Les troubles de l'apprentissage, dont les dyslexies, perturbent non seulement la capacité lectrice chez l'enfant, mais ils interfèrent dans leur monde relationnel affectant le fonctionnement du système familial. Le rôle des parents et de la famille sur l'évolution des enfants présentant des problèmes neuropsychologiques d'apprentissage a été étudié par différents auteurs (Kaslow et Cooper, 1978 ; Amerikaner et Omizo, 1984 ; Werner, 1989). Selon ces deux derniers auteurs, les caractéristiques de l'environnement psychosocial sont un des plus importants facteurs prédictifs de l'évolution des troubles. L'on sait par exemple que l'expression d'une prédisposition génétique dépend largement de la présence d'un environnement facilitant ce qui nous invite à rester attentifs au fonctionnement familial et à lui fournir toute l'aide nécessaire afin de faciliter le développement de l'enfant (Salyer, Holmstrom et Noshpitz, 1991) et les capacités éducatives des parents.
Tout enfant, surtout s'il a été désiré, est censé réaliser les rêves et l'avenir de l'adulte. Il a pour mission de " réparer l'échec des parents ", de " faire aboutir leurs rêves perdus " (Mannoni, 1967). Les difficultés scolaires d'un enfant, surtout dans des familles qui investissent dans cet aspect de la vie, provoquent " surprise et consternation, chagrin, incrédulité et colère, et toujours un sentiment de blessure narcissique " (Kaslow et Cooper, 1978). La déception, voire la culpabilité vécue par les parents — deuil à faire de l'enfant imaginé — affaiblit leur capacité à faire face positivement aux problèmes de leur enfant. Ils risquent de ne pas les accepter ou de les nier en exigeant des performances impossibles pour l'enfant ou en se désintéressant de la scolarité.
29. Aspects psychoaffectifs dans la dyslexie : le rôle de la famille.