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Citations de Anne-Sophie Brasme (87)


— Regarde-la, Charlène. Tu vois comme elle t'ignore. Elle le fait avec subtilité. Elle te rend invisible, en même temps elle te torture, elle te bouffe, elle te tue. Elle fait comme si elle ne te voyait pas, mais elle a tout planifié, tout anticipé : elle sait que tu la regardes, elle en est tout aussi consciente que toi. Elle attendra que vous soyez seules pour te faire espérer. Elle choisira le moment où vous êtes entourées pour te faire des reproches. Mais surtout, dis-toi bien que sans les autres, elle n'est plus rien. Que sans TOI, elle n'est plus rien.

JOUER.
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Rien aujourd'hui ne me lie à cette enfant insouciante et pleine d'entrain que j'étais à l'époque. Désormais en moi s'affrontent deux identités que je ne reconnais plus.

OUBLIER.
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C'est bien connu : les gens les plus fous sont aussi ceux qui, au premier abord, ont l'air tout à fait normaux.

OUBLIER.
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Ma vie aurait pu être tout à fait normale. Si j'en avais décidé autrement, j'aurais pu exister comme n'importe lequel d'entre vous. […] À première vue, mon existence paraissait plate et insignifiante. Je vivais au beau milieu d'un monde qui ne me voyait pas, que je ne comprenais pas.

OUBLIER.
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Au début du mois d'octobre, nous avons enterré mon grand-père. Ce n'était pas un bel automne. Je me souviens de ce matin brouillé et humide, de cette boule douloureuse au fond de ma gorge qui m'empêchait toujours de respirer.
Je suis arrivée devant le cercueil ouvert. Ma mère, le visage saccagé par des flots de larmes qui s'écoulaient depuis plusieurs jours, me retenait le bras, me demandant de ne pas regarder. Je l'ai fait malgré tout. Je me suis avancée et j'ai fixé le visage de la mort sous mes yeux, jusqu'à sentir un vertige. Je me suis retirée, tant cette impression était profonde et abjecte, puis je suis allée vomir derrière les murs du funérarium. Je n'ai pas eu le courage de pleurer.
Au cours du repas, je les ai regardés tous, un à un, minutieusement, comme si je découvrais pour la première fois leur terrible insignifiance. Ils me dégoûtaient. Je plaignais leur bêtise, méprisais leur insouciance et l'ineptie qui les enfermait dans cette vie dérisoire. Ma famille, à présent, n'était plus qu'un sordide clan d'étrangers.
Mes parents, pourtant, n'avaient pas changé. Mais je me rendais compte, après quinze ans de vie à leur côté, à quel point ils pouvaient être ridicules. Ils avaient terriblement vieilli, tous les deux, ma mère toujours à se lamenter, se plaignant à tout bout de champ dans le seul but de pouvoir s'effondrer dans les bras de n'importe qui ; et mon père, stoïque et silencieux, torturé, bouffé par des années de travail acharné, qui avaient fini par tout détruire autour de lui. Mes grands-parents paternels, eux, les vieux, demeuraient cloîtrés dans leur petit monde comme pour se protéger du moindre danger extérieur, ne vivant plus que dans l'attente morose de leur mort et l'angoisse que vienne leur tour.
Ils avaient tous peur. Ils espéraient. Leur champ de vie minuscule ne dépassait pas les limites de leur petite sécurité, de leur petit égoïsme. Ils ignoraient tout. Ils parlaient fort, c'était à celui qui saurait imposer sa voix autour de la table ; ils passaient leur temps à contester les idées des autres, mais eux-mêmes ne savaient rien. Qui étaient-ils ? Où était ma place ? Avaient-ils ne serait-ce qu'une vague idée de ce qu'il y a de dérisoire dans la vie ? Pouvaient-ils comprendre la haine, le dégoût qui me submergeaient, moi, moi qu'ils voyaient à peine, prisonniers qu'ils étaient d'eux-mêmes ?

SUBIR.
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Je ne saurais définir l'obsession. Je crois qu'on la porte toujours en soi. Souvent, il suffit de presque rien pour la déclencher. Elle s'immisce en vous, silencieuse, attaque lentement, tortueuse, chaque partie de votre être ; mais elle est rusée et terriblement manipulatrice, car elle se fait passer pour votre amie mais ne manque pas pour autant de vous trahir. La souffrance, dans tout ça, n'est qu'un effet.

SUBIR.
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Bien sûr, ses nouveaux amis ne m'ont jamais vraiment acceptée au sein de leur groupe ; de toute façon, Sarah y veillait. Je la suivais partout, mais tous mes efforts étaient vains, car elle prenait toujours plaisir à m'ignorer.

JOUER.
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On écrit comme on tue : ça monte depuis le ventre, et puis d'un coup ça jaillit, là, dans la gorge. Comme un cri de désespoir.

OUBLIER.
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Qu'une fille moche ose être sûre d'elle, c'est le comble de la provocation.
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(« Je ne comprenais pas le monde. Il m’apparaissait sous une étrange dimension ; je n’existais pas, il me semblait que tout ce que je pouvais voir et toucher, entendre et sentir, était sans consistance. Je vivais dans un univers de silence et de questions, d’abstraction, de jeux et de cris, de rires et de pleurs, d’éclats de joies et de lumières, mais je ne contrôlais rien. »
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J'étais redevenue l'ombre de moi-même. Un mur me séparait des autres. Et j'aurais préféré qu'ils me crachent au visage plutôt qu'ils me laissent dans un tel abandon. Car pire que le mépris, il y a l'indifférence. La sensation de ne plus exister.
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Trop aimer, aimer jusqu'à la haine, c'est sacrifier son honneur, aliéner sa propre liberté, c'est se faire mal, forcément.
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"...Je ne saurai définir l'obsession. Je crois qu'on la porte toujours en soi. Souvent, il suffit de presque rien pour la déclencher. Elle s'immisce en vous, silencieuse, attaque lentement, tortueuse, chaque partie de votre être; mais elle est rusée et terriblement manipulatrice, car elle se fait passer pour votre amie, mais ne manque pas de vous trahir. La souffrance dans tout cela n'est qu'un effet. Lorsqu'on devient fou, on ne se rend pas compte car on n'a pas mal. Le plus douloureux c'est la chute. Le moment où on réalise. Moi non plus je ne voulais rien voir venir. Et puis, forcément, j'ai fini par atterrir...."
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Sarah me comprenait mieux que je ne m'étais jamais comprise moi-même. Elle cherchait plus loin que les simples frontières de mon existence. Peu à peu, ma vie prenait forme et je devenais quelqu'un. Souvent, cela me faisait peur. C'était trop brusque, trop nouveau, trop sublime pour que cela m'appartienne vraiment.
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Tes pieds foulent des sentiers de rocaille, des ruelles pavées de pierre ocre, des chemins ombrés de pins.
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Personne, pas même mes parents, n'a réalisé que ce n'était pas un accident, mais bel et bien un besoin de connaître la mort, un désir d'étouffement, bref, une tentative de suicide. (p61)
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On n'échappe pas à sa propre folie en s'efforçant d'agir comme les gens normaux. La folie est la plus forte : tôt ou tard elle finit par refaire surface.
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Le silence est notre thérapie. C'est lui qui nous apprend à regarder le passé, à affronter nos actes, à combattre les erreurs. C'st lui qui nous fait réfléchir, et nous pousse à la remise en question, lui aussi qui nous guide, apaise nos angoisses ou les fait resurgir, nous sort de l'incertitude ou nous plonge dans la folie. C'est lui qui apprivoise ce que nous sommes, assassine le poids des heures, lutte contre les parts de nous-mêmes que nous voudrions oublier.
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Charlene. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu regrettés ce que tu as fais.
D'un coup, mes sanglots se sont apaisés. J'ai gardé la tête baissée, je ne voulais pas qu'il voit mon visage. Je n'ai pas su lui dire. Comment lui expliquer que je n'avais aucuns remords, et que malgré la douleur, la haine et la honte, j'étais sortie victorieuse à tout jamais d'une vie détestée ?
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J'ai oublié de respirer. Je ne sais plus comment il faut faire.
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