 2018...
Une anthologie bilingue coordonnée par Angèle Paoli, offrant une sélection de 12 femmes- poètes corses, avec la traduction en miroir, pour chaque poème
"Les loges de la poésie de Danièle Maoudj
[Extrait]
La nuit des mots
allume les sentinelles
Autant d'étoiles naissent
Eclairent la solitude des astres
A genoux
Sa poitrine se love dans la circonférence de l'avenir
La nuit des mots
Se moque des patries et ne tient pas à les fréquenter (...)
Nomade de l'inquiétude
je féconde les mots de demain
Tressés d'immortelles et de musc
Consolée dans les loges de la poésie "
Anthologie enrichie , en fin de volume, de notices biographiques pour chaque poétesse...Un petit moment de grâce vers les côtes corses !
***N.B : je viens de me rendre compte au bout de 24 h... que j'ai dû faire une mauvaise manip. et que ma critique s'est retrouvée dans la case "citations"...
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Comment traverser cette période étrange que fut le confinement ? Les poèmes d’Angèle Paoli nous invitent à l’introspection, entre souvenirs, temps présent et prise de conscience d’un monde qui change. Contre le délitement et l’ennemi invisible, l’ancrage à la nature et à la famille, à la culture et à la langue, aux amitiés, est primordiale : « En famille on resserre les rangs / on s’appelle on se parle on dialogue », oubliant les conflits, en quête d’une « tendresse retrouvée ». Temps suspendu pour l’humain, la nature reprend ses droits : « la beauté se suffit à elle-même / quoi que tu fasses ». Mais pour la poète, continuer d’écrire quoiqu’il advienne. Un beau recueil à découvrir.
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12 voix féminines, venues de l'Ile de beauté, d'une manière ou d'une autre. Voix en français traduites en corse, ou voix en corse traduites en français (le poème original est d'un côté, la traduction de l'autre). 12 voix distinctes, avec des poèmes plus ou moins longs, qui font une mélodie riche de diversités jamais dissonantes, peu définissables : l'exil, le paysage, l'amour, l'absence, le chagrin, tout se mêle... dans un recueil "naturellement précieux". Comme la Corse ?
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Un magnifique recueil d'une vingtaine de poèmes en langue française et corse, ce qui fait toute son originalité : passion, sensualité, douceurs, tempêtes...superbe moment de lecture.
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« Italies Fabulae » d’Angèle Paoli (Al Manar, 2017) par Michèle Finck
Force de la titrologie : le titre superbe, « Italies Fabulae », désigne à lui seul le double royaume du livre — le réel (« Italies ») et l’imaginaire (« Fabulae »). Le travail très fin sur la typographie (choix des caractères romains pour le pôle du réel, élection de l’italique pour l’imaginaire) vient encore souligner les deux règnes explorés par Angèle Paoli. Cette bipolarité mentale est confirmée par l’exergue emprunté à Italo Calvino : « À la poursuite de toutes les ombres à la fois, celles de l’imagination et celles de la vie ». Reste que dans le titre du livre, le pluriel « Italies » à vocation onirique vient déjà déstabiliser le sol du réel et laisser présager l’ascendant de l’imaginaire. Il n’y va pas tant ici de l’Italie que des « Italies » intérieures d’Angèle Paoli.
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Marie-Hélène Prouteau. Ces récits sont placés sous la haute résonance du rêve. Dans « Hécate endormie », une femme s'absente à elle-même devant le rivage aux réminiscences virgiliennes. Dans « L'Echarde », le personnage féminin qui ressemble à l'auteure « est seule sous la treille seule à l'ombre des grands arbres, avec ses images et ses rêveries ». le narrateur d'un autre récit rappelle à sa compagne le tableau Résurrection de Piero della Francesca, les disciples endormis, et le livre Dormeur éveillé de J.-B Pontalis. Comme si, chez Angèle Paoli, ce sommeil singulier installait un rapport au monde, par une inversion qui tient le rêve pour la réalité.
Cette absence à soi-même, n'est-ce pas celle du lecteur hypnotisé par cette nébuleuse de rêves qui compose ces Fabulae ? Car la réalité vacille, les catégories flottent, réalité, imaginaire, identité. Parfois le récit bifurque, du rêve à une apparition de brume et d'encre, la mendiante de Duras qui crie sur une autre lagune, celle du Mékong. Dans un autre, le rêve se noue au mythe (la dormeuse et Hécate) puis à un souvenir, Greta Garbo à la Villa Cimbrone. Cette prose onirique qui trame lambeaux de réel et bribes d'imaginaire a quelque chose de baroque.
" Italies " plurielles. le titre vient dire l'ascendant des terres italiennes, rendues envoûtantes par ces songeries, parfois inquiètes. C'est qu'Angèle Paoli a pour ce pays-paysage une prédilection, celle d'une patrie de coeur. Terres stendhaliennes, fertiles en expériences fortes, amoureuses, artistiques ou guerrières. Capables d'arrimer les ardeurs, les blessures, les consolations. Cette multiplicité, rivages, villages ou lieux pétris de culture autorise-t-elle les ressentis troublants d'amours parallèles et de désir labile ? Les rencontres passionnées, telle celle entre deux femmes évoquée dans le tremblé du souvenir du compagnon. Sensualité et liberté que ne renierait pas Colette". par Marie-Hélène Prouteau, EUROPE Jv 2018.
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