Citations de Anne Vassivière (21)
Il me met le monde à l’envers, et je découvre que c’est le bon sens.
L’homme et la femme se rencontrent à l’intérieur de la femme, non ? On ne se rencontre soi-même qu’à l’intérieur de la femme.
« Tu fais mal si tu loues ce que tu ne comprends pas bien, et pis encore si tu le blâmes » disait Léonard de Vinci.
J'ai beaucoup aimé la critique de Christophe Bier, dans la revue érotique : "Aventures Magazine"
http://www.anne-vassiviere.name/presse.php
Coucher pour coucher, ça me va plutôt bien, je suis trop pudique pour aimer.
Lili (7e côté cour)
Adieu Benoit, Bernard et Brice. C’est un Ben.
Ben (6e côté cour)
Elle a des p’tits nibbards de princesse aux p’tits pois, la gazelle.
Pourquoi pas ?!
Si la rareté fait la valeur il y a plein de petites bites de son genre partout dans les rues de Navarre ou d’ailleurs c’est même pas un bon coup et il paraît qu’il s’est aussi mis à taquiner la muse de l’écriture c’est juste deux ados à l’hygiène douteuse qui se sont trouvés pour griffonner des trucs nuls ensemble et se persuader qu’ils sont le nombril incompris du monde, c’est tout.
J’aime le dedans des femmes. C’est chaud, c’est doux et délicat, c’est le paradis. Je m’y love à longueur d’année. C’est le grand berceau du monde, et jamais je ne m’en lasserai.
Je lui demande sa définition de l’érotisme, de la pornographie.
— L’érotisme, la pornographie ?
— Oui.
— Mais ça n’est pas du tout la même chose, mademoiselle ! Il est de bon ton d’affirmer que c’est la même chose, mais ce n’est absolument pas le cas. L’érotisme promet un ailleurs, il est idéaliste. Dans le porno, pas d’ailleurs, c’est un matérialisme. Ce sont deux cousins qui regroupent presque les mêmes éléments, mais qui ne peuvent pas coucher ensemble.
— Et vous, vous penchez naturellement vers quoi ?
— Plutôt pornographe. Il y a un certain panache à affirmer « Je suis pornographe », c’est un peu du snobisme à l’envers. Le pornographe vit sa vie sans espoir d’ailleurs. Il n’est pas frustré, car il n’a pas d’espoir, il n’en a pas besoin.
— Le pornographe est donc malheureux.
— Pas plus malheureux qu’un autre. L’espoir frustre, vous l’avez sans doute déjà remarqué, non ? Ceci dit, je ne sais pas qui a raison. Vous m’avez demandé ma définition, je vous l’ai donnée. Et vous, vous êtes heureuse ?
Depuis l'intérieur, j'observe qui regarde la vitrine. Un homme à croix et col romain est arrêté en chemin par une paroissienne. La dame tourne le dos à la librairie, mais le prêtre est bien en face. Il converse un moment avec celle qui le retient là, n'est pas gêné par la proximité des titres et des photos affichées. Il m'aperçoit dans la boutique et me sourit sans vice. J'entends distinctement sa voix intérieure prononcer "le corps, je n'aurais pas pu le diviser pour en donner l'amour à une foule de personnes, alors j'ai choisi la foi, avec mon esprit, je peux multiplier mon amour."
J'y peux rien, je suis une viveuse, je voudrais pas mourir morte.
Une nécessité quasi vitale.
Presque une urgence.
Le constat, dans ma chair et celles de mes amies, que les relations amoureuses et charnelles étaient le lieu à vif de nos doutes, espoirs meurtris et souffrances.
J’avais à les reprendre en main.
J’ai pris le stylo, ma première vilaine feuille de papier brouillon, j’ai ouvert une porte que je n’ai plus pu refermer. S’y est engouffré un immeuble, un immeuble qui m’a parlé de lui à travers toutes les voix qu’il avait avalées.
Ses habitants me nettoyaient en dévoilant leurs pensées intimes.
Je ne veux pas reprendre mes sens, Jeune Homme, je te les offre.
Le vice est supérieur à la vertu : il est fiable et ne flanche jamais.
Il est rasant. Pourtant ça ne devrait pas être compliqué ni contre nature, un libraire qui se livre. Je pouffe et repars à l’attaque.
— Je vous taquine, c’est une excellente question. Nous sommes une librairie érotique alors on ne va pas faire semblant, évidemment. La pudeur se trouve chez le vendeur et chez les gens qui nous font confiance et viennent acheter ici. La pudeur est dans l’accueil. Comme aux Pompes funèbres.
— Vous vous occupez aussi du deuil du désir ?
— Pas du tout. Ici, on vient faire le deuil de l’absence de désir…
Qui fait rendre les armes à cette brunette à l'allure décidée ? Combien de personnes lui reste-t-il à désirer ? À qui, à quoi est-ce que toutes ces femmes tentent comme moi en vain de résister ?
Jeune homme (5e côté rue)
J’ouvre ma porte à Nadège, lui ouvre toutes mes portes. Je vois ma propre émotion grandir dans ses yeux.
Mon état en empire jusqu’aux larmes, de pouvoir ainsi la mouler à moi. Il faut d’abord s’aimer, premier pas de Création Sublime pour espérer gagner la complicité du trait et des couleurs sur la toile.
Je nous installe dans les rôles éculés du peintre et son modèle, et nous les transcendons. Infini du geste, collines de courbes à perte d’horizon.
Le Monde n’a jamais été aussi vaste qu’auprès de Mon Aimée.
Nadège (1er côté rue)
Sur le palier, devant sa porte, je deviens œuvre au seuil de nos danses de chair, nature vivante, scène de gourmandise. Cela m’élève. Il me régale de vagues, des grandes, des gigantesques, des petites et même des toutes petites. De lui, tout m’est délice. Il me moule et me houle, me fait abyssale de plaisir, me laisse à mon comble pour me croquer en superbes croquis. Je m’applique à gentiment lui signer le dos de mes ongles.
C'est dingue ce que c'est subtil, une femme de lettre.
Dehors, orage soudain de grêle brusque. Comme la vie.
Besoin de refuge quand ça va pas.
Besoin de refuge quand ça va trop bien.
Toujours l'impression de d'être nue sous l'orage.
En réalité il faudrait qu'on se sache d'abord, avant de s'engouffrer dans l'autre.