Anne Martine Parent présente «
Musique » de
Stéfanie Tremblay (La Peuplade), finaliste dans la catégorie Poésie / Théâtre des Prix littéraires du Salon du livre du SaguenayLac-Saint-Jean 2022.
La cérémonie de remise des Prix littéraires aura lieu lors du Salon du livre, le jeudi 29 septembre dès 19 h, au Centre des congrès du Delta Saguenay. Les 6 lauréat.e.s seront dévoilé.e.s le soir même.
Une production du Salon du livre du SaguenayLac-Saint-Jean
Réalisation :
Marc-André Bernier + Lire la suite
Contrepoint
Contrepoint prière silence. La beauté nous prend dans ses bras.
On n’a peur de rien sauf de ce qu’on invente la nuit.
L’hiver
L’hiver. Un rêve brillant et fidèle, une pierre précieuse une
offrande. La fourrure du renard se détache sur la neige, fend le
regard sans douleur. Quelques notes, deux ou trois pas de côté
pour accompagner le silence. Patience légère recouvre nos corps
et s’enroule sur elle-même.
s’emparer de la forêt
s’emparer de la forêt
revendiquer notre domaine
proclamer la forêt
notre cabane
(forêt, petit bois, bosquet)
Et je me demande, tout au fond de moi-même, si la vie aura un jour pitié de moi, si elle va consentir à ce que j'aie une existence à moi.
...Comme ce serait bon, de naître !
l’amour du territoire
l’amour du territoire en une longue étreinte
il suffit de bien tenir le paysage
pour que les noms reviennent
comme une procession sacrée
dans nos mains la forêt
enterre les doutes
nous apprivoisons l’écorce
nous charrions roches et histoires
nos rires et nos cheveux mouillés
pas encore de ravages
pour briser nos résolutions
les corps se défont
les corps se défont et se recomposent
on recoud vite nos peaux de feuilles mortes
dentelles broderies lichens
tout se répare encore
la pluie couronne nos joies
nous sommes
minuscules et puissantes
le vertige dans nos cheveux fous
nous portons nos bois fièrement
des reines qu’on trahira bientôt
Je voudrais un corps nouveau
Mon corps se tend, se ploie, ma peau s’émiette.
Je voudrais un corps nouveau :
chevreuil loutre hermine.
Quelque chose qui me permettrait de sortir du lit,
de rêver autre chose que ce qui apparaît au plafond.
Retourner à la vie sauvage et incorrigible.
Réveiller l’animal enseveli.
on ouvre des chemins
on ouvre des chemins
autant de couloirs
autant d’énigmes
autant de promesses
on s’invente une maison
on cultive nos patiences
tout est encore minuscule
dentelles et cheveux mêlés
les plaisirs sont contenus dans la rivière le lac les arbres les
sentiers tracés
les villes évanouies
Assez d’arbres
Assez d’arbres pour une fiction. Des objets oubliés aux trois
quarts enfouis. Des rituels, nos têtes s’envolent, nos murmures
précipités se racontent des histoires. On pense à la peur, et nos
pieds restent au chaud, nos petits corps gardés au soleil.
"L'arrivée de Pista, ce soir-là, nous apparut comme une délivrance. La nuit était presque tombée, mais nous ne savions pas ce qui était la nuit, ni ce qui était le jour, enterrés que nous étions dans cette cave moisie d'un immeuble en bordure du Danube."