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Critiques de Angélique Del Rey (6)
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Éloge du conflit

Un petit livre qui bouscule bien des idées reçues. L'auteur, psychanalyste, commence par nous montrer que le conflit est inhérent à chaque être humain. En prenant par exemple le cas de la célèbre serveuse automate de Starmania, qui voulait s'échapper de son boulot pour aller planter des tomates. Il aurait pu aussi citer le businessman qui a "tout pour être heureux", mais qui aurait voulu être un artiste. Bref, ces situations de conflit interne sont courantes, elle correspondent à des contradictions entre le possible, le souhaitable, nos désirs, et nos passions... Sans compter le fait que nous évoluons avec l'âge, et que ce qui nous paraissait harmonieux un jour ne l'est plus le lendemain.



Le cas du conflit qui vient tout de suite à l'esprit est celui de la guerre. L'auteur n'a pas vraiment de solution ici, il invite à s'adapter à la situation, plutôt dans la philosophie chinoise qu'occidentale. Il nous fait réfléchir sur la différence entre l'affrontement - la partie externe du conflit - et le conflit lui-même. Et montre que la victoire, si elle met fin à l'affrontement, n'éteint pas le conflit...



Un autre exemple de conflit est celui de l'entrepreneur qui sait très bien que son usine pollue, ou celui devenu très populaire ces temps ci de la dissonance cognitive, lutte entre notre désir de consommer, et le sentiment que cela mène la planète à sa perte.



Le livre prend donc un tour politique lorsqu'il montre que la démocratie n'est pas un système adapté à la résolution des conflits. Elle se borne soit à les nier, soit à promouvoir une posture humaniste ("la guerre, c'est pas bien"), mais ne sait pas comment les résoudre. On se borne à exposer les différents points de vue (voir par exemple le cas de la dernière réforme des retraites) en sous-entendant que tous ces points de vue se valent.



Quant au néolibéralisme triomphant, il prône un récit qui lui aussi nie le conflit. C'est le triomphe de la norme, un idéal pour chaque individu, la croyance que tout le monde peut y arriver, et que, si l'on n'y arrive pas, on en est responsable. Cet idéal harmonieux, directement dérivé de la fameuse "main invisible", n'est tout simplement pas accessible: en effet, explique l'auteur, les points de vue des parties prenantes (le patron et le salarié, par exemple) sont objectivement irréconciliables, compte tenu de l'asymétrie de la situation. Et il est plus facile d'aller à l'affrontement, que de chercher à assumer le conflit. Pour cela, les politiques ont une tactique toute trouvée: l'argument de la complexité. Eux savent, et bien évidemment, leurs adversaires ne comprennent rien, ce qui les disqualifie.



Ce livre est parfois un peu ardu par son vocabulaire, mais il fait réfléchir. Notamment à ce que représente la norme, en quoi elle est souhaitable. J'ai bien aimé les exemples que donne Miguel Benasayag de ces cohortes qu'il regroupe sous le terme de "sans": les sans-papiers, les sans-logis. Les handicapés par exemple: on se doit de leur "offrir" une vie comme les autres. Pour exister, ils doivent obligatoirement pouvoir tout faire, et donc, aller travailler, comme les gens "normaux", comme si le travail était une fin en soi...
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A l'école des compétences : De l'éducation à la fab..

L'auteure défend l'idée que l'école ne devrait pas enseigner des compétences valorisables sur le marché de l'emploi de manière assez psychorigide. La plus grande partie du livre (au moins les deux tiers) répète à loisir ce credo sans argumentation valable, dans une posture de déni.



Elle incrimine l'économie de marché qui voudrait des humains flexibles.



Le style est clair et correctement travaillé mais c'est bien le seul point positif.
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La tyrannie de l'évaluation

De la maternelle à la retraite, les évaluations nous suivent obstinément, répétant sans cesse les mêmes questions : « Avez-vous acquis les bonnes compétences ? » « Avez-vous réalisé les objectifs qui vous étaient fixés ? » Mais est-ce une mauvaise chose en soi ? Ce système d'évaluations, après tout, a remplacé l'ancien système de sélection, basé sur le sang ou la réputation des individus. Désormais, tous les participants sont égaux puisque notés selon le même système impartial.



L'auteure émet plusieurs critiques sur cet argument. Tout d'abord, certaines caractéristiques échappent naturellement à une notation : comment noter avec exactitude l'enthousiasme, la sociabilité ou la créativité ? Ensuite, l'objectivité et l'impartialité de ces évaluations sont plus un idéal inaccessible qu'une réalité. Même si les données sont collectées dans les règles de l'art, ce qui va être noté, et la manière dont on les note, sont des choix arbitraires et/ou politiques. On pourrait ainsi évaluer la « performance » d'une école sur sa capacité à transmettre des connaissances de base (mais lesquelles?), la rapidité à trouver un emploi pour ses étudiants, ou simplement leur bien-être. Aucune de ses évaluations n'est fausse en soi, mais elles aboutissent à des visions radicalement différentes des missions de l'école. Et quand les outils d'évaluation sont présents depuis longtemps, on oublie généralement de se questionner sur leur pertinence.



Multiplier les évaluations sur des facettes toujours plus nombreuses des individus ne change pas fondamentalement le problème, et une personne n'est de toute façon pas décomposable en une série de caractéristiques chiffrables et indépendantes.



Autre point sensible, les évaluations portent désormais autant sur l'être que sur les compétences techniques. Être timide, routinier, rêveur ou indépendant ne sont plus des traits de caractères qui vous sont propres, mais des compétences boiteuses qu'il est vivement conseillé de corriger, à l'aide de formations adaptées, pour correspondre aux besoins du monde moderne. On peut toutefois se poser la question de savoir si une personne a la capacité de se redéfinir continuellement selon les envies de ses supérieurs.



Pour conclure, les évaluations représentent pour l'auteure une nouvelle source de tyrannie, peut-être plus douce que les précédentes, mais tyrannie tout de même : elles disciplinent les esprits, créent des normes et participent à l'exclusion de ceux qui s'en écartent. Le phénomène est d'autant plus efficace que les individus se retrouvent volontiers dans ces bilans chiffrés et s'offrent d'eux-mêmes à de nouvelles évaluations : les réseaux sociaux offrent tous la possibilité de soumettre photos de vacances, convictions politiques et humeurs du jour (et critiques de livres !) à l'approbation de nos pairs.



Bien que le ton soit de temps en temps exagérément pessimiste à mon goût, j'accorde à ce livre, pour la réflexion qu'il provoque et la remise en cause de comportement qui semblent aller de soi, la note de quatre étoiles sur cinq.
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Éloge du conflit

Critiquer la notion de consensus, la forme de nos démocraties qui oublient les minorités sous prétexte d'une représentation de la majorité. Les auteurs rappellent que l'homme idéal de la démocratie est un homme sans qualité c'est-à-dire sans racines ni caractéristiques. Et-il possible de supprimer les conflits de nos vies? Est-il souhaitable de le faire? Les auteurs mettent cette question au centre même de notre société. Livre intéressant qui permet de réfléchir au fonctionnement même de nos démocraties.
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La tyrannie de l'évaluation

Même si le propos peut paraître parfois trop négatif, voire militant, ce petit texte fort intelligent nous interroge utilement.
Lien : http://www.lesechos.fr/cultu..
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De l'engagement dans une époque obscure

Une réflexion riche et novatrice sur l’engagement, dans un monde néolibéral qui se présente comme un horizon indépassable.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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