Annie Perreault vous présente son ouvrage "
Les grands espaces" aux éditions Héloïse d'Ormesson.
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les-grands-espaces
Note de musique : © mollat
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... mon père l'avait aimée, entre autres pour ses désirs de bout du monde, et moi, en lisant Flaubert, au collège, dans les cours de français, j'avais machinalement remplacé le "il" de l'Éducation Sentimentale par un "elle", espérant son retour - "elle revint"- apprenant par cœur ce passage comme une supplique qui pourrait un jour me ramener ma mère, c'est fou, je me souviens mot pour mot de cette ellipse des cours de littérature...
Difficile d'oublier The Falling Man, cette photographie d'un homme en chute libre, corps parfaitement vertical, un genou replié, tête première tranchant sur le gratte-ciel new-yorkais dont on ne voit ni les flammes ni la tragédie qui se joue plus haut, cadrage impeccable, pureté d'un fragment d'architecture composé de lignes claires et sombres à l'arrière-plan quelques minutes avant l'effondrement de l'édifice, silhouette suspendue dans l'acte de mourir, de choisir sa mort. We might as well fly, avait-il peut-être pensé au moment de prendre l'ultime décision de sa vie.
Comment renoncer à cet espoir de te revoir tant et aussi longtemps qu'un policier ne viendra pas sonner à la porte pour nous dire qu'il y a du nouveau, qu'on a trouvé ton corps ou ta trace ? souvent, je me suis dit que tu étais peut-être quelque part à la dérive, amnésique, que tu ne nous avais pas délaissés, nous, ton fils et ta fille, tes amis, ta mère, ta sœur, ton chat, tu as peut-être simplement tout oublié, jusqu'à ton nom et ta ville, tu ne sais peut-être plus nous chercher, c'est pour ça que tu ne nous reviens pas, je refuse l'idée de ta mort, non, tu ne voulais pas mourir, seulement disparaître, te sauver en courant, et moi, je cours sans Valence, comme si j'allais à ta rencontre...
Ce récit en est un de rencontres, de fougue et de froideur, de géographies trop vastes pour s’y sentir chez soi.
J'ai peur que cette intervention me fasse perdre ce que je chéris le plus, cette imagination qui me tient chaud, qui efface ce qu’il y a de plus terne pour me propulser là où tous les rêves sont possibles.
Je cours à la poursuite de quelque chose qui m'échappe, qui ne peut pas exister peut-être, je cherche mes mots, mon histoire à inventer, l'avenir comme un terrain vague.
Je connais bien la neige. Courir dans le froid me procure un sentiment d’être incroyablement vivante. Je compte courir en poète.
Les paysages, le climat, le sol et les forêts, l’air qu’on respire, peut-être que tout ça nous définit. Comme une empreinte.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
C'est parle silence qu'on mesurait l'éloignement, la solitude.