La majorité des gens ont entendu parler un jour ou l’autre de Helen Keller. Ces quelques mots pour la présenter : Elle est née en 1880 et est devenue sourde, aveugle et muette après de fortes fièvres à l’âge de 19 mois. Cette enfant farouche et considérée comme idiote par beaucoup, Ann Sullivan, jeune éducatrice parviendra à la mener jusqu’à la lumière du langage et elle deviendra notamment la première personne handicapée à obtenir un diplôme universitaire.
Des films, livres et une BD relatent son parcours. Mais Angélique Villeneuve, elle, a voulu s’intéresser à la mère d’Helen, Kate Adams Keller, cette mère aujourd’hui repoussée dans l’ombre et sans qui, pourtant, Helen n’aurait sans doute jamais pu accéder au miracle de la connaissance. Angélique Villeneuve, se sentant assez proche de Kate, pour avoir elle aussi subi de terribles épreuves a dû prendre quelques libertés pour imaginer les pensées, les sentiments, la douleur de cette femme et les tourments qu’elle a pu endurer. Cependant, tout repose sur des faits réels.
Pour cela, l’auteure s’est glissée dans la peau de son personnage, au plus proche de son cœur et nous offre un livre remarquable et bouleversant.
Nous assistons tout d’abord à cet immense bonheur qu’est la naissance de cette enfant pour Kate qui, pour suivre son mari, un veuf de vingt ans plus âgé qu’elle, a dû abandonner sa famille et venir s’installer à Tuscumba, cette petite ville du nord de l’Alabama.
Mais la fillette est soudain victime de terribles fièvres dont elle sortira aveugle, sourde et muette, malgré tous les soins prodigués. Kate est ravagée par la douleur mais ne s’avoue pas vaincue et tente toutes les solutions possibles pour la sauver. En vain. Même son frère Fred lui conseille l’asile.
En dernier recours, c’est un livre de Charles Dickens, Voyage en Amérique, qui la mettra sur la voix de l’Institution des Aveugles à Boston. Elle sera alors mise en relation avec Ann Sullivan.
Prête à tout pour sauver sa fille et lui donner une chance de communiquer, elle acceptera en 1888, malgré le déchirement et une séparation quasi inhumaine, de laisser partir Helen avec Ann pour rejoindre l’Institution Perkins à Boston. L’auteure décrit admirablement cette méthode nouvelle de la langue des doigts et ce qu’a été la difficulté pour Helen d’arriver d’abord à se maîtriser, puis apprendre à obéir pour ensuite apprendre à communiquer et ensuite ce désir intense d’apprendre toujours plus.
Le portrait que fait l’écrivaine de cette mère dépeint une femme déchirée, rongée par la culpabilité mais dont l’amour pour sa fille est sans bornes. Avec une écriture sensuelle, viscérale et tellement sensible, Angélique Villeneuve, nous donne à vivre sa solitude, son amour de la nature, des roses, ses doutes, ses colères, cet amour fusionnel entre elle et sa fille, sa force de caractère et sa combativité sans faille.
Cette vie se déroule dans un contexte historique spécial, à la fin du 19e siècle, dans ce Sud des États-Unis, encore marqué par la guerre de Sécession et les tensions raciales.
Avec Kate, nous traversons donc une période sombre et la force de l’auteure est de nous faire découvrir, en fin de roman, comme un cadeau en quelque sorte : La belle lumière.
J’ai pu assister, en septembre dernier, aux Correspondances de Manosque, à la présentation de ce livre par son auteure et l’émotion transperçait fortement dans ses mots lorsqu’elle parlait de cette mère qu’avait été Kate et nous disait être encore habitée par son personnage, ce qui était très perceptible dans ses propos.
La belle lumière est une fiction basée sur la réalité, très documentée, à la fois pleine de force et pleine de sensibilité que je recommande chaleureusement !
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