Au moment de réciter un poème en classe ou d'expliquer un texte, elle se prenait à aimer follement les sons et les paroles qui se formaient dans sa bouche, sur sa langue et sur ses dents. Il lui arrivait de croire que c'était sa vocation de parler et de chanter, et que rien au monde n'était plus beau que sa parole ronde et sonore. Elle chantait des cantiques ou des chansons, tour à tour comme une sainte du ciel ou comme une amoureuse romantique. Elle fermait les yeux, et son visage resplendissait. L'espace de quelques instants, elle possédait la terre.