Alors que des questions obscures qui ne trouvaient pas de réponses fusaient dans son esprit, laissant prospérer sa terreur et l’intensité des battements déjà précipités de son cœur, les bruits métalliques reprirent de plus belle. Elle finit par constater, avec confusion et horreur, que les cloisons de la fourgonnette se déformaient à vue d’œil.
― Putain, c’est quoi ce bordel ! s’épouvanta le second, à l’arrière.
À l’instar des deux autres, il assistait au même phénomène déconcertant. Clara s’affola encore plus à l’idée que la Bête ne soit pas loin, comme la nuit de son sacrifice avorté, et qu’elle vienne la chercher en les effrayant pour les pousser à se garer. La carrosserie du véhicule, quant à elle, continuait à se distordre en grinçant. Elle finit par voir ses angles arrière se fracturer. La lumière naturelle extérieure filtra à travers les interstices pratiqués par cette force invisible.
― Arrête-toi dès que possible ! s’exclama celui qui l’avait harponnée dans la rue.
― Non ! refusa-t-elle d’une voix étouffée derrière son bâillon.
Des larmes d’effroi et de désespoir lui montèrent aux yeux lorsqu’elle sentit le véhicule cahoter, ralentir puis se stopper. Autour d’eux, les distorsions de la carrosserie se poursuivaient. Le fourgon donnait l’impression d’être accidenté avec ces nombreux creux et bosses. La terreur de Clara avait atteint son paroxysme. Elle était persuadée que la Bête était là, dehors, à l’attendre en vue de s’emparer d’elle et de la dévorer, comme elle avait dévoré une partie du corps de Frédéric. Cette pensée lui était insoutenable.