(...) Effectivement, je mets le cinéma vraiment en concurrence avec la vie et on m'a beaucoup reproché à différentes périodes de ma vie de préférer le cinéma à la vie réelle.
Ce film, Vivement dimanche, racontera l'histoire d'une secrétaire menant une enquête amateur afin d'innocenter son patron accusé à tort de plusieurs meurtres. Fanny Ardent jouera le rôle de la secrétaire et je vous propose de jouer son patron....
Nestor Almendros sera le chef opérateur de ce film en noir et blanc...
.... Si vous choisissez ce rôle comme on le fait pour une paire de chaussures, vous n'aurez plus mal aux pieds car nous adopterons une démarche souple, genre mocassins.
François Truffaut à Jean-Louis Trintignant
Truffaut a reçu peu d'éducation formelle mais son cinéma est rempli de savoir et d'enseignement. C'était un autodidacte en terme de cinéma mais aussi en terme de littérature, de peinture et de musique. Ses films éclairent la manière dont le cinéma opère la fusion d'autres formes d'art, par le mot, l'image, et la note musicale.
Paradoxalement, c'est à un gosse des rues, un rebelle adepte de l'école buissonnière, que l'on doit d'avoir découvert, synthétisé et célébré ce qui constitue la matière vive du cinéma.
Finalement, la ruse est importante dans ce métier. Par exemple, il arrive qu'on donne à un des acteurs des indications à l'insu des deux autres ...
C'est pour ça que j'aime tellement le cinéma, je ne serais pas à l'aise dans la mise en scène de théâtre parce qu'il faut s'adresser à tout le monde en même temps ; au cinéma, bien que l'on soit très nombreux autour de la caméra, il y a quelque chose de très intime, c'est un travail souterrain et secret et qui me convient beaucoup.
F Truffaut
Dans un film comme " Baisers volés ", les personnages prennent la priorité sur les situations, sur le décor, sur le thème, ils sont plus importants que la construction, plus importants que tout, d'où l'importance de bien choisir les acteurs.
Or, je ressentais de plus en plus la nécessité d'engager dans mes films des acteurs intelligents, même si je leur donne à jouer des personnages dont ce n'est pas le trait principal.
Je n'aime pas l'idée selon laquelle le cinéma s'adresserait à des gens qui ne lisent pas. Des films [...] m'ont décidé à devenir metteur en scène mais avant cela, des romans [...] m'avaient donné l'envie et l'espoir de devenir un romancier.
"C'est certainement à ma mère que je suis redevable d'avoir très tôt aimé la lecture. Une fois pour toutes elle m'avait interdit de jouer, de bouger ou même d'éternuer. Je ne devais pas quitter la chaise qui m'était allouée mais par contre je pouvais lire à volonté à condition de tourner les pages sans bruit." Cet extrait du cinéroman de L'Homme qui aimait les femmes est l'exacte expression des propres souvenirs de Truffaut.