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Citations de Anne Lehoërff (120)


Pour mes onze ans, mon parrain eut la belle idée de m'offrir un livre. J'étais en 6e, j'aimais l'histoire et le lui avais dit. Il fut inspiré et généreux. Je reçus un gros paquet de 436 pages, Les Étrusques et l'Italie avant Rome, dans la prestigieuse collection "L'Univers des formes". La couverture représentait un détail du masque en or a à tête d'Achéloos (Ve siècle), que l'on retrouvait en entier p.142. Le choix était heureux, il n'était pas l'évidence. Ce n'était ni la Grèce, ni Rome, ni l'Égypte. C'était décalé, ouvert à d'autres horizons. Le texte n'était pas réellement écrit pour la jeunesse, mais il n'était pas très compliqué non plus, rédigé dans un style assez sobre. [...]
À la fin du livre, les pages s'ouvraient et se dépliaient en grand format sur quatre cartes en couleurs, deux grandes et deux petites. Une invitation au voyage à travers une myriade de noms que l'on retrouvait pour certains dans les textes et les illustrations.
Des années plus tard, j'ai fait ce voyage, en "vrai" et plusieurs fois. J'ai sillonné ces régions, fouillé sur plusieurs sites, travaillé dans de nombreux musées, et j'ai arrêté mon regard sur le temps d'avant les Étrusques. Ce premier livre de "grande" est toujours dans ma bibliothèque, au milieu de nombreux autres camarades de rayonnage qui ont ouvert des horizons plus nordiques, plus anciens et plus largement européens, mais plus modestement mondiaux.

Étrusques, p. 178 à 182
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La période qui s'étend entre la fin du IIIe millénaire et le début du Ier millénaire porte toujours aujourd'hui le nom d' "Âge du bronze". Toutefois, [...] le concept et les contenus qu'il recouvre ont considérablement évolué dans toute l'Europe en raison des découvertes, sans cesse enrichies, et de l'évolution des méthodes de travail comme des paradigmes en archéologie. Aujourd'hui, une époque ne peut plus se définir au travers d'un seul matériau, fut-il important pour les sociétés qui en ont l'usage et la maîtrise technique.
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Au terme des longs siècles de la Protohistoire, le cadre de vie d'aujourd'hui se fixe au cours de la période laténienne. C'est la naissance de la campagne que nous connaissons. Les derniers défrichements interviennent à la fin du Ier millénaire. Les paysages, déjà très transformés par l'homme au cours du Néolithique et de l'Âge du bronze, n'ont désormais plus rien de "naturel". L'empreinte humaine est partout, qu'il s'agisse de son intervention dans les espaces cultivés, les pâturages et même les espaces forestiers qu'il investit largement. Les campagnes sont donc des espaces très anthropopisés et fortement aménagés. Ce visage de l'Europe fut longtemps ignoré, masqué par une image erronée, héritée des sources textuelles antiques mal interprétées, et privées de données archéologiques qui auraient pu les infirmer. (481)
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L'usage, courant à partir du XIXe siècle et du développement de l'archéologie des périodes sans texte, est de désigner des groupes, des sociétés, par un ou plusieurs traits de leur production matérielle, voire un site clef (qui devient éponyme), faute de connaître leur nom. Pour le Néolithique, la céramique a été déterminante dans les systèmes d'appellation, soit en référence à leur décor, soit à celle de leur lieu premier de découverte. Ce point de départ, identifiant commode, est resté dans les pratiques des archéologues d'aujourd'hui.
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C'est le premier objet [épée] créé pour un usage dépourvu d'ambiguïté : blesser, tuer.
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Dans le processus de sédentarisation qui accompagne la mise en place d’une économie agro-pastorale, l’homme fait un choix décisif, individuellement et collectivement. Il se “domestique” lui-même socialement en créant la maison en même temps que l’agriculture. (139)
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Pourquoi l’agriculture ?

Cette question, marginale il y a un siècle, est devenue centrale dans les recherches à partir des années 1970. En 1972, l’ouvrage de l’anthropologue Marshall Sahlins, "Stone Age Economics", traduit en français sous le titre "Âge de pierre, âge d’abondance", eut en particulier des conséquences non seulement en anthropologie, mais également en archéologie, et tout particulièrement dans les travaux relatifs au Néolithique. Avec cette démonstration, il devenait légitime de ne plus considérer la naissance de l’agriculture comme une inéluctable amélioration des conditions de vie. Plus encore, on pouvait se demander pourquoi l’homme s’était-il lui-même condamné à travailler plus... (117)
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Les vestiges dont disposent les archéologues ne sont pas le résultat d'une réalité rationnelle qui comporterait des éléments de tous les aspects relatifs à ces sociétés, et qui augmenterait au fil du temps, en parallèle à une population plus nombreuse et à une densification de l'occupation des espaces. Une telle logique cartésienne et cumulative ne s'applique pas aux vestiges archéologiques Ces derniers résultent non seulement d'une réalité passée, datée du temps des populations elles-mêmes, mais également de tous les facteurs qui ont conduit à la disparition de ces traces, ou au contraire à leur conservation. La nature des matériaux, du milieu d'enfouissement, des modes d'occupation ultérieurs ou de divers changements naturels ou anthropiques interfèrent sur leur destinée, créant des excès ou des lacunes documentaires très variables.
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… l'actuelle Hongrie a connu un Âge du bronze d'une extrême richesse, avec des productions métalliques d'une qualité exceptionnelle. Les dépôts métalliques y sont très nombreux et remarquables. Les épées y sont d'ailleurs là aussi très précoces et de très belle facture sur le plan technique. Il est donc légitime (si tant est qu'un chercheur ait besoin de valider chacune de ses explorations intellectuelles) de parcourir des milliers de kilomètres pour découvrir des centaines et des centaines d'objets conservés dans des musées de villes, parfois assez modestes. Sans compter que ces époques ne se comprennent que mises en perspective à l'échelle européenne, et certainement pas dans une dimension nationale plaquée sur les frontières actuelles qui n'ont aucun sens et aucune réalité.
p. 296
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« Par les armes ; “Le jour où l'homme inventa la guerre” » - Anne Lehoërff, éditions Belin © avril 2018
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La majorité des hommes aspirent à vivre en paix. C'est d'ailleurs ainsi que l'on a longtemps voulu voir le paysan néolithique, préoccupé essentiellement par la croissance de son blé et le bien-être de son troupeau. Si l'on veut aller plus loin dans la compréhension des conflits les plus anciens, il faudrait tenir compte de ces rythmes, essayer de voir ce que la guerre produit comme conséquence dans les sociétés de paix, ou comment ces dernières se préparent à une guerre qui pourrait advenir dans le futur.
p. 293
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À HAUTEUR D'HOMMES
L'épée dit l'arme. L'arme incarne le guerrier. Le guerrier signe la guerre. La guerre suppose la société de guerre. Et la société de l'Âge du bronze européen déclare donc qu'elle a inventé une guerre dans sa forme la plus aboutie...
La logique des enchaînements s'impose. Pourtant, cette évidence fut longtemps ignorée : d'abord parce que l'on ne connaissait ni les sources de cette possible guerre très ancienne, ni « l'Âge du bronze » ; ensuite parce que ces sociétés n'entraient pas dans les modèles que l'Occident avait conçus. Les “boîtes” dans lesquelles on range volontiers l'histoire, et qui rejoignent les “tranches” imaginées par Jacques Le Goff. Parfois, il faut donc percer des trous, ou même abattre des parois, réagencer ou grignoter les tranches.
p. 287
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Il faut sans doute aller plus loin. Si c'est le bronzier qui a été, littéralement, l'artisan de ce possible épanouissement, dans une société inégalitaire mais non urbanisée, c'est cette invention qui fait évoluer la société dans un mouvement que l'on pourrait qualifier « d'ascendant », de l'épée à l'État, qui serait en quelque sorte inverse de celui de la Mésopotamie. Les armes sortent de l'atelier du bronzier, mais cet artisanat a des contraintes telles qu'il n'est pas envisageable qu'il se développe sans que la société, les hommes au pouvoir, le gouvernement le portent et l'organisent. La technologie crée non seulement l'épée, le combat individualisé, mais les formes d'État qui encadrent et légitiment la guerre au sens plein. Vu sous cet angle, l'Occident n'est pas en avance ou en retard sur d'autres sociétés.
p. 284
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À partir de l'Âge du bronze, l'ampleur du fait guerrier ne cesse plus de croître. Pire, à partir du moment où l'écrit s'impose dans des sociétés étatiques, la guerre est le premier sujet des récits. Ils donnent ainsi l'impression que la guerre a accompagné l'histoire des sociétés. Pourtant, cette question a préoccupé les sociétés bien avant qu'on ne la raconte au travers des mots. Les typologies de guerre narrent les sociétés autant que les modes organisés de violence. Elles recouvrent d'ailleurs globalement les divisions par ailleurs mises au point par les archéologues, mais qui n'avaient pas toujours intégré le conflit comme une composante inhérente à l'espèce humaine, au moins depuis Sapiens. Hélas. Hélas, car Sapiens c'est nous, et qu'il (nous...) n'a cessé de mettre son intelligence et certaines de ses capacités cognitives au service de cet objectif, tuer l'autre.
p. 281
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À la question « Par quoi caractérise-t-on l'Âge du bronze ? », peut-être faudrait-il répondre : la naissance de la “guerre” comme fait social total. Cette réalité paraît de manière si forte au travers de ce qu'implique le développement de panoplies militaires, que je qualifierais ce temps « d'Âge de la guerre structurante ».
L'Âge du fer se distingue par quelques faits, dont une forme territoriale de centralisation. Il entérine par ailleurs l'accroissement des spécialisations dans tous les domaines de la société comme dans la conception de la guerre.
p. 280
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Pour ce qui est de la violence, les traces d'impacts sur certains restes osseux attestent sa réalité. Cette composante humaine fait partie des sociétés du Paléolithique. Elle ne résout pas cette fausse bonne question de l'idée de violence première chez l'homme, qui relève d'une opposition trop simpliste entre homme violent et homme pacifique pour permettre d'envisager l'idée même de la violence. Elle ne conforte pas pour autant le modèle de Hobbes, mais ne réfute pas violemment celui de Rousseau. Elle est présente. Elle ne bénéficie pas de moyens spécifiques. Elle n'est pas inscrite dans un système social abouti. Dans des sociétés de prédateurs, on peut la concevoir comme un moyen éventuel d'acquisition ou de protection. Dans la mesure où la mort est prise en charge et ritualisée, il faut aussi admettre que la mise à mort d'autrui entrait dans des logiques mentales qui la rendaient un minimum “acceptable”, si ce n'est légitime. Si je tentais d'être Christian Jürgensen Thomsen deux siècles après lui et que je me posais en typo-chronologiste de la guerre rapportée à une époque, je qualifierais cette première forme « d'Âge de la violence empirique ». Sans doute faudrait-il y introduire des nuances pour rendre compte des variations (y compris technologiques) des très longs millénaires du Paléolithique.
p . 277-78
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La naissance de l'épée signe l'affirmation de la guerre comme fait social total, dans la mesure où chacun dans ce système est assigné à un rôle, à une tâche. Avec l'épée, le combat rapproché et la guerre, naît également — et logiquement — le guerrier. Celui-ci est-il nécessairement un homme ? Dans l'absolu, une femme peut combattre autant qu'un homme. Sans doute la question de la force physique peut-elle entrer en ligne de compte, mais seulement pour certains modes de combat. De surcroît, il est des hommes malingres comme il est des femmes fortes. Il existe d'ailleurs un mythe où les femmes sont au combat, les Amazones. Il est vrai que la légende raconte qu'elles s'amputent d'un sein et mutilent ainsi leur féminité. Au-delà du mythe, une thèse récente cherche à démontrer leur réalité dans certaines régions d'Europe orientale et aux confins de l'Asie (en terre scythe pour l'essentiel) à partir du ville siècle avant notre ère. Des tombes de femmes cavalières contenaient en particulier des armes (essentiellement des flèches, plus rarement des lances, des casques et même des épées), ce qui tendrait à montrer qu'elles n'étaient pas exclues des combats. La présence des flèches une fois encore ne règle pas tout, car leur usage peut être double et la présence féminine à la chasse n'est pas propre aux Scythes. En revanche, la présence de lances ou d'épées dans des sépultures de femmes, associée à des stigmates caractéristiques d'une vie à cheval et de traumatismes osseux, invite à ne pas exclure une présence précoce de femmes au combat dans ce contexte particulier. Comme les hommes, elles partagent par ailleurs des tombes d'une très grande richesse.
p. 256
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Le guerrier de l'An Mil représente un tel coût, une telle logistique, qu'il n'est concevable que que dans une société hiérarchisée, spécialisée, où la guerre est une activité, structurante et légitimée pour ceux qui la contrôlent. Considérant que ces populations occupent des territoires identifiables et limités par des frontières, il n'y a qu'un pas à franchir pour oser proposer un type de société hiérarchisée et étatique (quelle qu'en soit la nature précise), des populations soumises à un mode de gouvernement placé entre les mains d'un petit nombre. Sur quel territoire ou royaume règnent les hommes de pouvoir ? Quelle place y accorde-t-on aux femmes, totalement absentes du registre guerrier ? Qui est notre jeune guerrier ? Les hommes en armes sont-ils, comme dans d'autres modèles sociétaux, ceux qui commandent, ceux qui contrôlent ? Les hommes de guerre sont-ils aussi les hommes de gouvernement ? C'est possible. Les données matérielles nous mènent vers une activité militaire qui semble cohérente avec un modèle social de ce type, qui porte littéralement la guerre, même s'il est difficile d'aller beaucoup plus loin dans le détail.
p. 246
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La frontière entre ce qui est possible et ce qui ne peut pas l'être relève de la norme sociale, des règles et des lois que chaque société se donne. La guerre n'y échappe pas.
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Chaque “époque” s'inscrit dans un mouvement double de ruptures et de continuités, arythmiques, d'ampleur et de nature variable. Ces divisions du temps reposent sur une réalité historique et matérielle, que l'archéologie repère, qui constituent des conventions commodes pour ordonner l'histoire des hommes en phases successives. « L'Âge du fer européen » s'y conforme : le terme remonte, on l'a vu, au XIXe siècle, sous la plume de Thomsen, et lui a survécu jusqu'à aujourd'hui, partagé par le Suédois Hans Hildebrand (1842-1913) en 1874, en deux âges du fer de durée à peu près équivalente, le premier (-900/-800 à -500 environ) et le second (-500/-52 pour la Gaule).
Cet “Âge” repose sur une réalité technique, l'introduction du fer aux côtés des autres métaux. À lui seul, ce métal ne saurait cependant révolutionner l'ensemble de la vie des sociétés. Les changements du premier millénaire avant notre ère recouvrent un ensemble de réalités en différents territoires d'Europe, autant méridionales que septentrionales, qui laissent deviner des phénomènes et des productions nouveaux, sur le substrat d'un monde agricole, pierre angulaire du système, que l'archéologie tente d'approcher désormais au plus près.
p. 381
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LES NOTIONS D'ESPACE ET DE DISTANCE
Se représenter l'espace
Les divisions spatiales et territoriales actuelles sont des créations récentes, de quelques siècles tout au plus pour les frontières des États : une fraction de seconde à l'échelle de l'histoire du continent. Paradoxalement, l'Europe et ses milliers de kilomètres est un espace qui rend mieux compte d'une histoire inscrite dans la longue durée. Les milieux naturels ont été marqués par des changements majeurs depuis les premières implantations humaines, ou même depuis celle de notre ancêtre direct Homo sapiens: froid, glaciations et réchauffements successifs, création des mers actuelles, changement des traits de côtes, etc. sont autant de facteurs qui ont modelé son cadre de vie. Durant des millénaires, la pointe occidentale du continent eurasien est une immensité de terres et de glaces sur des milliers de kilomètres carrés. La première histoire humaine de l'Europe est celle de migrations sur ces sols rendus inhospitaliers par la rigueur du climat. Rien, pourtant, n'a arrêté son implantation. Au rythme de la marche, l'Homme a occupé ces vastes espaces, s'établissant peu à peu, sans que ce soit nécessairement définitif. Se déplacer fait donc bien partie des fondements de l'histoire européenne.
Lors de la fonte des glaciers et de la remontée des eaux, les mers se créent, selon des rythmes différents, de la Méditerranée à la Baltique. Le bloc compact se divise en terres séparées, isolées par des mers. Des promontoires et des îles se dessinent. Certaines régions comportent bientôt plus d'eau que de terres. Les espaces de l'Europe connaissent une mutation profonde. Le réchauffement, combiné à des facteurs culturels et sociaux, conduit les hommes vers un autre temps de leur histoire : la Néolithisation. Dans ces paysages nouveaux, l'homme s'approprie des sols qu'il se met à cultiver. Son rapport à l'espace et aux milieux change, mais sans que l'Europe ne s'immobilise. La néolithisation elle-même est le résultat de mouvements : des hommes, des plantes, des animaux. Elle est le fruit d'une propagation d'idées et de pratiques. Des individus se sont déplacés, on le sait avec certitude aujourd'hui, mais cela n'explique pas tout. Les terres européennes n'étaient pas vides. Il y a eu voyages et rencontres. L'Europe agricole a mis près d'un millénaire à se constituer, selon des rythmes parfois rapides, parfois beaucoup plus lents, une arythmie aujourd'hui clairement établie. Agriculteur attaché à son sol, l'homme n'est jamais devenu statique pour autant. Les terres ne se sont pas figées dans une sorte d'état “néolithisé” où les déplacements auraient cessé. Qu'importent les distances, les montagnes, les mers ou les fleuves à franchir ! Les sociétés sont mobiles.
p. 226
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