Histoires de
couplesBernard PIVOT consacre cet "Apostrophes" aux
couples célèbres à travers l'histoire. Pour cela il reçoit cinq écrivains venus présenter leur ouvrage. En introduction
Bernard PIVOT s'adresse plus particulièrement à
Joseph BARRY, un
journaliste écrivain
américain ayant décidé de vivre en France après la Libération.
Anne de LESELEUC, auteur du
roman historique "
Eponine", explique les...
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Refuser de reconnaître un fait évident en aurait augmenté la gravité au lieu de la diminuer.
- Pourquoi tant de mélancolie, Marcus ? Tu as gagné ton procès !
- J'étais heureux de retourner en Gaule, j'y croyais les meurs moins corrompues qu'à Rome... Là-bas, comme ici l'homme n'échappe pas à son destin !
- As-tu besoin de moi ce soir ? demanda Nestor qui s'était arrêté sur le seuil et qui tenait Porcia par la main.
- Va ! répondit Maternus, nous rentrerons tard ! Je veux changer les idées de ton maître et je connais un cabaret où les filles sont belles et le vin pétillant !
- Servent-t-ils aussi de la cervoise ? demande Aper.
- Pour toi, oui ! fils de barbare !
Allons-y ! et que la lune apporte l'oubli !
Le duumvir n'était plus un homme jeune. Il semblait las. Les yeux, les commissures des lèvres, les sillons du visage convergeaient vers la peau flottante d'un cou décharné. Les cheveux avaient déserté son crâne, petit à petit au cours de sa longue et brillante carrière municipale. Il venait d'être promu flamine du culte impérial. Suprême consécration, le sénat de Rome l'avait autorisé à faire ériger sa statue de son vivant. Aucune arrogance, aucune satisfaction de soi ne se dégageait de la personne de cet homme usé.
Soudain Nestor dit à Marcus :
- J'ai une faveur à te demander : a Augustonemetum, je voudrais que tu m'apprennes vraiment à lire.
- Je t'apprendrai, répondit Marcus, mais avant je veux donner une grande fête, je veux t'affranchir ! Tu es mon ami, pas mon esclave.
- Si je ne sais pas écrire, je ne pourrai pas signer m'acte d'affranchissement.
- Tu feras une croix !
- Non, je veux signer de mon nom, et je ne signe pas, si je ne sais pas ce qu'il y a d'écrit. Je veux d'abord apprendre à lire !
Marcus Aper ne ressemblait certes pas à un grand avocat respecté de tous quand il gravit les marches de la basilique civile de Luteva. On l'aurait plutôt pris pour un bandit de grand chemin poursuivi par la milice. Crasseux, le sayon déchiré, exhibant une barbe de vagabond, la pommette gauche enflée et une dent cassée, il se débattait comme un forcené en butte au gardien de la curie qui lui refusait l'entrée.
Titus cherchait Aper. Il rejoignit l'avocat à l'instant où celui-ci s'apprêtait à partir.
- Tu es déçu lui dit-il ?
- Triste ! César, je suis triste.
-Tu ne pouvais en faire plus ! Ton plaidoyer était émouvant ; Rome a besoin de grandeur !
- Ce ne sont pas ses victoires qui ont fait la grandeur de Rome, mais la paix qu'elle a apporté au monde. La Gaule est en paix, j'en remercie les dieux de Rome !
Le début:
Marcus Aper s'était réveillé avec les premières lueurs du jour. Il était de bonne humeur.
Pour elles, le seul moyen d'échapper aux taxes était d'offrir leurs bijoux à leurs chiens... Ainsi les élégantes matrones pouvaient exhiber leurs joyaux sans délier leur bourse.