Des véhicules bariolés continuaient de sillonner la ville, dégorgeant de rebelles assis sur le capot, le toit, les portières, drapeaux au vent. Ils klaxonnaient, brandissaient chacun leur arme comme une amie précieuse qu'on emmène à la fête, qui mérite un hommage. Ils hurlaient "Allah Akbar", s'enlaçaient, faisaient le V de la victoire, un foulard rouge, noir, vert noué en pirate sur la tête ou porté en brassard, et qu'importe si tous ne s'étaient pas battus depuis la première heure, ou avec le même courage. Depuis la chute de Syrte, dernier bastion du Guide, et sa mise à mort fulgurante, tout le monde, de toute façon, se proclamait rebelle.