Anne Ferra

J'inspire profondément et lui fait un signe de tête pour lui indiquer qu'il peut commencer.
Le premier contact avec l'aiguille est surprenant et douloureux. Mais parfois la douleur peut être salvatrice, comme une thérapie, avec pour objectif : j'ai mal donc je vis.

Je lui saute littéralement dessus, mes mains sur sa nuque et je l'embrasse passionnément comme je rêve de le faire depuis plusieurs heures. Il me rend mon baiser sans plus attendre et me soulève pour me porter. Mes jambes enserrent ses hanches instinctivement. Il traverse le salon, sans regarder où il met les pieds, sa bouche me dévore le cou, et je gémis d'impatience de le sentir en moi. Il me relâche sur son lit et il me recouvre de son corps si sexy. Ses lèvres sont partout, mon visage, ma mâchoire, ma clavicule, il embrasse ma poitrine et libère mes seins de leur prison. J'ai chaud, je n'en peux plus.

Nathan

Je t’ai aimé à l’instant où je t’ai vu. Je t’aimerai toujours, mais les circonstances ont fait que l’on s’est éloignés toi et moi. Je ne peux plus vivre comme ça. Je suis vraiment désolée… Mais je dois partir. Loin. Je sais que je t’ai promis que ça passerait, que nous deux ça irait mieux... Mais parfois, les promesses ne peuvent être tenues. J’ai vraiment essayé de faire comme si rien ne s’était jamais passé. Ou du moins… j'ai tenté de vivre avec. Mais c'est au-dessus de mes forces. Te voir tous les jours me rappelle trop de choses. Je n’en peux plus. Désolée... 

Sophie

Je ne vous explique pas la honte quand je me suis installée sur le fauteuil et que j'ai mis mon test sous le nez de l'infirmière pour qu'elle me confirme qu'elle voyait bien les deux traits elle aussi !
Vous aurez les résultats d'ici une heure, Mademoiselle. Mais en attendant, vous pourriez éviter de me mettre un test plein d'urine sur le visage, s'il vous plaît ?
Euh oui. Pardon…

Et vous, lequel est le vôtre ?
Oh si seulement je pouvais n'en avoir qu'un. Mais la vie a décidé de m'en offrir deux, et d'un seul coup surtout. Je suis la maman des jumelles qui jouent dans le sable.
Elle pointe un endroit en face de nous. Deux petites filles aussi blondes que le blé et identiques au possible jouent dans le sable. Disons plutôt qu'elles mangent le sable mais leur maman n'a pas l'air de s'en formaliser. Elle a un ton léger, et un regard attendrit quand elle les regarde.
Elles sont mignonnes.
Oui, alors vous dites ça parce qu'elles sont dehors, mais vous les verriez à la maison ! Ce sont de vrais petits démons ! Mais je les aime plus que tout au monde. Vous verrez quand vous en aurez, ce sont les personnes que l'on aime autant qu'on les déteste.
J'espère revivre ça un jour, oui…

« – Tu es la sœur de Bryan. […]
– Et alors ? je lui réponds. Où veut-il en venir ? Et il a conscience que je suis à poil ou pas ?
– Tu es une gamine, continue-t-il.
– Quitte à me répéter, j’ai 21 ans. Je suis une adulte avec à peine cinq ans de moins que toi, n’exagère pas. C’est pas comme si tu avais 50 ans et moi 15. Il fait un nouveau pas dans ma direction.
– Tu es vierge, reprend-il.
– Plus pour longtemps.
– Tu cherches juste du sexe ? […]
– Plutôt un enseignant. Il pose sa main sur le lavabo et m’observe un instant.
– Bryan ne saura jamais rien ?
J'éclate de rire devant cette absurdité.
– Tu crois vraiment que j’ai envie de parler de ce genre de choses avec mon frère ? »

J’aimerais la prendre dans mes bras et la repousser. Lui expliquer et l’ignorer. L’aimer et la haïr. Je suis perdu dans mes contradictions, mais j’ai comme l’impression qu’elle est dans le même état que moi.

- "Vous vous êtes rapprochés sur un coup de tête. Mais vous vous êtes attachés sur un coup de cœur. "

Sophia, qu'as-tu de plus que les autres pour que je sois aussi troublée ?
Les yeux dans les yeux, le moment n'est plus à la rigolade. Je sens son souffle sur mon visage, mon érection frotter contre elle. Je fixe ses lèvres, humidifie les miennes. Attirés comme deux aimants, nos visages se rapprochent dangereusement. Je dois me décaler, m'enfuir avant de faire une bêtise, encore. Par je ne sais quelle force surhumaine, j'arrive à me relever in extremis.
Je m'en veux de me sentir aussi faible face à elle, de la décevoir également. Je sais qu'elle espérait plus, mais je dois garder le contrôle. Trop de choses sont contre nous.

Le deuil est un processus complexe. Au début, nous pleurons les êtres partis trop tôt parce qu'ils nous manquent
Un trou se forme dans le ventre pour ne jamais partir. Un matin, nous nous réveillons avec cette plaie un peu plus
facile à supporter. Et puis, un jour, sans qu'on s'en rende compte, ça fait moins mal. Le manque est là. Il l'est
toujours, tapi dans l'ombre, mais ce jour-là, penser à eux ne donne pas l'impression que quelqu'un écrase nos
organes à la main. C'est à partir de là qu'on peut apprécier les rayons du soleil sur notre peau, qu'on peut se
remettre à rire. À vivre, tout simplement. Mais de temps en temps, on se souvient qu'ils auraient pu rire eux aussi,
qu'ils auraient dû être là, à côté de nous, et ça fait mal de nouveau. La culpabilité, un sentiment qui ne nous quitte
jamais. (p.201)

La raison et l'amour sont ennemis jurés.

Vous vous êtes rapprochés sur un coup de tête, mais vous vous êtes attachés sur un coup de cœur.

Dans ma vie, je ne suis tombé que deux fois amoureux et les deux fois de toi.

Chapitre 2 :
James
«… Non mais sérieux, depuis quand elle a des seins ?
Et depuis quand j’ai des images de Sophia nue qui me parasitent le cerveau ?
– J’espère pour toi que tu as d’autres pyjamas dans ta valise parce que si ton frère te voit dans cette tenue, il va faire une syncope.
J’entre comme si c’était chez moi, tout en tentant de reprendre mes esprits, et m’installe sur le canapé en m’emparant d’un magazine sur les tatouages.
– Heu… salut. Déjà, mon frère n’a rien à dire sur mes tenues. Ensuite, je peux savoir ce que tu fous ici ?
– J’avais envie d’un petit déj.
Je détourne le regard pour me concentrer sur le but de ma visite : savoir si elle va bien.
– Et en quoi ça me concerne ?
Je me tourne et hausse les épaules. J’ai bien envie de la taquiner – T’es une femme, non ? Donc je suis persuadé que tu peux me faire un super café et me préparer de délicieux pancakes à la banane avec tes petites mains. Oh, oui, et du sirop d’érable aussi.
Je fais mine de retourner à ma lecture quand je reçois une pantoufle à l’arrière du crâne.
– Hey, ça ne va pas ou quoi ? Pourquoi tant d’agressivité ?
– Alors, écoute-moi bien, je ne vais pas me répéter. JE.NE.SUIS.PAS.TA.BONNE ! C’est clair ? Tu veux manger ? Tu lèves ton gros cul et tu te débrouilles.
Je souris comme un con lorsque je la vois faussement en colère après moi. Elle est carrément sexy, il faut bien le reconnaître, même si ce genre de pensée doit immédiatement cesser. … »

Chapitre 1 :
Sophia
«… Je connais James depuis longtemps, c’est le meilleur ami de mon frère. Et même si je ne l’ai pas vu depuis un moment, je suis presque sûre que je peux compter sur lui pour cette nuit. Il n’oserait pas me laisser dehors, du moins j’espère. De toute façon, il est ma dernière chance.
Je sonne et respire enfin quand j’entends un bruit sourd derrière la porte. La lumière du hall s’éteint, alors je me décale pour allumer, mais mon sac m’échappe et je me prends les pieds sur ma valise, me faisant tomber à genoux. Lorsque la lumière revient, je prends conscience que James a ouvert la porte. Il se tient devant moi, ensommeillé et… nu. Complètement nu, avec ma tête au niveau de son entrejambe, bien réveillé, lui.
– Oh, mon Dieu ! m’exclamé-je, gênée.
Je me cache les yeux et recule tant bien que mal pour m’éloigner de sa… de son… de lui quoi ! J’espère faire disparaître cette image, mais mes rétines ont été brûlées. Son machin virevolte derrière mes paupières. Je crois que je vais vomir. Bon, d’accord, je l’ai toujours trouvé pas mal, d’accord, il est super bien foutu, mais c’est James. JAMES ! Je ne veux pas en savoir autant sur lui. JAMAIS ! …»

« L’amour c’est bien beau, mais ça te fait t’oublier et te perdre. Tu n’es plus un « je » mais un « nous » qui peut devenir très malsain ».

« Quand on est en couple, je pense qu’il y en a forcément un qui se perd dans l’équation, qui s’efface, et je veux vivre ma vie pleinement. Je ne veux pas devenir la moitié d’une personne qui me contrôlera d’une manière ou d’une autre »

J’aimerais la prendre dans mes bras et la repousser. Lui expliquer et l’ignorer. L’aimer et la haïr. Je suis perdu dans mes contradictions, mais j’ai comme l’impression qu’elle est dans le même état que moi. Elle désigne la chaise et se retourne pour ne pas avoir à me regarder. Elle tripote son matériel, occupant ses mains afin de gagner du temps.

Je suis un peu flattée qu’il s’amuse avec moi. Mais hors de question qu’il se passe quoi que ce soit, il est mignon, c’est vrai, mais non ! Impossible de le voir autrement que comme un bon copain. Je le soupçonne d’ailleurs de le savoir lui aussi et d’en jouer, car il se tourne vers Adam et lui fait signe.

Mia était ma meilleure amie, ma deuxième moitié, mon premier baiser, mon premier amour, mon tout. Elle a surtout été ma perte à jamais. Ma lumière et mon ombre… My Light Shadow.
Je dois me concentrer sur autre chose que sur elle pour pouvoir respirer de nouveau ou à défaut, ne pas tout casser dans ma chambre.

Revoir Adam était déjà quelque chose de dingue, un moment dont j’avais rêvé un millier de fois. Or, jamais au grand jamais, malgré mes nombreux scénarios, je n’aurais pensé que ces retrouvailles se passent aussi mal.