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Critiques de Anne-Sylvie Salzman (106)
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Le livre de M

Pour ce début d’été, c’est un curieux roman que nous propose les éditions Albin Michel Imaginaire avec Le Livre de M de l’américaine Peng Shepherd.

Après avoir fait grand bruit outre-Atlantique, l’ouvrage débarque en France dans une période particulièrement appropriée où chacun a pu avoir (en quelque sorte) un avant-goût d’une apocalypse mondiale…

C’est en effet d’une fin du monde dont nous parle Le Livre de M mais une fin du monde originale et inattendue où les hommes perdent leurs ombres…et leurs souvenirs !



Ciel, mon ombre !

« Nous sommes notre mémoire, ce musée chimérique aux formes inconstantes

ce tas de miroirs brisés. » disait Jorge Luis Borges bien avant que Peng Shepherd décide de supprimer l’ombre de ses personnages et d’effacer peu à peu leurs souvenirs.

Dans Le Livre de M, quelque part en Inde pendant le « Zero Shadow Day » (moment unique où le soleil ne projette aucune ombre au sol une fois au zénith et qui arrive deux fois par an dans des lieux géographiques très précis), un homme perd son ombre. Il s’appelle Hemu Joshi et c’est le premier sans-ombre de l’histoire de l’humanité. Curiosité mondiale dans un premier temps, Hemu devient la plus grande énigme scientifique moderne… jusqu’à ce que d’autres personnes commencent à perdre leurs ombres à travers le monde et que la mémoire des contaminés s’effrite de jour en jour.

De l’autre côté du globe, à Arlington en Virginie, Max et Ory assistent au mariage de leurs amis Paul et Immanuel. C’est dans un complexe hôtelier qu’ils apprennent la nouvelle : l’épidémie se propage aux États-Unis également et les premiers cas viennent d’apparaître à Boston.

Rapidement, tout le pays tombe en morceaux avec la lente destruction des structures sociales et des institutions. Pire encore, des rumeurs arrivent aux survivants à propos de phénomènes impossibles, de rues qui changent d’aspect, de maisons qui disparaissent, d’animaux extraordinaires…

Il semblerait que les sans-ombres ne font pas qu’oublier mais qu’ils comblent le vide laissé par l’Oubli avec de faux-souvenirs devenant aussitôt réalité.

Peng Shepherd commence son récit avec le couple qui occupera la totalité de ces 592 pages, à savoir Max et Ory.

Pour nous compter sa fin du monde et l’échec de l’humanité, elle entrelace quatre points de vues : celui de Max qui se raccroche désespérément à ses derniers souvenirs tout en fuyant vers la Nouvelle-Orléans, celui d’Ory qui décide de partir à la recherche de Max qu’il croit alors en route vers Washington D.C, celui de Naz une jeune femme iranienne qui s’entraîne pour le tir à l’arc en vue des prochains jeux olympiques à Boston et enfin Celui qui Rassemble, énigmatique personnage qui sert de fil rouge à l’histoire et qui se révèle rapidement le plus original de tous.



Maladie ou Malédiction

Le Livre de M trouve son originalité dans l’origine de son apocalypse avec cette espèce de pandémie d’Alzheimer 2.0 qui transforme les gens en gruyère mémoriel. C’est cette première comparaison qui vient d’ailleurs à l’esprit lorsque l’on suit le destin des personnages de Peng Shepherd, cette sensation que le science-fiction s’utilise ici pour parler du drame quotidien vécu par des millions de personnes et qui ôte une chose capitale à l’être : la mémoire.

Pourtant, avec l’arrivée des chapitres de Celui qui Rassemble, on découvre d’autres facettes à cette apocalypse. Narré par un homme amnésique suite à un grave accident de la route, ces chapitres nous permettent de rencontrer Hemu Joshi et de visiter l’Inde. Peng Sheperd apporte avec ce voyage exotique un autre abord au sujet de la pandémie : celui de la croyance.

Comme nombre de romans post-apocalyptiques, Le Livre de M va suivre le parcours de quelques survivants opposés à ce qu’il reste de l’humanité.

On y croise des sans-ombres pathétiques ou des sauvages belliqueux sous l’autorité d’un Roi sanguinaire, des illuminés vénérant les pouvoirs des sans-ombres ou encore de simples pauvres diables jetés sur la route de la Nouvelle-Orléans où, semble-t-il, Celui qui Rassemble a trouvé un moyen de vaincre l’Oubli !

Il n’y a donc pas grand chose de neuf ici malgré une exécution impeccable et des rebondissements savamment dosées par l’autrice.

La vraie surprise vient d’ailleurs…



Apocalypse magique

Si nous disions en introduction que Le Livre de M est un curieux roman, c’est que malgré son étiquette science-fictive et post-apocalyptique, il s’hybride joyeusement avec un autre genre : la fantasy. Grâce aux pouvoirs que vont acquérir certains sans-ombres (et le caractère erratique de leur fonctionnement), Le Livre de M devient peu à peu une aventure magique où des événements totalement fantastiques vont se produire.

Cela permet à la fois quelques dénouements étonnants mais également certaines fulgurances narratives incroyables comme cette Statue de la Liberté dévastant Manhattan ou des alligators-bateaux illuminés comme un jour de fête.

Refusant les cases, Peng Shepherd utilise la fantasy pour prolonger et exploser sa métaphore religieuse/mystique à propos de cette pandémie.

Comme nous l’avions dit, l’américaine se sert d’une légende indienne autour de Sūrya, dieu du soleil, et de son épouse Saranyu pour entretenir ambiguïté à propos de l’origine des sans-ombre. Plus tard dans le récit, l’autrice fera également référence à J.M. Barrie et Peter Pan, autre figure célèbre dont l’ombre pose problème.

En mélangeant joyeusement ces influences et en changeant régulièrement d’angle d’attaque, Peng Shepherd construit quelque chose qui ne ressemble à rien d’autre : une apocalypse magique voire mystique !

Ce choix délibéré propose une rupture radicale dans la rationalité science-fictive de l’oeuvre et pourra contrarier plus d’un lecture lorsqu’il s’agira d’accepter quelques deus ex machina un tantinet abrupt.

Mais qu’à cela ne tienne, la plus grande réussite du roman n’est pas là.



Cinquante-deux

Comment définir, globalement, Le Livre de M ?

C’est une histoire d’amour et d’identité.

Voilà ce qu’est le roman de Peng Shepherd. Ce qui va structurer tout le récit de l’américaine, c’est cette émouvante histoire d’amour entre Max et Ory, qui refusent se s’oublier malgré les épreuves, malgré la pandémie, malgré les morts, malgré la vie.

Naz, quant à elle, tentera tout ce qu’elle peut pour sauver sa sœur Rojan, et le trajet de ces différents personnages sera jalonné d’histoires d’amours poignantes où un homme endosse le costume de général pour retrouver le livre de poésie de son défunt mari, où un couple se voit rappeler de jour en jour qu’ils sont ensemble pour ne pas perdre cette dernière partie d’eux-mêmes, où un magnétophone devient l’ultime déclaration d’amour d’une femme pour son compagnon.

L’amour…et l’identité.

Qu’est-ce que la mémoire ? Que devenons-nous lorsque nous oublions qui nous sommes, ce que nous aimons, ce que nous détestons, ce que nous croyons ?

Notre mémoire, cette ancre de l’âme, nous définit, nous permet d’exister. Ce sont nos souvenirs qui transforment notre enveloppe mortelle en quelque chose d’autre, quelque chose qui peut vivre par delà la mort.

Peng Shepherd explique l’amour et la mémoire, brise des souvenirs et en construit de nouveaux pour expliquer que l’humanité se définit par sa capacité à se souvenir. Pour l’illustrer, l’autrice américaine nous représente la chose à échelle humaine, elle nous montre que l’homme se raccroche de façon désespérée à sa mémoire lorqu’il sent que celle-ci lui glisse entre les doigts, par un livre, par un magnétophone, par une photo, par une peinture.

Tout plutôt que le néant. Tout plutôt que l’Oubli.

La force du Livre de M se situe là, quelque part entre les batailles sanglantes et les phénomènes surnaturels, dans la longue confession d’une femme pour son homme qu’elle aimera toujours, dans l’immense aventure d’un homme qui n’oubliera jamais que sa femme l’aime.



Apocalypse sensible et poignante, histoire d’amour terrible et fantasy-SF surprenante… voilà le programme étonnant du Livre de M, premier roman de l’américaine Peng Shepherd qui agit sur le lecteur comme un page-turner émouvant et original, redéfinissant l’être humain à l’aune de ses souvenirs et consacrant l’amour comme ultime recours.
Lien : https://bit.ly/2ygwdhI
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Le livre de M

Un jour, en Inde, un homme voit disparaître son ombre. Considéré comme un Dieu en premier lieu, celui-ci va vite perdre toute mémoire. Le premier d'une longue liste. Aucune partie du monde n'est épargnée et aucun remède n'est trouvé. Le monde tombe dans le chaos.

Max et Ory sont un jeune couple de rescapés qui se cachent dans un hôtel totalement abandonné. Ils réussissent à se créer une sorte de petite routine et tentent de survivre comme ils le peuvent. Le jour où Max perd son ombre va bien entendu, tout chambouler.



Alors que c'est son premier roman, Peng Shepherd a su totalement me charmer par un récit réfléchi du début à la fin. Véritable page-turner, le Livre est M est addictif à souhait et très haletant. Les actions et les révélations s'enchaînent et j'ai été totalement happée par cet univers post-apocalyptique très original et surtout intelligent. L'autrice nous offre une galerie de personnages passionnante, loin d'un manichéisme ennuyant. Peng Shepherd nous surprend à chaque chapitre et on ressort de notre lecture très essoufflée tant l'autrice n'a de cesse de nous questionner et de nous surprendre !



Avec son premier roman, Peng Shepherd épate avec un roman post-apocalyptique qui coche tous les cases (apparition d'une "maladie" incurable, conflit entre "gentils" survivants et "méchants" survivants, recherche d'un remède...) mais qui arrive à nous happer et à offrir un vent de fraicheur à ce genre si éculé.



Laissez-vous embarquer sur les routes de ce futur proche où les ombres disparaissent. A lire !
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Le livre de M

Pour un premier roman, Peng Sheperd frappe fort

Elle livre un roman de post-apocalypse assez classique sur le fond.

Une épidémie frappe le monde, la majorité de la population perd son ombre et avec elle les souvenirs.

Dès lors, la Terre sombre dans le chaos.



Le récit est sans grande surprise sur les conséquences de cette apocalypse : les gens qui s'entre-tuent , la recherche de nourriture et de matières de première nécessité etc.

Je ne doute pas que c'est ce qui se produirait réellement si cela devait arriver, les événements récents liés à la pandémie de 2020 nous l'ont démontré.

Toutefois, c'est un peu usant de voir se répéter les mêmes schémas dans ce genre de littérature.

J'aimerais lire, au moins une fois, un point de vue où cela se passerait différemment. Comment exactement je ne sais pas, mais avis aux auteurs proposez-nous autre chose...

Mon premier livre sur le post apo était le Fléau de Stephen King. Lui-même n'avait peut-être rien inventé en la matière mais je me souviens à quel point son récit m'avait marquée. Depuis, j'ai l'impression de lire toujours la même chose.



Pourtant, ce roman réussit à se démarquer du genre.

L'originalité s'exprime à travers le traitement des protagonistes.

L'autrice donne voix à quatre personnages humanistes.

Le couple Max et Ory, d'abord reclus dans un hôtel a réussi à échapper au chaos dans la ville. Jusqu'au jour où Max perd elle aussi son ombre et finit par partir pour que son époux n'assiste pas à sa déchéance.

L'Amnésique, un homme surnommé ainsi car il a perdu la mémoire peu de temps avant tout ces évènements suite à un accident de voiture.

Et une jeune archère, issue de l'immigration et qui était venue s'installer à Boston pour participer au Jeux Olympiques.

Ces différents points de vue permettent de comprendre comment l'épidémie a commencé, ce qui s'est passé dans les villes et comment la survie s'organise sur les différents territoires.



Le récit tourne autour de la mémoire et de l'identité en mettant en exergue l'effroi qui saisit les gens à l'idée de perdre leurs souvenirs, souvent plus atroce que le fait des les avoir perdus comme cela est bien démontré dans le livre.

L'autrice emprunte des éléments à La Route de McCarthy lorsque Max rejoint un groupe de sans-ombres bien décidés à se rendre en Nouvelle-Orléans où la rumeur prétend qu'un homme a le pouvoir de guérir les sans-ombres. En chemin, cette petite troupe doit affronter des bandes anti-sans-ombres ou des adorateurs obscurs, organisées de façon militaire et sans pitié.

C'est la partie du livre que j'ai préférée : la façon dont les sans-ombres se soutiennent, partagent un quotidien compliqué entre les différents stades de la perte de mémoire. J'ai trouvé beaucoup d'humanité dans ce groupe voué à oublier. La plume de l'autrice se faisait également très poétique.



L'histoire d'amour est aussi très belle. Max enregistre ses souvenirs sur un vieux magnétophone, elle parle à son époux comme s'il était là, se livre sur son angoisse à l'idée de perdre la mémoire et tout ce qui forme son identité. A travers elle, nous suivons le quotidien du groupe de sans-ombres et les métamorphoses que la maladie induit sur les individus.



Enfin, j'ai été surprise car l'autrice a mélangé les genres dans son roman.

Des éléments du merveilleux font irruption par moment que ce soit à travers la mythologie indienne, la présence de la magie avec des pouvoirs qui s'éveillent chez les sans-ombre et déforment la réalité pour l'adapter à leurs souvenirs ou encore les références au dessin-animé Peter Pan et la séquence où il poursuit son ombre qui refuse de se rattacher à lui.

Le récit prend en effet souvent les tournures d'un conte et n'est pas exempt de réflexions philosophique sur le questionnement de notre identité.



Dans l'ensemble, l'autrice a une très belle écriture. La narration est fluide mais non exempte de longueurs par moment sans que cela ne m'ait réellement dérangée.

Une très belle découverte et un excellent conseil de lecture que m'avait proposé Zoeprendlaplume.

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Le livre de M

Ory et Max, mari et femme, vivent caché depuis les débuts de la pandémie. Ils survivaient ensemble, Jusqu’au jour où Max perd son ombre.

Celle-ci décide de fuir, pour ne pas faire subir le poids de « l’oublie » à son mari.

L’une fuit, l’autre suit, mais chacun vas intégrer un groupe différent poursuivant pourtant un même objectif.



... « ne prenez pas de risques, limitez vos déplacements et les contacts avec les autres personnes autant que faire se peut, nous faisons de notre mieux pour découvrir une parade à la contagion. Je vous le promets: dès que nous aurons découvert la molécule idoine, nous enverrons des agents de La Croix-Rouge et de la Fema distribuer l’antidote à tous les habitants, aux porte-à-porte. »



Voilà un discours qui nous parle. Peng Shepherd nous fais découvrir pour cette été 2020, une fin du monde original. Roman qui peu nous faire penser à l’actualité que nous vivons, mais ici la cause n’est pas un virus. Les habitant de notre chère Terre perdent leurs ombres. Mais pas que, leurs souvenir s’efface au fils des jours. Ils oublient leur noms, leurs prénoms, leurs amis...jusqu’à oublier tout simplement de vivre, de respirer, de manger...



L’auteure nous emmène dans son atmosphère de fin du monde, et fais marcher notre imaginaire , juste assez pour qu’on y croit.

Dans ce roman dystopique, on sens quelque inspiration et quelque référence (comme celle de Peter Pan avec la perte de l’ombre).

Tout cette univers, accompagné avec un fond d’histoire d’amour, ni plus, ni moins, juste assez pour être transporté.

Peng Shepherd revisite le genre du post-ap. est elle le fait très bien avec des personnages, un atmosphère le tout mêlé à de la densité. Un roman à lire et à relire avec une fin plus qu’étonnante.
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Le livre de M

Peut-on penser que le roman post-apocalyptique a encore quelque chose à inventer ? Entre les nombreux chefs-d’œuvre passés et la crise du COVID-19, une nouvelle venue pouvait-elle encore s’affirmer ? Oui, son nom : Peng Shepherd.



Le livre de M reprend les ingrédients types du genre. Il est donc en synergie avec les nombreux livres déjà parus dans le genre, et leur rend hommage. Mais Shepherd a réussi un miracle.



Oui, ce qu’a réussi l’écrivaine tient de la magie. Il faut du talent pour réinventer une atmosphère. Et il éclabousse chacune de ces 580 pages.



Un petit temps d’acclimatation est nécessaire pour bien entrer dans le roman. Non pas qu’il soit complexe, mais le lecteur doit se laisser imprégner par l’ambiance. Après une cinquantaine de pages, le charme opère et la très grande difficulté sera d’arriver à sortir du livre.



Parce que cette histoire s’insinue dans vos pores et votre âme. C’est le genre de lecture impossible à oublier, qui vous trotte en tête, jusqu’à vous empêcher de démarrer un autre livre ensuite.



Un monde demain. Qui débute avec une attraction de foire, un homme en Inde perd son ombre. Le monde s’extasie. Jusqu’à que le phénomène se propage comme un virus, et que les personnes touchées commencent à perdre des pans entiers de leur mémoire.



Mais l’anomalie n’est pas un virus, nous ne sommes pas dans une histoire de pandémie. Même si une partie du résultat est le même.



Lire ce roman au moment de la crise du COVID-19 lui donne une dimension supplémentaire, c’est clair. Les sociétés s’y effondrent comme des châteaux de carte, et on sait maintenant combien elles sont fragiles.



Le parallèle peut s’arrêter là, ou plutôt servir métaphoriquement de réflexion pour la suite de l’intrigue. Les sujets traités sont bien plus vastes qu’un « simple » écroulement de civilisation.



Perdre son ombre est une chose, mais perdre la mémoire en est une autre. Les souvenirs sont la vie. Les voir se déliter progressivement, devenir des réminiscences pour ensuite disparaître, est une situation épouvantable. On perd qui on est, et qui on a aimé. La métaphore autour de la maladie d’Alzheimer est puissante, et violemment marquante.



J’en perds d’ailleurs mes mots à tenter de décrire l’immensité des émotions ressenties durant cette lecture. A les trouver dignes de la fascination engendrée par ceux de la primo écrivaine.



Cette fable noire s’apprivoise. L’écriture, à la fois descriptive et forte, devient au fil des pages un parfait vecteur d’émotions. L’intrigue est surprenante sans jamais tomber dans la surenchère, par touches subtiles ou parfois brutales. Un livre dont il convient d’apprécier tous les passages, et les lire lentement.



C’est un vrai roman fantastique, dans tous les sens du terme, où l’imagination est au pouvoir, et où il convient d’ouvrir son esprit sans toujours attendre des explications. La science ne peut pas tout déchiffrer, il faut l’accepter pour bien se laisser porter par l’ambiance. L’autrice décrit, raconte, mais n’explique pas tout. Un choix gagnant, à mon sens.



Et quelle(s) histoire(s) ! Comme un roman choral, vu à travers les yeux de plusieurs personnages, dont des « sans ombre ». C’est noir, mais si humain.



Des personnages touchants, qui n’ont rien de super-héros, qui pourraient être vous et moi, dans une Amérique qui se désagrège à vue d’œil. Il fallait cette étincelle d’ombre pour la faire s’effondrer, si loin de ses valeurs d’origine.



L’écrivaine raconte, avec sensibilité quand il le faut (souvent), violence aussi quand c’est nécessaire. Une intrigue immersive qui fait vibrer tant d’éléments dans votre cœur et vos tripes. On s’en rend compte durant les moments où on pose le livre. C’est aussi un récit sur la quête de sens, les relations, le temps, la mémoire. Ces composants qui rendent la vie importante.



Quant aux situations, certaines sont d’une étonnante originalité, rendant ce roman unique par son cheminement, son imagination et son audace. Toujours au service de l’histoire et des personnages.



Et puis, il y a le final. Aussi incroyable qu’éblouissant. Éclatant de magie et d’inventivité. Et qui surtout trouve une conclusion admirable, digne de cette histoire, en lui donnant un vrai sens.



Oui, je pourrais dérouler les superlatifs concernant Le livre de M. Mais ils se résument en quelques mots : un des meilleurs livres lus ces dernières années.



Pour un coup d’essai, Peng Shepherd réussit un coup de maître, de ceux qui restent en mémoire pour longtemps. Paradoxal quand on parle d’un monde qui perd la mémoire !



M le béni, qui nous entraîne au bord de l’abîme…
Lien : https://gruznamur.com/2020/0..
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Le livre de M

Dans un futur proche, une catastrophe est arrivée : des humains perdent leurs ombres, et avec elles leur mémoire. La première personne atteinte par ce phénomène habitait en Inde, et peu à peu le monde entier fut touché, menant à l'effondrement de la société. Les victimes oublient plus ou moins lentement qui sont leurs proches, puis quel est leur propre nom, et enfin qu'il faut manger ou respirer pour vivre.



Ory et Max sont un couple réfugié dans un hôtel isolé. Ils assistaient au mariage de leurs amis Paul et Immanuel quand Boston a été frappé, puis l'ensemble des États-Unis. Deux ans qu'ils vivent reclus, alors que les invités sont finalement partis à la recherche de leur famille. Mais un jour, Max perd son ombre.



Naz, elle, est une jeune athlète iranienne venue aux États-Unis afin de s'entraîner au tir à l'arc pour les Jeux olympiques, quand sa vie est bouleversée par l'irruption de ce phénomène étrange. Quant à l'Amnésique, il a perdu sa mémoire à la suite d'un accident de voiture, quelque temps avant l'apparition de l'Oubli.



Ce roman choral reprend la trame classique de certains récits post-apocalyptiques et survivalistes, et on peut même penser aux histoires de zombis — les sans-ombres remplaçant ici les zombis — à la différence près que l'Oubli n'est pas contagieux, et que les sans-ombres ne sont pas tous menaçants, loin de là.



Dès les premières pages, le lecteur est entraîné par une prose fluide et limpide. L'auteure a un talent de page turner certain, mais pas seulement. Ce roman d'action se double d'une exploration psychologique de ses personnages, qui tous ont peur du monde qui vient mais sont animés d'un espoir envers et contre tout. Même parmi ceux qui perdent leurs ombres, des groupes vont à La Nouvelle-Orléans où, dit-on, quelque chose d'important arrive sans qu'ils ne sachent exactement quoi. Cet espoir diffus reste un moteur qui les fait avancer, alors que ceux qui ne croient plus en rien sombrent dans la violence. L'auteure illustre ainsi la nécessité d'avoir un but.



Le thème de la mémoire et des souvenirs, constitutifs de notre identité, est évident dès les premières pages. Max, la femme d'Ory qui a perdu son ombre et qui est partie, marche dans la nature, et enregistre ses souvenirs et ses réflexions dans un magnétophone. Elle parle à son mari absent, et se parle à elle-même tant qu'elle se souvient encore des choses. Ory, de son côté, va à la recherche de sa femme à travers ces États-Unis post-apocalyptiques ; il a peur qu'elle oublie qui elle est, et qu'elle s'oublie elle-même : lui aussi est animé par l'espoir de la retrouver.



Le tableau serait incomplet sans la touche fantastique, présente dès le début du roman avec le lien entre les ombres et la mémoire, lien que personne ne sait expliquer mais qui devient un élément intangible de ce nouveau monde. Les sans-ombres modifient parfois la réalité, quand leurs souvenirs confus leur échappent et transforment des routes et des bâtiments. Peu à peu, le fantastique prend plus de place — mais jamais trop — et devient poétique, y compris dans des situations qui auraient dû être effrayantes.



La conclusion du roman, avec une surprise somme toute logique, m'a beaucoup plu par son ton et par les perspectives qu'elle offre.



C'est une lecture captivante, entre post-apocalyptique et fantastique, avec des personnages à la psychologie approfondie et servie par une narration accrocheuse (page turner, quand je ne fais pas l'effort de chercher un mot français).


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Dernières nouvelles d'Oesthrénie

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous propose de découvrir ce petit pays fascinant qu’est l’Oesthrénie. Une région qu’on découvre au fil des pages, qui se révèle ambigue, à la fois lumineux et mystérieux, dévoilant ses nombreuses facettes au fil des histoires et le tout bien porté par des descriptions riches, soignées et détaillées. Elle n’oublie pas d’y ajouter un vernis intéressant que ce soit sur les mythes, les religions, le social ainsi qu’une petite touche de fantastique qui, je trouve, apporté un plus à l’ensemble offrant ainsi une ambiance légèrement dérangeante et offrant aussi de nombreuses réflexions construites et intéressantes. Le côté humain n’est pas non plus oublie, ce recueil nous proposant si destins, six héros qui se révèlent humains, avec leurs failles et leurs faiblesses. Si les histoires où l’univers prend une place importante à travers sa construction et son histoire ne vous accroche pas, passez votre chemin, pour les autres laissez-vous tenter par ce recueil réussi. Mon seul commentaire serait que tous les textes ne sont pas au même niveau, surtout suite au premier qui place la barre très haut je trouve. Mais bon rien de bloquant ou de dérangeant. La plume de l’auteur se révèle riche, soignée et efficace. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Le livre de M

Attention, gros coup de cœur !



Ce livre est une belle claque autant narrative que dans son originalité, un roman post-apocalyptique mais comme j'en avais jamais lu, alors c'est parfois complètement cinglé dans les idées de l'auteure mais alors c'est une vraie fresque d'aventures, de surprises, jusqu'au bout nous avons des rebondissements incroyables, il fait 600 pages mais se mange comme un livre de poche tellement le lecteur est happé.



La consistance des personnages est extraordinaire, ils ont chacun une psychologie bien développée.

Le roman fait la part belle au genre "fantastique" qui pourrait autant tenir du "Justin Cronin" que de "Peter Pan" en passant par "Stephen King" ou "Serge Brussolo".



Et que dire de cette fin qui m'a complètement laissé sur le carreaux.



À ne rater sous aucun prétexte, pour le moment c'est ma meilleure lecture de l'année.
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Le livre de M

Extrait de la cassette audio retrouvée sur une personne sans ombre…



PLAY ▶



Mon ombre a disparu, comme pour bon nombre d’êtres humains sur la Terre.



Je sais que d’ici quelques temps, je commencerai à oublier des choses importantes, comme si j’étais atteinte d’Alzheimer mais en pire puisque je ne saurai plus lire, ni que je dois manger, ni que je dois boire et pire, j’oublierai de respirer.



Avant le grand Oubli, je voudrais dire merci à certaines personnes qui m’ont accompagnées depuis que les ombres ont commencé à disparaître… Et comme notre mémoire était contenue dans nos ombres, l’Oubli commence peu à peu. Je suis la Belette "Cannibal Lecteur" et je tenais un blog avant que nos civilisations ne s’effondrent.



Ory (Orlando Zhang), tu m’as agacée au départ, avec ton air paternaliste, d’ailleurs, j’ai eu un peu de mal à te constituer un visage et tes contours sont restés flous durant une partie de notre voyage de malade. Sous la carapace se cachait une belle personne, obstinée, têtue, mais solidaire là où l’humanité ne l’était plus.



Maxine, ma chère Max, suivre ton périple en écoutant tes enregistrements sur cassette audio fut éprouvant car tu as enduré tellement de choses depuis la perte de ton ombre et de tes souvenirs. Comme moi, tu as compris les tentations d’utiliser ce don, quitte à perdre un peu plus ce que tu étais.



Ma chère Naz (Mahnaz Ahmadi), mon archère iranienne, des couilles, tu en as ! Un des plus beaux portraits selon moi.



Je suis contente d’avoir eu une partie de l’histoire à rebours, de me retrouver, dès le départ, plongée dans ce monde post-apocalypse, post-pandémie (même si ce n’est pas dû à un virus), sans le recul nécessaire, sans préparation, même si j’ai mis un peu de temps à m’adapter.



Après quelques tâtonnements, après avoir renoncé au confort de l’électricité et de tout ce que j’ai l’habitude d’avoir, les différents personnages m’ont expliqués les débuts de ce qui fut le commencement de la fin du Monde. Glaçant, même si de prime abord, l’homme sans ombre à fait le buzz. J’aurais été comme la majorité : curieuse.



Le roman choral se prêtait bien à ce genre de récit, il m’a permis de mieux comprendre ce qu’il se passait et d’avoir une vision globale de l’horreur de devenir un sans-ombre, de se voir tirer dessus par de ceux qui avaient encore la leur…



Notre périple m’a montré la ville de Boston, New-York et Washington en proie à des dégénérés sanguinaires qui, sans leurs souvenirs, redevenaient parfois des bêtes sauvages. Ma tension est montée d’un cran car moi aussi, je pouvais devenir ÇA, un jour prochain.



Mon incorporation dans une troupe de combattants a été bénéfique pour ma survie, mais vous m’excuserez si j’ai froncé les sourcils à la vue des grades. Quand on est dans la merde et qu’on se regroupe pour survivre, on ne s’amuse pas à nommer un Général ! Un chef, un responsable, un meneur, oui, mais un Général, sans blague ?



Oui, désolée, j’enregistre tout cela en vrac, avant que j’oublie tout…



Cette aventure avait beau être folle, reprendre une partie des codes du post-apo tout en développant les siens et ne pas se contenter de faire des scènes de batailles pour un sac de riz ou un paquet de PQ, j’ai peur depuis que j’ai perdu mon ombre car je sens que des souvenirs s’effacent… Qui suis-je, déjà ? Ou vais-je ? Ma mémoire devient gruyère et je ne sais même plus ce qu’est le gruyère. Vite, faut terminer avant l’Oubli !



Ce roman post-apo n’est pas exempt de petits défauts, mais ils sont noyés dans l’énormité de l’œuvre, de l’histoire qui, sans jamais se perdre, nous prend par la main et nous entraîne dans un Monde violent, où la solidarité est souvent un gros mot, où la magie n’est pas celle de Harry Potter (tiens, qui c’est, lui ?) car sans baguettes et avec un prix à payer est énorme.



Un Monde où un prophète inattendu pourrait émerger sous une forme encore plus inattendue… Et où la solidarité pourrait arriver, malgré tout. Il faut juste espérer que Celui Qui Rassemble, Celui Qui A Un Milieu Mais Pas De Commencement, ne soit pas une chimère.



Un très bon roman post-apo qui au lieu de prendre l’autoroute habituelle est passé par des chemins plus sinueux, moins connus afin de nous conduire à la Nouvelle-Orléans d’une manière plus qu’inhabituelle.



Ceci est la fin de mon message parce que je ne sais même plus pourquoi j’ai ce truc en main… L’Oubli commence, mes souvenirs s’effacent et je vais tout oublier, même de vivre…



STOP ◼


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le livre de M

« Le livre de M »... Non, ce n'est pas le roman de Matthieu Chedid. Mais vous comprendrez d'où provient ce M en lisant ces 732 pages en format poche.



732 pages. Que c'était long pour une intrigue aussi "diluée" et fade, selon moi... Je suis clairement déçue car ça aurait pu être super sympa. J'ai beaucoup aimé le fait qu'on soit dans un monde post-apocalyptique où les ombres partent, laissant les humains sans ombres oubliant petit à petit, perdant leurs souvenirs... Certains passages du livre me faisaient penser, un peu, à la même ambiance du jeu vidéo « The last of us ». Sauf qu'ici ce n'était pas des infectés vous l'aurez compris. Vraiment, c'était très chouette comme idée (même si j'ai été spoilée d'un élément principal dans plusieurs chroniques sur Babelio ! Franchement, c'est pas cool). Mais voilà, comme je le disais, c'était beaucoup trop long, trop dense pour si peu de saveur. Comme si on mettait trop d'eau dans un verre de sirop à la grenadine. C'est bon la grenadine, mais si on mets beaucoup trop d'eau, ça n'a plus de goût ? « Le livre de M », selon moi, c'est pareil ! (Génial la comparaison, haha). On aurait pu enlever 200 pages facilement, et encore je suis gentille... Quel dommage car ce manque d'intérêt que j'ai subi à cause de cette longueur a bien failli me perdre. Pourtant j'avais encore mon ombre... D'ailleurs, j'ai fini par lire en diagonale, jusqu'à la fin qui m'a quand même tenu en haleine. Je finis ce livre avec 36000 questions mais j'ai adoré l'ultime rebondissement (en fait des rebondissements, il n'y en a pas eue beaucoup dans ce bouquin). J'ai été charmée par ce que l'auteure nous a proposé dans ces dernières pages mais ce n'est clairement pas suffisant. À la rigueur, cela a permis que je donne 2 étoiles au lieu d'1,5... Je semble désagréable et j'en suis sincèrement navrée, j'avais tellement d'espoir, tellement envie d'aimer ce livre. :-(



Aussi, les personnages je ne m'y suis pas attachée. Peut-être la jeune Max, c'est tout. Et, je me répète, pour 732 pages de récit c'est vraiment peu.



Je pense donc qu'il est inutile de conclure. Tout est dit. J'ai aimé la promesse de départ, mais de la saveur j'en aurais voulu plus. J'ai adoré la fin, mais des pages j'en aurais voulu moins. Ah, je suis déçue d'être passé à côté... Il y a cependant nombreux avis positifs, il va de soit que « Le livre de M » suscitera l'intérêt d'autres lecteur-ices que moi.
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Le livre de M

Une étrange épidémie frappe la population et sème le chaos à travers le monde : les gens se mettent à perdre leur ombre et cette perte entraine chez eux un oubli progressif mais complet de leurs souvenirs. Oubliant qui ils sont, ils deviennent au fil du temps dangereux pour eux-mêmes et pour leur entourage.

 

Le roman est construit autour de plusieurs rescapés qui possèdent toujours leur ombre et qui tentent de survivre dans cet univers post-apocalyptique complètement ravagé par l’Oubli. Construction assez classique pour un roman de ce genre et qui m’a fait penser, par certains aspects, au Fléau de Stephen King.

 

Mon avis est plutôt positif sur ce roman malgré quelques réserves.

 

Il s’agit tout d’abord d’un premier roman pour cette auteure (très prometteuse à mon sens). Et clairement pour un coup d’essai, c’est globalement réussi. L’univers qu’elle a imaginé est riche, l’intrigue se tient (malgré quelques incohérences) et l’histoire, plutôt originale a le mérité également de mêler une touche de fantastique (parfois même d’humour : on y rencontre fugitivement une théière volante !) à ce monde sombre et effondré.

 

Au chapitre des réserves, j’ai en revanche trouvé que le livre était un poil long et que l’intrigue aurait gagné en rythme en étant plus « ramassée ». J’ai eu l’impression sur certains passages que l’auteur se perdait un peu et me perdait aussi au passage.

 

Au final, j’ai malgré tout beaucoup aimé ce premier roman qui révèle une auteure possédant un talent indéniable. Je suivrai avec plaisir son évolution.

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Le livre de M

Pour son premier roman, Peng Shepherd a misé sur le post-apo, un genre qui a le vent en poupe depuis un moment, mais qui peine malheureusement de plus en plus à se renouveler. Or, avec « Le livre de M », l’autrice reprend la plupart des stéréotypes généralement associés à ce type de récits, tout en y injectant une bonne dose d’originalité qui fait de ce roman un véritable page-turner. Tout commence en Inde, lorsque plusieurs personnes se rendent compte avec stupéfaction qu’un homme a visiblement perdu son ombre. Très vite, le monde entier se fascine pour l’histoire de ce drôle de phénomène que les scientifiques ne parviennent pas à expliquer. La curiosité laisse toutefois peu à peu place à l’effroi, puis à la panique, lorsque les gens réalisent que cette perte s’accompagne d’une disparition progressive de tout souvenir, et que de plus en plus de cas sont recensés dans le monde. Très vite, la pandémie atteint un seuil critique, certaines villes voyant la quasi totalité de leur population transformée en l’espace de quelques minutes en sans-ombre, des coquilles vides incapables de se rappeler de leur vie passée et dotée d’étranges pouvoirs influents dangereusement sur le réel. Et c’est ainsi qu’arrive la fin du monde, ou du moins celui que l’on connaissait jusqu’alors. Une épidémie déclenchée à l’autre bout du monde suivie d’une pandémie mondiale, des scènes de paniques, des supermarchés pris d’assaut… : autant dire que le timing de parution de l’ouvrage ne pouvait pas coller davantage à l’actualité du moment, ce qui renforce immanquablement l’implication du lecteur (de même que son angoisse, il faut bien le reconnaître). Le coup de la mystérieuse épidémie frappant aléatoirement les individus n’a, il faut bien l’admettre, rien de bien originale. De même, la mise en scène de survivants, réduits à vivre dans la clandestinité et à se méfier des personnes infectées correspond tout à fait aux codes du genre (certes, il ne s’agit pas ici de zombies mais la différence n’est parfois pas bien mince lorsque l’autrice décrit des hordes de sans-ombres agressifs et presque décérébrés). Heureusement, l’ouvrage possède un certain nombre d’atouts qui vont lui permettre de s’écarter des clichés et de titiller agréablement la curiosité du lecteur.



La première grande réussite du roman tient à l’ambiance crépusculaire vraiment très bien rendue par l’autrice. La tension est palpable en permanence, et certaines visions de villes dévastées ou complètement transformées par les sans-ombres viennent renforcer le sentiment d’oppression du lecteur. Le mode de narration choisi par l’autrice participe également à faciliter l’immersion puisqu’elle alterne entre les souvenirs qu’ont les survivants de la catastrophe, et le récit de leur vie actuelle, avec toutes les difficultés et les dangers qu’elle comporte désormais. Une alternance qui permet non seulement d’entretenir le suspens (puisque le lecteur ne peut qu’être avide de comprendre les circonstances exactes du basculement), mais aussi de renforcer l’identification avec les personnages (leurs préoccupations passées étant évidemment proches des nôtres, les extrémités auxquelles ils sont désormais réduits ne nous paraissent que plus tragiques et plus réalistes). Autant de raisons qui poussent le lecteur à dévorer le roman qui ne souffre que de rares moments de temps morts et qui multiplie les rebondissements (certains prévisibles, d’autres très surprenants). Cette envie presque frénétique de continuer à lire jusqu’au bout s’explique aussi en partie par l’enchaînement de chapitres mettant en scène des acteurs différents de l’histoire. Les principaux protagonistes sont Ory et Max, deux survivants qui ne s’en sortaient pas si mal jusqu’à ce que l’un d’eux perde soudainement son ombre, mais on suit également Naz, une iranienne expatriée aux États-Unis au moment du drame, ou encore un homme devenu amnésique suite à un accident de voiture et dont on ignore pendant la majeure partie du roman le lien avec les autres personnages, ou même les raisons de sa présence dans l’intrigue. Celle-ci est d’ailleurs bien construite, et a pour originalité de mêler des scènes très stéréotypées et d’autres plus novatrices. Le pitch de base est, il faut l’avouer, assez fascinant, et, quand bien même l’autrice ne se donne pas la peine d’expliquer le phénomène, sa seule existence et ses spécificités suffisent bien souvent à satisfaire le lecteur. La conclusion est pour sa part très réussie, celle-ci reposant sur un retournement de situation sans doute prévisible mais dont la portée dramatique reste incroyablement forte.



Tous ces points positifs font qu’on passe un vrai bon moment de lecture, et que celle-ci s’avère étonnement rapide. Le roman n’est cependant pas parfait, et certains de ses aspects m’ont quelque peu fait tiquer, même s’ils sont dans l’ensemble assez secondaires. La plupart des bémols que j’ai à émettre s’explique d’ailleurs en grande partie par le cadre dans lequel se déroule l’histoire qui, comme la grande majorité des récits post-apo, se déroule aux États-Unis. Or, j’ignore s’il s’agit là d’une différence culturelle majeure entre Américains et Européens, ou si la plupart des auteurs se contentent de recycler des clichés, mais le comportement des personnages est vraiment surprenant, et la vision que cela donne du genre humain pas franchement optimiste. Moi, naïve, je me dis que si une telle catastrophe devait malheureusement advenir, la plupart des individus (pas tous, mais la plupart…) seraient enclin à faire preuve de solidarité, surtout si la situation ne paraît, au départ, pas encore complètement désespérée. Ici (et dans la plupart des romans post-apo US), on oublie illico toute idée de partage ou d’entre-aide : c’est chacun pour soi, et que le meilleur gagne ! Les décisions parfois très extrêmes (et franchement disproportionnées) prises par les personnages au tout début de l’épidémie viennent ainsi quelque peu écorner l’image qu’on se faisait d’eux. C’est le cas pour Ory, avec lequel j’ai eu énormément de mal (surtout que le monsieur a tendance à se montrer très paternaliste), et, dans les premiers temps, avec Max, même si celle-ci se fait par la suite bien plus touchante. Enfin, dernier aspect qui m’a dérangée et qui tient peut-être, là encore, à une différence d’ordre culturelle : à quoi rime ce trip des personnages pour l’ordre et la hiérarchie militaire ? Sans rire, alors que le monde disparaît, le premier truc auquel on pense c’est vraiment de nommer le premier quidam venu « Général » (avec la majuscule !), de mettre sa vie à son service, et de le suivre sans plus jamais se poser de question ? (c’est un détail, hein, mais ça m’a vraiment fait tiquer).



Peng Shepherd signe avec « Le livre de M » un premier roman qui tient la route et réutilise efficacement les principaux stéréotypes liés aux récits post-apo, tout en y ajoutant plusieurs éléments de son cru qui donnent une petit touche d’originalité bienvenue à l’ensemble. Si le roman n’est pas exempt de tous défauts, ceux-ci restent toutefois assez mineurs, et ne pèsent pas bien lourd face à la qualité de l’immersion proposée et à la forte dimension émotionnelle du récit. Une belle découverte.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Le livre de M

Comment faire du neuf avec du vieux ? La méthode Peng Shepperd !



Un roman au croisement du Passage de Cronin, de Celle qui a tous les dons de Mike Carey, d'Amatka de Karin Tibeck, mais aussi avec quelques touches de Priest et de Wilson. Mais Peng Shepherd apporte son étrange touche au roman post apocalyptique et fait de son roman plus que la somme de ces références. Classique donc dans sa forme et sa trame, ce roman l'est moins sur le fond, avec cette maladie (?) étrange qui touche la population. Un mal quasi magique...



600 pages, trois jours de lecture en poussant le sommeil dans ses retranchements. Voilà pour le condensé de mon ressenti qui en dit plus qu'un long avis. Et chose surprenante, pas une seule fois je n'ai levé les yeux au ciel face à l'histoire d'amour, je peux donc clamer haut et fort que l'autrice a du talent.

Je n'en dis pas plus, c'est un roman à découvrir sans trop en connaitre dessus afin de se laisser surprendre. Juste une précision pour celles et ceux qui ne sont pas adeptes du post apo, celui ci est loin d'être noir et pessimiste.

Allez, comme je suis sympa, trois lignes qui me sont venues à l'esprit lors de la lecture et qui résume ce que j'y ai trouvé :



Si tu ne sais pas qu'une chose est impossible, c'est donc qu'existe la possibilité de son existence.



Rester, partir. Vivre sa vie comme elle est ou en inventer une meilleure. Que faire ?



Ils ont perdu quelque chose, ils ne sont plus que l'ombre d'eux même.





Avis réalisé dans le cadre d'un service de presse.
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Le livre de M

Cité à de multiples reprises comme l'une des sorties les plus marquantes de 2020, Le livre de M de Peng Shepherd assume son côté OVNI littéraire. Ce qui en fait, paradoxalement, un roman compliqué à commenter et à classer. Il a cependant été très apprécié de nombreux lecteurs, certains de mes camarades blogueurs n'hésitant pas à le placer parmi les futurs classiques du genre. Pas mal pour une première, non ? Alors autant vous dire que je remercie chaleureusement Albin Michel Imaginaire de me l'avoir proposé en service presse.



Le livre de M nous plonge dans un univers post-apo qui oscille entre délicatesse et cruauté. Dans un monde où les gens perdent leurs ombres, ces derniers ont également le pouvoir de modifier la réalité pour l'adapter à leurs souvenirs partiels. Le concept est ainsi nouveau pour un sous-genre, le post-apo, qui compte bien des œuvres marquantes et dont il est parfois difficile de renouveler les codes pour y apporter du neuf. Peng Shepherd y parvient : elle nous offre un livre qui mêle la SF post-apo avec des éléments plus fantasy, ce qui rapproche le récit d'une fable plus qu'une histoire aux ressorts plus traditionnels. C'est apporté dans un premier temps par les sans-ombres, capables de modifier la réalité. Mais c'est aussi très présent car il n'y a pas d'explications précises données aux changements connus par la Terre, hormis quelques échanges sur un phénomène astronomique rarissime.



La disparition des ombres et de la mémoire permet au récit d'aborder des questions sensibles sur la relation entre les souvenirs et son identité, et de savoir ce que l'on est prêt à sacrifier pour retrouver ses proches et de souvenir de sa vie. Le récit évoque ainsi des légendes qui apportent un éclairage différent à la catastrophe, plus proche de l'ésotérisme qu'autre chose. La première est celle d'une légende indienne. C'est celle de Surya, Dieu du Soleil, et de sa femme qui ne supportait pas de regarder la lumière de son époux en face et a dû se séparer de son ombre pour qu'elle se fasse passer pour elle. Ou Peter Pan, le romans de James M. Barrie, où l'on pense à cette scène où il tente de retrouver son ombre.



Peng Shepherd présente un certain nombre de personnages pour un casting varié. J'ai en effet plutôt apprécié l'ensemble d'entre eux, en particulier Max et Ce qui Rassemble. La première est une jeune femme qui se rattache au souvenir de son mari pour ne pas perdre la mémoire totalement. Elle s'enfuit avec un groupe de sans-ombres pour atteindre la Nouvelle-Orléans où des rumeurs prétendent que les sans-ombres peuvent guérir. Son point de vue est racontée à travers sa propre voix dans un magnétophone que lui a donné Ory. C'est un moyen narratif bien trouvé qui construit une proximité émotionnelle palpable avec la jeune femme. Celui qui rassemble est un personnage d'une grande originalité. C'est un homme devenu complètement amnésique suite à un accident de voiture, qui est utilisé dans un premier temps en comparaison avec les premiers sans-ombres. Son évolution est particulièrement intéressante.



J'ai en revanche eu un peu plus de mal avec le personnage d'Ory, qui est sans doute plus froid que le reste des personnages. Je l'ai trouvé un peu transparent et sans traits de personnalité dominant, ce qui le rend globalement très générique et difficile à cerner. Sinon, le livre est peuplé d'autres personnages marquants. Naz, le Général, Malik, Vienna... Ils sont tous bien construits de manière convaincantes et leurs luttes convergentes donnent envie de lire la suite.



Si certains sont particulièrement originaux et promettent une plume singulière dans l'imaginaire, Peng Shepherd ne se départit de certains topoï de la littérature post-apo. Cela s'explique notamment car son roman tourne autour des croyances et du mystique. Dans cet esprit, nous retrouvons donc moult cultes. Les premiers sont les Rouges, des sans-ombres qui se peignent de peinture écarlate et ont mis la main sur une bibliothèque. Sans trop spoiler, ces derniers posent la question de l'attachement. Est-ce que nous aimons toujours les choses que nous aimions une fois que nous les avons oubliés ? Comme s'il existait une seconde mémoire inscrite dans nos veines, qui tenait plus de l'instinct que du rationnel. Le deuxième culte est celui des blancs. C'est un groupe de personnes qui ont toujours leur ombre cette fois, mais dont les objets de vénération sont... particuliers.



Le monde est d'ailleurs assez violent. De nombreux sans-ombres, déstabilisés, sont revenus à un état quasi animal. Le livre est également un road-trip. Dans beaucoup de romans post-apos, les survivants sont en mouvement, comme si rester au même endroit représentait un danger. Cette spécificité nous permet également de voir différents paysages et différentes façons de voir comment la catastrophe affecte différentes parties des Etats-Unis. Mais cela apporte quelques longueurs en milieu de récit. En effet, je ne suis pas personnellement fan des passages de roman qui se passent pendant un voyage. J'ai toujours l'impression qu'il ne s'y passe pas grand chose.



Le livre de M est un roman véritablement surprenant ! Unique, il construit un univers à la frontière des genre, une œuvre de science-fantasy post-apo profondément mystique et humaine. La sensation à la lecture en est profondément déconcertante. Mais l'autrice construit très bien ses personnages ! Elle met en scène une galerie très attachante qui nous pose des questions sur le sens de la mémoire et le rapport entre nos croyances, nos souvenirs et notre identité.
Lien : https://lageekosophe.com/
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Le livre de M



J'ai commencé ce livre dans un hôpital et j'écris ma chronique depuis un autre hôpital. Il m'a été envoyé par le très sympathique Gilles Dumez, directeur de la collection Albin Michel Imaginaire.



J'aime bien cette collection, j'ai lu pas mal de livres de cet éditeur, en commençant par le mémorable Terminus de Tom Sweterlitsch, mémorable de par sa couverture à double-take pour certain.e.s, et aussi par son contenu que j'ai beaucoup aimé. (Et dans lequel j'ai découvert la mousse quantique...)

Mais là... Bon, avant de râler je mets tout de même le résumé éditeur:







"Que seriez-vous prêt à sacrifier pour vous souvenir ?



Un jour, en Inde, un homme perd son ombre - un phénomène que la science échoue à expliquer. Il est le premier, mais bientôt on observe des milliers, des millions de cas similaires. Non contentes de perdre leur ombre, les victimes perdent peu à peu leurs souvenirs et peuvent devenir dangereuses.

En se cachant dans un hôtel abandonné au fond des bois, Max et son mari Ory ont échappé à la fin du monde tel qu'ils l'ont connu. Leur nouvelle vie semble presque normale, jusqu'au jour où l'ombre de Max disparaît...

Situé dans une Amérique tombée de son piédestal, où nul n'échappe au danger, Le Livre de M raconte l'incroyable destin de gens ordinaires victimes d'une catastrophe mondiale extraordinaire."

Peng Shepherd est américaine. Le livre de M, récompensé par le Neukom Award 2019, est son premier roman.



Bon, voilà. À la fois par ce résumé, et par le fait que l'auteur était une femme, j'ai pensé que ça me plairait... Eeeeeeet eh bien cette histoire d'ombres, me faisant tout de suite penser à Peter Pan, me laisse... le mot c'est sceptique. Parce que cette histoire, cette épidémie, cette chose qui frappe le monde, me parait vraiment très peu crédible. À moins de vivre dans un pays de soleil écrasant, comment distinguer les "normaux" et les gens qui n'ont "plus d'ombre"? Parce que le propos est là : on perd son ombre, on ne sait pas pourquoi ni comment, et dans un délai de 7 jours on oublie, on oublie même comment on mange, comment on rentre chez soi, comment on trouve la nourriture.



Les personnages principaux sont Orlando et Maxine, alias Ory et Max. Ils sont mariés et le soir où tout commence, ils sont à un mariage, le mariage de leurs amis Paul et Immanuel.  Le roman s'ouvre alors que Max a perdu son ombre depuis 7 jours. Ils sont installés dans l'hôtel qui accueillait le mariage, dans une zone boisée, presque déserte. Enfermés pour éviter d'être attaqués par des sans-ombre, mais il faut parfois sortir pour aller se ravitailler en nourriture, piller des magasins ou des maisons, et etre confronté aux autres, ceux qui n'ont plus d'ombre, et ceux qui ont encore la leur, et leur combat est le même : récupérer le plus de choses possibles, sans pitié. Tout le monde est armé.  Et là, Ory doit aller au ravitaillement, laissant Max seule.

Et à ce moment, Max décide de partir, parce qu'elle ne veut pas être un poids pour Ory. Elle porte au cou un petit magnétophone dans lequel elle raconte au fur et à mesure tout ce qui lui arrive..



C'est alors que Ory se lance à sa recherche.. les narrateurs sont donc Ory, Max, Mahnaz, une athlète iranienne, championne olympique de tir à l'arc que Ory rencontre, et un amnésique qu'un médecin hindou va chercher pour rencontrer le premier homme qui a perdu son ombre, Hemu Joshi, pour étudier cette histoire de mémoire et d'oubli.



Bon, à partir de là, il y a des personnages et leur histoire, Hemu, Mahnaz, Ursula, etc, on s'y attache mais l'auteure semble s'en désintéresser.... comme certaines idées comme les dollars qui deviennent tout blancs (les billets), l'argent devient donc inutile, et d'autres trouvailles, dont on n'aura aucun suivi, aucune explication. Le pourquoi de cette "épidémie" n'aura non plus aucune explication. Ce qui m'a gênée, c'est suivant les personnages, on n'arrive pas à comprendre le "timing". On ne sait pas au bout de quel laps de temps Ory et Max sortent.. des jours, des mois, des années ? Ces personnages, idées, détails, sont de plus en plus insipides.. Ça m'agace fortement. Je n'ai ressenti aucun suspense, juste un road trip allant dans tous les sens, et aucun personnage n'arrivera à capter mon attention, à l'exception de Max, peut-être, mais je n'arrive toujours pas à m'en faire une image physique.

C'est dommage, il y a tellement d'idées non suivies que je pense que Peng Shepherd aurait pu étoffer tout ça en plusieurs tomes. En précisant. Ce bouquin est un brouillon..







Le Livre de M - Peng Shepherd, éditions Albin Michel Imaginaire, 585 pages, 17 Juin 2020














Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Le livre de M

Le livre de M est le premier roman de Peng Sheperd, autrice américaine ayant vécu dans de nombreux endroits de notre monde, ce qui se ressent beaucoup à la lecture du roman. Le livre a été publié il y a 2 ans aux États-Unis et nous arrive en France chez Albin Michel Imaginaire dans un format un peu particulier pour la collection. La couverture est la même que l’édition américaine et le liseré traditionnel de AMI a été enlevé. Le rendu du roman est toutefois très beau. La traduction est signée avec brio par Anne-Sylvie Homassel.



Notre ombre nous accompagne toujours de notre naissance à notre mort, quelques soient les circonstances, elle est présente, silencieuse et sombre, au point que l’on n’y prête plus attention. Associée au soleil, à la lumière, l’ombre est toujours présente sauf en de très rares conjectures. Pourtant, si elle venait à disparaitre, les questions seraient nombreuses. C’est le point de départ du roman de Peng Sheperd, un début qui parait simple, impossible. Un jour en Inde, un homme perd son ombre. Cela parait tellement fou et presque merveilleux. Jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il y a un deuxième effet kiss cool associé à cette perte : l’oubli. Comme si l’ombre était le siège des souvenirs, du passé des hommes. Troisième effet, cet homme n’est pas le seul à perdre son ombre. Le phénomène se répand un peu partout dans le monde. Petit à petit, de plus en plus de monde est touché, oubliant irrémédiablement tout. La fin du monde commence, la fin du monde comme nous le connaissons, la fin des repères, des souvenirs.



Le roman suit plusieurs personnages confrontés à cette apocalypse. Des personnages ordinaires amenés à vivre des situations terribles, des personnages parfaitement crédibles et réussis. Il y a tout d’abord Ory, prêt à tout pour protéger sa femme Max, vivants en reclus loin de tout dans un hôtel abandonné au fond des bois. Quand l’ombre de Max disparait, suivie par Max elle-même, le monde d’Ory s’écroule. Il fera tout pour la retrouver. Mais ce ne sont pas les seuls personnages proposés, Peng Sheperd croque une belle galerie de protagonistes: une jeune iranienne championne de tir à l’arc, un poète, un médecin, un artiste. Mais surtout, le propos devient d’autant plus intéressant dans les effets produits par l’épidémie sur les gens. L’autrice développe tout un monde post-apocalyptique glaçant et crédible. L’ombre du Fléau de Stephen King n’est pas loin, les circonstances sont différentes mais on s’en rapproche par certains côtés.



Lire un tel roman maintenant, après les événements vécus en ce début d’année 2020 est assez étrange. Mais ce n’est pas la raison pour laquelle le roman est déroutant. Le récit commence comme celui d’un roman post-apocalyptique traditionnel mais s’en détourne assez vite et de manière surprenante. Je n’en dirais pas plus pour ne pas gâcher la lecture, ce qui serait fort dommage. Peng Sheperd arrive à rendre son roman particulièrement prenant au point qu’on a du mal à lâcher le livre. 600 pages qui passent très vite, qui nous prennent aux tripes par moments, qui nous font réfléchir à de nombreux sujets, à notre monde, à l’importance que l’on donne à certaines choses au détriment d’autres. Un roman innovant qui arrive à faire du neuf avec du vieux, du passionnant avec du déjà-vu, de la noirceur avec de la romance, de l’oubli et de l’espoir.



Le livre de M est un grand roman d’imaginaire, un roman classique par certains côtés mais innovant par d’autres. Une œuvre à découvrir sans hésiter et qui se lit plus vite que son ombre!
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Le livre de M

Perdre son ombre, puis oublier ses souvenirs, oublier comment marcher, parler, respirer… Comment survivre ?



Le livre de M est un roman post-apo à la dimension beaucoup plus humaine que technologique.

On ne connaît pas les raisons de cette… épidémie. En est-elle seulement une ?

Pas plus que l’on ne connaît la manière dont elle est arrivée, ni comment les États ont fait face…



On suit plusieurs personnages de manière alternée. Qui se connaissent, ou pas. Qui se perdent de vue, se retrouvent, se rencontrent…

Des tranches et des chemins de vie : Le livre de M partage le quotidien de tous ces personnages qui tentent de survivre. Avec ou sans mémoire.



Je parle de chemin, c’est tout à fait ça : pour chaque personnage, qu’il soit géographique (avec pour but La Nouvelle-Orleans, je vous laisse découvrir pourquoi) et métaphorique (trouver un sens à cette vie étrange qui se réduit à peau de chagrin).

Quelques longueurs parfois, le rythme est assez lent mais il s’en dégage un réalisme qui donne au roman toute sa crédibilité.



J’ai aimé ce roman humaniste et touchant. Tous ces personnages interrogent ce qui fait notre individualité, notre histoire, notre vécu. C’est émouvant, terrifiant, glaçant aussi, très. Et le final… tout ça à la fois. Un des excipit les plus beaux que j’aie lus.



Une fort belle lecture, percutante, et qui va me marquer durablement.
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Le livre de M

Perdre son ombre et perdre la mémoire. Au point d'en mourir. Étrange destin pour l'humanité, victime d'une pandémie mise en scène par Peng Sheperd.

L'idée me semble originale et donne lieu à de très belles scènes surtout dans les chapitres consacrés à Max qui, victime de l'épidémie , enregistre ses souvenirs sur un magnétophone pour résister à l'oubli.

A côté du couple Max et Ory, l'histoire d' Immanuel qui construit une bibliothèque pour restaurer son lien avec Paul par la quête éperdue du livre de poésie qu'il avait écrit, est très touchante. D'autant qu'aucun lecteur ne peut rester insensible au rôle crucial et inattendu des livres dans la résolution de la perte d'identité..

Le roman se construit de manière très classique, sur le schéma narratif du roman post-apocalyptique : la survenue de l'épidémie , les survivants et les victimes, le périple des bons vers le sauveur, les dérives sectaires et la violence des méchants, les affrontements et la victoire des gentils.



On retrouve ici le mythe d’une apocalypse soudaine, qui se produit de façon irrationnelle par une première victime en Inde, nous immunisant ainsi contre l’idée que l'humanité pourrait être responsable de quelque chose, qu'elle pourrait avoir causé cette apocalypse par son aveuglement . Puisqu’il y aura quelqu’un pour nous sauver. C'est le même modèle que dans ces romans qui mettent en scène l'invasion des zombies ou des extra-terrestres. Le scénario du Messie qui va sauver le monde, ici l'ombre d'un aveugle amnésique, est le plus souvent opérationnel dans ce type de fiction.



Entre originalité et tradition du genre, le roman peine pourtant à trouver son souffle, par manque d'un trop plein d'idées inabouties. Certaines scènes sont trop bavardes, alors que d'autres sont trop légèrement esquissée, celles- là même qui auraient pu donner de la profondeur aux personnages.
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Le livre de M

Ca commence bien. Enfin plutôt mal, d'ailleurs, car on se retrouve au début d'une catastrophe planétaire : les gens perdent leur ombre et leurs souvenirs.



Et cela désorganise rapidement la civilisation. Et comme dans la plupart de ces romans, on suit un petit nombre de personnages qui racontent comment ils vivaient avant, comment ils vivent le changement, et comment le hasard les fait se croiser dans leur tentative de survie.



Et je dois reconnaitre, sans fausse modestie, que j'ai déjà survécu un certain nombre de fois : Le Feu de Dieu de Pierre Bordage, Le Monde enfin de Jean-Pierre Andrevon, Le Mur Invisible de Marlen Haushofer, Dans la forêt de Jean Hegland, La Route de Cormac McCarthy, Je suis une légende de Richard Matheson, sans parler de Walkin Dead, et puis plus récemment de Covid 19. Celui-là, j'aurais bien aimer m'en passer...

Alors oui, forte de ces expériences, je peux vous dire que le moment de la bascule entre l'ancien et le nouveau monde est plutôt bien traité. On se rend compte après notre expérience du Covid 19, comment la normalité peut sombrer dans un lointain passé en un claquement de doigts. Comment une catastrophe supposée lointaine peut d'un seul coup affecter son quotidien et sa santé.

Tout le scénario construit autour des ombres est assez malin et original.

La période d'acclimatation à la survie, au niveau individuel et plutôt bien traitée aussi. On se demande juste un peu où sont les gens...Certes, ceux qui ont tout oublié, jusqu'à la façon dont on mange ou respire, sont morts. Mais on ne sait pas trop où.



En revanche, la quête et l'espérance d'une nouvelle croyance en un être suprême (vous excuserez le raccourci un peut grossier, mais c'est pour ne pas trop dévoiler l'histoire), m'a un peu perdue, ainsi que la fin. Mais cela n'engage que ma conviction qu'en cas de survie, on ne peut faire confiance qu'à soit, et qu'aucun secours n'est à attendre d'une puissance divine quelle qu'elle soit.



Alors, faut-il le lire ? Oui. C'est quand même pas mal. Pas le meilleur du genre, mais bien écrit et traduit. Retenez en suggestion de lecture les romans cités plus haut dans cet avis. Si vous avez des suggestions de romans du même type, je suis preneuse. Bonne survie à tous.

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Dernières nouvelles d'Oesthrénie

Tout d'abord, un grand merci à Masse critique et aux maisons d'édition qui jouent le jeu et nous permettent de recevoir des livres gratuits en échange d'une critique.



Je fus très heureuse de recevoir ce livre, qui n'était pas dans mes listes d'envies et qui sort de mes habitudes littéraires. Je trouvais la 4e couverture intéressante : des nouvelles sur un pays imaginaire Balkan où l'on retrouve toute la culture et les mystères des pays Balkans. J'avais envie de découvrir, d'apprendre un peu de cette culture méconnue, d'être surprise.



Ce fut une grosse déception ! Je suis très étonnée du style de l'auteur, de sa manière d'écrire. Je n'ai pas du tout accroché à la narration, c'est ce qui m'a bloquée tout le long.

Je reproche à la narration un surplus de descriptions (parfois inutiles à mon avis, ou répétitives, et non pertinentes, ce qui alourdit terriblement la lecture) , une écriture sans accroche, sans suspense, et pire, sans émotions. Après des pages et des pages sur des descriptions d'une vallée, d'un certain pont, d'un vieux château aux murs gris et j'en passe, j'attendais avec impatience les dialogues et espérait une intrigue, quelques aventures, enfin une histoire pour voyager, rêver, palpiter, m'émouvoir avec les personnages... Ce n'est JAMAIS arrivé. Les dialogues sont sans intérêt, l'écriture est très plate : on n'arrive pas à imaginer la personnalité des personnages, à s'émouvoir.

C'est limite des dialogues aussi intéressants que :

"tu peux me passer le sel stp ?

_ Oui. "



J'ai fini par lire en diagonale, je l'avoue, tellement je m'ennuyais. Puis j'ai tourné carrément des pages pour voir si enfin il allait y avoir une quelconque aventure, une avancée, des personnages intéressants, une accroche ! Ja-mais.

Et le dernier chapitre, ou dernière nouvelle : "Enfin nous sommes morts". Une fin toute aussi grise, terne, neutre, sans émotions que le reste du livre.

Mais alors, à quoi bon ? Quel est l'intérêt d'un livre rempli de descriptions d'un lieu inexistant ? (et encore, je n'ai même pas apprécié ces descriptions).



Bref, ce recueil de nouvelles qui pourrait tout aussi bien être un roman car chaque nouvelle est écrite exactement pareille, dans le même ton, si ce n'est qu'elle est dans un lieu légèrement différent, à côté du lieu précédent mais toujours en Oestrénie.



Quel ennui... Une incompréhension totale face à ce livre dont je n'ai pas compris du tout l'écriture ni l'intérêt du contenu.

Désolée...



Pourtant, couverture très belle, soignée, et le thème envisagé était sympathique et original.

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