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Critiques de Anne F. Garréta (11)
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Ciels liquides

Ce livre m’a paru assez complexe avec de nombreux mélanges ou imbrications de situations qui émanent de la mémoire d’Anne Garréta et de son mode onirique personnel qui ne pas vraiment séduit.



Si l’écriture est riche et élaborée, j’ai trouvée qu’elle traduisait des situations confuses la plupart du temps. Sans doute ne faut-il pas chercher à tout comprendre et se laisser porter par le rêve et la poésie qui surgissent de ce texte. De mon côté, même si j’apprécie l’imaginaire et ses délires, j’ai vraiment eu du mal à suivre le propos de ce texte.



Le mystère est permanent dans cette lecture. Est-ce au lecteur de l’élucider? Peut-être... J’ai dû passer quelque peu à côté ne ressentant même plus l’envie de comprendre mais surtout celle de finir ce livre.

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Sphinx

"A sa sortie, en 1986, "Sphinx" révéla une jeune romancière qui étonnait par la maturité de son style et les commentaires unanimes louaient la réussite d'un roman audacieux, étrange et parfaitement bien mené. Notre auteure connaissait son affaire, soit, mais il fallait surtout s'arrêter sur l'originalité du livre, sur ce qui provoque encore aujourd'hui l'admiration du lecteur lambda: l'asexuation des deux protagonistes principaux: le narrateur et A***, vivant un amour passionné et tragique, sont à jamais des personnages ambigüs par la force des choses. Une histoire d'amour dont les protagonistes gardent une telle part de mystère, voilà qui excite une légitime curiosité. Alors vint le temps des devinettes, vaine tentative pour trouver un indice, un seul, qui permette de résoudre l'énigme posée par "Sphinx". Vaines tentatives parce que seul Oedipe, permettez l'allusion, est en droit de réclamer son dû en la matière. Mais le mystère sied mal au genre humain, et la glose de se développer sur l'identité sexuelle présumée, entrevue, imaginée. On vit alors le narrateur attaqué de toutes parts et, cerné, être condamné sans jugement à l'assimilation à l'auteure. Car après tout, il avait le même âge (23 ans à l'époque) et de -supposés- points communs, n'est-ce pas? Ce qui ne résolvait en rien la question, mais est assez logique puisqu'elle ne se posait pas en ces termes.

Le petit jeu oulipien sur l'ambiguïté sexuelle des personnages a beau être passionnant à lire et à décrire, on ne saurait sans faire insulte à Anne Garréta réduire son oeuvre à cette caractéristique. Elle n'en est qu'un aspect, central car récurrent, qui pourrait seulement amuser s'il ne renfermait pas un projet qui se cherche toujours, s'élabore en permanence, mais qui frappe par son courage et sa témérité.

Ce qui fait surtout l'originalité de "Sphinx", c'est un style brillant et envoûtant, peu enclin pourtant, sinon pour s'en moquer, aux envolées lyriques (et d'ironie, le narrateur ne manque pas; s'il qualifie bien sa passion de "romantique", c'est pour la dénigrer aussitôt). Un style mature et travaillé, au vocabulaire riche qui ne craint pas d'en référer aux grands maîtres, comme on n'en trouve plus guère sur le marché de la littérature contemporaine. L'heure est en effet aux petits effets de manche, le style n'est plus une valeur en hausse. Mais en littérature comme à la ville, il n'est pas dans l'habitude d'Anne Garréta de se soucier des convenances et des "modes" parisianistes: le politically correct n'affleure jamais sous la plume. Il nous semble pourtant que si le style porte un livre, et c'est le cas ici, il est un atout majeur qui donne consistance au projet d'ensemble. Reprocher à Anne Garréta d'écrire des 'romans de normalienne', c'est oublier qu'il y a résolument, derrière la forme, du fond, et vice versa. "Sphinx" n'est pas un exercice de style purement jubilatoire, un amuse-gueule littéraire, mais un livre qui raconte une histoire sur un mode narratif classique, enlevé et original. C'est cette histoire que nous nous proposons d'analyser ici, en tentant une explication de texte brève et centrée sur les thèmes propres à l'oeuvre. [...] "

Eva Domeneghini
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Pas un jour

Quel bon livre ! Il s'agit pour l'auteur de faire une succession de chapitres dont le titre sera une lettre (supposément l'initale du prénom d'une personne qui l'a charmée) et qui contera une histoire charnelle, tendre ou amoureuse. Anne Garréta se prête au jeu et on plonge avec elle. Les mots touchent parfois et rendent ivre, mais peuvent tomber à plat. Toujours est-il que cet exercice est réussi par l'autrice, on est avec elle le long des buissons, ou dans un couloir le coeur battant, sur un tatami aussi. Le concept m'a éblouie.
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Ciels liquides

"[...] Les thèmes du rôle des mots, du langage et de sa perte irremplaçable, de la nuit, l’absence de lieux nommés par exemple, tout cela n’est pas anodin. Rien n’est gratuit. Nous écrivions au début de ce texte que c’était un livre hors-jeu: il est en effet bien rare de trouver aujourd’hui un auteur aussi ambitieux et passionné de littérature qu’Anne Garréta. Et surtout un écrivain qui réussisse un tel pari. “Ciels liquides” est un roman de ténèbres, qui cache son jeu, ne se laisse approcher que lentement, avec précaution, et recèle en son sein des trésors d’allusions, de poésie. Ovni littéraire, en quelque sorte, ce roman est résolument moderne, mais pas commun: rien de “normal” ici, ni de “social” à prouver ou à démontrer. Les lieux ne sont jamais nommés mais tout est étudié, recherché, un véritable travail documentaire a été effectué en amont du livre. Un livre courageux en des temps difficiles et trop souvent engoncés dans le simplisme et le réel de pacotille...

A défaut de tout comprendre, il s’agit d’apprécier. Car c’est toujours le mystère, la part du rêve, de l’interprétation donnée par le récit qui subsiste longtemps après la lecture et qui fait qu’un livre laisse une trace dans l’histoire de la littérature. " Eva Domeneghini
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Ciels liquides

A suivre le narrateur qui perd sa faculté de langage (et ainsi ses repères quant au monde qui l'entoure), on s'égare et s'embourbe avec lui, dans un univers onirique et sombre, peuplé d'êtres étranges, double, légiste, femme araignée, souvenirs et restes d'enfance conservés dans la grange, origine de l'être et rempart contre le monde.

Un style magnifique, des phrases qui restent, des mots qui marquent, que l'on retient.

Un chef d'œuvre.
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Le maître de Benson Gate, tome 4 : Quintana Roo

Critique pour les 4 albums de la série.



Le 1er cycle est plutôt pas mal, on est dans une saga familiale fraternelle qui paraît prometteuse. Sans révolutionner le genre, la série est efficace.



Le second cycle comprenant les tomes 3 et 4 est de moins bonne facture. Le dessin est parfois brouillon et l'histoire est moins intéressante.

Un cinquième tome est annoncé au 4e plat du tome 4 mais il ne verra jamais le jour…

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Le maître de Benson Gate, tome 4 : Quintana Roo

Je ne regrette pas du tout que cette série soit abandonnée.

Je crois que chaque tome descendais de plus en plus bas dans l'abjection humaine.

J'ai lu ce dernier tome, juste parce que je l'avais emprunté, pour me faire une idée.

L'idée de base de l'opposition entre deux frères était elle trop simple qu'il a fallut lui ajouter tant d’horreurs ? le problème c'est que ce n'était plus du tout crédible.
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Sphinx

"On me fit remarquer, à l'Apocryphe et ailleurs, la dissemblance du couple que nous formions, on me plaisanta sur le contraste de couleur de nos deux peaux, on souligna la différence de nos manières : sa folle exubérance et ouverture sur le monde, l'emportement de ses gestes et de sa voix, qui par comparaison accentuaient encore ma réserve te ma mesure. A*** pour sa part eut à supporter les incessants ragots qui courraient sur mon compte, mes origines religieuses, sociales".

Sphinx est une histoire d'amour. Un amour dont l'auteur, à aucun moment ne dévoile le genre des protagonistes. Chacun y voit le couple qu'il souhaite y voir. Sphinx traite de la différence, du regard des autres, des injonctions de la société. L'amour se moque bien de ces théories/précepts/injonctions.

Ce livre, sous la contrainte oulipienne de ne pas genrer les héros, peut être vu comme un manifeste, comme un appel à la tolérance. C'est peut être aussi cela qui lui donne cette tonalité mélancolique.

Anne Garreta est connue pour ses engagements féministes, LGBT. Ce sont d'ailleurs ses convictions qui lui feront prendre du recul vis à vis des Oulipiens, ce cercles d'écrivains où les femmes sont encore très (trop) peu représentées.
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Dans l'béton

Fignole, la narratrice, et sa soeur Poulette, ont grandi dans l'béton. Genre, elles ont appris à manier la bétonneuse quand certains autres jouaient encore dans le bac à sable. Ça, c'est parce que leur papa, qui a plusieurs prénoms et plusieurs noms, il est à fond dedans, dans l'béton, moderniser un peu tout ça, réparer les bidouilles et rafistoler en six-quatre-deux, s'électroputer à répétition - même pas mal - et détruire autant que construire. La mère, elle est pas trop fan, surtout quand ses enfants ressemblent à des sarcophages ou que le plafond lui tombe sur la tête.



Alors entre le béton et les cahiers de comptabilité, il y a aussi la campagne pendant les vacances, les forts et les champs de bataille, les explosifs et les catapultes-araignées, les combats à sang pour défendre Dame Catherine, la petite fille noire adoptée par la vieille, pour son honneur et pour la beauté de la chevalerie. Et il vaut mieux en profiter à bloc, parce que le retour à la ville, ça fait mal. Mais surtout pour les autres, qui se font casser la gueule.



Difficile de vraiment classer ce livre, dont on peut dire, tout au mieux, qu'il est quand même original, de par son écriture tellement cassée dans ses recoins, tellement tordue, qu'elle transpire l'amour du béton plutôt que l'amour des mots, mais en même temps on peut dire que ça retranscrit bien quelque chose, peut-être de l'ordre de la Guerre des boutons, enfin pas trop non plus, c'est juste pour vous situer. C'est sûr, on y croit à la môme qui raconte son enfance et qui décrit l'entropie suprême. C'est tellement oral que l'écrit pique les yeux. Et on pourrait dire aussi que c'est une parodie du machisme crasse, une cassure dans les étiquettes qu'on colle aux petites filles comme on les colle à la dinette, et aussi un peu une parodie qui veut que ceux qui ont peur de se briser les orteils c'est tous des tafioles. Même si parfois à vouloir faire trop, c'est marre et c'est trop plein de clichés gratuits, on va dire que c'est fait exprès. En tout cas, ça se lit vite, ça c'est sûr, et la forme sert le fond donc on peut dire que c'est artistiquement intéressant. Et ça m'a rappelé certains souvenirs, un peu, mais ça c'est tout personnel.
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Le maître de Benson Gate, tome 4 : Quintana Roo

Le dessin de Renaud Insiders Garreta est efficace ! Il y a un rythme soutenu et une ambiance qui ressort de ses planches. Il nous offre de fabuleux décors tout comme il se déchaine lors de scènes fortement violentes (voir la scène de l'évasion du "padre". Il sait faire ressortir l'émotion quand il le faut et nous étonner à plus d'un titre aussi.


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La décomposition

"[...] Reprenons le fil pour expliquer d’abord la méthode si particulière de notre serial-killer. Il est le narrateur du roman, ce qui, on l’aura compris, met le lecteur dans une situation inconfortable. Cette charmante personne n’a que mépris pour “le meurtre automatique et ses cadavres exquis” car même “descendre dans la rue, kalachnikov en main, et tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule, il y a dans cette méthode quelque chose qui pue l’inspiration”. Et de continuer “Je plaide, moi, pour l’immotivation du meurtre, comme d’autres avant moi pour l’immotivation du signe (...)”. Au bout du compte, son choix se porte sur l’œuvre proustienne dont il éliminera un par un les personnages en assassinant des passants selon une règle grammaticale: l’accord en genre (leur sexe) et en nombre (à la 37ème ligne, le 37ème passant). Nous voilà donc entraînés dans une complicité objective avec le meutrier philosophe et remarquablement cultivé, mais qui refuse toute implication sentimentale, lui préférant le formalisme d’un choix arbitraire. Un vaste débat philosophique s’ouvre donc, au milieu d’un humour distingué et de phrases bien assénées, car l’écrivain n’est pas absent de son propre récit. Et bien sûr, des meurtres en série. Est-ce tout? Non, il faut encore signaler que les chapitres les plus intéressants (“Watchman, what of the night?"¨*“La chambre noire”, “L’ascension”)- sur le plan de la réflexion, de la matière, s’entend- sont précisément ceux où personne n’est trucidé mais où l’errance devient mentale et où l’ambiguïté du rôle du lecteur est affirmée et martelée par notre meurtrier narrateur. On a assez reproché au style d’Anne Garréta d’être ampoulé, mais, s’il est classique, c’est pour mieux se faire entendre, et pourquoi se plaindre d’une brillante qualité qui offre quelques perles au lecteur qui préfère la réflexion aux histoires faciles? C’est plutôt un atout que ce style difficile, car les lecteurs sont forcés, à moins d’abandonner l’ouvrage, de rester attentifs à l’intrigue. Malgré le formalisme de l’ensemble et l’apparente finitude de l’œuvre, “La Décomposition” pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. " Eva Domeneghini
Lien : http://cosmogonie.free.fr/in..
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