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Critiques de Anna Zerbib (51)
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Les après midis d’hiver

Dès les premières phrases, j'ai été frappée par la beauté subtile de l'écriture d'Anna Zerbib, une des ces écritures qui vous enveloppent immédiatement et vous placent dans un cocon ouaté, entre bercement gracieux et rythme légèrement décalé. Une écriture de l'intime où deux histoires de deuil et d'adultère fournissent un terreau pour dire le secret d'une vie et sa quête d'identité tout en faisant ressurgir le désir de vie.



La très belle idée est ce choix d'une narratrice qui écrit. Ces carnets donnent de l'ampleur et de la profondeur à une histoire d'amour clandestine très flottante. Comme si la réécriture du réel donnait plus d'épaisseur aux événements vécus, laissant toute la place au déploiement de l'imaginaire, du fantasme, aux élucubrations et aux petits arrangements avec le réel.



C'est un roman éminemment sensoriel, sur les sensations quasi impalpables, scrutant l'humain au plus près, plaçant le lecteur dans une bulle introspective presque sans décor malgré l'omniprésence de la neige de Montréal qui semble au diapason des secrets recouverts.



Mais au mitan du roman, mon intérêt s'est délité, malgré le support de cette très belle écriture. Je me suis un peu lassée des atermoiements de la narratrice sans parvenir à être totalement touchée par son ressenti et sa mélancolie. Sans doute ne suis-je pas la lectrice idéale pour ce type de roman très contemplatif, mon appétence littéraire se nourrit souvent beaucoup plus de romanesque voire de percussion. En fait, là où Anna Zerbib m'a le plus convaincue, sur la durée, c'est lorsqu'elle évoque le deuil de la mère, sans pathos mais avec une justesse incroyable.



Lu dans le cadre du collectif 68 Premières fois

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Les après midis d’hiver

Résumons ! C’est donc l’histoire d’une française Lambda (non nommée) qui quitte le sud de la France pour s’expatrier au Québec, où elle s’installe avec Samuel, son compagnon dans un appartement à Montréal. Elle perd sa maman et devra faire un deuil, puis elle rencontre Noah, l’homme de sa vie, elle devra donc cacher cette liaison à Samuel. Par la suite, tout son récit sera consacré à Noah, avec quelques flashbacks vers sa mère, et d’autres qui racontent des moments de sa vie avec Samuel, avec Noah, ce qui rend le tout quelque peu confus.



J’ai trouvé cette histoire bien ennuyeuse, avec une héroïne dont les aventures ne m’ont aucunement intéressée, une héroïne qui enfermée dans une bouteille avec son Noah ne s’intéresse pas à autre chose qu'à sa personne.



L’ensemble m’a paru bien fade, cette jeune femme semblant mettre sur le même plan la plupart des événements qui surviennent, je n’ai pas ressenti l’expression de ses émotions. Ce roman ne me laissera pas un souvenir impérissable.
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Les après midis d’hiver

«Je reviendrai à Montréal»

Dans son premier roman Anna Zerbib s’empare d’une histoire d’adultère pour en faire une fine analyse de la stratégie du secret. Entre son ami et son amant, elle va chercher jusqu’où sa double-vie peut la mener.



Quand elle rencontre Noah à Montréal, la narratrice lui explique avant même de donner son prénom qu'elle a «déjà quelqu'un». Ce qui ne va pas l'empêcher d'entrer dans cette histoire amour comme si elle en avait été longtemps sur le bord: «Je n'ai eu qu'à me laisser glisser, le mouvement fut à peine perceptible pour moi, invisible, je pense, de l'extérieur. Très vite, j'y ai été tout entière et le bord m'a semblé loin (...) Tout ce qui m'arrivait m'arrivait comme du passé. De cette sorte de temps d’avant la naissance et d'après la mort, hors du temps des horloges: cela arrivait dans le temps du récit.»

C'était lors de son second hiver à Montréal. Elle avait quitté le sud de la France pour le Canada après la mort de sa mère. Elle voulait fuir son chagrin. Samuel, son compagnon, avait décider de la rejoindre. C'est au hasard de la ville, qu'elle avait croisé le chemin de Noah. Lui venait de de perdre son père. C'est sans doute ce qui les a rapprochés, lui l'anglophone venu de l'Alberta et elle, la Française venue de Marseille. Une banale histoire d'adultère? Non. Il ne s'agit pas de raconter «une histoire d'amour. Ni deux. Ce n'est pas un texte sur Noah, ni sur Samuel. Ce n’est pas un texte sur moi, sur nous. C'est à propos de la vie secrète. Je voudrais écrire ce mouvement: faire, en somme, l’histoire d’un passage secret.»

Le roman bascule alors dans le récit de cette double vie, où il faut se dissimuler, inventer des stratagèmes – enregistrer Nora comme contact sur son téléphone au lieu de Noah – et construire des scénarios pour cacher à l'autre la relation «coupable». Ce qu'Anna Zerbib réussit très bien dans son roman, c'est ce cheminement de la pensée entre le passé, les pensées qui la font revenir vers sa mère, ses relations et ses ambitions, sur les chemins pris, les amitiés nouÉes et la réflexion sur un Lavenir possible, sur la direction à suivre… ou pas.

Un temps de l'incertitude partagé avec son amie Claire qui, comme elle, s'est pris un amant. Un temps comme une parenthèse dans Les après-midi d'hiver qui finiront par disparaître comme la neige qui dissimule les traces avant de fondre et de laisser la place à la nouvelle saison.


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Les après midis d’hiver

Alors qu'elle vient de perdre sa mère et de déménager dans un nouvel appartement avec son amoureux, l'héroïne rencontre Noah, un artiste sans attache, avec lequel elle débute une liaison... C'est un roman où la plume est belle, charmeuse, introspective, où les pages se tournent vite. C'est un texte intéressant où deuil, amour et création artistique sont intimement liés. C'est surtout le récit d'une passion, d'une mue, d'un hiver à Montréal. Une belle découverte.
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Les après midis d’hiver

Si vous souhaitez lire un premier roman de saison, vous avez fait le bon choix.



Vous vous retrouverez sous les flocons de Montréal où vous entrerez dans l'intimité d'une jeune expatriée française.

Dans un style assez singulier mêlant présent et souvenirs mélancoliques du passé, l'héroïne nous livre petit à petit des bribes de son histoire personnelle.

Elle évoquera tour à tour son départ pour Montréal, sa vie de couple, le décès de sa mère, son amie Claire et surtout son plus gros secret, la rencontre et la relation qu'elle entretient avec passion avec Noah un jeune artiste.

Par ce récit, Anna ZEBIB nous fait traverser l'océan pour découvrir les sentiments et les obsessions d'une jeune femme en quête de recherche d'identité.



#68premieresfois
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Les après midis d’hiver

Alors qu'elle vient de perdre sa mère, la jeune protagoniste de ce roman part à Montréal. Son amoureux va l'y rejoindre. Là, un, puis deux hivers lui seront nécessaires pour faire son deuil.

Elle rencontre Noah, un artiste solitaire. Ils deviennent amants. Elle va cultiver ce secret qui lui permet de vivre, être, aimer.



Elle nous entraîne dans ses pensées. Dans la relation ambiguë et compliquée qu'elle a eu avec cette mère à demi folle qui ne supportait pas de vivre et menaçait chaque hiver d'en finir avec cette vie qui l'épuisait. Avec le père meurtri mais mutique, qui l'attend sans s'expliquer, sans espérer, sans se révolter. Avec Samuel l'amoureux indispensable dont elle se lasse, Samuel qui attend qu'elle dise enfin ce qui ne va plus.

Peu à peu la relation avec Noah prend toute la place. Le secret, le silence, les rendez-vous, les messages vite effacés, les souvenirs engrangés pour éclaircir les jours trop gris, Noah qui fuit la relation à deux et se veut éternellement célibataire. Car elle le sait, De lui je n’aurai rien de plus que son absence, et il faudra bien que cela lui suffise.

C'est un premier roman assez étonnant. Le lecteur entre dans son cœur, dans sa tête, à petit pas, tout doucement sans faire de bruit, comme si elle ne nous y avait pas invités mais qu'elle entrouvrait malgré tout la porte.

Elle mêle habilement le chagrin et la perte de la mère, l'incompréhension puis l'acceptation de sa différence, le besoin de s’éloigner pour enfin revivre après les épreuves. Mais aussi la fin d'un amour et la découverte d'un autre, le goût du secret, le bonheur de n'être que deux à savoir. Enfin, la présence de l'art, sa beauté, son langage, grâce à Noah. Et toujours ces carnets qu'elle noircit...



Chronique complète à lire sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/02/12/les-apres-midi-dhiver-anna-zerbib/
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Les après midis d’hiver

Une jeune Française à Montréal vit une histoire d'amour le temps d'une saison, tout en évoquant le deuil de sa mère. Partagée entre ses deux amants, entre deux cultures et deux pays.

Une histoire qui se passe entre le présent et le passé, le réel et le fictif.

L'auteure parvient à nous raconter à la fois le délitement d'un amour et, dans le même temps, la fougue et la passion d'une liaison naissante. Éloignée de ses attaches, de sa meilleure amie, et de ses souvenirs restés en France et même si l'amour semble avoir la part belle, il n'est en réalité que le prétexte pour évoquer la mort de sa mère. Ces trois histoires finissent par se croiser et se mêler.

Une plume sensible et délicate pour parler de désirs, de mensonges, de neige et d'après-midi où le temps est suspendu.

Merci aux 68 premières fois et aux Éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir ce premier roman.

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Les après midis d’hiver

Il arrive que vous ouvriez un livre, certes précédé d'une rumeur flatteuse mais qu'il vous surprenne dès les premiers mots. Sans trop savoir à quoi cela tient. Un ton, un angle, un léger décalage, une mélodie... un peu de tout ça en fait. C'est un premier roman, et vous avez beau en avoir lu un certain nombre, quand vous sentez que votre rythme s'apaise, que votre attention se focalise, que vous vous laissez porter par le texte, il y a toujours un petit pincement de plaisir. Pas si fréquent en fait. Alors bien sûr, ce roman n'est pas parfait, il y a d'ailleurs un moment, dans la deuxième moitié où vous vous êtes surprise à soupirer parce que trop d’atermoiements sur un sujet qui vous lasse, mais quand même. Cette musique. Cette écriture souvent empreinte de grâce. Ces mots qui sauvent de l'anéantissement. Qui fouillent au plus profond des émotions. Qui trouvent un incroyable écho. Lorsqu'il est question de secret, de ces choses que l'on tait aux autres et qui, de fait n'ont ainsi aucune existence tangible pour eux.



"Peut-être écrit-on pour dire qu'un jour, en plus de soi, quelqu'un, quelque chose était là. Souvent, ça n'y est plus et on y est encore".



La plume d'Anna Zerbib nous livre quelques mois d'une existence en équilibre, entre deux continents et deux absences. Dans un décor dépeint à petite touches, ce Montréal un peu ouateux, aux couleurs pâles, loin de ses attaches, de sa meilleure amie, et de ses souvenirs restés en France. Ceux de sa mère, récemment morte. Installée avec Samuel mais obsédée par Noah, rencontré par hasard et avec lequel elle entame une relation secrète. Et c'est cet état de flottement, ce passage incessant entre réel et irréel initié par le secret, que la romancière parvient à faire ressentir de façon très singulière. Très troublante pour qui l'a déjà expérimenté.



Il y a de très jolies choses dans ce roman, sur le pouvoir de l'écriture, son rôle de catalyseur d'émotions. Et l'on se surprend à se laisser envelopper par ces après-midi d'hiver en se disant que pour une fois, le printemps n'est peut-être pas nécessaire, qu'il peut prendre son temps et nous laisser là, entre ciel et terre.
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Les après midis d’hiver

Je lis & écoute "Tombe la neige.. Et mon cœur s'habille de noir"



C'est cette mémoire si prolixe qu'à transcrit Anna Zerbib, ces souvenirs nés d'instants chers, de tournants dans une vie, ceux qui électrisent les corps & imprègnent les chairs jusqu'au bout des doigts d'où jaillit une encre les rendant éternels !



C'est une histoire d'un secret, de neige, d'une saison, de silences, de murmures, d'élans, d'envie & de désirs !

L'histoire de deux corps noués telle une arabesque qui dense ..

C'est l'histoire d'une femme qui croise Noah, alors qu'elle a déjà Samuel dans sa vie. Une histoire d'amour où les vêtements gênent bien plus que les principes !

L'histoire d'une nana qui écrit, dans ses carnets, sur ses feuilles, s'inspirant de ses silences à lui, si souvent perdue dans ses pensées, elle le veut plus léger, moins taciturne, mais l’aimerait-elle autant ?!



C'est l'histoire aussi sur la difficulté de faire le deuil & de se reconstruire, une histoire sur les choses qui tiedissent, qui finissent & qui fondent.

Une histoire sur les départs & la difficulté à revenir.

Voyez ces fameuses histoires sur les êtres qui pénètrent dans nos vies, mettent des petits bouts d'eux en nous & puis finissent par partir en les emportant avec eux...

Ces histoires où on se retrouve comme avec des petits trous, des espaces vides, où, ce n'est pas forcément très visible mais ça fait mal quand même. Voyez un peu !?



L'écriture est travaillée, très belle, véhicule de façon mélancolique les petites fêlures, l'éclat du froid mais aussi le torrent de la passion & le mal du manque, bref le ressenti transcende la compréhension, une très belle lecture de ce mois de juillet, quand l’hiver est loin derrière & que l'été est bien installé sans y être invité !



Et puis ette terrible révélation: fiction cette vie que l'on mène, fiction ce monde dans lequel on mène nos vies... Alors entre deux mensonges, aimez comme vous respirez pardi !
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Les après midis d’hiver

« Je voulais un secret pour avoir une peau. »

Le lecteur sera happé par la musicalité de cette prose.

Un état de vertige, la narratrice écrit des carnets, de retour en France après un séjour au Canada. Séjour pendant lequel sa maman est morte et où elle a aimé en secret Noah, une obsession.

« Ici, je ne peux pas croire que la seule vision de son vélo me suffisait les jours où je ne pouvais avoir accès à lui. »

Le lecteur doit accepter de se laisser bercer par ce mouvement imprimé par l’auteur à son récit. C’est particulier, mais en même temps une latence familière à ceux qui l’ont vécu.

« Ce n’est pas un texte sur moi, sur nous. C’est à propos de la vie secrète. Je voudrais écrire ce mouvement ; faire, en somme, l’histoire d’un passage secret. »

Samuel, son compagnon l’a rejoint au Canada, il est bien présent. Elle fait le deuil de sa mère. Cette jeune femme devrait être comblée d’avancer dans sa vie c’est elle qui a souhaité ce séjour au Canada.

Ecrire comme un repli pour exister.

Ecrire pour dire une histoire qui dans ses carnets a plus de place que dans la vraie vie.

Ecrire pour lutter contre la disparition des autres, mais aussi de soi-même, quand ceux qui nous entourent disparaissent c’est un peu de nous qui s’en va…

Elle évolue dans de la ouate et sans laisser de trace.

Car dans cette atmosphère l’auteur nous parle aussi de l’éveil, de la conscience d’être au-delà de l’image que l’on renvoie, c’est apprivoiser cet être aussi familier qu’inconnu qui est nous-même.

C’est ce voyage qui vous est proposé dans ce premier roman, qui parfois présente des maladresses ou des redites.

Mais j’ai aimé cette voix pour marcher sur sa voie.

Habituellement on parle du fil invisible qui relie deux personnes destinées à être ensemble, là l’originalité d’Anna Zerbib est de faire naître le fil invisible qui nous sous-tend, nous tient à être nous.

A suivre Anna Zerbib dans ce qu’elle nous proposera après.

©Chantal Lafon


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Les après midis d’hiver



Ce qui ressortira de cette lecture, c’est sans aucun doute, la puissance et la beauté de la plume de Anna Zerbib. Je pense que mon avis pourrait se suffire à cette seule phrase. Une rencontre bouleversante et inoubliable. J’adore ces envolées lyriques, ces mots qui coulent, qui s’entrechoquent et qui s’unissent au cœur de ce ballet sans fin.

Anna Zerbib raconte ici la douleur. Celle qui naît de la beauté d’une rencontre, celle qui s’installe dans chaque pli du cœur, celle qui s’épanouit dans tout le corps, celle qui meurt laissant ce sentiment d’un abandon unique.

Elle s’est installée à Montréal et a reprit ses études. Le premier hiver a laissé cette trace indélébile, la mort de sa maman. Une maman fantasque, bipolaire, dépressive qui était le cœur de toute sa vie. Un premier hiver rude, le plus marquant. L’hiver a pris son cœur, son corps, sa tête et le dégel n’est toujours pas terminé. Elle avance pas après pas, les souvenirs bons comme mauvais surgissent ici et là tels des madeleines de Proust. Venue étudier la littérature américaine à Montréal, elle passe son temps à écrire, à user sa plume. Alors en couple, l’irrésistible attirance pour cet homme du balcon supérieur, lui tombe dessus. Une sacrée tuile qui va bouleverser son monde, sa vie, son corps, son âme. Artiste maudit, lui, vit au rythme de ses contrats, de ses pérégrinations, de ses envies, de ses désirs. De vingt ans son aîné, il ne veut plus aimer, juste assouvir ses envies. Pas de relation, pas de promesses, juste des après-midi sans lendemain, sans rien, sans avenir. Sans mot inutile, sans fioriture.





Un deuxième hiver qui s’ouvre sur l’éternité des sentiments toxiques, uniques. Elle sombre, s’accroche à ses SMS promesses d’un nouvel après-midi merveilleux. Boulimique, elle attend. Elle dévore son corps décharné. Elle vomit l’insuffisance, le manque. Le corps se figeant peu à peu dans le froid, la glace dans une attente interminable d’un plus utopique. L’hiver se saisit de cette douleur lancinante, l’apprivoise, la façonne et quand le dégel s’annonce, elle surgit anéantissant le peu, le désir, la croyance à cet autre.





Anna Zerbib signe un premier roman d’une qualité rare. Si le scénario est quelque peu simple, j’ai fortement apprécié sa plume, son écriture. Elle puise la douleur, se l’approprie et la relate d’une manière touchante et émouvante. Une lecture dont j’ai savourée chaque phrase me laisser baigner dans ce froid insidieux et douloureux, attendant que l’engourdissement s’envole et catapulte les esprits. Un roman puissant où la reconquête des corps et de l’âme offre le sublime dans la noirceur.





Une roman que je vous invite à découvrir !
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Les après midis d’hiver

Un hiver, quelque temps après la mort de sa mère, la narratrice installée à Montréal avec son compagnon peine à faire son deuil. Elle rencontre alors un artiste avec lequel elle entretient une relation secrète, l’après-midi. Pendant ce temps son couple se délite. Rien de bien original.

Ce premier roman a pour moi un parfum d’autofiction, genre que je n’apprécie guère, même si j’aime que les auteurs mettent un peu d’eux-mêmes dans leurs récits. Je n’ai ressenti aucune empathie pour la narratrice, qui n’a même pas de nom. Je l’ai trouvée vide, uniquement centrée sur son petit ego et son attitude passive m’a agacée.Ce style de littérature très français, un peu bobo, et dit intimiste n’est vraiment pas pour moi.

Heureusement il y avait l’exotisme de Montréal et son hiver glacial.

Sélection 2021 des 68 Premières Fois


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Les après midis d’hiver

C'était tout ce dont j'avais envie, une histoire d'amour, une histoire d'hiver, l'histoire d'une obsession logeant les réminiscences d'une disparition. Coup de cœur !

Elle dit qu'elle passe ses après-midi à écrire alors qu'elle les passe à aimer. Elle est à Montréal, elle est venue avec Samuel mais entre temps elle a rencontré Noah. Il a 40 ans et son cœur, comme elle, est fêlé. Il vient de perdre son père, elle a perdu sa mère. C'est le deuxième hiver sans elle. Une mère mélancolique, trop vivante l'été et trop perdue l'hiver. Instable, disaient-ils.

Il y a Claire aussi, cette amie dont elle partage le même secret. Il y a ces gens qui gravitent autour d'elle et qui sont devenus transparents.

Un jour, elle échange un secret contre un autre. La solitude flirte avec la folie et laisse la place pour un chagrin aussi grand que son obsession.

Je n'ai rien corné car j'aurais tout corné. C'est une longue poésie, c'est grand, c'est sublime, c'est durassien, c'est le genre de texte que l'on voudrait tous écrire. Magnifique premier roman.
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Les après midis d’hiver

Les après midis d'hiver, j'aime beaucoup l'hiver et cet hiver là a été long et monotone. Long comme un jour sans pain... On y suit les tribulations d'une Française expatriée à Montréal où elle rencontre Noah et vient à s'éprendre d'une passion envers cet homme. Toute l'histoire tourne autour des obsessions du personnage qui s'est perdue dans son propre monde, des comportements qu'elle justifie via des prétextes fallacieux. Le personnage dont j'ai envie dire « la meuf » a l'air de prendre sa vie pour un épisode mal tourné de Sex in the City, mais en version cheap.



C'est un roman court et heureusement qu'il l'est, car je pense que si l'histoire avait fait 500 pages, nous aurions eu un magnifique livre pouvant servir de cale-porte. Je n'ai pas trouvé le style de l'autrice fluide, tout le personnage m'a parasité et ce qui aurait pu être un personnage plein de profondeur est aussi creux qu'un candidat de télé-réalité.



Bref, je me suis littéralement emmerdé durant cet hiver à Montréal.
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Les après midis d’hiver

Du deuil peut naître l'amour, à moins que le second ne soit qu'un subterfuge pour panser le premier. Elle a perdu sa mère, est française et passe l'hiver à Montréal. Il est artiste et vient de perdre son père. Elle dit à Samuel qu'elle passe ses après-midi à écrire, mais elle retrouve Noah. Ensemble, le temps d'un hiver ils noient leur chagrin dans la chaleur de leur corps. Que l'attente est longue en cette saison ! Alors pour combler ce vide, elle convoque ses souvenirs. Entre passé, réel et fiction, il y a l'écriture. Une manière comme une autre de se reconstruire puis, une fois les beaux jours revenus, de vivre de nouveau.



Les après-midi d'hiver est premier roman certes pas franchement original mais vibrant d’émotion et surtout servi par la belle plume d'Anna Zerbib. De plus, son écriture très visuelle nous transporte vers un ailleurs et place la neige et le froid au centre du roman. Pourtant, à l'instar d'un bon thé brûlant, ce roman réchauffe les cœurs. Et si finalement vivre une passion amoureuse était le remède à la mélancolie qui a tendance à nous envelopper Les après-midi d'hiver ?
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Les après midis d’hiver

Une jeune femme quitte le Sud de la France pour s'installer à Montreal, rejointe quelques mois plus tard par son compagnon Samuel. Elle fait la connaissance de Noah, un artiste dont elle tombe amoureuse, et cache à Samuel sa relation avec lui. Elle raconte les deux ans passés là-bas, le lent délitement de sa vie de couple, les heures passées les après-midi d'hiver dans les bras de son amant avec lequel, elle le sait, rien d'officiel ou de durable ne se fera. Au-delà de la thématique somme toute assez banale de l'adultère se tisse la figure de la mère décédée juste avant son départ pour le Québec, et dont elle n'a pas encore fait le deuil.



Le récit à la chronologie bouleversée par des épisodes du retour en France de la narratrice est empreint de poésie et de sensations remarquablement bien racontées. Mais l'indécision de l'héroïne, son égocentrisme et sa passivité m'ont agacée. Elle attend, souvent, longtemps. Elle semble laisser passer sa vie comme on regarde la neige tomber et blanchir les trottoirs, comme on regarde les traces des passants bientôt recouvertes par de nouveaux flocons, encore et encore, sans qu'on ait bougé de sa fenêtre.


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Les après midis d’hiver

Ce premier roman est empreint d’une petite musique gracieuse écrite par une plume pleine d’émotion.



C’est un roman très cinématographique, en ce sens que le décor est un acteur à part entière, puissamment évocateur, surtout Montréal, neigeuse, froide, brumeuse, ouatée...



La notion de secret, centrale, est finement explorée : ce qu’on dit à ses amoureux, ses ami.e.s, ses parents... ; parallèlement, ce qu’on ne dit pas est-il réel puisque cela n’existe que pour nous ?...



Au final, je dirais que l’atmosphère est souvent vertigineuse et troublante mais le perpétuel équilibre/déséquilibre de l’amour multiple vécu par les personnages ne m‘a pas totalement intéressée.



Et après avoir refermé ce livre, je sais que je le conseillerai en ignorant si je le relirai.



Ce livre a été sélectionné par les 68 premières fois et voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure.
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Les après midis d’hiver

Un récit introspectif, une relation adultère, le deuil d’un parent… je retrouve des thématiques familières désormais dans mes lectures des 68 premières fois. Trop peut-être… Ce qui a probablement desservi ce roman lu après Grand platinum, Avant le jour et Avant elle. L’impression de lire et relire une variation du même roman.



La narratrice, expatriée à Montréal depuis quelques mois avec son compagnon Samuel, fait la connaissance de Noah, un homme plus âgé. Alors en plein deuil de sa mère, elle vit cette relation intensément, temps suspendu le temps d’un hiver.



C’est un joli texte, à l’écriture plaisante, douce et mélancolique. Un texte intimiste où le désir vibrant côtoie la solitude. J’aurai probablement pris beaucoup plus plaisir à ma lecture si je n’avais pas lu si peu de temps auparavant des livres aux sujets proches. Petit regret sur le timing…
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Les après midis d’hiver

Le deuxième hiver après la mort de sa mère, la narratrice dont nous ne connaîtrons jamais le prénom, quitte la France avec Samuel son amoureux et emménage au Québec. Choix de vie diamétralement différent. Elle met un océan entre elle et son passé allant même jusqu’à changer d’activité, de maîtresse d’école dans le sud de la France, elle décide d’écrire et de s’intéresser à la littérature nord américaine. A Montréal, elle y rencontre Noah, un artiste peintre sans attache, avec lequel elle débute une liaison torride ... Et là, nous entrons dans l’intimité d’une jeune expatriée française dans un monde anglo saxon où la langue, les codes lui sont peu connus. Dans un style mêlant présent et souvenirs mélancoliques du passé, l'héroïne nous livre à petites doses des bribes de son histoire personnelle. Elle évoque sa vie à Montréal – sans attrait - , son couple avec Samuel – quasi inexistant - , sa relation et le décès de sa mère – souvenirs douloureux - , ses échanges avec son amie Claire et surtout son secret, la passion qu'elle vit avec Noah, un artiste plus tout jeune. La narratrice cultive l’art du secret, effaçant même l’historique de ses navigations, rendant son écriture illisible.

« L’anglais m’est devenue la langue intime de l’amour, celle du sexe ». La jeune femme est partagée entre deux cultures, deux langues, deux pays, ballotée entre deux hommes « Je ne savais pas choisir ». Elle dresse un portrait de Noah rapide, en style télégraphique car cela n’a pas d’importance ce qui compte c’est leur passion, le contact de leurs corps. Noah l’avait prévenue dès le départ que cette passion ne devait pas durer car il se « tenait à la phrase qu’il m’avait murmurée à l’oreille, le jour de notre rencontre « you need love, I’m gonna make love to you. Il ne m’avait rien promis d’autre ». Mais qu’importe, son amour était tel qu’elle prenait tout ce qu’il était prêt à lui offrir quitte à attendre des jours, des semaines ! « L’amour que nous faisions était une lutte entre la vie et la mort ». « Ce qui m’effrayait c’était l’absence de traces. L’impossibilité d’en garder de Noah. L’impossibilité de lui en laisser ». Aucun espoir de durée : « Cet amour né au croisement de deux saisons », né et mort en trois mois …

C'est un roman où la plume est magnifique, poétique, introspective. C’est indéniable. Deuils, passions, amitiés, infidélités sont intimement liés. C'est le récit d'une passion torride, d'une mue. Les après-midi d’hiver sont longs et ennuyeux s’il n’y a pas un signe de Noah … Même si j’ai été séduite par la magie de l’écriture, je les ai trouvés tristounets ces après-midi d’hiver où j’ai lu ce livre. Pas de suspense non plus. Cette femme envoutée, continuellement dans l’attente, répondant aux moindres signes de Noah, à la merci de son bon vouloir, des caprices de son amant m’a agacée. Suis je une féministe dans l’âme ? Peut être !

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Les après midis d’hiver

There's a certain Slant of light,

Winter Afternoons –

That oppresses, like the Heft

Of Cathedral Tunes –



Heavenly Hurt, it gives us –

We can find no scar,

But internal difference –

Where the Meanings, are –



None may teach it – Any –

'Tis the seal Despair –

An imperial affliction

Sent us of the Air –



When it comes, the Landscape listens –

Shadows – hold their breath –

When it goes, 'tis like the Distance

On the look of Death –

****

Certaine clarté Oblique

L'Après-Midi d'Hiver –

Oppresse comme la Houle

Des Hymnes Liturgiques –



Céleste Blessure, elle ne laisse

Aucune cicatrice

Mais une intime différence

Là où résident les Sens –



Nul ne peut l'enseigner – Non –

C'est le Sceau du Désespoir –

Une impériale affliction

Que des Airs on nous envoie –



Elle vient, le Paysage écoute –

Les Ombres – retiennent leur souffle –

Elle s'en va, on dirait la Distance

Sur la face de la Mort

Emily Dickinson (258), traduction de Claire Malroux, éd. José Corti, 1998



« L'année dernière j'ai fait quelque chose pour franchir l'hiver. Je n'ai pas eu d'idées, pas eu d'autre choix. C'est tout ce qui m'est venu pour creuser un tunnel. Je suis tombée amoureuse de Noah. [...] Je voudrais parler du tunnel, ce n'est pas ce que l'on croit. [...] Résister au désir de rentrer au pays se réfugier sous la cendre. Ne pas laisser l'absence prendre toute la place, ne pas s'effacer dans la pâleur du manque. C'est au sujet de s'engouffrer là où on pense que ça ne passera pas.

Je suis passée. »



Le 1er roman d'Anna Zerbib, Les après-midi d'hiver, est paru en mars dernier, moins d'une semaine avant le début du confinement. La narratrice lisant la poésie d'Emily Dickinson, je risque que le titre du roman soit peut-être inspiré du poème 258 qui m'est revenu à l'esprit et que j'ai décidé, bien qu'un peu longuet, de placer en exergue, avec la traduction de Claire Malroux en miroir.



Dans Les après-midi d'hiver, il est question du pouvoir de l'écriture. D'aimer et d'écrire. Les deux, indissociables, initient le mouvement oscillatoire du récit :



« Moi, c'est le temps de l'amour qui m'a donné le temps d'écrire, tout est arrivé ensemble. Sans l'histoire d'amour il n'y aurait pas eu de texte. J'aurais eu un hiver blanc. Sans ce texte, il n'y aurait pas eu d'amour. […] L'écriture ne console pas, ne rattrape rien, elle ne s'occupe que de ce qui est perdu d'avance. »



On sait que l'on entre dans un roman en noir et blanc, où la blancheur de l'hiver fait pendant à la noirceur de la cendre du deuil et de l'encre de l'écriture. Oscillatoire, encore.



Oscillatoires aussi, cet amour donné à Samuel venu habiter avec elle qui vit à Montréal depuis deux ans, et cet amour autre, l'amour tu, celui qui se donne à un autre que Samuel, à Noah, plus âgé, artiste aux fêlures si semblables aux siennes (elle a perdu sa mère ; lui, son père). L'amour des après-midi d'hiver, le clandestin, qu'elle-même ne s'explique pas



« Cet amour né au croisement de deux saisons a d'emblée porté en lui quelque chose de lointain. […] C'était l'hiver après celui de la mort de ma mère, c'est-à-dire mon deuxième hiver à Montréal. J'ai rencontré Noah et j'ai eu ce secret. Tout s'est produit pour moi hors du temps réglementaire de la perte de sens. […] Les événements se sont déroulés dans cet ordre, de cela je suis sûre. Pour le secret, je ne suis pas certaine, il était peut-être là avant, un secret sans personne dedans. »



Dès la première phrase, nous savons que nous pénétrons un monde où tout est déjà fini. La narratrice, jamais nommée, est revenue en France, la canicule du sud a chassé la neige québécoise.



« J'écris depuis l'endroit où ça n'est pas arrivé […] C'est arrivé de l'autre côté de l'Atlantique, à l'étranger, ailleurs. Je ne voudrais pas en faire toute une histoire, je voudrais raconter la trace violette laissée par ce que j'ai attendu et qui ne s'est pas produit. »



Dès le début de la lecture, l'oeil repère à l'instinct les mots primordiaux, ceux qui habitent cette histoire : amour, écriture, (entre-)deux, trace, autre... que l'on trouve parfois rassemblés dans un très court passage :



« L'amour physique est immédiatement écriture : gravure. On peut toujours écrire, après, un autre texte que celui qui s'inscrit dans la chair, mais cela ne sera jamais que le deuxième ».



Il en est d'autres : pâleur, manque, tunnel, traverser, décalage, passer, passage...



« J'adore dormir dans ce lieu de passage, dans ce divan. La pièce n'est pas close, il y a des portes, des fenêtres, des courants d'air. Ce n'est pas une vraie chambre et c'est ce que j'aime. »



Ils parsèment les pages et leurs répétitions, peut-être pour éviter d'avoir à souffrir de ne pas assez les dire, imprègnent le texte du brouillard envoûtant et presque irréel qu'affectionne tant la narratrice et qui émane de la prose d'Anna Zerbib, cette « brume [qui] aide. Grâce à elle […], il n'y a pas assez d'étés pour le nombre d'automnes. »



L'amour s'est invité à l'improviste, compagnon de traversée de ce tunnel hivernal du deuil, il est passé et a fondu comme elle ressortait, neuve, dans la lumière printanière.



« Je suis entrée dans cet amour comme si j'en avais été longtemps sur le bord. Je n'ai eu qu'à le laisser glisser, le mouvement fut à peine perceptible pour moi, invisible, je pense de l'extérieur. [...] C'était une histoire de souffle court, de souffle coupé. »



Elle est terriblement nostalgique, presque élégiaque cette écriture qui tente de saisir ce qui a été, ce qui se dérobe et qui n'est plus. Trouver, perdre, retrouver, perdre encore. Oscillatoire, toujours. Est-il dérisoire de vouloir écrire, à défaut de les combler, ces creux laissés par un amour défunt ou par la perte d'un être familier ? L'écriture pour sauver du manque malgré tout, même si elle ne console pas.



Le secret permanent, la clandestinité intermittente, « Je venais de plonger dans le versant doux de l'absence ; dans la distraction », la bascule de ces après-midi hors des bruits et de l'agitation quotidiens sont tous trois clairement assumés « "J'ai quelqu'un", mais lui ne souhaitait pas "s'attacher", alors elle l'avait revu, s'abandonnant à la clandestinité par ennui. »



Avec un secret comme expédient à la distraction pour tromper l'ennui, il lui faut tricher. Tricher avec les deux. À Samuel, elle ne dit rien de ses après-midi d'hiver auxquels il restera étranger. Sans rien en dire à Noah, elle écrit ou cuisine pour meubler les heures qu'elle passe dans l'attente de son prochain rendez-vous avec lui, dans l'attente de prendre stricto sensu « la tangente », - ça ne s'invente pas ! - « la ligne bleue [...] perpendiculaire à la orange ». Claire est la seule amie dépositaire de son secret, celle avec qui elle ne triche pas ; il faut dire que Claire a elle aussi un secret.



Cette prose, qui conjecture directement sur la page, en plus de dévoiler l'intime en disant l'entre-deux, quel qu'il soit - continents, pays, langues, amours... -



« Mon secret me donnait le pouvoir d'être dehors et dedans à la fois. Grâce à lui j'avais un soudain don d'ubiquité qui me soulageait : partout où j'étais, je n'étais pas vraiment. C'était une clé des champs. »



compose une partition qui donne son rythme de berceuse à l'histoire, feutré et lent comme la neige qui tombe au dehors blanchit le paysage, effaçant les traces en un bruit sourd et enveloppant : le temps s'étire comme pour magnifier ces moments volés, en sursis, puisque l'on sait, depuis les premières phrases, que le compte à rebours est lancé.



« On n'arrête pas ce qui file, mais on peut retarder la déchirure. »



C'est le temps d'un amour qui se défait, sans fracas ni désastre, mais avec acceptation. C'est le temps d'un amour qui se fane, paradoxalement à la saison où la sève revient :



« J'ai senti très vite que nous ne connaîtrions pas le printemps, l'heure d'été, le grand jour. J'écoutais Septembre de Barbara, "quel joli temps pour se dire au revoir", et je trouvais que la fin de l'hiver serait aussi une belle période pour les adieux, comme la fin de l'été, deux saisons couperets. Aux beaux jours, nous serions à découvert, ça deviendrait glauque […] »



De l'amour tranquille de Samuel, elle s'est échappée sans trop savoir « qui a quitté qui », mais a-t-elle vraiment aimé Noah dont elle parlait si peu et si mal la langue, faisant de lui un être proche et étranger tout à la fois, une énigme ? Et si c'était là leur séduction ultime : être l'un pour l'autre un amour qui dépayse ?



« Je me disais qu'avec lui il n'y aurait jamais le danger de la confusion, je serais, pour toujours, d'un autre pays, il était, serait toujours, d'un autre âge, d'une autre culture, d'une autre histoire. Il n'aurait pas connu ni ma mère ni sa mort, seulement la trace blanche des larmes qui en découlent. Il ne pourrait pas lire mes carnets, à cause de la graphie, mais aussi de la syntaxe. La distance entre lui et moi serait irréductible. »



Le secret encore et toujours, ce qu'elle tait à Samuel et ce qu'elle dissimule à Noah. D'ailleurs, Noah n'a-t-il été autre chose qu'un homme qui l'a aidée à porter le poids du deuil d'une mère dépressive au point de cesser de vivre dès l'automne pour renaître aux beaux jours ? un homme qui a partagé sa souffrance pour traverser l'hiver du coeur au coeur de l'hiver ? Pourquoi a-t-elle noirci des carnets ? Est-ce parce qu'écrire aide à se souvenir de cet amour-là, douloureux et beau, car il est celui du poids du silence et du secret ?



« Peut-être écrit-on pour dire qu'un jour, en plus de soi, quelqu'un, quelque chose, était là. Souvent, ça n'y est plus et on y est encore. »



Le roman d'Anna Zerbib est l'exemple même du texte dont le ton contemplatif et rêveur, la prose poétique et le cours sinueux offrent une expérience de lecture faite de moments oscillatoires, atemporels et suspendus, des moments de toute beauté et de fulgurante irréalité. C'est un cheminement sur l'insignifiance des tourments humains, qui ravira certains lecteurs et en perdra d'autres, peu friands de l'écriture de l'intime. Pour ma part, mon souffle de lectrice s'est accroché à chaque page, j'ai été emportée dès les premiers mots. Je sais avoir abusé de citations, tant il m'était impensable d'écrire ce billet sans donner à entendre la sensibilité fine et poétique de l'autrice, le bercement léger de son écriture. Les après-midi d'hiver est un roman à l'écriture flottante, aiguë, au cantabile durassien. Je me suis demandé quel film Claude Sautet en ferait, s'il était toujours en vie. En s'attachant au détail infime et si juste, aux petits riens sublimés par l'écriture, ce roman rare, raffiné, traversé du voile de la mélancolie douce, raconte le désordre des choses de la vie quand les êtres ne savent pas où ils en sont.



« J'ai quelque chose en moi qui ne vit pas. Je n'arrive pas…

Je suis en retard depuis si longtemps. »

Claude Sautet, Un coeur en hiver



Troublant.

1er roman, lu pour la session 2021 des #68premieresfois
Lien : https://www.calliope-petrich..
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