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Critiques de Anna Bednik (10)
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Extractivisme

Je suis ravie que ce livre soit réédité, étant donné l’impact qu'il a eu sur moi. Depuis sa première publication, il m'a sacrément donné à réfléchir et j'ai changé ma façon de vivre au quotidien en fonction de ce que j'y avais appris.



Donc, puisque la lecture de cet ouvrage sur l'extractivisme - c'est-à-dire, pour faire court, l’exploitation intensive des ressources naturelles de la planète destinées au commerce - vaut de toute façon le détour, commençons par en lister les plus gros défauts ; ce sera chose faite.



D'abord et avant tout, on est submergé, à la lecture du texte, par les informations, quelles apparaissent sous forme chiffrées ou sous forme de citations, ou encore de véritables listes de projets extractivistes et de combats menés ici et là. L'utilisation des acronymes ne facilite pas non plus la tâche. Attention donc à la surcharge cognitive ! Plus qu'un simple constat écologique, il s'agit là d'un livre qui traite d'économie, de géopolitique, et j'en passe. Avec faits et données à l'appui, au point d'en donner le vertige : par moments s'offraient à moi de vagues réminiscences de mes cours de géographie au lycée, lorsqu'on essayait de me faire apprendre par cœur des tonnes de données chiffrées (et que ça ne passait pas). Donc si vous n'êtes pas spécialement calé dans le sujet, n'essayez pas de tout mémoriser. Ça ne serait d'ailleurs pas utile.



Ce livre est tout à fait abordable pour qui connaît peu le sujet traité, pour peu qu'on soit curieux et un tant soit peu persévérant. D'ailleurs, le but est bien d'alerter les personnes non spécialistes. Anna Bednik est journaliste ET militante. Cet ouvrage se veut donc à la fois une étude sur l'extractivisme ET un pamphlet contre ses ravages. Et on y apprend beaucoup, de l'histoire de l'estrativismo initial, simple commerce issu de produits naturels pratiqué sur les marchés en Amérique du Sud, à l'horreur de l'extractivisme d'aujourd'hui. Car l'extractivisme, c'est bien sûr l'exploitation des pays du Sud par les pays du Nord, via les mines de métaux qui mènent à la déforestation, à la pollution, à la disparition de la biodiversité, de villages et de modes de vie, aux cancers, à l'exploitation des travailleurs, etc., pour le commerce de ces matières premières. C'est aussi l'exploitation des pays d'Amérique du Sud par... eux-mêmes. Rafael Correa, notamment, président de l’Équateur - qui nous était présenté comme une alternative aux politiques néo-libérales dans le documentaire Opération Correa -, en prend un sacré coup dans l'aile. Mais c'est loin d'être le seul.



Je ne peux aborder ici tous les points qu'étudie Anna Bednik, mais les chapitres qui étudient les stratégies de contournement des entreprises et des gouvernements du monde entier pour faire avaler au public, d'une part, que l'extractivisme est non seulement sans danger, mais carrément bon pour nous tous et va créer des emplois, d'autre part pour diviser les opposants, se révèlent particulièrement intéressants. Du coup, ça a fait "tilt" dans ma tête lorsque Ségolène Royal a annoncé hier ou avant-hier qu'elle lançait une consultation sur le projet d'aéroport de Nantes : typique des méthodes de division de l'opposition décryptées par Anna Bednik... Par ailleurs, celle-ci nous prouve par A+B que, non seulement l’extraction de gaz de schiste est dangereuse (mais ça, on le savait), que la soi-disant phase d'exploration, à visée scientifique, n'est qu'une phase de préparation soigneusement minutée des entreprises concernées, qui n'envisagent pas une seconde de ne pas poursuivre leurs projets extractivistes, mais aussi que (surprise !!!) l'extractivisme ne crée pas d'emplois. Bizarre, c'est pourtant l'argument qu'on nous assène à longueur de temps...



Avant tout, ce livre est un appel aux changements de comportements. Pas seulement des élites, pas seulement des gouvernements ou des entrepreneurs, mais de chacun, car chacun utilise des produits, notamment dans les pays du Nord (mais pas seulement), issus de l'extractivisme. Mais pour que chacun change de mode de vie, il faut plus que de savoir vaguement - et encore faut-il le savoir - que d'autres personnes voient leurs vies ravagées par l'extraction du lithium. Encore faut-il se sentir directement concerné, ce qui n'est pas gagné tant qu'un projet extractiviste n'a pas vu le jour juste à côté de chez soi. En mettant le doigt sur le vocabulaire qu'on nous assène à longueur de temps -développement, croissance, etc. - ; Anna Bednik nous pose une question fondamentale : qu'est-ce que cette fameuse croissance ? C'est, tout bonnement, continuer à surexploiter les ressources de la planète. C'est consommer toujours plus. Or, c'est de cette spirale infernale de la production et de la consommation qu'il nous faut sortir. Est-ce possible ?



Je n'ai qu'un regret, c'est que cet ouvrage se concentre énormément sur l'extraction des métaux et dezs hydrocarbures. Je suis d'accord avec Anna Bednik sur les ravages du capitalisme, qui a mené à l'extractivisme. Mais je vois l'extractivisme comme une entité bien plus vaste. C'est aussi, à mes yeux, la surexploitation du végétal et de l'animal, dans des conditions infectes. Au détour d'une ou deux phrases, j'ai cru comprendre qu'Anna Bednik ne sentait pas très concernée par l'exploitation des animaux, ce qui me chiffonne quelque peu. Second regret, d'ailleurs : on parle très peu de l'Afrique.



À mon sens, les débuts du capitalisme et de ses ravages remontent à très très longtemps. Pas au XIXème, pas au XVIIIème. Au Néolithique, on a commencé à créer des sociétés inégalitaires, avec pour socle l'exploitation du sol et des animaux, l'accumulation des richesses et leur accaparement par des "élites". Là prend racine l'extractivisme, là prend racine l’hyper-prédation. En lisant le livre d'Anna Bednik, j'ai pensé plus d'une fois à André Leroi-Gourhan qui disait, dans les années soixante, de l'homme du Néolithique : "Son économie reste celle d'un Mammifère hautement prédateur même après le passage à l'agriculture et à l’élevage. A partir de ce point, l'organisme collectif devient prépondérant de manière de plus en plus impérative et l'Homme devient l'instrument d'une ascension techno-économique à laquelle il prête ses idées et ses bras. De la sorte, la société humaine devient la principale consommatrice d'hommes, sous toutes les formes, par la violence ou le travail. L'Homme y gagne d'assurer progressivement une prise de possession du monde naturel qui doit, si l'on projette dans le futur les termes techno-économiques de l'actuel, se terminer par une victoire totale, la dernière poche de pétrole vidée pour cuire la dernière poignée d'herbe mangée avec le dernier rat."
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Extractivisme, Exploitation industrielle de..

Puisque la lecture de cet ouvrage sur l'extractivisme - c'est-à-dire, pour faire court, l’exploitation intensive des ressources naturelles de la planète destinées au commerce - vaut de toute façon le détour, commençons par en lister les plus gros défauts ; ce sera chose faite.



D'abord et avant tout, on est submergé, à la lecture du texte, par les informations, quelles apparaissent sous forme chiffrées ou sous forme de citations, ou encore de véritables listes de projets extractivistes et de combats menés ici et là. L'utilisation des acronymes ne facilite pas non plus la tâche. Attention donc à la surcharge cognitive ! Plus qu'un simple constat écologique, il s'agit là d'un livre qui traite d'économie, de géopolitique, et j'en passe. Avec faits et données à l'appui, au point d'en donner le vertige : par moments s'offraient à moi de vagues réminiscences de mes cours de géographie au lycée, lorsqu'on essayait de me faire apprendre par cœur des tonnes de données chiffrées (et que ça ne passait pas). Donc si vous n'êtes pas spécialement calé dans le sujet, n'essayez pas de tout mémoriser. Ça ne serait d'ailleurs pas utile.



Ce livre est tout à fait abordable pour qui connaît peu le sujet traité, pour peu qu'on soit curieux et un tant soit peu persévérant. D'ailleurs, le but est bien d'alerter les personnes non spécialistes. Anna Bednik est journaliste ET militante. Cet ouvrage se veut donc à la fois une étude sur l'extractivisme ET un pamphlet contre ses ravages. Et on y apprend beaucoup, de l'histoire de l'estrativismo initial, simple commerce issu de produits naturels pratiqué sur les marchés en Amérique du Sud, à l'horreur de l'extractivisme d'aujourd'hui. Car l'extractivisme, c'est bien sûr l'exploitation des pays du Sud par les pays du Nord, via les mines de métaux qui mènent à la déforestation, à la pollution, à la disparition de la biodiversité, de villages et de modes de vie, aux cancers, à l'exploitation des travailleurs, etc., pour le commerce de ces matières premières. C'est aussi l'exploitation des pays d'Amérique du Sud par... eux-mêmes. Rafael Correa, notamment, président de l’Équateur - qui nous était présenté comme une alternative aux politiques néo-libérales dans le documentaire Opération Correa -, en prend un sacré coup dans l'aile. Mais c'est loin d'être le seul.



Je ne peux aborder ici tous les points qu'étudie Anna Bednik, mais les chapitres qui étudient les stratégies de contournement des entreprises et des gouvernements du monde entier pour faire avaler au public, d'une part, que l'extractivisme est non seulement sans danger, mais carrément bon pour nous tous et va créer des emplois, d'autre part pour diviser les opposants, se révèlent particulièrement intéressants. Du coup, ça a fait "tilt" dans ma tête lorsque Ségolène Royal a annoncé hier ou avant-hier qu'elle lançait une consultation sur le projet d'aéroport de Nantes : typique des méthodes de division de l'opposition décryptées par Anna Bednik... Par ailleurs, celle-ci nous prouve par A+B que, non seulement l’extraction de gaz de schiste est dangereuse (mais ça, on le savait), que la soi-disant phase d'exploration, à visée scientifique, n'est qu'une phase de préparation soigneusement minutée des entreprises concernées, qui n'envisagent pas une seconde de ne pas poursuivre leurs projets extractivistes, mais aussi que (surprise !!!) l'extractivisme ne crée pas d'emplois. Bizarre, c'est pourtant l'argument qu'on nous assène à longueur de temps...



Avant tout, ce livre est un appel aux changements de comportements. Pas seulement des élites, pas seulement des gouvernements ou des entrepreneurs, mais de chacun, car chacun utilise des produits, notamment dans les pays du Nord (mais pas seulement), issus de l'extractivisme. Mais pour que chacun change de mode de vie, il faut plus que de savoir vaguement - et encore faut-il le savoir - que d'autres personnes voient leurs vies ravagées par l'extraction du lithium. Encore faut-il se sentir directement concerné, ce qui n'est pas gagné tant qu'un projet extractiviste n'a pas vu le jour juste à côté de chez soi. En mettant le doigt sur le vocabulaire qu'on nous assène à longueur de temps -développement, croissance, etc. - ; Anna Bednik nous pose une question fondamentale : qu'est-ce que cette fameuse croissance ? C'est, tout bonnement, continuer à surexploiter les ressources de la planète. C'est consommer toujours plus. Or, c'est de cette spirale infernale de la production et de la consommation qu'il nous faut sortir. Est-ce possible ?



Je n'ai qu'un regret, c'est que cet ouvrage se concentre énormément sur l'extraction des métaux et dezs hydrocarbures. Je suis d'accord avec Anna Bednik sur les ravages du capitalisme, qui a mené à l'extractivisme. Mais je vois l'extractivisme comme une entité bien plus vaste. C'est aussi, à mes yeux, la surexploitation du végétal et de l'animal, dans des conditions infectes. Au détour d'une ou deux phrases, j'ai cru comprendre qu'Anna Bednik ne sentait pas très concernée par l'exploitation des animaux, ce qui me chiffonne quelque peu. Second regret, d'ailleurs : on parle très peu de l'Afrique.



À mon sens, les débuts du capitalisme et de ses ravages remontent à très très longtemps. Pas au XIXème, pas au XVIIIème. Au Néolithique, on a commencé à créer des sociétés inégalitaires, avec pour socle l'exploitation du sol et des animaux, l'accumulation des richesses et leur accaparement par des "élites". Là prend racine l'extractivisme, là prend racine l’hyper-prédation. En lisant le livre d'Anna Bednik, j'ai pensé plus d'une fois à André Leroi-Gourhan qui disait, dans les années soixante, de l'homme du Néolithique : "Son économie reste celle d'un Mammifère hautement prédateur même après le passage à l'agriculture et à l’élevage. A partir de ce point, l'organisme collectif devient prépondérant de manière de plus en plus impérative et l'Homme devient l'instrument d'une ascension techno-économique à laquelle il prête ses idées et ses bras. De la sorte, la société humaine devient la principale consommatrice d'hommes, sous toutes les formes, par la violence ou le travail. L'Homme y gagne d'assurer progressivement une prise de possession du monde naturel qui doit, si l'on projette dans le futur les termes techno-économiques de l'actuel, se terminer par une victoire totale, la dernière poche de pétrole vidée pour cuire la dernière poignée d'herbe mangée avec le dernier rat."
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Extractivisme

Opération Masse critique

Merci à Babelio et aux éditions du Passager clandestin.



« le trait commun des projets dénoncés comme extractivistes est de produire des ravages écologiques et humains inacceptables(…) ».

Tel est le parti pris de ce document dense et passionnant : dénoncer la destruction des ressources de la planète et les conséquences sur les populations locales.

Dévoilant des informations complexes sur les différentes extractions (je me suis particulièrement intéressée aux gaz de schiste), ainsi que les liens géopolitiques et économiques entre les États, le livre nous fait aller de découvertes en consternations tout au long de sa lecture.

De plus, l'auteure nous entraine dans un tourbillon absolu de connaissances (dont plus de 100 pages de notes!), ce qui oblige à toujours bien suivre pour ne pas se perdre. Mais après tout n'est-ce pas ce que l'on attend d'une étude sérieuse et fouillée ?

D'autant que Anna Bednik est clairement une militante; en témoigne une citation tirée de cet ouvrage et qui en résume parfaitement l'esprit :

« le terme ‘extractivisme ‘se veut, ainsi, le nom commun des multiples facettes d'une entreprise de prédation et de destruction qu'il s'agit de combattre. Il appelle à en reconnaître, au cas par cas, les logiques et les stratégies, à prendre conscience, en adoptant une vue d'ensemble, que l'expansion de l'économie qu'il sous-tend est incompatible avec la préservation de la vie. Il incite enfin à mesurer les conséquences de cet apprentissage et à le diffuser autour de soi. »

La diffusion de ces connaissances est le début du combat. Lisez ce livre !



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Extractivisme, Exploitation industrielle de..

Livre intéressant, mais livre aussi essentiel. Il est déprimant et pas simple à lire, à cause des très nombreux chiffres donnés par Anna Bednik et qui fatiguent le lecteur. Il demande donc beaucoup de concentration et malgré toute la bonne volonté du monde, on ne peut pas retenir toutes les informations qui nous sont données. Mais le sujet est tellement essentiel qu'on peut peut-être pardonner le texte un peu trop confus et répétitif.

Il s'agit d'étudier l'extractivisme. L'extractivisme, c'est tout simplement la surexploitation de la nature, et il est évident que le remettre en cause, c'est d'actualité parce que c'est, je le redis, nécessaire. Anna Bednik fait l'historique de ce phénomène, présente et dénonce les projets extractivistes en cours partout dans le monde, fait l'état des résistances passées et actuelles. Et elle égratigne beaucoup de monde au passage : les pays du Nord qui exploitent les pays d'Amérique du Sud, le Brésil qui exploite les autres pays d'Amérique du Sud, les gouvernements d'Amérique du Sud "de gauche" qui assassinent leurs propres pays en exploitant et polluant leurs terres et en vendant les matières premières aux pays du Nord. Elle dénonce les projets européens et ce qu'on fait passer pour des énergies vertes, mais qui sont de grosses consommatrices de métaux, la politique du recyclage également consommatrice de métaux et donc cause d'extractivisme. Elle appelle chacun à prendre ses responsabilités, à se poser des questions sur ses véritables besoins. Avons-nous réellement besoin d'un Smartphone pour bien vivre ? Et les Sud-Américains doivent-ils attraper des cancers et voir leurs forêts disparaître parce que nous pensons avoir besoin d'un Smartphone ?

C'est un livre qui appelle à la résistance et à la réflexion. Je n'ai pas fini de me poser des questions sur ce sujet et Anna Bednik m'a donné envie d'aller me renseigner davantage. Une question d'ailleurs s'impose d'elle-même : pourquoi les media ne parlent-ils que très peu des méfaits de l'extractivisme, de ses projets néfastes ? Il serait temps qu'ils fassent un peu leur travail.
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Extractivisme, Exploitation industrielle de..

Pfiou… quelle lecture ! Brillant, intelligent, fouillé, ce livre décrit ce qu'est l'extractivisme, comment il est né et a pu progresser, mais aussi comment les citoyens dans le monde entier se mobilisent pour contrer ces exploitations.



Dernière actualité en date sur l'extractivisme, celle visant la Bolivie :



http://www.reporterre.net/En-Bolivie-la-politique-extractiviste-d-Evo-Morales-suscite-la-contestation



Mais d'abord, qu'est-ce que recouvre ce terme a priori barbare ? L'extractivisme c'est l'exploitation à outrance des ressources naturelles, essentiellement les ressources minières, celles du sous-sol. l'or, le gaz de schiste, le bois, les métaux et bien d'autres choses. Cet extractivisme se caractérise par une dimension industrielle (moyens mécaniques puissants), une spoliation des populations locales, une destruction du milieu naturel (des pollutions dont on n'imagine pas les conséquences…), mais aussi un haut degré de corruption, de violence (conflits armés, menaces, expropriations…). Bref, c'est un pillage en règle de la nature et des populations qui en dépendent, en grande majorité des autochtones des paysans. Mais pas que.



En France le mouvement anti-extractivisme s'est déclenché après le film Gasland et la découverte des permis accordés à des sociétés pour rechercher du gaz de schiste dans plusieurs départements.



Certaines grandes zones géographiques sont évidemment plus touchées que d'autres. C'est le cas de l'Amérique du sud où on se souviendra du combat des populations en 2008 lorsque la présidente de l'Argentine opposa son veto à loi de protection des glaciers pour permettre à la firme canadienne Barrick Gold de récupérer ses permis miniers. le profit de quelques uns avant la ressource en eau potable pour tous…



Exemple tragique de novembre 2015, une gigantesque pollution au Brésil provoquée par la rupture de deux barrages miniers :



http://reporterre.net/Le-Bresil-frappe-par-la-pire-catastrophe-ecologique-de-son-histoire



Anna Bednik décrit les mécanismes politiques et financiers qui sont à la fois les causes et les conséquences de l'extractivisme, et cela fait évidemment froid dans le dos. le propos de l'auteur vise aussi à poser les bases d'une réflexion pour n'importe quel citoyen : on cherche à nous faire avaler que notre seul salut, notre bonheur réside dans une croissance toujours plus accrue, dans une consommation effrénée. Croissance, développement durable (mon oeil, tiens !), sont les mamelles de l'industrie extractiviste,, le mirage qu'on veut nous opposer. Mais que veulent vraiment les citoyens ? A-t-on besoin de changer de voiture tous les 3 ans pour être heureux ? de circuler davantage, de consommer toujours plus de pétrole, de créer encore plus de routes ? pourquoi changer de téléphone portable ou d'ordinateur tous les ans ? Qui se soucie réellement du poids écologique de l'un de ces appareils ?



Bien plus de gens que l'on ne le croit. En effet, la note optimiste de ce livre réside dans les nombreux exemples d'opposition. Une opposition largement citoyenne fondés sur des collectifs, des mouvements. S'informer est essentiel, se regrouper est indispensable. Partager, diffuser et s'opposer. Réunions publiques, manifestations, occupations sont indispensables pour empêcher certains projets, pour montrer aux différents pouvoirs que les populations résistent. Chaque combat ne se termine pas forcément par un happy end, mais les racines de la résistance sont solides, même en France. Un gouvernement ou une société ne peut plus agir dans le secret le plus absolu ou dans l'indifférence générale. le tour du monde d'Anna Bednik à ce sujet est plutôt réconfortant. Mais la mobilisation est générale car les projets se multiplient, et la vigilance est de rigueur. Au moins, grâce à ce livre, serons-nous avertis.



Je tiens enfin à terminer ce long billet par quelques mots sur la couverture. J'ai mis quelques secondes à comprendre ce que la photo représentait. C'est une mine de diamants en Russie, et les toutes petites choses sur la gauche sont des bâtiments ou des hangars. Cela donne une idée de la taille du cratère. C'est simplement monstrueux.



Un grand merci au Passager clandestin et à Babelio pour ce partenariat.
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Extractivisme

Pour l'avant dernière masse critique, j'ai reçu cet essai d'Anna Bednik intitulé "Extractivisme - Exploitation Industrielle de la Nature : Logiques, Conséquences, Resistances". Je remercie Babelio et les Éditions Le Passager Clandestin de m'avoir offert ce livre.



J'ai mis du temps à le lire car le sujet est dense et l'auteure est vraiment rentrée dans moult détails. Ce qui, en soit, ne fait que renforcer son propos mais ce qui rend la lecture vraiment plus consistante.



L'auteure explique ce que désigne l'extractivisime, les procédés, les avantages - seulement pour quelques uns - et les inconvénients, les résistances que ça entraîne et les alternatives possibles. Anna Bednik évoque également le greenwashing, la propagande, les violences, les visions à court terme et les profits financiers que tout ça engendre.



En soi, cet essai est formidable. Il est d'utilité publique tant le citoyen lambda est concerné par tout ça, même si il ne le sait pas ou même si il s'en fiche tant que ça ne se passe pas à côté de chez lui. Pourtant l'auteur démontre avec rigueur que tous les territoires sont concernés. Certes, l'Amérique latine, l'Afrique et l'Asie sont plus touchés par ce phénomène pour diverses raisons, mais ça se passe aussi devant nos portes. Entre magouilles industrielles et corruption politique, les lobbys n'ont pas fini de nous faire avaler des couleuvres. Pourtant, il y a des solutions, que l'auteur énonce très explicitement et avec un argumentaire convaincant.



Cet essai est vraiment dense et il en rebutera surement plus d'un. Pourtant, c'est une vraie mine d'informations pour comprendre le monde dans lequel nous vivons et ce que, malheureusement, nous sommes en train d'en faire.
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Extractivisme, Exploitation industrielle de..

Grâce au masse critique de janvier dernier, il m'a été possible de lire "Extractivisme, Exploitation industrielle de la nature : logiques, conséquences, résistances" de Anna Bednik.



Les médias nous parlent vaguement "d'exploitation des sols", de "recherche d'une nouvelle source de pétrole" ou encore de "fracture hydraulique". Seulement ces évocations sont souvent floues, parfois on nous annonce une exploitation qui aurait provoqué un bouleversement de l'écosystème local mais les explications s'arrêtent là et se focalisent sur les "indigènes" qui ne veulent pas de la modernité.



Anna Bednik explique l'évolution de la définition d'extractivisme depuis l'apparition du terme dans les pays d'Amérique Latine jusqu'à son utilisation en Occident. Extractivisme, le fait d'extraire de façon croissante les ressources naturelles (hydrocarbures, minéraux, céréales, eau, etc.) pour le marché, les industriels et la croissance économique qui dépendent des ressources naturelles. L'impact sur l'écosystème engendré par l'exploitation des terres est effroyable mais parfois, le lecteur est un peu perdu dans le gigantisme des chiffres annoncés. De plus, un lecteur novice en géopolitique aurait sans doute du mal à poursuivre sa lecture. Mais cela n'enlève rien à la pertinence de cet essai-témoignage car les notes sont nombreuses.



Les faits ne sont pas justes posés : Anna Bednik nous explique comment les gouvernements, socio-démocrate en Amérique Latine ou les démocraties occidentales, ont besoin de l'acceptation publique sous quête de croissance économique ou de réduction du chômage pour donner le feu vert aux réalisations de ces travaux d'exploitation. Il en est de même pour l'industrie dite "verte" car elle dépend de ressources naturelles qui se raréfient car qu'est-ce qui est "vert" dans la pollution occasionnée par les mines afin de trouver les minéraux constituants les portables ou autres écrans plasmas ? Ainsi Anna Bednik démontre que l'extractivisme est l'une des conséquences de la politique néolibérale et que tant que les groupes industriels et Etats s'enrichiront grâce à l'exploitation de la nature, ils n'auront de cesse de le faire car le but est la croissance. Toutefois, l'humanité peut arrêter cette exploitation de la Terre : les circuits courts existent et il serait peut-être tant de quitter la société de consommation.



Une lecture passionnante qui montre que le lecteur peut avoir une influence sur l'exploitation de la planète. Je conseille à tout le monde de se plonger dans cette lecture car les faits sont établis et le lecteur peut se faire son propre avis.

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Extractivisme, Exploitation industrielle de..

Un sujet peu traité qui prend ici toute sa dimension planétaire et alerte sur le danger de cette économie capable de fouiller jusqu'aux entrailles de la terre à travers les profondeurs de l'océan pour en retirer toujours plus de profits et ajouter encore à l'énorme puissance des multinationales aux affaires. L'économie impérialiste phallique dévaste la terre l'air l'eau alimente les guerres crée le problème des déplacés qui ne peuvent plus vivre sur leurs terres Nous courons vers la catastrophe totale qui risque de plus en plus de faire disparaître notre espèce et nombre de celles végétales animales qui conditionnent pourtant notre survie. Sans parler du nucléaire !
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Extractivisme

Un livre scotchant qui nous révèle l'entendue du pillage de l'Amérique latine par l'Occident, et ses conséquences au niveau humain, économique et environnemental. En clair, on comprend que ces sociétés sont sacrifiées pour nous permettre de maintenir notre mode de vie, et que les gouvernements, qu'ils soient d'ici ou de là-bas, sont complices de cet "extractivisme". Un livre que je recommande chaudement à tous ceux qui veulent un peu mieux comprendre comment ce monde fonctionne !
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Extractivisme

En ces moments de manifestation pour le climat, je crois que ce livre est excellent pour compléter les connaissances des uns, ou pour découvrir un secteur inconnu pour les autres. Ce qui est probable, c'est qu'il ne laissera pas indifférent celui qui est capable de s'intéresser à ce sujet sérieux.



Il aidera certainement à s'ouvrir au domaine de l'exploitation industrielle de la nature qui n'est jamais une bonne chose ni pour l'environnement, ni pour les habitants aux alentours, ni pour les finances de la santé publique et de l'assainissement de l'air et des terres, seuls les innocents ou actionnaires viendront vous faire croire que le seul but est de vous donner de l'emploi ou de la nourriture pour tous (il est démontré que la réalité est exactement l'inverse de ce raisonnement).



Pour ma part, j'ai complété mes connaissances et cet excellent ouvrage n'a fait que confirmer ce que je pense depuis un certain temps déjà càd consommer à outrance ne servira qu'à nous détruire. Nous sommes une société de consommation qui ne fait qu'écraser celui qui ne suit pas et se complait dans son luxe superficiel.



L'être humain s'est créé des besoins qui ne sont que des chimères destructrices de nos besoins primaires. Quant aux bénéfices financiers, il n'atterrissent dans la poche que de certains privilégiés qui nourrissent par ailleurs des paradis fiscaux, qui à leur tour, viennent ruiner ceux qui produisent à petits salaires pour enrichir ceux qui sont déjà les plus riches. Alors que ces petits salaires sont les plus fidèles clients de ces plus riches.



En conclusion, ce livre explique la schizophrénie du monde actuel et rien ne semble être capable d'arrêter cette machine infernale. Seuls certains semblent capables de la ralentir mais le compte à rebours est pourtant bien lancé.



Comme je dis toujours, l'être humain est désespérant car tellement déraisonnable et cela me met en colère et me démoralise.



Je voudrais souligner le petit caractère d'écriture de cette édition, j'ai du utiliser une loupe pour lire cette intéressante enquête ce qui ne favorise pas la lecture agréable.
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