Citations de Anita Shreve (83)
« Il fallait s’enfoncer dans la forêt .
Répugnant à s’éloigner de l’avion, il hésita .Il avait l’impression d’abandonner une créature vivante, un chien blessé, qui serait bientôt dépecé par des étrangers .
Ils prendraient les canons en premier, puis les moteurs , et enfin toutes les pièces métalliques réutilisables , ne laissant que la carcasse ———les os du chien——-
Des os vert -de- gris.
Un avion nettoyé par des rapaces ... »
Parfois , le courage consistait simplement à mettre un pied devant l'autre et à ne pas s'arrêter.
Trop de ses missions mettent au jour des infidélités. Certains incidents résultent de querelles domestiques qui ont salement dégénéré.
On ne fête jamais l'anniversaire d'un bébé d'un an pour lui faire plaisir.
Il ne reparaît pas pour dîner ce soir-là. Quand Olympia s'enquiert de lui, Catherine dit qu'il a été appelé au dispensaire. Pendant tout le repas, Olympia se force à manger. L'absence de Haskell l'affecte beaucoup plus qu'elle n'aurait pu s'y attendre. C'est la première de bien des soirées qu'elle passera où sa vie, qui paraissait complète la veille seulement, présente un vide crucial.
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- Tu peux arrêter les tensions ,.ajoute-t-il. Je ferais mieux d'en prendre rendez vous avec mon docteur .
Webster secoué, s'assoit dans un fauteuil . Il devrait recommencer à faire du tapis de course dans la salle de gym d'à côté. Manger moins de pâtes et de tourte à la viande. Il a toujours eu un peu de tension , et par conséquent n'y a jamais prêté attention. L'âge. Le stress.le mode de vie ? Se demande t-il.
Le premier jour de classe, Agnès expliquait toujours à ses élèves que l'histoire, ce n'était pas les dates et les batailles, mais plutôt les récits. Elle allait leur raconter des histoires, et ils écouteraient . Mais , en rangeant son carnet et son stylo, elle se posa la question suivante : l'imagination s'appuie-t-elle sur l'expérience, ou l'expérience est - elle influencée par l'imagination ?
Le déséquilibre fondamental de leur union était dans ce verbe. Mike demandait. Meg consentait parfois. Parfois, elle refusait. Qu’elle eût le pouvoir dans leur couple ne le gênait pas. Ce qui le dérangeait, c’était sa capacité illimitée de refus.
P46
Elle était belle et sexy et Webster se demanda s'il pourrait arrondir les angles de sa personnalité. Sauf que c'était peut être justement les angles qui lui plaisaient.
P39
- Vous buvez trop, dit-il. Vous aviez trop bu le soir où vous avez fait un tonneau dans votre voiture.
Dessus, j'ai l'air aux anges, comme si on venait de me caresser intérieurement avec une plume.
Je crois qu'il ne pouvait pas se retenir. Je lui avais ouvert une porte qu'il ne pouvait pas refermer.Il me semble que parfois il cherchait désespérément à la fermer, mais il n'y arrivait pas. Tout en essayant de se contrôler, il perdait le contrôle de lui-même. Il s'en défendait, ou plutôt il essayait de s'en défendre. Il était comme un alcoolique qui cache des bouteilles dans un placard; il supprimait les pièces à conviction. Si je n'avais pas de marques visibles sur le visage, les bras ou les jambes, c'est qu'il ne m'avait rien fait;
P342
Rowan repoussé les couvertures et s'assoit au bord du lit. Ses jambes sont blanches ret maigres. Webster est toujours stupéfait de voir à quel point la masse musculaire peut s'atrophier en si peu de temps.
L'amour n'est pas que la somme de douces retrouvailles et de séparations déchirantes, de baisers et d'étreintes, il est surtout fait du souvenir de ce qui s'est passé et du rêve de ce qui est à venir
Il ne la lâchait pas des yeux. Avant d'atterrir, juste avant l'atterrissage forcé, nous avons été obligé de larguer les bombes dit il lentement.je veux savoir où elles sont tombees.
Cette fois, elle n'esquiva pas son regard.
Ils passaient par des périodes de calme. Tout était pardonné durant une nuit de passion. Un certain amour était ranimé.
Elle sortait à peine de l'avion mais, déjà, elle avait oublié son voyage et le trajet depuis l'aéroport. À sa descente de voiture, un portier en uniforme et un individu vêtu d'un manteau sombre, qui passait la porte à tambour, composaient son public. L'homme au manteau sombre hésita, prit un moment pour ouvrir un parapluie qui aussitôt, en un seul mouvement fluide, se retourna. L'individu parut décontenancé puis, l'air résolument amusé (maintenant, c'était elle, son public), il jeta l'inutile appendice dans une poubelle et se remit en route.
Le pilote s'arrêta à la lisière du bois où, déjà, à midi, régnait une pénombre couleur chêne foncé. Persuadé qu'on ne pouvait pas le repérer dans l'obscurité, du moins pour l'instant, il s'assit, adossé à un arbre. Les autres s'étaient enfuis. Étant le dernier à quitter le pré, il les avait vus disparaître un par un, silhouettes brunes bien vite englouties par la forêt.
Tous, sauf les deux qui restaient à terre, l'un mort, l'autre mourant.
Trois heures de l'après-midi. L'heure immobile. Le léger crissement de grains de sables sur le plancher foulé pieds nus. Des serviettes de bain qui sèchent sur les montants de lit et la balustrade de la véranda. Une bourrasque fait claquer la porte et arrache à quelqu'un le cri de surprise attendu. Un vent de sud-ouest inhabituel même en août, envoie un air étouffant dans les nombreuses pièces de la vieille maison de vacances. On espère un vent d'est venu de la mer, et régulièrement quelqu'un le dit.
En général, l'histoire d'une vie, songea Agnès, c'était tout ce qui vous arrivait. La sienne, c'était au contraire tout ce qui ne s'était pas produit, c'était la somme de toutes les journées, de toutes les années que Jim et elle n'avait pas passées ensemble, des journées, des années qui ne reviendraient pas. Mais son histoire n'était pas encore terminée, pensa-t-elle. Des possibilités demeuraient. Parfois, Agnès se figeait dans l'attente d'une brillante destinée qui pouvait encore se concrétiser.