Balzac a été mythographe au point de transformer les personnages et les embarras de sa vie quotidienne en aventures empreintes d'une extraordinaire humanité, qui ont inspiré biographes et cinéastes que ses romans. Le cadre parisien est pour beaucoup dans cette métamorphose. Ses logis protégés par des mots de passe, ses fuites perpétuelles devant les créanciers, son goût de la décoration devenu bricabracomanie, ses rêves de grandeur dans des intérieurs d'un luxe oriental ont été mythifiés par la rumeur publique avant même de devenir, par une alchimie secrète, sujets de ses romans. N'est-il pas lui-même un personnage romanesque?
Balzac a créé une telle illusion de réalité que ses romans semblent avoir été des photographies de Paris, aussi probantes que celles d'Atget, alors que, comme chez tout romancier, sa réalité est faite d'impressions rassemblées et mises en forme.