Anna Gavalda

- Je crois que j'envisage de mourir tous les jours, pas toi?
- Non.

" J'avais quarante-deux ans de silence à rattraper. Quarante-deux années que je me taisais, que je gardais tout pour moi. Qu'est-ce que tu disais tout à l'heure? Que mon mutisme ressemblait à du dédain, c'est ça? C'est blessant, mais je peux le comprendre, je peux comprendre les reproches qui me sont adressés. Je peux les comprendre, mais je n'ai pas envie de m'en défendre. C'est bien là le problème d'ailleurs... Mais, du dédain, je ne crois pas. Si inouï que cela puisse te sembler, je crois que mon mutisme ressemble plutôt à de la timidité. Je ne m'aime pas assez pour accorder une quelconque importance à mes propos.

Je ne comprenais pas cet homme qui s'économisait et réfrénait ses élans. Ne rien montrer de peur de se sentir affaibli, je n'ai jamais pu comprendre ça. Chez moi, on se touche et on s'embrasse comme on respire.

Il sétait rassis.
-Je suis dur dans le travail, mais là, c’est parce que je joue un role, tu comprends ? Je suis obligé d’être dur. Obligé de leur faire croire que je suis une terreur. Tu imagines s’ils perçaient mon secret ? S’ils apprenaient que je suis timide? Que je suis obligé de travailler trois fois plus que les autres pour arriver au même résultat ? Que j’ai une mauvaise mémoire ? Que je suis lent à la comprenette ? Tu te rends compte ? Mais s'ils savaient tout cela, ils me boufferaient tout cru !

– À quoi pensez-vous, Yann ? Vous avez l’air bien rêveur…
– Non, non… Rien.
Je ne pensais à rien, je venais juste de me souvenir que j’étais en couple.

J’aurai vingt-sept ans en juin et je n’arrive pas à savoir si c’est encore jeune ou si je suis déjà vieux. Je n’arrive pas à me situer sur la frise.

« La morale aristocratique, l’honneur militaire, l’honneur du nom… La philosophie m’a fait rompre avec tout ça. Voilà. Donc je ne peux pas accepter votre immense système de justifications éthiques vous référant à ces valeurs dont je continue à dire qu’elles sont périmées. Non pas qu’il ne faille pas avoir le sens de l’honneur, j’essaie de l’avoir, mais qu’il faille comprendre que ce modèle de virilité, de courage, de maîtrise est un modèle qui a fait son temps et qui a fait son temps précisément à cause des crimes du XXe siècle ».

Elisabeth de Fontenay in Fendre l’armure d’Anna Gavalda

Juste une dernière chose alors… Le passage de ce garçon, de cet homme, de ce pillard dans ma vie n’aura eu finalement pour seule réelle incidence que de me rappeler et de me conforter dans la certitude que la longue maladie et l’agonie de ma mère m’avaient inspirée quelques années plus tôt à savoir que l’expression « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort » est complètement con, ce qui ne te tue pas, ne te tue pas, point.
(Phrase bien compliquée et probablement discutable sur le plan de la syntaxe que je pourrais très bien simplifier en la résumant ainsi : ce bâtard m’avait laminé la gueule.)

Le soleil chatouillait les cariatides de l’immeuble d’en face, le presse-agrumes grognait, la bouilloire chantait, le four indiquait 07 : 42 et Michel Delpech (ou Fugain) (ou Polnareff) (ou Berger) (ou Jonasz) (ou Sardou) (ou au choix) bêlait de bon matin.

Je pense que dans tous les collèges de France et d’ailleurs, que ce soit à la campagne ou dans les villes, y en a plein les salles de permanence, des clandestins dans notre genre…

- Le problème, c’est qu’après, il y a des gros pavés de texte… Des longs, longs monologues… À apprendre, ce serait coton… Mais c’est vrai que c’est dommage parce que le plus beau de cette scène, tu verras, c’est tout à la fin, quand Perdican s’énerve et explique à Camille que oui, tous les hommes sont des nazes et que oui, toutes les femmes sont des morues, mais qu’il n’y a rien de plus beau au monde que ce qui se passe entre un naze et une morue quand ils s’aiment…
Je lui ai souri.

FRANCK : Billie, tu sais pourquoi il faut absolument que ce soit toi qui joues Camille ?
BILLIE : Non.
FRANCK : (émerveillé et se tournant vers elle) Parce qu’à un moment, Perdican ne peut pas s’empêcher de se tourner vers elle pour lui dire, émerveillé : « Que tu es belle, Camille, lorsque tes yeux s’animent ! »

Je riais tellement que, parfois, notre tente était au bord de s’envoler. Les autres devaient penser que je m’en remettais bien vite de mon grand chagrin d’amour…
Bah, je m’en foutais…
Je m’en fous des autres… Je n’aime que mes vis-à-vis.
Et mon chien.

Les titres des romans d'Anna Gavalda sont d'une mièvrerie insupportable." Ensemble, c'est tout", "Je l'aimais",' Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" est vraiment un sommet. Ils me font penser aux titres d'Higgins Clark, ce qui n'est pas très flatteur. Lorsqu'on pense à des titres comme "Du domaine des murmures" ou "Les rose fauves" de Carole Martinez... J'avais lu et détesté "Ensemble, c'est tout", roman à l'eau de rose recouvert (mal) d'un vernis social complètement irréel et idéalisé. J'ai feuilleté celui-ci pour y retrouver la même médiocrité. Fort heureusement; A Gavalda a écrit peu de livres, faute d'inspiration?

- toi tu es comme mon père, tu as la nostalgie des montagnes.
- de quelles montagnes, Mouchka ? Lui demandais-je.
- de celles que tu n'as pas connues, voyons ,!

- vous allez vous soûler ?
- non. Je ne sais pas me soûler. Je n'y suis jamais arrivé. Plus je vous, plus je suis lucide...
- qu'elle horreur !

Pages 17
Je me disais : "Allez, il faut pleurerune bonne fois pourtoutes. Tarir les larmes, presser l'éponge, essorer ce grand corps tristeet puis tourner la page. Penser a autre chose. Mettre un pied devant l'autre et tout recommencer."
On me la dit cent fois. Mais pense à autre chose. La vie continue. Pense à tes filles. Tu n'as pas le droit de te laisser aller. Secoue-toi.

Yann est au bout de sa life , Isaac lui conte une l'histoire :
_ On peut rater sa vie par politesse.
_ pourquoi vous me dites ca ?
_A cause des dodos .... ces oiseaux définitivement rayés de la surface de la terre et tu sais pourquoi?
_ ?
_ Pour trois raisons , 1 : parce qu'ils était polis ...

Billie 20 ans : Oui, je voudrais bien faire semblant d'être heureuse mais me demander d'y croire, y avait de la marge ...

Billie 15 ans : Le village d'où je viens n'avait pas grand chose de rural. Un pays ou les bonnes gens boivent trop, fument trop, croient trop en La Française des jeux...
A les entendre, le malaise c'est toujours dans les banlieues que ça se passe... Nous pour bruler des voitures faudrait déjà qu'on en voit passer une.