Tout commence par un décès somme toute, chose banale. Sauf qu’une petite croix sur le certificat de décès n’est pas à sa place. Erreur ? Et bien non. Une femme peut-elle être curé ? Inimaginable !!! et pourtant… Qui sait vraiment qui se cache sous la soutane noire des prêtres.
Lecture atypique, dérangeante mais oh combien d’actualité. A travers cette quête d’identité et de vérité, nous découvrons la face, pas si cachée, de l’Eglise et son silence assourdissant. Trois personnages ordinaires mais inoubliables. Il y a le père Pascal Fouchet, curé rondouillard, pas très causant mais apprécié par ses paroissiens. Toujours à l’écoute, jovial, disponible, aimé de tous. Et pourtant c’est lui, qui à sa mort, déclenche un séisme. Il y a la Chancelière qui se retrouve devant un certificat de décès avec une croix au mauvais endroit. Droite dans ses bottes mais tellement bienveillante, charitable, ouverte au questionnement. Et puis il y a l’homme en noir avec son balai dans le dos, droit, froid, austère qui regarde ce qui l’entoure comme un monde de mécréants. Ces deux là sont chargés par l’Evêque de disséquer la vie du père Fouchet. Si la chancelière veut comprendre pourquoi une femme s’est fait passer pour un homme, le père Bernard Marie, lui, veut les complices, les coupables afin de museler l’affaire.
A l’aide de ces personnages nous fouillons les souvenirs, écoutons les silences et les non-dits. Parfois, entendre ce qui n’est pas dit est plus important que ce qui est dit. C’est un récit lent mais qui justement nous permet de comprendre cet univers feutré et de se poser les bonnes questions. Qui sont ces hommes qui doivent porter et défendre la face cachée et silencieuse de l’Eglise. Sous cet habit de prêtre, il y a un homme qui aime, souffre de solitude, s’interroge. Est-ce que seule la prière permet de combattre cet état. Aujourd’hui et demain, quelle est la place de la femme au sein de cette Eglise. Elle est une servante mais ne peut aucunement accéder aux fonctions suprêmes malgré une vocation identique voir supérieure à celle de l’homme.
L’auteure nous décrit cet univers ecclésial avec précision, justesse mais avec beaucoup de pudeur et de respect. C’est un livre dense, plein de surprises, de tendresse, de générosité, d’humour. L’Eglise est un lieu de partage mais aussi de rivalité. C’est un monde fait de silence ou rien ne doit s’ébruiter. Il faut savoir se taire, dire sans rien dire, sauver les apparences et surtout, craindre la vérité.
C’est un livre qui se lit avec une extrême facilité, sans ennui, avec bonté, douceur, bienveillance mais sans tomber dans l’absurde ni la complaisance. Cette année, ce livre à donner naissance à un film : MAGNIFICA. Film dont j’ai entendu parler mais pas vu. Hâte de le découvrir, si jamais il passe dans mon cinéma de campagne…
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