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3.75/5 (sur 160 notes)

Nationalité : Australie
Né(e) à : Melbourne , 1966
Biographie :

Après des études en création littéraire, Anna Funder se tourne vers le droit. Elle travaille comme avocate en droit international et est productrice pour la télévision et la radio allemande. Le fait d'habiter et de travailler à Berlin a réellement inspiré son travail d'écrivain. Son premier essai 'Stasiland' explore les dessous de la police secrète à l'époque de la RDA.

Source : EVENE
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Anna Funder : Stasiland
Dans une pièce de la Cité internationale universitaire de Paris dans le 14ème arrondissement, Olivier BARROT reçoit Anna FUNDER pour son livre "Stasiland", enquête sur la police d'état de l'Allemagne de l'est entre 1949 et 1989.

Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Le rabbin aux yeux bleus de notre village, à Samotschin, me parlait comme à une grande personne alors que je n'étais qu'un enfant. Il nous faut croire en Dieu, m'avait-il dit, car sinon c'est en l'homme qu'il nous faudra croire et nous serons forcément déçus.

page 319
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La Stasi était l'armée interne qui permettait au gouvernement de garder le pouvoir. Son rôle était de tout savoir sur tout le monde, par tous les moyens. Elle savait qui vous avait rendu visite, qui vous téléphonait et si votre femme vous trompait. C'était une bureaucratie métastasiée dans la société est-allemande : ouvertement ou secrètement, des indicateurs renseignaient la Stasi sur leurs compagnons et amis dans toutes les écoles, toutes les usines, tous les immeubles résidentiels et tous les cafés. Obsédée par les détails, la Stasi n'a absolument pas vu venir l'effondrement du communisme, qui allait entraîner l'effondrement du pays. Entre 1989 et 1990, elle a été complètement retournée : unité d'espionnage staliniste un jour, musée le lendemain. En quarante années d'existence, la quantité de renseignements récoltés par la Stasi était aussi volumineuse que les archives historiques de toute l'Allemagne depuis le Moyen-Age. Disposés les uns à côté des autres, les dossiers de la Stasi seraient étendus sur cent quatre-vingts kilomètres.

Page 16
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En 1948, les Russes avaient décidé qu'ils en avaient assez de cet îlot d'impérialisme capitaliste que représentait Berlin-Ouest. La ville grouillait d'espions de pays ennemis. C'était une base des alliés en territoire socialiste. Les forces de Staline imposèrent un siège moderne en coupant les routes de ravitaillement qui traversaient l'Allemagne de l'Est pour rejoindre Berlin-Ouest. La nuit du 24 juin 1948, ils coupèrent la centrale électrique placée à l'Est qui approvisionnait la ville. L'objectif : affamer les Berlinois et les plonger dans le noir.
Mais les alliés n'étaient pas disposés à sacrifier deux millions de Berlinois de l'Ouest. De juin 1948 à mai 1949, ils ravitaillèrent la ville par avion. Pendant cette période de près d'un an, les appareils américains et britanniques effectuèrent 277728 ponts aériens dans l'espace soviétique pour larguer de la nourriture, des vêtements, des cigarettes, des médicaments, du carburant et du matériel - dont des pièces pour la construction d'une nouvelle centrale électrique destinée à alimenter Berlin-Ouest.
A l'Ouest, les appareils furent rapidement surnommés les "rosinenbomber", les "bombardiers de raisins" car ils apportaient de la nourriture. Mais à l'Est, on racontait à Koch et à ses camarades de classe qu'en survolant le pays, les avions ennemis vaporisaient des doryphores pour détruire les récoltes de pommes de terre est-allemandes.

Page 212
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Des documents trouvés après la chute du Mur dévoilèrent des plans méticuleux, préparés dans les années quatre-vingt, pour la surveillance, l'arrestation et l'incarcération de 85939 ressortissants est-allemands, nommément cités. Le jour X - - jour où une alerte, n'importe laquelle, serait déclenchée - - les officiers de la Stasi de 211 antennes régionales avaient l'ordre d'ouvrir des enveloppes cachetées qui renfermaient une liste de gens à arrêter.

Les arrestations devaient s'effectuer rapidement : 840 personnes toutes les deux heures. Les plans renfermaient également l'autorisation d'utiliser toutes les prisons et tous les camps disponibles. Quand ils seraient pleins, ils prévoyaient la reconversions d'autres bâtiments : anciens centres de détention nazis, établissements scolaires, hôpitaux et villages de vacances d'entreprises. Rien n'était laissé au hasard. L'emplacement de la sonnette sur la maison de chaque personne à arrêter était soigneusement noté ainsi que la longueur de fil de fer nécessaire pour les camps. Le règlement intérieur et le code vestimentaire étaient déjà prévus : brassard "vert, 2 cm de largeur" pour les plus âgés de la cellule, "vert avec 3 bandelettes de 2 cm" pour les plus âgés du camp et jaune avec l'inscription SL en noir pour les chefs d'équipe, à porter au bras gauche.

pages 85/86
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En 1928, il (Hans Wesemann) alla écouter un discours d'Hitler, alors simple leader d'opposition qui devait lui fournir la matière de l'un de ses plus fameux articles. Enfant, Hans avait surmonté les plus lourds handicaps de son bégaiement en observant attentivement les lèvres des autres. Il composait mentalement à l'avance toutes ses phrases, du premier au dernier mot, avant de les prononcer. Il en conservait un rare talent d'observateur, fort utile à son métier de journaliste. Hans raconta ainsi à ses lecteurs l'épisode du Sportpalast lors duquel le microphone était tombé en panne. Après s'être interrompu puis repris à plusieurs reprises, Hitler, furieux, avait fini par balancer le micro. "Et c'est ainsi que naquit la célèbre technique du mugissement du Grand Adolf, ironisait Hans. "L'abâtardissement des peuples a commencé" hurlait Hitler. "La négroïsation de la culture et des mœurs, pas seulement celle du sang, est déjà en marche." Hans décrivait une foule murmurant son assentiment, une foule, face à d'indivisibles et contagieux ennemis qui ne faisait plus qu'une avec son Fürhrer.

page 119
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Le 28 février (1933) avant midi, Hitler présenta au gouvernement son "décret de l'incendie du Reichstag", "pour la protection du peuple et de l'Etat" et contre le "terrorisme". Il autorisait les arrestations sans mandat, les perquisitions de domiciles, la surveillance du courrier, fermait les journaux et interdisait les réunions politiques. Tout comme Bertie (Berthold Jacob) l'avait prédit, il empêchait de facto les autres parties de faire campagne pour l'élection. A la fin de la journée, des milliers de militants opposés à Hitler furent placés en "détention préventive" dans des baraquements de fortune de SA - des usines désaffectées, un château d'eau de Prenzlauer Berg et même une brasserie à l'abandon. Très vite l'espace manqua. C'est à ce moment là que commença la construction des camps de concentration.

Page 181-
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On veut d'une mère gentille , pas seulement parce qu'on souffre quand elle ne l'est pas, mais aussi parce que l'écart par rapport a la norme est quelque chose qu'on prend soin de cacher.
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Si Dora me quittait, il n'y aurait personne pour me rattraper. Il faut que l'être cher vous quitte pour comprendre qu'avec lui disparaît le tuteur. Ne restent que le vide et le froid, plus rien pour vous tenir.

page 235

Quand Dora et moi étions au travail, j'arpentais la pièce, ou le jardin par beau temps ; elle restait assise, le nez sur son bloc dont les pages glissaient les unes après les autres autour de leurs anneaux métalliques. Les gens ont souvent besoin d'être seuls pour réfléchir ou pour écrire mais la présence de Dora n'était pas une présence comme les autres. Nos regards se croisaient rarement. Je tournais en orbite autour d'elle, je regardais sans voir ses cheveux courts sur la nuque, soyeux et brillants. Etre avec Dora, c'était se décharger du fardeau de moi-même. C'est là tout le secret de la création : il faut se trouver dans un état second, un peu comme en amour. A la fois plus vivant et plus soi-même que jamais et aussi moins certain de ses limites, plus réceptif. Nous lancions tous les deux à la volée autant de mots et d'idées qu'il en fallait pour façonner une nouvelle manière de faire avancer le monde, plus claire, plus assurée, plus noble que toutes celles qui avaient précédé. Puis, tout à notre euphorie, nous nous mettions au lit à n'importe quelle heure.

Pages 238/239

NdL : Il y a de très jolies pages sur la relation amoureuse d'Ernst Toller et Dora Fabian
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Dans ce pays
Je me suis écœuré de silence
Dans ce pays
Je me suis égaré, perdu
Dans ce pays
Je me suis tapi pour voir
Le sort qui m'attendait.
Dans ce pays
Je me suis retenu
De ne pas hurler.
-Mais j'ai fini par hurler, si fort
Que ce pays m'a répondu
En gueulant avec la même laideur
Que les maisons qu'il bâtit.
On m'a semé
Dans ce pays
Seule ma tête dépasse
De terre, comme un défi
Mais elle se fera tondre un jour
C'est alors, et enfin, que je ferai partie
De ce pays.
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La mission de la Stasi était d'être le Bouclier et l'Epée du parti communiste, qui s'intitulait le " Parti socialiste unifié d'Allemagne" ( Sozialistische Einheitspartei Deutschlands) ou SED. Mais dans un objectif plus vaste, elle devait protéger le Parti, le protéger du peuple.
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