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Critiques de Anne Sauvageot (7)
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Jean Baudrillard, la passion de l'objet

Jean Baudrillard aime nous égarer.



Cet éminent sociologue s'intéresse aux objets, car pour lui, les objets forment une masse compacte qui nous cerne de toutes parts; ils nous envahissent, nous séduisent, saturant notre espace vital, se rendant indispensables.

Objets design, signe de modernité. Le presse-agrumes de Starck.

Objets de luxe, signe de réussite sociale.....La fameuse Rolex du quinqua...

Objets d'art, signe de goût et de culture.

Objets anciens, chinés, hérités, ou faussement patinés, signe d'une nostalgie pour des époques révolues.

Objets du quotidien, qui se doivent de nous distinguer malgré leur banalité.

Objets de convoitise, de désir ardent, ou au contraire objets cassés, usés, au rebut, déchets dont on ne sait comment se débarrasser.....



Les sociétés occidentales s'entourent d'objets signifiants qui remplissent le vide, l'absence de pensée et masquent la disparition des symboles dans notre existence.



Dans le domaine de l'art contemporain, les objets les plus banals sont hissés au rang d'oeuvre d'art. Les surréalistes se servent d'objets de récupération, Picasso déconstruit la réalité, puis Duchamp expose un urinoir, Andy Warhol des boites de soupe, et aujourd'hui on nous sert des excréments, des viscères ou des cafards comme nourriture esthétique. Les collectionneurs et les musées s'arrachent des productions qui rivalisent de vacuité, de médiocrité, de nullité, dont la seule valeur n'est que commerciale. Triomphe de la matière à l'état brut, les dimensions esthétique, spirituelle et symbolique de l'art sont déniées, reniées, ridiculisées.



Baudrillard, dans son article "Le complot de l'art" (1996) ose dénoncer la supercherie que les créateurs, les marchands d'art et les critiques veulent nous faire avaler. L'Empereur croit se pavaner avec de beaux habits, en fait il est tout nu!



"C'est cela le "délit d'initiés" que dénonce J. B.- "cette complicité occulte et honteuse qui lie l'artiste jouant de son aura de dérision avec les masses stupéfiées et incrédules". C'est cela l'objet du complot, la banalité et la nullité érigées en valeur,...."

Baudrillard parle "d'art à l'état gazeux" et "d'électroencéphalogramme esthétique" devenu plat.

Constat consternant qui pousse notre Copernic de la sociologie à arpenter le désert. Désert des ermites et des philosophes, désert au sens phénoménal, expérience primitive de la solitude, du dépouillement, du silence, ravissement des sens, espace le plus éloigné de l'Occident, vierge de ces objets de consommation qui nous gangrènent.

C'est là qu'il commence à poser son objectif, captant des fragments du réel, instants d'émerveillement ou de surprise, arrêts sur image, le bref temps du cliché devenant seconde d'éternité. Loin du travail des photographes professionnels, il ne cherche pas à témoigner de la réalité, mais livre des compositions presque abstraites.

Là encore il nous égare, avec un brin d'ironie, dans un jeu de miroirs sujet/objet, nous renvoyant à son postulat: "c'est l'objet qui nous pense"!



Cet essai nous donne un aperçu de la complexité d'une pensée qui se déploie depuis des décennies, parcourant des chemins proches de Barthes, qui lui aussi s'intéressa à la photographie, et de Guy Debord qui conceptualisa "la société du spectacle" qui caractérise les sociétés modernes.



Découvrir ou relire la pensée de Baudrillard, le livre d'Anne Sauvageot nous y invite.



(Livre reçu pour l'opération Masse critique de juin 2014)



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Jean Baudrillard, la passion de l'objet

J'ai du rassemblé tous mes neurones disponibles pour la lecture de cet ouvrage . Quand je me suis inscrite pour la masse critique je me suis référée simplement au titre. Dès les premières pages, j'ai compris que j'avais fait fausse route: « La passion de l'objet » n'était pas naïvement, comme je me l'étais imaginée, une flânerie littéraire et nostalgique parmi les objets aimés, rêvés, oubliés, mais une lecture d' un ouvrage universitaire complexe qui explore du point de vue sociologique et philosophique notre rapport à l'objet.



« Les objets-signes, sous le couvert du bien-être, sont des opérateurs de classification et de différenciation sociale. Ceux-ci permettent de vous distinguer soit en vous affiliant à votre propre groupe pris comme référence idéale, soit en vous démarquant par référence à un groupe de statut supérieur. »



Bon jusque là j'arrive à suivre mais là où ça se complique vraiment c'est à propos de l'objet du crime : « la transfiguration technique du monde par sa numérisation: la substitution des temporalités par l'imposition du temps réel, la substitution de la pensée par l'intelligence artificielle,la substitution des capacités humaines par leurs prothèses techniques, la substitution du corps par sa contrefaçon ».

Vous l'aurez compris, je ne conseillerai pas d'emporter ce livre cet été sur la plage.

Un ouvrage pour lecteurs avertis, à lire avec modération pour en saisir toute la substantifique moelle !

Merci Babelio.



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Jean Baudrillard, la passion de l'objet

Dans le cadre de masse critique un livre de présentation de l’œuvre de Jean Baudrillard, philosophe de son état décédé en 2007.

J’avais lu deux ou trois de ses livres dans ma période étudiante, c’était l’occasion d’y revenir

L’oeuvre de ce théoricien atypique, n’est pas des plus faciles à appréhender même si un livre comme « la société de consommation » (1970) est accessible sans difficultés majeures. A cet égard, on ne peut que regretter que l’auteure Anne Sauvageot n’ait pas cru utile d’être plus pédagogue.

On peut distinguer deux époques dans la pensée de Baudrillard, la première centrée sur la critique de la société de consommation dans la continuité d’un Roland Barthes et d’Henri Lefevbre dont il fut l’élève.

Prenant ses distances avec Marx, qui distingue dans l’objet la valeur d’échange (marchande) et la valeur d’usage (utilité) de l’objet, Baudrillard démontre que dans la société contemporaine occidentale, le consommateur achète du signe dans une quête effrénée. L’objet désiré est toujours le prochain, l’aspect fonctionnel de l’objet disparait. La société de consommation s’ingénie à créer un manque permanent.

Dans cette société de consommation moderne, Baudrillard réserve un traitement particulier à l’art moderne. Le philosophe jette un regard sévère sur cette tendance, à la suite de Duchamp à vouloir donner aux objets les plus courants le statut d’œuvre d’art. La distinction devient impossible pour savoir ce qui relève de l’art ou pas.

Dans sa seconde époque, Baudrillard dénonce la disparition du réel. A ce sujet, il peut être mentionné que les créateurs des films de la trilogie ‘matrix », les frères wachowski avaient fait référence à Baudrillard, pour la rédaction de leur scénario.

« Il n’y a pas de cadavre de réel et pour cause, le réel n’est pas mort il a disparu » (cool memories), le « crime parfait »

Il ne s’agit pas d’une disparition physique du réel mais sensible, avec l’hyper réalité, le déluge d’images qui saturent notre environnement sensible, on ne distingue plus le réel, du virtuel La pensée, la parole ne peuvent plus fonctionner faute de temps, de distance.

Et l’illusion a formaté le pouvoir politique

« Le problème actuel de la classe politique, c’est qu’il ne s’agit plus de gouverner mais d’entretenir l’hallucination du pouvoir ce qui exige des talents très particuliers. Produire le pouvoir, comme une illusion, c’est comme jongler avec des capitaux flottants, c’est comme danser devant un miroir. »

« Et s’il n’y a plus de pouvoir c’est que toute la société est passée du côté de la servitude volontaire. » (cool memories)

Si cet essai est intéressant on peine néanmoins à imaginer que celui-ci puisse trouver véritablement un public, notamment qui ne connait pas Baudrillard et qui aura envie de le découvrir à la suite de la lecture de cet essai.

C’est incontestablement un défaut majeur

Je remercie babelio et les éditions presses universitaires du mirail pour ce livre

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L'art et la cécité: Voir et ne pas voir

À rebours d’une conception de l’art qui glorifie la vision, Anne Sauvageot étudie les œuvres d’artistes contemporains ayant exprimé la puissance sensible (quoique non-visuelle) du corps aveugle.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'art et la cécité: Voir et ne pas voir

L’une des forces de l’ouvrage de Sauvageot consiste à intégrer de nombreux témoignages d’aveugles évoquant leur propre condition et déroulant leurs récits de vie. Se déploie alors toute la richesse d’une expérience sensible et cognitive non-visuelle, qui complète tout autant qu’elle dépasse par certains aspects celle des voyants.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Le partage de l'oeuvre

Si Anne Sauvageot peut aller plus loin que d’autres, c’est parce que, sociologue, elle a décidé d’interroger les pratiques de quelques artistes contemporains et de réfléchir à la promotion des nouvelles technologies dans les pratiques artistiques.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Luc et Christian Boltanski

C’est à partir de ces archives des deux frères ou de leur entourage que la reconstitution proposée aboutit à un ouvrage, presque un récit, et que l’auteure peut témoigner aussi de la sympathie, de l’intérêt et de l’émotion qu’ont entretenus en elle les personnes de Luc et Christian Boltanski, leurs proches, les concepts, les écrits, les œuvres qu’on leur doit.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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