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Citation de AlienorAntonia


L’abandon est le lieu premier de notre venir au monde. Là où nous avons affronté ce que signifie vivre quand l’autre n’est plus là, et pour un nourrisson de quelques jours, l’épreuve n’a sans doute aucun équivalent dans l’âge adulte. C’est la déréliction totale. Parce que tout de même nous venons du deux. L’être humain (et animal) est caractérisé par cette chose étrange dont Cyrulnik a si bien parlé dans sa réflexion sur l’éthologie, il vient d’un autre. Dès le commencement le bébé est enveloppé, porté, enveloppé par le corps, la voix, la chaleur, la nourriture, le sommeil d’une autre. Pas de solitude originelle hormis dans quelques-uns de nos mythes fondateurs, la biologie en a décidé autrement, nous venons d’un ventre qui nous fabrique, nous abrite et nous porte pendant neuf mois (c’est très long...) avant que nous sortions seuls et soyons déclarés (seuls d’accord, mais n’existions-nous pas avant ?) « nés » un et unique jusqu’au jour de notre mort. Ce portage n’est pas sans incidence sur notre psyché, il en est même probablement d’un des déterminants majeurs - manière de rappeler que l’hospitalité est originelle. L’autre plus intime que nous-même à nous-mêmes, comme le dit saint Augustin, cet autre sans cesse attendu, que se passe-t-il quand il nous abandonne ? Les adhérences que nous avons à l’égard de nos premiers attachements (je reprends à dessein un langage « animal ») ont des ramifications tellement plus profondes en nous que ce que l’on croit, créant tout un système de dettes et de loyautés étouffantes, qu’on peut en arriver à vouloir en finir avec la vie pour atteindre ce « hors la vie » où l’on serait enfin libre ; nombre de suicides, hélas, l’attestent.
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