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Critiques de Anthony Boulanger (88)
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Rétro-fictions

Avec l’anthologie 2014 d’ImaJn’ère, nous touchons à tous les genres, il y a de tout au niveau du ton, et enfin nous explorons quasiment tous les continents ! Grande variété donc, permise par l’intitulé de l’appel à textes qui a conduit à cette publication : la plume portée vers le passé, le but était de surprendre en créant une aventure se déroulant entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle (plus exactement entre 1851 et 1949) ; tant en SFFF qu’en polar, les thèmes permettaient d’explorer énormément d’aspect (uchronies, univers steampunk, aspect gothique, utopies, genre noir, enquête, investigation, politique, etc.). Avec seize nouvelles de taille et d’univers très variables, la diversité est le maître mot offert au lecteur.





Avec « Sempervirens », Jeanne-A Debats nous plonge dans l’enfer de la Première Guerre mondiale. À l’aube du centenaire du déclenchement des hostilités en Europe, il s’agit là de s’engouffrer dans les tranchées où la mort est présente de la plus violente des manières. « Tout ce chemin pour rien : une bombe y est tombée directement. L’ancien refuge où l’on trouvait un brasero, du vin, des cigarettes et parfois de la soupe chaude, n’est plus qu’un cratère, un trou de terre obscure et martyrisée d’où s’échappent encore quelques fumerolles acides. »

Automne 1916, dans les Flandres en proie aux obus et autres armes de destruction massive, Nico voit sa tranchée atrocement subir les affres de la guerre et finit par n’être uniquement accompagnée de ces sortes de « compagnons du devoir » que sont Pensée et Mémoire, ses deux pigeons pour seule compagnie dont les noms seront évidemment porteurs de sens au cours du récit. Dans cette atmosphère guerrière où la survie est devenue son seul but, sa fuite l’entraîne dans un lieu inversement proportionnel au monde des tranchées, en l’occurrence une drôle de petite boutique où l’attendent une jeune femme et une quantité de produits. C’est la part de fantastique chère à Jeanne-A Debats qui entre alors en scène.

En effet, l’auteur, notamment du recueil La Vieille anglaise et le continent et de Métaphysique du vampire, joue sur le fort contraste entre deux mondes opposés qu’on aurait peine à imaginer se côtoyer aussi simplement. Contrairement à ce que pourraient croire les adeptes du style de Jeanne-A Debats, elle ne se révèle pas aussi crue dans son propos qu’à l’accoutumée, et c’est davantage la situation qui exige de la violence pour l’arrière-fond et de la gouaille pour le personnage principal, histoire de mettre en avant la césure entre l’horrible de la situation et la spontanéité avec laquelle Nico tente de se rattacher à la vie. Même si nous n’en apprenons finalement bien peu sur lui-même, c’est son destin qui constitue le vrai tragique de cette nouvelle. Et tout repose dans sa quête pour rester « toujours vert », « toujours fringant », suivant comment on comprend ce titre mystérieux en latin.



Lauréate du concours ImaJn’ère 2014, Sylvie Jeanne Bretaud nous propose de suivre « L’ombre de Whitechapel ». Elle revisite de manière inattendue l’affreuse affaire de Jack l’Éventreur datant de 1888. Emeline, souffrante, confesse une histoire survenue lors de sa jeunesse. Alors qu’elle fréquentait son amie « la douce Ginger », une des prostituées de son quartier, il a fallu qu’elle tombe quasiment nez à nez avec le tueur en série.

L’auteur mise sur une nouvelle plutôt courte avec une histoire relativement simple mais incorporant plusieurs références bien connues de l’époque victorienne. Dans une ambiance noire mi-glauque mi-guindée, elle ne nous épargne pas l’atrocité des crimes de l’Éventreur : « Je vais te punir, catin. Pour ta peine, je te mets le sein droit sous la tête... les reins sur la commode... le foie sur la chaise, la rate dans le tiroir. Tu auras beaucoup de mal à te reconstituer après ça ! » Avis donc aux amateurs de « court mais intense » !



Par « La Garde rouge », c’est à la Commune de Paris que s’attaque Arnaud Cuidet. Menacée à la fois par Versailles et les Prussiens, celle-ci doit faire face à un étranglement critique et toute découverte est bonne à prendre pour un éventuel avantage stratégique. Pendant cette année 1871, Gustave, à la tête d’une petite troupe de « réquisitionneurs » fouille las bas-fonds de Paris, accompagné notamment d’Émile et d’Agnès : un trio composé « d’un vieil ingénieur, d’un contremaître bourru et d’une féministe turbulente », pour reprendre les mots de l’auteur. Tous trois semblent s’intéresser à une forge recelant bien des avantages pour la défense de Paris. Avant de dévoiler sa trouvaille qui « suscite » bon nombre de réactions, Arnaud Cuidet maintient le mystère, un peu artificiellement certes, mais ça tient bon. « Oui, c’est une entreprise insensée. Ne pourrait-on pas dire la même chose de la Commune ? Après tout, vous avez accepté de travailler avec des femmes ; c’est déjà fou, non ? »

Dans ce contexte, « La Garde rouge » apparaît alors comme un défi technologique pour l’année 1871. Machineries, ferronneries et tuyauteries ont la part belle pendant un certain nombre de paragraphes. Ça sent le proto-steampunk dans le sens où nous allons chercher des applications à la technologie de l’époque que nous n’avons pas tenté dans notre histoire. Tout cela amène l’auteur à nous délivrer finalement un combat déterminant entre le Rouge et le Blanc. Façon match de boxe : à ma gauche, La Garde, géante de fer communarde ; à ma droite, Le Versaillais, le chevalier blanc au service du pouvoir. Entre prises de catch et manœuvres d’abordage, Arnaud Cuidet se fait clairement plaisir dans ce combat singulier entre deux masses robotiques dignes d’un film sur Godzilla, dans cette analogie du combat naval entre deux navires flambants neufs uniquement créés pour se détruire l’un l’autre. Immanquablement pour les amateurs de combat dantesque et métallique !



C’est grâce à « La tour » que Léon Calgnac a lui aussi été élu lauréat du concours ImaJn’ère 2014. D’une première affaire sur un roman sulfureux, parlant vaguement de meurtre et d’adultère, l’auteur se focalise sur Hippolyte Sénéchal, directeur du journal L’Événement en novembre 1867, pour en tirer un récit volontairement pompeux pour coller à la bourgeoisie de l’époque. Toutefois, le cœur de cette nouvelle ne réside pas en cette amorce, mais bien dans le mystère qui s’installe progressivement. « Le mystère n’est pas immoral. Le mystère n’est pas politique. Les gens aiment le mystère. » Ce fameux mystère, constamment recherché par l’auteur, tente de se condenser autour de deux personnages travaillant côte à côte pour la scène principale : le jeune critique littéraire Pierre Sandoz et le neurologue Jean-Martin Charcot (ayant d’ailleurs eu son rôle historique dans la définition de l’hypnose dans le domaine médical). En passant par une sombre affaire de déliriums communs, cette « tour » apparaît alors comme le point commun de cas pathologiques étrangement connectés.



Francis Carpentier nous propose, avec « OYAPOC 1902 », un récit perdu entre France et Brésil, l’Oyapoc étant le fleuve servant de frontière entre les deux États en Guyane française depuis 1713. Sur un ton léger, voire humoristique de temps à autre, mais sans jamais négliger un langage très littéraire, nous suivons une expédition en pleine jungle entre considérations politiques, ethnologiques et économiques. « La saison des pluies noyait tout, on n’accédait plus aux abattis, le gibier se terrait, le poisson nageait loin des filets. Les vivres que l’ancien conseil municipal n’avait pas détournés s’étaient épuisés en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. La disette sévissait. Pour rire, les gens disaient qu’en s’entraînant à jeûner pendant tout le carnaval, ils seraient fin prêts pour le carême. » En effet, quand il s’agit d’éviter les postes de douane pour aller piquer la mine d’or du voisin et s’arroger des droits sur telle tribu indienne locale, la forêt amazonienne est un lieu privilégié. Ça sonne créole, ça sonne vrai et ça donne envie de filer en douce dans la jungle (ou pas finalement).



C’est dans des horizons bien plus proches de nous que Brice Tarvel place « La porte bleue ». Sur un ton très décalé, il place directement son histoire dans un Angers uchronique de 1924 où la boutique PhénomèneJ est déjà quasiment comme nous la connaissons aujourd’hui. « Il fallait voir Hugues le Bouquiniste, dressé maintenant hors de ses donjons de carton, la claymore au poing, l’œil éclairé d’une redoutable lueur guerrière, face aux vélociraptors circulant comme une armée cuirassée avide de conquêtes. » Il s’agit bien de suivre Hugues Campavila, le bouquiniste aventurier, et son épouse Carmen, la ménagère compulsive, dans une chasse loufoque aux trousses d’une nuée de vélociraptors ayant traversé ladite porte du titre. Ça promet !



Quant à Jean-Hugues Villacampa, lui aussi lauréat du concours ImaJn’ère 2014, il nous présente à son tour un « Drôle de poulet » en la personne d’Antonin Desloirs, commissaire de Givet, bourgade ardennaise à la frontière belge. Petite bourgade, petit commissaire de pas grand-chose, et pourtant c’est dans une ambiance à la Maurice Leblanc (que le personnage principal côtoie d’ailleurs) que nous découvrons une affaire bien peu commune. « Meurtre dans la haute » aurait tout aussi bien pu être le titre, car le casting local est gratiné. C’est alors l’occasion de suivre une orgie gastronomique en forme d’huis-clos macabre et seul le dénouement pourra en dire davantage...



Jean-Luc Boutel préfère, lui, nous narrer l’histoire d’un emmerdeur (sic). Avec « L’invasion des hommes-taupes » (sous-titrée « Une aventure inédite de Sélénex »), il s’intéresse d’abord à Anselme Castagneul qui, comme d’autres savants au même moment, disparaît en plein cœur de Paris par la voie du souterrain, mystère au rendez-vous là aussi. Pas sûr que la narration en chapitres au sein de cette nouvelle favorise vraiment la compréhension, mais en empruntant tous les codes du « héros dévoué à sa mission », l’auteur tend fortement vers la thématique du super-héros, avec le dénomme Sélénex, le protecteur de la capitale. Dans cette optique, nous ne pouvons nous empêcher de penser à une forte inspiration de l’histoire vis-à-vis d’un antagoniste bien connu des Quatre Fantastiques (de Marvel), le tout premier même, l’Homme-Taupe, le Moloïde. C’est alors l’occasion pour le lecteur d’explorer à la va-vite un espace qui fait encore beaucoup fantasmer : les bas-fonds et les souterrains de Paris, ici dans leur réalité au tournant des XIXe et XXe siècles, dans un aspect un peu gothique et, en tout cas, effrayant. Beaucoup de descriptions et peu de dialogues viennent entraîner le récit, pour une nouvelle pourtant bien portée sur l’action. Et en matière de péripéties en milieu souterrain, il y a de quoi s’occuper, avec en plus de cela quelques machineries complexes pour égayer le voyage. En plus de cela, croiser quelques têtes connues comme Rosny-Aîné, Gustave Eiffel, et quelques autres, n’est jamais un mal.



Artikel Unbekannt a choisi de nous narrer le Japon des années 1940 de manière stéréotypée certes, mais parfaitement réglée. Un « Japon, année zéro » où les deux bombes H seront l’horizon des événements. Kiyochi, Kumiko et Kojima forment les trois volets de cette exploration du Pays du Soleil levant, qui se définissent très simplement comme suit « Kojima aimait Kumiko qui aimait Kiyochi qui n’aimait personne ». Et le rythme ternaire imposée par le fond est dès lors présent dans la forme en toute circonstance. Dans leurs choix comme dans leur destin, trois voies possibles et inéluctables apparaissent dans ce Japon. Statisticiens, enseignants et yakusas : ces voies possibles ne sont pas légion et demandent autant d’honneur que de violence sur soi. « Les yakusas : un état dans l’état, une bague de feu autour d’un doigt de glace, le chaos à l’intérieur de l’ordre, un monde parallèle dont le roi invisible a le geste bruyant, mais le verbe discret. »

Forcément, entre un triangle amoureux et les affres de la vie quand la politique des yakusas s’en mêle, cela ne peut que créer des étincelles. Et Artikel Unbekannt nous entraîne dans un tourbillon de situations apparemment inéluctables. Violence des mots comme de certaines scènes dont une magnifique de torture, dégoulinante à souhait, une pointe de fantastique liée à la fameuse tradition des tatouages dans le milieu des yakusas : les ingrédients font plaisir à voir et l’ensemble s’enchaîne magnifiquement bien.



« Écarlate était le ciel » selon Anthony Boulanger, autre lauréat du concours ImaJn’ère 2014. Et en effet, à l’automne 1916, les combats aériens font rage dans le ciel européen. Le ballet incessant des rapaces de métal est à peine interrompu par l’intrusion de nouvelles armes toujours plus meurtrières. Pour autant, la guerre ne règne pas entre les Nations du monde puisque celles semblent, au contraire, toutes alliées face à des forces surnaturelles et monstrueuses appelées les Résurgences, celles-ci ayant pris le contrôle du Royaume-Uni et de l’Irlande, notamment. « Depuis que l’ennemi avait conquis les airs, la guerre avait pris une nouvelle tournure. De l’attaque, les nations continentales étaient passées à la défense puis au repli contrôlé. De l’espoir, les peuples étaient passés à l’accablement. À une certaine forme de désillusion et de fatalisme. » À l’heure d’une bataille décisive, Manfred von Richthofen doit jeter toutes ses forces pour trouver ce qui fera enfin la faiblesse de ces monstres de toutes formes ayant déclaré la guerre à l’humanité.



« Une aventure de Béla Bartók » nous promet Jérôme Verschueren. Avec « Le chevalier noir », il reprend son héros qu’il publie déjà au Carnoplaste lors de l’une de ses enquêtes au cœur de New York en janvier 1941, toujours en quête d’activités nazies à détruire. Cette fois, Béla Bartók, croyant devoir démanteler une cellule nazie, un laboratoire à super-soldats, en plein centre de la Grande Pomme, tombe sur une affaire d’un caractère bien plus fantastique. Les fantômes rôdent parfois dans la ville et ce n’est pour le plus grand bonheur des vivants. Avec son assistante Becky, il s’agit pour lui de remonter la piste de ce qui fait la terreur du quartier et les apparences sont évidemment trompeuses.



Jean Bury réinvente la « légende » de Louis Pasteur et du petit enfant atteint de la rage avec « La Rouille », ce qui peut être considéré comme l’équivalent de la rage pour les robots de son petit monde. Car, en effet, l’univers à tendance steampunk qu’il met en place est l’occasion de voir proliférer les « eiffels », ces automates en plein développement. La combinaison entre mécanique et microbiologie est intéressante et suivre les explications du savant incompris est bien plaisant. Une nouvelle plutôt sympathique donc puisqu’elle ne se prend pas la tête, se suffit à elle-même et résout astucieusement une affaire bien délimitée.



Avec « Marionnettes », direction l'URSS des années 1930 ! Une Union soviétique en pleine mutation, profondément marquée par l'arrivée au pouvoir de Staline et les phases d'épuration qui ont suivi. C'est dans ce contexte tendu, alors que tout le monde se méfie de tout le monde, qu'est découvert en 1937 le corps d'un officier de l'Armée Rouge, atrocement massacré dans des circonstances bien étranges. Difficile en une vingtaine de pages seulement de mettre en place une intrigue très complexe, néanmoins la nouvelle de Julien Heylbroeck n'en est pas moins divertissante, l'auteur n'hésitant même pas à faire intervenir quelques spécialités du folklore russe.



Sélectionné parmi les lauréats du concours ImaJ'nère 2014, Bruno Baudart nous entraîne pour sa part dans le Berlin-Est de la fin des années 1940. Une ville profondément marquée par la Deuxième Guerre mondiale et dont les habitants ploient encore sous le joug d'une surveillance de tous les instants menée par la Stasi : en 1949 aussi bien qu'en 1943, on craint les délateurs. Et c'est justement pour se venger de l'un d'eux, responsable de l'arrestation et de la mort de sa compagne des années auparavant que le narrateur se décide à passer à l'acte. Un récit très touchant baignant dans une ambiance mélancolique qui ne laisse pas indifférente et parsemé de quelques références à des auteurs majeurs tels que Remarque et son « À l'ouest rien de nouveau » ou encore à Nietzsche.



Patrice Verry nous raconte, quant à lui, une fable impériale et festive. « L’empereur, le préfet et l’ingénieur » présente l’histoire de Joseph de Beaucrest, proche de Napoléon III, du préfet Haussmann et de l’ingénieur Bönickhausen. Offerte au lecteur de manière légèrement déchronologique, cette avancée en sous-main et en trois temps va très vite au point de reposer sur plusieurs sous-entendus laissant au lecteur le soin d’imaginer jusqu’où peuvent remonter les méandres de cette histoire. L’intérêt est d’ici d’approfondir ce qui constitue un des fondements de la « fierté nationale française » (fierté à tel point que plusieurs nouvelles de l’anthologie y font également référence) ; difficile d’en dire davantage sans tout dévoiler de cette nouvelle relativement brève, mais très dynamique.



Avec « La machine à explorer Baker Street », Brice Tarvel et Robert Darvel nous narrent une aventure de l'un des héros mis en scène par les fascicules Carnoplaste : Harry Dickson. Une sorte de Sherlock Holmes américain résidant au 92b ou 221b Baker Street (le mystère plane toujours...) et épaulé par le jeune Tom Wills et l'imposante Mrs Crown. C'est donc sur une touche d'humour que l'on referme cette anthologie, Brice Tarvel et Robert Darvel se mettant eux-mêmes en scène dans des situations rocambolesques impliquant notamment la présence d'un taxidermiste spécialiste en mécanique quantique ainsi que l'utilisation d'un canapé « enjambeur d'espace et de temps ». Une histoire bon enfant qui permet de refermer l'ouvrage sur une note positive.





Rétro-fictions est donc une anthologie très diverse, très distrayante, qui nous fait particulièrement voyager dans le temps et dans l’espace et mêle de façon plutôt joyeuse des auteurs reconnus et quelques semi-professionnels.



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Légendes Abyssales

Les profondeurs des océans ont depuis toujours fasciné les hommes. Tour à tour inaccessibles, accueillantes, terrifiantes ou merveilleuses, quel meilleur décor que ces abysses pour un récit de fantasy ou de science-fiction ? Les approches choisies par les treize auteurs inscrits au sommaire de cette anthologie sont assez diverses, la plupart faisant malgré tout la part belle aux créatures peuplant les fonds océaniques, qu'il s'agisse de personnages mythiques à l'image des envoûtantes sirènes (« Je t'appartiens » de Céline Guillaume ; « Une robe couleur d'océan » d'Estelle Faye ; « Délivrance » de Jean-Luc Marcastel...), ou bien d'animaux marins ayant subi une évolution naturelle ou technique (« Notre règne » d'Anthony Boulanger). D'autres s'attachent moins à la faune sous-marine qu'aux secrets tapis dans les profondeurs des océans qui abriteraient soit l'entrée des Enfers (« Les naufragés de Calypso » de Barbara Cordier), soit une cité engloutie (« Selanka » de Patrick Mc Spare), voire même un autre monde à part entière (« Un radeau sur le Styx » de Régis Goddyn). Certains optent aussi pour le post-apo, nous dépeignant un monde dans lequel le seul espoir de survie pour l'humanité résiderait dans les profondeurs (« Quitter Charydbe » de Fabien Clavel ; « Arche » de David Bry). Enfin, quelques uns choisissent de s'éloigner de la mer pour se focaliser sur d'autres abysses ou civilisations : c'est le cas de Sébastien Péguin et Patrick Eris qui se consacrent respectivement aux légendes amérindiennes et orientales (« Le Whi N'gho Waa » ; « Quelques grammes de chair »), ainsi que dans une certaine mesure de Nathalie Dau qui opte pour sa part pour les profondeurs de l'âme humaine.



Comme dans toute anthologie, la qualité varie d'une nouvelle à l'autre et j'avoue être pour ma part passée à côté de certains textes souvent trop brefs pour que le lecteur ait le temps de vraiment s'y immerger. On pourrait également regretter le placement les unes à la suite des autres des nouvelles traitant d'une même thématique car la répétition a pour fâcheuse conséquence d'en désavantager certaines. Parmi les textes les plus réussis, il faut d'abord mentionner celui de Jean-Luc Marcastel qui signe avec « Délivrance » un récit court mais effrayant dans lequel la belle et douce sirène laisse la place au monstre avide de chair fraîche. Récompensé cette année du Prix des Imaginales de la meilleure nouvelle, le texte d'Estelle Faye mérite lui aussi le détour. Dans « Une robe couleur d'océan », l'auteur propose une réinterprétation surprenante du célèbre conte d'Andersen tout en abordant un certain nombre de thèmes qu'elle avait déjà pu exploiter dans ses précédents romans. Avec « L'étreinte de la médulaire » Benedict Taffin nous entraîne pour sa part aux côtés d'une équipe de plongeurs confrontés à une effrayante créature des abysses. Un texte là encore assez bref mais dont l'ambiance travaillée et l'écriture gouailleuse parvient à capter sans mal l'attention du lecteur. Les deux nouvelles post-apo signées respectivement Fabien Clavel (« Quitter Charybde ») et David Bry (« Arche ») ne manquent pas non plus d'attraits, notamment dans leur construction. La contribution de Nathalie Dau, chargée de clore l'anthologie (« La plongée »), est également réussie, l'auteur misant comme souvent sur le registre de l'émotion.



Anthologie officielle du Salon fantastique, « Légendes abyssales » nous entraîne avec plus ou moins de succès selon les nouvelles des profondeurs de la mer à celles de la terre, de l'espace ou encore de notre propre esprit. A découvrir notamment pour les textes de Jean-Luc Marcastel, Estelle Faye ou encore Fabien Clavel.
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La chute des corbeaux

Les indiens et leur univers, légendes, me passionnent. J'ai plongé le coeur plein d'enthousiasme dans ce récit très court, et je n'ai pas été déçue. Une légende qui vibre et vit! A lire!
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Brûlez vifs

Brûlez vifs, collectif d'auteurs, @cordes.de.lune.editions , 269 pages, août 2023, 13€90 broché.



Nous avons ici encore un recueil de nouvelles. Les sélections se font lors d'un concours durant un appel à texte sur un thème. Ici le thème étant le soleil.



Globalement j'ai préféré celui-ci. J'aime beaucoup le touché de la couverture (tout doux, mais ça laisse des traces). La mise en page est très belle, comme dans le précédent recueil.



Mes préférées sont :

2 ) La flamme sacrée de Marie Lanotte où maître, loup, apprentie se côtoie auprès d'une flamme sacrée naissant du rayon du Solstice d'été pour rendre l'hiver moins rude.

5 ) L'artisanat des premières lueurs de Mickaël Andraud, où une enfant et une grand-mère s'enfoncent dans le néant, sans jour qui se lève, sans étoiles..

13 ) La sorcière de l'hiver de Léa Mao, où Luna rencontre Martin et échangent autour des animaux, des plantes, et .... Mystère.

6 ) De l'ombre à la lumière de @mystic_line_ , où nous découvrons un univers plongé dans les ténèbres. Mais Linethea espère encore des changements, et ils seront fulgurants.
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Hommes et Animaux : Demain, Ailleurs, Autre..

Je me contenterai d'indiquer que la nouvelle de Yann Quero, qui est d'ailleurs plus un court récit, est vraiment admirable. Elle ne relève pas de la science-fiction au sens classique (il n'est pas question de mutants déambulant sur une autre planète), l'auteur nous transporte au Japon, avec ses légendes, ses animaux aux sept vies et aux six sens, le tout à l'heure de l'explosion des réacteurs de Fukushima et sur fond d'apprentissage de l'art du haïku.

Si un lecteur peut m'indiquer des romans (nippons ?) qui seraient dans le même esprit, je suis preneur.
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Quatre enquêtes d'Erem de l'Ellipse

Je tiens tout d'abord à remercier Ludovic des éditions Mots & Légendes pour l'envoi de cet ebook. Ayant déjà lu la plupart des nouvelles publiées par cette maison (et émasculé un de leurs auteurs - Siel - ainsi que râlé pendant des plombs et des plombs à propos d'une histoire de majuscules), j'ai vraiment été flattée par cette proposition que je ne pouvais pas refuser !



Franchement, j'ai passé un excellent moment dans l'univers d'Anthony Boulanger que j'ai redécouvert par cette même occasion. Je ne saurais pas vraiment comment décrire l'ambiance de ce livre - historique ? fantastique ? steampunk ? - mais toujours est-il qu'elle est bien présente et m'a emmenée très loin de chez moi. Ce décor français revu m'a beaucoup plu et fait voyagé dans des villes que je ne connaissais pas.

J'ai trouvé que les différentes enquêtes étaient superbement menées : les indices sont minces mais cohérents et la découverte du coupable toujours surprenantes (même si, des fois, on s'en doutait un peu quand même !). J'ai bien aimé le ton assez froid et professionnel qui donne un côté assez Sherlock à l'histoire.

Les quatre nouvelles sont assez différentes les unes des autres ce qui fait qu'elles se complètent bien. J'ai beaucoup aimé le fait qu'elles se passent systématiquement dans des lieux différents et avec des personnages différents ce qui donne à ce recueil une grande richesse.

Ah, et j'ai failli oublier d'écrire le plus important ! J'ai trouvé que la particularité de l'univers d'Erem était très bien expliqué grâce à la première nouvelle : il est toujours difficile de comprendre des choses aussi complexes que des castes (c'est plus compliqué que ça en vrai), mais là, c'est très bien fait et clair.



Le personnage d'Erem m'a autant plu qu'il m'a déstabilisé. On sait finalement assez peu de choses sur lui et il y a peu de facteurs temporels dans ces nouvelles... Du coup, je ne saurais dire quel âge il a dans chacune de ses enquêtes (sauf dans la première où il est adolescent) et ça m'a assez perturbée. D'autant plus qu'il a l'air d'avoir beaucoup d'expérience et de maturité : bref, entre un quarantenaire et un soixantenaire, mon coeur balance !



Anthony Boulanger m'a assez bluffée par ses nouvelles. Comme je le disais plus haut, j'ai été très étonnée de la richesse de son univers (le prix Zone Franche 2011 est plus que mérité) et notamment par la simplicité avec laquelle il nous présente des choses compliquées. Son écriture est fluide et plein de caractère : j'ai vraiment pris plaisir à suivre les aventures d'Erem que j'espère retrouver très prochainement dans un nouveau recueil (Anthony, Ludovic, le message est passé ! ;p).

Un recueil aussi étonnant que prenant !
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Chevaliers errants

Sans grande surprise, le thème de chevalier errant a surtout inspiré des textes Fantasy dans un cadre moyenâgeux. Heureusement, pas que, car la sauce aurait pu vite être indigeste sur 15 textes. L’exercice était cependant plus périlleux que le thème précédent, « Malédiction », qui permettait un panel incomparable de possibilités, et sortir des sentiers battus pour le « Chevalier errant » demandait, à mon sens, plus de créativité encore pour ne pas tomber dans les clichés qui collent à l’armure de nos aventuriers.



J’ai connu, malheureusement, plus de déceptions dans ce recueil que dans le précédent, car je n’avais pas su entrer dans le récit ou parce que je ne comprenais pas certains concepts et j’en suis le premier désolé, mais je préfère surtout retenir le positif qui est de loin supérieur au reste. De plus, je connaissais la qualité du précédent recueil, ce qui fait que j’avais certaines attentes également. Ainsi, certains titres comme « le roi des vermines », « en attendant l’Orque » ou encore « Dragon et trahison », pour ne citer qu’eux, auront su m’enthousiasmer pour diverses raisons. Aventure, écuyer, injustice, honneur, duel, épée, autant de mots qui reviennent régulièrement dans les textes et qui sont les vrais marqueurs de ce thème. Attention cependant, les aventuriers, les chasseurs de prime et autres âmes en quête de vengeance peuvent-ils faire partie intégrante de la description d’un chevalier errant ? Deux textes n’ont pas vraiment leur place dans ce recueil si l’on se réfère aux définitions dont Jean Bury et moi-même faisons allusions en préface. Mais s’ils se retrouvent dedans, je fais suffisamment confiance aux éditions et à leur jugement pour les avoir inclus dedans.



Du cyberpunk, de la SF, dde la Fantasy dans des époques et des univers variés, Mots&Légendes éditions aura encore une fois fait mouche dans son choix de thème et dans sa découverte de talents littéraires et fait écho à l’actualité, la diversité ! Si vous recherchez un livre dont le thème est celui précité, ce recueil devra désormais faire partie intégrante de votre bibliothèque. Évasion (imaginaire ❤ ) garantie !



Pour un résumé de chaque nouvelle, c'est par ici -->
Lien : https://evasionimaginaire.wo..
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Légendes Abyssales

Une des principales raisons qui m’a fait acheté cette anthologie est la présence de la nouvelle d’Estelle Faye qui a obtenu le prix de la meilleure nouvelle aux Imaginales 2016. La présence d’autres auteurs comme Jean-Luc Marcastel ou encore Fabien Clavel ainsi que la magnifique couverture ont achevé de me convaincre. Et je ne regrette pas mon achat. C’est en effet une anthologie de très bonne qualité avec des nouvelles qui appellent à la réflexion. Comme souvent dans les anthologies, il y a des nouvelles qui nous plaisent beaucoup et certaines qui ne nous parlent pas. Parmi ces dernières, se trouvent la nouvelle de Céline Guillaume et celle d’Anthony Boulanger qui sont trop courte et abstraites à mon goût. Parmi celles que j’ai beaucoup aimé figurent Les naufragés de la Calypso de Barbara Cordier qui mêle habillement la mythologie grecque et les abysses, Arche de David Bry et bien entendu Une robe couleur d’Océan d’Estelle Faye. Cette nouvelle sort clairement du lot et tourne autour du mythe de la petite sirène revisitée par l’auteure qui y intègre la dualité féminin masculin et une certaine forme de second degré agrémenté de beaucoup de sensibilité, bref un cocktail détonnant qui fait une superbe nouvelle.



Plusieurs thèmes reviennent dans cette anthologie. tout d’abord les créatures surnaturelles qui peuplent les abysses. On ne retrouve pas vraiment de profonds ou des anciens dieux comme chez H.P. Lovecraft mais des créatures surnaturelles qui peuvent être tout aussi effrayantes, comme des médulaires chez Benedict Taffin, ou des spectres faisant étrangement penser aux profonds chez Barbara Cordier ou des sirènes pas très sympathiques chez Jean-Luc Marcastel. Les sirènes chez Estelle Faye sont moins effrayantes cependant croiser leur route peut avoir d’étranges conséquences.



Les légendes de différents pays sont également très présentes dans cette anthologie. On retrouve les légendes celtes chez Céline Guillaume et Patrick Mc Spare où l’on retrouve la guerre entre les Thuata de Danann et les Fomoré. La mythologie grecque est également présente dans la très belle nouvelle de Barbara Cordier où il est question du Styx et aussi chez Fabien Clavel Quitter Charybde. La nouvelle de Patrick Eris s’intéresse avec brio à la mythologie des 1000 et une nuit avec une revisite de la légende des Djinns. Enfin, le Whi N’gho Waa s’intéresse aux légendes d’Amérique du Nord avec le Wendigo. Dans cette nouvelle, l’océan n’est pas au cœur de l’histoire et les abysses se trouvent plutôt dans les profondeurs de la terre.



Les changements climatiques sont également présents dans quelques nouvelles notamment chez Fabien Clavel où la terre est devenue inhabitable suite au réchauffement climatique et dans Arche de David Bry où une arche est construite sous l’eau dans le but de sauver quelques humains de la catastrophe climatique en cours. L’auteur utilise des retours dans le temps pour expliquer la situation de la terre.



Dans beaucoup de nouvelles, il est aussi question de la survie de l’espèce humaine et même de la fin du monde comme dans le Whi N’gho Waa ou Arche. Qui parle d’abysse parle aussi de noirceur, et elle est très présente dans cette anthologie et tout particulièrement dans la nouvelle de Nathalie Dau. Les abysses sont à la fois présentes dans l’océan mais aussi au sein de l’être humain et la citation de Nietzsche présente dans la préface prend toute sas portée dans cette anthologie: « Quand tu regardes l’abîme, l’abîme regarde aussi en toi. »
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Malpertuis VI

Pour la sixième année, Malpertuis, spécialiste de la littérature fantastique, propose sa sélection de nouvelles athématiques mais toujours portées vers un imaginaire bizarre et quelque peu angoissant. Parmi les éditeurs français qui publient des anthologies, Malpertuis est l’un des rares à lancer chaque année des appels à textes libres.

On ne sait pas toujours très exactement à quoi se préparer en voyageant d’une histoire à l’autre, mais il est certain que le lecteur est amené à découvrir plusieurs auteurs très présents sur la scène SFFFH francophone. J’y figure cette fois-ci avec Scène de chasse ordinaire mais cet article sera surtout l’occasion de parler de mes camarades.



Vingt-deux auteurs ! Cela fait du monde, assez pour avoir des coups de cœur, et des impressions plus mitigées sur certains titres. Même si le genre de prédilection de Malpertuis est le fantastique, plusieurs textes ont des tendances SF. On reconnaît parfois des nouvelles très certainement écrites pour correspondre à d’autres appels à textes mais, loin de trouver cela gênant, j’ai au contraire pu en profiter pour voir des exercices de style qui participent à la diversité de l’anthologie.

Je ne vais pas vous faire un résumé de chaque nouvelle, mais une sélection des dix qui ont le mieux retenu mon attention. Oui, c’est une liste cruelle, mais cela ne signifie pas pour autant que les textes non cités ne sont pas bons, au contraire, le choix n’est pas simple à faire. Dans l’ordre chronologique, voici ce que nous pouvons trouver :



Ouverture courte et efficace, 3 kilogrammes de Sylas nous fait suivre une femme célibataire qui, grâce à un narrateur mystérieux, a enfanté sans père. Une histoire bien sombre qui fera aisément passer l’envie d’avoir un « autre soi » pour combler le vide de son existence.



L’imbricorioniste d’Elisa M. Poggio est certainement le texte le plus sf de l’anthologie. C’est aussi une plongée dans un monde aussi fascinant que terrifiant, où il devient possible d’obtenir un bilan de sa propre vie grâce à des observateurs qui connaissent tous nos gestes. La nouvelle soulève des questions très intéressantes en montrant toute la distance qui peut exister entre les actes d’une personne, ses raisons profondes, et les fausses intentions que l’on peut tirer d’un simple résumé des faits. La nouvelle peine un peu à trouver une fin, mais vaut largement le détour pour ses qualités introspectives.



Avec un titre comme Le dernier jouir du condamné, je soupçonne Bruno Pochesci d’avoir construit sa nouvelle pour parodier le célèbre texte d’Hugo. Une sorte de délire érotico-morbide étrange, où un condamné en pince pour son avocate, et une chute qui laisse sans voix. La fin est assez consternant mais, en même temps, elle ne se laisse pas oublier.



On continue dans la parodie avec Lloupa rouge. Eric Vial-Bonacci s’attaque au conte du Petite Chaperon rouge. C’est une jeune fille moderne, et elle a peur de sa grand-mère qui la maltraite. Mais où est le loup ? Il faudra le lire pour obtenir la réponse.



Dette de sang rend un bel hommage à la littérature fantastique du XIXe siècle. Thierry Jandrok situe son histoire dans un asile de Bucareste pendant la seconde guerre mondiale. Tout ce qu’il faut pour poser une ambiance sinistre d’emblée est là. On progresse comme dans une enquête pour éclaircir le mystère des patients zoophages qui se montrent curieusement lucides et en meilleure forme que les autres…



Sans terminus d’Anthony Boulanger m’a rappelé un petit appel à textes où la situation initiale était imposée. J’ai été heureuse de lire un nouveau texte de cet auteur, qui avait déjà retenu mon attention dans l’anthologie L’homme de demain des Artistes fous associés. Un esprit plein de rancœur revit en boucle le jour où il est tombé sur les rails d’un train à cause de la foule. L’auteur nous propose un petit texte qui rappelle que, dans la panique, les faits ne sont pas toujours ceux que l’on croit.



Emilie Querbalec est aussi une habituée des Artistes fous associés et des anthologies en général. L’auteur à suivre développe surtout des mondes et hantises intérieurs. Lisse le cordon est le texte le plus sombre que j’ai pu lire d’elle. J’aime particulièrement le titre. Un texte sur les passions parfois très vives de l’adolescence qui ne sont pas toujours durables des deux côtés, notamment quand elles impliquent deux jeunes filles.



Cherchez l’intrus mérite bien sa place tant il est délirant. Sur une dizaine de pages, Guillaume Suzanne livre un dialogue complètement échevelé entre un groupe de zombies. Un humain se ferait passer pour l’un d’entre eux et risque de les contaminer, qui est ce traître ?



Les textes délirants se poursuivent avec Le chant de la harpie, le soir au fond des bois d’Yves Daniel-Crouzet. Un démon grincheux s’improvise narrateur pour nous raconter comment il a été invoqué par une femme qui voulait faire assassiner son mari en lui donnant la peur de sa vie. Hélas, il semble qu’il faudra plus qu’un simple « bouh ! » pour impressionner l’époux.



L’anthologie se termine sur une note moins burlesque et plus réaliste. Avec Externalisé, Dominique Lémuri ne nous donne pas forcément à rire. Elle propose au contraire un texte très documenté sur les conditions de travail d’immigrés indiens, retenus dans des bureaux où ils recopient des rapports à la chaîne toute la journée. L’ajout du fantastique dans un contexte déjà bien glauque aggrave considérablement la situation du narrateur qui se retrouve confrontés à plusieurs phénomènes étranges, un rapport illisible, un balayeur à ne jamais regarder dans les yeux…
Lien : http://unityeiden.fr/antholo..
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Galaxies SF n°64 : Sarah Newton, bâtisseuse d..

Ne tournons pas autour du pot, cette livraison est tout à fait dispensable. Quelques nouvelles sont d'une lecture agréable mais rien de transcendant.

Quand au dossier...



Nouvelles



Rue de la mémoire qui flanche, de Mike Resnick

On commence par un hommage à Mike Resnick

Un vieux couple se rend chez le spécialiste, la femme est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Comment vaincre la maladie même si elle est incurable ? Comment vivre seul après avoir passé sa vie ensemble ?

Pas de misérabilisme, de voyeurisme ou de sentimentalisme, le ton juste pour cette nouvelle.



Unstitch your Mouth, de Guillaume Laffineur

Une sorte de conte SF-fantasy. Original, on comprend au fur et à mesure l'univers, musical, de ce texte.

Dans un monde étrange, un conflit oppose deux personnes. C'est à la méthode de sa résolution que l'on s'attarde.

La chute est délicieuse dans son retournement de situation.



Le Quetzal, de P.A. Desgranges

Un journaliste scientifique s'envole pour le Costa Rica pour le scoop du siècle. Il y sera question de transhumanisme, d'éthique et de théorie complotiste.

Tout en douceur, sans effet de manche, on suit le périple et l'interview. Et la chute arrive.

Simple et percutant, manque peut être de tenants pour en faire un texte mémorable.



La fin du Silicien, de Gulzar Joby

Naturel versus Artificiel, deux visions antagonistes de la technologie.

Une controverse se déroule sur une île entre deux tenants de la technologie informatique, l'une basée sur le silice, l'autre sur le végétal. Monde ancien vs monde nouveau, une position irréconciliable.

Reste cependant très anecdotique, l'auteur restant en surface et à eu l'idée étrange de dérouler son histoire dans un univers assez merveilleux.



Le paradoxe de l’identité, de Siana

Une histoire de voyage temporel à la mode Finney, où c'est par la "pensée" que le voyageur est projeté dans le temps.

Longuet.



Les Coucous, de Paul Hanost

Rien compris



La meilleure semaine de ma vie, de Thomas Baronheid *

Une affreuse bestiolle assoiffée de sang semble semer la mort dans un vaisseau spatial.

Un texte dans l'air du temps, la chute ménage son effet. Plaisant, mais vite oublié



Avec tout mon souvenir… affectueux… je crois, de Anthony Boulanger *

Un texte sur notre propension a déchargé notre mémoire à nos smartphones. et à oublier d'utiliser nos neurones. Un peu trop moraliste à mon goût et la critique est beaucoup trop succinte.



Sic transit…, de Charles Hagel

Le texte de jadis.

L'intro fait allusion à mon auteur favori " On sera surpris d’y retrouver comme un écho du Darwinia de Robert Charles Wilson (1998), avec ces navires du Commonwealth venant reprendre pied sur une Angleterre subitement rayée de la carte."

J'en frétillais d'impatience. Mais :

"Antisémite notoire, et donc à lire avec précaution, Charles Hagel n’a pas laissé de photographies, mais une fiche assez nourrie à la BNF."

Franchement, il y a tant de textes à déterrer, était ce nécessaire de choisir celui ci ?





Sarah Newton, bâtisseuse de mondes

Un dossier un peu surréaliste dans sa structure.

Moi qui ne connait pas Sarah Newton, on entre de plain-pied avec un article hagiographique qui loue plutôt qu'explique la démarche de l'autrice. Résultat, je ne sais pas trop qui est cette dame !

Le deuxième article est bien entendu la bibliographie !!!! (quasi anglophone).

Puis nous avons l'entretien. C'est ce dernier qui sauve le dossier car il est assez vaste et intéressant pour peu que l'on aime les jeux de rôles.

Si j'ai bien tout compris, Sarah Newton est une créatrice autrice de jeux de rôles, et a écrit quelques textes qui se situent surtout dans l'univers de ses jeux.

Fort heureusement pour nous donner une idée de sa plume, la nouvelle Vision rémanente clôt le dossier. Pour les non adeptes de la SF, une des critiques principales est que cela est du charabia. Et en tombant sur ce texte, je ne peux que plussoyer. L'autrice en fait des tonnes pour bien nous faire comprendre que l'intrigue se déroule dans fort longtemps et ou la technologie est omniprésente. Et pour cela elle emploie un charabia techno science-fictif qui ne veut absolument rien dire. En outre, les tentatives d'humour sont lourdes. La SF mérite beaucoup mieux...



La conception de la fusée et le voyage spatial dans la science-fiction*

Ayed Kawthar nous offre un petit tour d'horizon littéraire sur le voyage spatial. Plaisant à lire, avec des références pas trop nombreuses. On y parle des débuts mais aussi de voiles solaires, d'hyper espace et de trou de vers. Pour conclure sur les auteurs SF et l'ESA.



Le numéro de termine par les rubriques habituelles : tout ce que fait l'actualité livresque, BD ou cinéma de genre. J'y ai relevé l'anthologie "En situation de handicap… dans le futur" chez Arkuiris
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Légendes Abyssales

Voici ma chronique sur l’anthologie « Légendes abyssales » publiée aux éditions Mythologica. Il s’agit d’un recueil de 14 textes nouvelles dont le thème, vous l’aurait deviné est les abysses .

Description de l’éditeur :

Les légendes abyssales ont de tout temps intrigué et inquiété les Hommes. Qu’il s’agisse des abysses marines, spatiales, mentales, retrouvez à travers ces treize récits, chacune de ces abysses littéraires, tantôt étonnantes, tantôt inquiétantes.



Mon avis/mes coups de cœur :

Je ne vais parler que des nouvelles qui ont retenu mon attention. J’ai eu la chance de lire ce magnifique recueil en avant-première. Toutefois, je n’avais aucune idée de qui avait écrit quoi.

Je me suis donc laissé porter au gré du vent et j’ai découvert de magnifiques textes comme « Selanka » de Patrick Mc Spare, « Les naufragés de Calypso » de Barbara Cordier ou encore « Une robe couleur d'océan d’Estelle Faye.

Oh, toutes les nouvelles ont bien leur place dans ce recueil, mais j’avoue que ces trois plumes plus particulièrement ont été pour ma part celles qui ont été les plus à même de me toucher.



Je vous invite donc à découvrir cette belle anthologie et remercie Mythologica ainsi que le Salon Fantastique de m’avoir permis de découvrir les titres de chaque auteur.

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Le Vampire des Origines, Livre 1 - Anthologie

Excellente anthologie avec des textes étonnants d'éruditions et très bien écrits ! Bien loin des stupides bluettes de vampires con-con amoureux de bécasses ! Rare de voir une telle cohérence qualitative ! mes préférences vont à l'étonnant et poétique LA FEMME, l'Angoissant LA DiSPARITION . Mon coup de coeur va au Formidable GOOD LUCK MISTER CHANCE, très bien écrit avec des personnages fouillés comme on en voit peu, J'avais acheté cette atnho pour cette auteure, Yaël-July NAHON dont j'ai découvert le travail et je ne suis pas déçu, ni par elle ni par l'ensemble de l'antho !!!!!!!!
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Steampunk

Voilà un ensemble de récit intriguant. Je ne connaissais pas le genre Steampunk qui consiste en des récits futuristes prenant pour décor l'atmosphère de la société industrielle du XIXe siècle et, où se côtoient machine à vapeur, révolution industrielle. Mais ici, on y intègre une pointe de fantastique avec la présence d'êtres surnaturels : démon, elfe, ... Et de la magie. Une vraie découverte pour ma part. Le mélange est original, et les différents univers créés par les auteurs appréciables. Certaines nouvelles ont plus retenu mon attention que d'autres, Mais dans l'ensemble, elles sont toutes agréables à lire.
Lien : http://sariahlit.blogspot.fr..
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Destination Univers

En Résumé : J'ai passé un vraiment bon moment de lecture avec cette anthologie de huit textes qui offrent des nouvelles vraiment intéressants, soignés, efficaces voir parfois pleines de poésie. Alors bien sûr toutes les nouvelles n'ont pas le même niveau et ne m'ont pas touchées de la même façon, mais dans la globalité cette anthologie est un très bon recueil. Une anthologie aux textes divers couvrants différents thèmes du Space Opera et de Planet Opera ou les jeunes auteurs n'ont pas à rougir de leurs textes devant les plumes plus expérimentés. La SF française a, selon moi, encore de beaux jours devant elle.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Quatre enquêtes d'Erem de l'Ellipse

Comme le dit si bien Mathieu Guibé en préface « rédiger une nouvelle est un exercice difficile », car il faut savoir créer un monde aux limites bien établies dans un laps de temps court. Alors quand il nous assène comme une sentence « […] je peux vous affirmer que l’auteur est rompu à l’exercice et qu’il y excelle », le lecteur ne peut que se sentir obligé d’aller vérifier par lui-même. C’est donc ce que je me suis empressée de faire afin de me rendre compte par moi-même du talent de l’auteur suscité.

Assez rapidement il m’est apparu que le compliment de Mathieu Guibé n’était pas exagéré.

Anthony Boulanger entre avec ce recueil de nouvelles dans la liste non exhaustive de mes auteurs favoris pour ce genre de récit, le « Whodunit ». Car il a su en peu de pages trouver les mots pour me plonger dans son monde et surtout m’y retenir et m’y donner l’envie de suivre toujours plus avant les enquêtes de son personnage.



Tel un Sherlock Holmes d’un Paris parallèle au nôtre où cohabitent Sangs Innés (ceux dont le sang possède des caractéristiques magiques) et Sangs Mornes (communs des mortels), Erem de l’Ellipse résout au travers des villes qu’il visite les énigmes qu’il croise ou que le destin veut bien mettre face à lui.



Le point commun à chacune des quatre nouvelles ou enquêtes, vous l’aurez compris est la présence d’Erem mais surtout son habilité à démanteler les écheveaux complexes des énigmes qui vont lui être proposées.

Quelque soit l’enquête, l'ambiance y est parfaitement bien décrite dans un style clair et concis. On reconnaît là la dextérité de l'auteur de nouvelles qui nous plonge facilement et inéluctablement dans son monde médiéval et si particulier.

De plus, l’auteur a su, en créant ce personnage, emporter le lecteur au travers des villes qui ont traversé sa propre vie. En nous transportant de l’une à l’autre, il nous offre une image de lieu comme Provins, Strasbourg, Paris ou même Rouen sa ville natale et nous invite ainsi à y résoudre les mystères qui hantent les rues de ces cités.

La première nouvelle "Dans les catacombes de Paris, il devient adulte" est sans conteste ma préférée pour l'implication plus personnelle d'Erem puisque cela touche son clan. Sa jeunesse au moment des faits, les événements troublants et dramatiques qui s'y déroulent et ses réactions et réflexions nous donnent déjà plus qu'une esquisse du personnage.

Dans ce monde régit par le sang, les préjugés de classe et de rangs sont nombreux. Les clivages sociaux entre Sangs Innés et Sangs Mornes amènent parfois des troubles au sein des clans. Et celui de l'Ellipse est particulièrement touché par le caractère moderne et les décisions quelque peu révolutionnaires de son chef de clan.

Car il faut savoir que dans ce monde à part et médiéval, le sang, ce fluide vital a une importance capitale car il est à la fois source de pouvoir et de magie. Qui détient votre sang, détient la faculté de faire ce qu’il veut de vous, vous nuire comme vous protéger.

Cela donne ainsi encore plus de poids aux risques que court Erem lors de ses enquêtes et explique sa propension à éviter le moindre contact.



L’ouverture du recueil par cette première nouvelle parisienne, nous permet de le découvrir comme un personnage jeune mais empreint de dignité et de compassion pour son prochain. Il réfléchit intensément, croise les éléments à sa disposition jusqu'à les faire s'imbriquer de façon à obtenir un canevas logique du crime. Ses sentiments personnels sont alors écartés pour le bien de la justice et de l'équité.

Nous retrouverons ce point là encore dans la nouvelle "Meurtre à Provins" où sa présence est requise par un proche. Nous y trouverons alors aussi un Erem plus âgé, plus mâture et ayant acquis déjà une certaine notoriété auprès de ses pairs.



Pour les deux autres, le destin aura placé les énigmes sur sa route sur demande encore pour « Entre les clochers de Rouen » mais cette fois suite à sa compétence reconnue et enfin par pur hasard pour « Strasbourg et le sang des Nico Las » où il s’arrête en touriste afin d’assister à un événement bien particulier de cette ville.

De plus la magie sanguine évoquée ici au fil des enquêtes est sans conteste bien différente de tout ce que le lecteur aura pu lire dans d’autres ouvrages. Le sang a, pour cette élite, un rôle magique et important pour des rituels que nous découvrirons petit à petit. Les enquêtes d’Erem nous apporteront ainsi quelques lumières sur différents rituels ou utilisations de sangs d’animaux communs ou plus particuliers des créatures spectrales.



Ce sont donc ici quatre enquêtes qui nous emmènent droit dans l'intrigue grâce au style simple et direct de l'auteur. En peu de mots il place son ambiance, puis grâce à la progression des indices énoncés par Erem, Anthony Boulanger nous transpose dans le rôle de l'enquêteur. Ses déductions sont épurées quoique d'une logique imparable et parfaitement étayées de preuves et réflexions. Les coupables ne peuvent ainsi que saluer la performance de l'enquêteur qui les a arrêté. Car une fois la démonstration de sa logique établie, aucune tergiversation ne peut plus être émise.

Rajoutez à ce contenu de qualité, une couverture de Didier Normand qui utilise le plus souvent la peinture à l’huile et des illustrations intérieures de Virginie Jayden et vous aurez là un recueil à découvrir de toute urgence.

Je remercie donc le forum Au cœur de l’Imaginarium pour cette découverte bien proche du coup de cœur général.

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Walrus Institute 2 : Monsters !

Un gamin de quatorze ans, blessé d'un coup de couteau est admis aux urgences. Quelqu'un s'introduit dans le service et vient l'achever en lui écrabouillant la tête de fort vilaine manière... En pleine nuit, Vincent peine sur les cours de l'Institut, quand il entend soudain une voix d'enfant lui demander : « Tu veux bien jouer avec moi ? » Il reconnaît Adélard, son petit voisin, âgé de quatre ans. Mais que vient-il faire chez lui si tard, avec son ours en peluche dans les bras ? Et pourquoi lui tourne-t-il le dos et reste-t-il comme ça, à fixer le mur ?... Hubby, armé de sa fronde Goliath et accompagné de Minouche, la marmotte dont il ne se sépare jamais, découvre une ferme abandonnée en pleine campagne. Quel monstre se cache à l'intérieur de ses murs ?... Stéphane doit ravitailler le Walrus Institute en substance B, sorte de concentré de bonheur secrété par un monstre tapi au fond d'une caverne. Comment parviendra-t-il à l'extraire de son arrière-train ?... Sophie descend dans les sous-sols de son immeuble pour aller affronter une poubelle géante qui se livre à bien des ravages... Ianian, capitaine des compagnies nazies simiesques, a pour mission d'assassiner Jésus de retour sur terre...

Cet ouvrage collectif est un recueil comprenant onze nouvelles écrites par onze jeunes auteurs francophones de SFFF ainsi qu'une introduction et une conclusion, le tout donnant un ensemble assez homogène, ce qui est plutôt rare dans ce genre de compilation. Tous les textes tournant autour du thème du « Monstre » avec les relais de personnages récurrents, Saïemone, directeur du WI, son cyborg, ses deux muses, belles à damner un saint, et sa bande d'orangs-outangs complètement dingues, relèvent des littératures de l'imaginaire, principalement de l'horreur, mais également de la fantaisie, de l'étrange et même de la pure science-fiction. Le lecteur y trouvera des styles souvent agréables, de belles imaginations, de la terreur, de la monstruosité et pas mal d'humour, ce qui ne gâte rien. Tous les textes méritent le détour pour une raison ou pour une autre. Deux sortent du lot vu la grande originalité de l'instigue et la beauté du style (« Tu veux jouer avec moi ? » et « Le rouge »). Grande qualité éditoriale également (quasi absence de coquilles et autres d'orthographe). Cerise sur le gâteau, ce livre est disponible en e-book gratuit sur la plupart des plate-formes de distribution. Pourquoi s'en priver ?
Lien : http://lemammouthmatue.skyne..
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Zugzwang

Dans le monde de Zugzwang, tous les humains vivent désormais dans un univers virtuel et côtoient des intelligences artificielles au point de ne plus vraiment savoir les distinguer des personnes réelles. Noctambule est un prodige des échecs et va tenter de gagner une partie très complexe contre les machines…



Zugzwang est un roman très original. Quelle bonne idée d’avoir allié les échecs à la technologie ! Cela nous donne un roman haletant où on se demande si l’humain peut triompher face à une machine conçu pour gagner à ce jeu cérébral.



Le bémol de Zugzwang est sûrement qu’on reste trop dans le virtuel. Noctambule interagit uniquement avec des machines. De ce fait, il nous paraît froid et distant et on a beaucoup de mal à s’identifier et à s’attacher à lui. On ne sait d’ailleurs rien sur son passé, sur ce qu’il est vraiment, comme s’il était seulement limité à son bon niveau au jeu d’échecs. C’est vraiment dommage mais ça manque cruellement d’émotions en somme.



Pourtant, l’intrigue est bonne et très rythmée. On visualise très bien les parties d’échecs et ce, même si on n’est pas un expert dans ce domaine. Le style d’Anthony Boulanger est fluide et le roman peut être lu par les adolescents et les adultes.



En somme, Zugzwand est un roman intéressant qui aurait gagné en cachet avec un personnage principal plus approfondi et attachant.
Lien : http://iluze.eu/?p=9312
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Steampunk

Un recueil que j’ai dévoré à la vitesse de la lumière tant les histoires sont passionnantes ! Je ne vais néanmoins parler que des nouvelles qui sont montées sur mon podium. Voici mon top 3.

L’Etrange boutique de Miss Alice : La médaille d’or incontestable. D’une concision et d’une efficacité redoutables. Tout est finesse, élégance, équilibre. Une chute à vous rendre jaloux tant elle est inattendue ! Une réflexion sur la société et la politique.

Double tranchant : Alors là c’est l’originalité à l’état brut ! Tout en dynamisme et en énergie. Et pour cause c’est un combat qui nous est donné à voir. Une lutte acharnée entre deux mondes. Et une chute qui prête à réfléchir !

Le Scarabée doré : Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à du Poe en la lisant. Un petit bijou gothique pelliculé de métal. Un vrai plaisir !
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Frontières

« Tout bien considéré, Il n’est vraiment question que de frontières, dans la science-fiction, le fantastique, la fantasy, et tous leurs cousins et descendants », annonce l’anthologiste Simon Bréan (maître de conférences en littérature française à l’université Paris-Sorbonne et spécialiste de la littérature de science-fiction) en préambule de cette anthologie.

Pour preuve, les treize nouvelles proposées sont autant de manières d’aborder les frontières dans des univers fantastiques, d’anticipation, post-apocalyptiques ou médiévaux. L’ensemble est d’un très bon niveau d’écriture et couvre différents genres de l’imaginaire. Preuve est à nouveau faite que la qualité narrative des auteurs de l’imaginaire n’a rien à envier à la littérature dite blanche. Voici six textes qui m’ont plus particulièrement accroché.

Un dessin ouvre chaque nouvelle, et je crois qu’ils permettent de les catégoriser en trois thèmes : le sextant pour de nouveaux horizons (au-delà des frontières ?), le globe terrestre pour les textes plus proche de fantasy (les dimensions parallèles ?), et le satellite pour la science-fiction.



Sujet 0 (de Azarian et Yohann Denuault)– Post-Apocalypse : voici un monde dans lequel non seulement la population de la surface est ravagée par un virus, mais de plus les rares survivants sont la proie de Machinas : ces créatures d’acier les traquent pour les enlever (ou les éliminer ?). Tych, une femme qui, étonnement, a survécu plusieurs années malgré son infirmité (elle est aveugle), se retrouve prisonnière d’un monde souterrain étrangement sophistiqué.

J’aborde toujours un texte post-apo avec prudence, car comme tous les genres surexploités (je pense aussi au vampirisme et aux Thriller policiers), il est difficile pour un auteur d’apporter « du neuf », car de nombreuses références approchantes peuvent prendre le dessus. Les auteurs (il s’agit d’un texte écrit « à 4 mains ») tirent cependant très bien leur épingle du jeu en traitant d’une frontière entre surface et souterrains, et grâce au personnage de Tych, à la fois novateur et attachant.



Garde-Frontière (de Stéphanie Courteille) : il n’existe pas de frontière sans gardien. On suit ici le quotidien et les réflexions d’un garde-frontière dès sa prise de fonction. Il tient seul un poste frontière et ne tarde pas à outrepasser sa fonction en laissant passer une émigrante « énigmatique ». Mais un jour, le nombre de migrant va considérablement augmenter et l'inciter à choisir. Un texte à relire plusieurs fois (avec plaisir) pour mieux le savourer.



La Crique (de Xavier-Marc Fleury) – Anticipation : Une cité située près de l’océan a mis en place une frontière infranchissable afin d’interdire l’afflux de migrants. Courants marins violents, rivages transformés en noman’s land, systèmes de détection sophistiqués… Mais un trio de jeunes insouciants brave ces interdits depuis des années afin de profiter de la liberté procurée par ce bord de mer déserté. Considéré comme un auteur « contre-humaniste », X.M. Fleury livre ici (une fois n’est pas coutume :) un texte qui se termine sur une note d’espoir.



Les roses de Novembre (d'Henri Bé) - Fantasy. Voici une histoire de gardien de porte. Si le dénouement laisse peu de surprise, le style d’écriture fluide, un poil romantique et empli d’humanité, et l’équilibre entre les descriptions, dialogues et introspection de la narratrice (qui reste malheureusement en retrait de l’histoire), font que le lecteur se laisse porter agréablement tout au long du récit, vers une fin frustrante, bien que très bien amenée.



Lucy(oles) in the sky (d'Anthony Boulanger) – Coutumier des anthologies, Anthony Boulanger a dû être publié par la majorité des revues et éditeurs qui proposent des anthologies, et c’est tout à fait justifié ! Un style sobre (ses textes sont généralement courts), une forte capacité à toujours poser un cadre original et crédible à la fois, (et réfléchi), des personnages bien caractérisés.. tout cela pour dire que c’est toujours un plaisir de découvrir un texte d’Anthony Boulanger. À part le clin d’œil du titre qui ne me semble pas très heureux, Lucyoles in the sky nous fait partir, en à peine douze pages, dans l’espace aux côtés de Véga.



Vertiges et frontières de la chair (de Jean-Louis Trudel) – la lecture de cette nouvelle m’a immédiatement donné envie de partir à la recherche d’autres textes de l’auteur ! Et j’ai eu le plaisir de découvrir que Jean-Louis Trudel a déjà écrit plusieurs nouvelles et romans. Ici, il prouve qu’aucune frontière ne peut rompre les liens entre des êtres chers, et surtout pas celle de la distance, (même lorsqu’on parle de distances interstellaires). Bon, dès qu’il y a de l’exploration spatiale, de l’humanisme et la découverte d’autres formes de vie, je m’emballe. Disons que cette nouvelle ne pouvait pas tomber mieux pour clore l’anthologie frontières et ouvrir sur de plus larges perspectives.



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