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Citation de Brize


Son père, elle le voyait à peine ces temps-ci. En fait non, elle le voyait beaucoup, et cette pensée fit qu’elle se sentit encore plus mal. Ses épaules se mirent à trembler. Maintenant elle pleurait pour de bon. Elle grimpa sur son bureau et regarda par la fenêtre. Du premier étage, il était si facile de tomber ! De sauter, plutôt, et de prétendre être tombée. Elle détestait cette pensée. Ça ne lui était jamais passé par la tête, avant, mais là, elle imaginait des tas de trucs horribles. Et elle pleurait, elle pleurait. Elle se rendit compte que ses poings frappaient ses cuisses. Si au moins elle avait quelque part où aller, ça lui aurait fait du bien. Elle se laissa glisser du bureau, tomba sur les genoux et posa son front sur le tapis. Elle pleura, pleura, le plus silencieusement possible, mais à s’en rendre malade. Ses parents étaient en bas, Joe, dans la salle de bains. Elle n’avait nulle part où aller.

Alors, une image s’imposa à elle, une image d’elle-même sous une couverture raide et rêche, un peu comme celles de l’armée. Elle la recouvrait, tendue comme un film de cellophane sur une assiette, au frigo. Son corps était un bout de viande en dessous. Aussitôt, elle s’assit et des points lumineux voletèrent autour d’elle. Elle se traîna jusqu’à son placard, se faufila à l’intérieur, ferma doucement la porte, s’accroupit contre le mur, là où elle avait fait de la place pour ses chaussures. Sa stupide robe bleue de l’année dernière lui frôlait l’épaule. La vie était interminable, interminable.
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