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Où irons-nous cet été ? de Anita Desai
Mais l'instinct de détruire vient si naturellement, c'était cela qui était terrible.
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Où irons-nous cet été ? de Anita Desai
Mais l'instinct de détruire vient si naturellement, c'était cela qui était terrible.
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Le feu sur la montagne de Anita Desai
Dressant sa petite tête rasée sur son cou mince et fragile, Rêka considéra les abricotiers, la véranda, Carignano. Elle écouta le vent siffler dans les pins et les cigales striduler inlassablement au soleil (...)se dit que c'était la première fois qu'elle entendait le bruit du silence. (p. 66)
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Le feu sur la montagne de Anita Desai
Elle qui n'avait plus envie que de silence, il lui faudrait de nouveau parler, poser des questions, veiller au confort et à l'organisation de la vie d'un autre, rendre des comptes et en demander. (p. 36)
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La claire lumière du jour de Anita Desai
«Old Delhi ne change pas, mais il sombre dans la décadence. Mes étudiantes me disent que c'est un immense cimetière, que chaque maison est une tombe, qu'il n'y a plus que des tombeaux endormis. D'après elles, New Delhi est différent. C'est là que les choses se passent. À la façon dont elles en parlent, on a l'impression que c'est un nid de puces, un endroit où tout l émonde s'agite. Je n'y vais jamais. Baba non plus. Et ici, c'est le calme plat. S'il s'est jamais passé quelque chose, c'était il y a longtemps - du temps des Tughlaks, des Khiljis, du Sultanat, des Mogols - tous ces gens-là...» Elle faisait claquer ses doigts au rythme de ses paroles. «Et puis les Anglais ont construits New Delhi et y ont tout déménagé. On nous a laissé ici flotter sur des eaux stagnantes, nous sommes devenus de plus en plus ternes et incolores. Ceux qui ne sont ni ternes ni incolores s'en vont à New Delhi, en Angleterre, au Canada, au Moyen-Orient. Et ils ne reviennent pas.» |
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Le feu sur la montagne de Anita Desai
Rien n'aurait manqué à son bonheur si sa femme lui avait fait des confitures d'abricots. Mais elle ne voulait pas : elle le haïssait bien trop pour lui faire des confitures. (p. 17)
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Un parcours en zigzag de Anita Desai
«Je pense que sur un plan ou un autre, c'est ce que nous faisons tous, dit-il enfin. Les individus, les pays. Si nous pensons à nos péchés, c'est un lourd fardeau que nous portons.» Il se gratta la tête. «C'est pour ça qu'ici les gens vont si volontiers à l'église - chaque jour, plusieurs fois par jour même, quand ils passent devant. Ils entrent, font le signe de croix, comme ça, disent une petit prière, allument un cierge et ressortent - pardonnés, prêts à se remettre en route. - Et ceux d'entre nous qui ne sont pas croyants?» André haussa les épaules. «Il faut peut-être que nous nous pardonnions à nous-mêmes.» |
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Le feu sur la montagne de Anita Desai
Plissant les yeux, Nanda Kaul prit connaissance des détails du voyage de son arrière-petite-fille. Puis elle replia les feuillets bleus et les glissa avec fermeté dans l’enveloppe, comme pour réprimer l’emballement de sa fille et sa fièvre de projets. Reposant la lettre sur ses genoux, elle leva les yeux et regarda les abricotiers, le chemin qui descendait vers l’entrée, les hortensias floconneux, les pins dans lesquels le vent sifflait en éparpillant les branches, et les toits rouges de Lawrence School sur les hauteurs verdoyantes de Sanawar. Animé d’un mouvement involontaire, un de ses doigts effilés explorait, tel un insecte, la lettre posée sur son giron tandis qu’elle luttait pour réprimer la colère, le dépit et le dégoût total que lui inspiraient les manigances et l’effronterie de sa fille, la faiblesse abjecte de sa petite-fille et l’arrivée imminente de son arrière-petite-fille à Carignano. Elle s’efforça de chasser ces pensées en se concentrant sur le paysage familier au calme inaltérable. Elle tenta de retrouver le plaisir et le sentiment de plénitude qu’elle avait eus avant l’arrivée de la lettre. Mais elle était trop contrariée à présent. Elle ne souhaitait qu’une chose : être seule chez elle, à une époque de sa vie où elle ne désirait plus que silence et repos. + Lire la suite |
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Le feu sur la montagne de Anita Desai
Etre un arbre-ni plus ni moins : c'était bien la seule chose qu'elle acceptait encore d'entreprendre. (p.12)
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La claire lumière du jour de Anita Desai
Une part d'elle-même s'enfonçait languissamment dans l'euphorie d'avoir retrouvé le cadre familier - comme un caillou, elle avait été ramassée, puis rejetée dans l'étang ; elle s'enfonçait à travers la couche de mousse verdâtre, à travers des profondeurs fraîches et secrètes, jusqu'au fond recouvert d'une boue abondante et moelleuse, et elle envoyait à la surface des bulles de soulagement et de joie. Une autre part d'elle-même se crispait de ressentiment, frémissait comme une nageoire : pourquoi l'étang était-il si boueux et stagnant ? Pourquoi est-ce que rien n'avait changé ? Elle-même avait changé - pourquoi les autres n'en avaient-ils pas fait autant ?
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La claire lumière du jour de Anita Desai
C'est étrange mais la vie ne coule pas comme un fleuve, elle progresse par bonds, comme si elle était retenue par des verrous, qui s'ouvrent de temps en temps pour lui permettre de bondir dans une sorte de débordement. Il y a ces longues périodes tranquilles où rien ne se passe, où tous les jours se ressemblent, et puis, tout d'un coup, il y a un bouleversement, des actions importantes, des événements considérables, même si on n'en est pas conscients au moment même - et la vie retombe dans les eaux stagnantes, jusqu'à l'alerte suivante, au débordement suivant. Et cet été-là, l'été 47, en était sûrement un... (Août 1947 : Partition des Indes) |
Férir ?