Il avait l’impression de s’être métamorphosé en un personnage d’un roman de Kafka. Un jour, il était le docteur Neel Sarath, un homme tenu par la seule obligation de travailler, qui mangeait de la viande de bœuf quand il en avait envie et passait la nuit avec une femme blanche en dehors des liens du mariage. Et le lendemain, sans qu’il ait donné son accord, il se retrouvait dans la peau de l’homme qu’il avait abandonné derrière lui. Il était de nouveau Suneel –petit fils, fils, neveu, mâle indien accompli. Des gens qu’il ne connaissait pas le félicitaient en lui tapant dans le dos, proféraient des conseils qu’il n’avait pas demandés et exigeaient toujours plus de lui. Tout d’un coup, il était à la fois la personne la plus importante et, inversement, celle qu’on respectait le moins.