Tristesse -animal noir - présentation de saison par www-colline-fr
Monsieur Biskop et sa fille.
Ils ont le genre de conversations qu'on a par peur du silence dans la cuisine.
Je l'ai vu. Il y a deux nuits. Pieds nus à l'arrêt du bus.
J'ai dit. Papa. On rentre à la maison.
Il a dit. La nuit le mieux c'est de prendre le bus.
Puis il est venu avec moi.
Avant il ne prenait jamais le bus. Avant il partait travailler en voiture.
Flynn mâche un morceau de pain, ombres sur son visage, mouvement de mastication, clair de lune sur sa peau. Martin l’observe et c’est peut-être ça, l’instant où l’amour éclate. Seulement on ne sait pas encore ce qu’on doit en faire. Miranda se couche sur le dos contre la terre fraîche, un gobelet de vin dans la main, une branche en plein dans les lombaires, mais elle s’en fout. Une étoile file à travers la nuit. Paul la voit couchée, les yeux fermés, les jambes croisées, et il pense un instant poser la main sur sa cuisse gauche, la cuisse qui se balance dans l’air, il pense y balader sa main. Il demeure immobile.
Paul : C’est beau. Toi. Allongée comme ça.
Miranda : Viens.
Paul : Tu sais à quoi je viens de penser.
Jennifer : Coucou. Vous n’êtes pas seul.
SUSANN. - Est-ce que les étoiles connaissent les minutes.
JANA.- Est-ce que les étoiles prennent des rendez vous
ANTON.- On se voit à -
SUSANN.- Et si elles se ratent.
ANTON. - — à douze heures treize.
Dans trois années-lumière et demie.
JANA.- A l'heure, Baby.
SUSANN.- Et si elles se ratent.
ANTON.- Elles restent seules.
Pour quelques années-lumière en plus.
SUSANN.- Et puis. Et après.
JANA. - Et après et après.
Nouvelle tentative.
Elles ont du temps là-haut.
Je crois que je pourrais vivre comme ça.
Comme elles.
Juste un peu plus lourde, plus basse.
Derrière lui, le feu jaune clair, presque doré, a atteint les cimes. Plus haut, des traînées de fumée, l’affaissement du ciel, gris sombre. Au-dessous de lui, la terre, les autres, Oskar et Jennifer.