À la fin août 1750, je me rendis à la forge.Du temps de mon père, j'y passais ma vie. Depuis qu'il n'était plus là, j'évitais cet endroit comme la peste.
Le nouveau maître s'appelait Jacob Mulder. Je le détestais. À peine installé, il avait annoncé à ma mère :
- Votre bâtiment tombe en ruine... Tant que je n'aurai pas amorti les frais des travaux qui s'imposent, je ne vous verserai que la moitié du loyer que vous en demandez !
Ma mère n'avait pas osé lui tenir tête.
Bien entendu, il n'avait jamais entrepris la moindre réparation et son avarice nous condamnait à vivre pauvrement, ma mère, ma petite soeur, et moi.
Ce jour-là, un désir me tenaillait : je rêvais de nouvelles lames pour mes patins à glace. Qui d'autre que Jacob pouvait nous volait, il me devait bien cela !
Dès l'arrivée de l'hiver, j'attendais avec impatience que les étangs et les canaux gèlent pour organiser des courses de patinage avec mes camarades. Si je voulais être prêt à temps, je devais me dépêcher de passer ma commande. Les forgerons avaient tant de roues de charrette à réparer, fers à chevaux à fabriquer et pièces pour la construction des vaisseaux à livrer qu'ils croulaient sous la tâche !
Il pleuvotait.